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[LIBAN] Témoignage de Raphaëlle : " Notre tâche consiste à soulager le personnel soignant, qui est souvent en sous-effectif "

Notre volontaire Raphaëlle est partie en mission au Liban à Jounieh à Notre Dame du Mont chez les Sœurs de la Sainte Famille.


Début de notre mission 

Héloïse et moi avons été accueillies il y a un mois, au Liban, à Notre Dame du Mont par les Sœurs de la Sainte Famille. Nous sommes dans un couvent situé au-dessus de Jounieh. Les sœurs ont pour mission de s’occuper de personnes en fin de vie, religieuses ou laïques. Nous avons quitté le rythme hyperactif et ultra-rapide de Paris pour un endroit où le rythme est la lenteur, imposée par nos aînées dont nous nous occupons, et où le mot d’ordre est « patience ».

Notre tâche consiste à soulager le personnel soignant, qui est souvent en sous-effectif, surtout au moment de la toilette et des repas de nos aînées. J’admire le dévouement que les aides-soignantes, les sœurs et les infirmières ont envers elles. Il faut faire appel à beaucoup de patience, s’adapter aux exigences des résidentes et faire face à la souffrance, la maladie et parfois l’agonie de la fin de vie. […]

Le second volet de notre mission est d’occuper les journées des personnes âgées, qui sont malheureusement très vides. Nous essayons tant que nous pouvons de leur apporter un peu de joie, un sourire, une caresse ou bien de papoter avec elles. Nous avons appris à nous adapter à leur rythme, à leur changer les idées en jouant à des jeux, en leur demandant de nous raconter leurs vieux souvenirs au noviciat ou bien en partageant un atelier chapelet.  Nous nous sommes très vite attachées aux aînées, en surmontant les obstacles engendrés par l’âge ou la maladie. Elles sont toutes extrêmement tendres, demandant à ce qu’on les appelle « Tante » pour créer un lien familial, plus humain, plus rassurant pour elles. Quel bonheur et quelle récompense pour nous de voir le visage d’une résidente s’illuminer et un sourire apparaitre lorsque nous rentrons dans leur chambre !

Nous avons avec certaines d’entre elles de belles et riches conversations durant lesquels, elles nous racontent leur vie, leurs nombreuses aventures ou bien elles nous donnent quelques conseils. Une discussion qui m’a particulièrement marquée est celle que j’ai eu avec Sœur Ophélia, une résidente de la maison de repos, sur le thème de la mort. N’ayant pas encore beaucoup connu la mort dans ma vie, ce thème reste pour moi encore assez énigmatique et effrayant. Sœur Ophélia m’a expliqué qu’au contraire la mort était le but de sa vie, qu’elle n’en avait absolument pas peur car enfin elle pourrait aller au Ciel, retrouver la Vierge Marie et le Petit Jésus. J’espère, après mon expérience ici, pouvoir en être aussi convaincue qu’elle. Pour Sœur Jocelyne, la mort est la fin de sa période de fiançailles avec le Christ et la célébration de son mariage avec lui. Elle nous a expliqué que chaque cérémonie d’obsèques qui a lieu dans la maison de repos est un très beau moment, un moment de paix et d’apaisement, qui n’a rien de triste, car tout le monde sait que la défunte a enfin rejoint les Cieux.

 

La vie en communauté 

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A côté de notre mission, nous découvrons en quoi consiste la vie dans une communauté religieuse. Nous prenons tous nos repas avec les sœurs au réfectoire. Ce sont des moments propices à différentes discussions, durant lesquelles les sœurs nous racontent leur vocation, nous explique comment fonctionne le système politique libanais (surtout avec les élections législatives qui arrivent !). Nous avons avec elles comme avec les résidentes des discussions plus théologiques ou elles nous parlent de leur relation avec Dieu : comment l’ont-elles rencontré ? Est-ce qu’elles doutent parfois ? Comment prient-elles ? Ce sont des réponses qui sont très enrichissantes pour moi et qui me permettent de mieux avancer dans ma foi. Nous avons eu la chance avec Héloïse de vivre avec les Sœurs la semaine de Pacques. Le rite maronite pour la semaine Sainte est assez différent de celui Latin : ils ne font pas le rite du lavement des pieds pour le jeudi saint, lors de la célébration du vendredi saint, une mise au tombeau du Christ est réalisée avec de nombreux bouquets de fleurs et la plupart des Maronites célèbrent Pacques dès le samedi à midi. Nous avons la chance d’être accompagné par Sœur Jocelyne qui prend le temps de nous expliquer les rites et même parfois de nous traduire les homélies du prêtre. […]