• Actualités

[LIBAN]Témoignage de Théo : « Je sais déjà que Beyrouth va me manquer. Cette ville a quelque chose de si particulier.»

 Témoignage de Théo, en mission auprès de L’association Oum al Fadi à Beyrouth au Liban depuis début avril


 

Début de la nouvelle aide

Après 2 mois et demi de travail, de recensement et environ 150 familles visitées, nous avons sélectionné 20 familles (65 personnes) particulièrement fragiles pour les aider. La semaine dernière, l’association a franchi un nouveau cap en réalisant notre première distribution dans le quartier d’Ein El Romeneh (Chiyah), où je vis actuellement.

Nous avons désormais 4 types d’aides :

– Aide complète quotidienne avec des plats cuisinés (l’ancienne partie de l’association, dans le quartier qui a subi l’explosion du port, principalement pour des personnes âgées, à qui nous allons aussi chaque samedi offrir des fleurs pour passer du temps avec eux)

Puis les 3 nouveaux types d’aides dans notre quartier de Chiyah, principalement pour des familles.

– Aide complète avec des courses toutes les semaines

– Aide partielle avec des courses toutes les semaines pour les produits difficiles à obtenir (le fromage, la viande, etc).

– Aide mensuelle avec une grosse boîte contenant un peu de tout.

Au total, nous aidons maintenant 110 personnes (43 à mon arrivée). En fonction des financements que nous trouverons via notre site de parrainage, nous avons les capacités logistiques de monter jusqu’à 200 personnes aidées.

Tout n’est pas parfait, mais nous faisons de notre mieux.

 

 Evolution de la situation au Liban

La situation au Liban s’est encore dégradée. La livre libanaise s’est encore dévaluée (1$ vaut aujourd’hui 20 000 LL, là où c’était 12 500 LL à mon arrivée début mai, et toujours 1$ = 1500 LL au taux officiel). Le prix de l’essence a augmenté de 30% (mais il est toujours subventionné, sinon plus aucun libanais ne pourrait se permettre d’en acheter). Il y a néanmoins de moins en moins de stations ouvertes, et de plus en plus de queue devant celles-ci, entraînant des tensions.

Les coupures de courant sont maintenant quotidiennes et touchent tout le monde. Les générateurs privés n’ont plus les moyens de compenser à 100% les coupures de l’électricité du gouvernement. Au séminaire nous sommes assez privilégiés, nous n’avons que 2h de coupure le matin, et environ 3h l’après-midi.

Cela arrive que les coupures soient plus longues, et je découvre les plaisirs des soirées à la bougie.

 

 

Il faut s’habituer à recharger les appareils électriques aussi souvent que possible et la perte du wifi ralentit notre travail. Le redémarrage de la clim devient le meilleur moment de la journée. Mais l’électricité n’est pas assez forte pour tous les appareils, et il faut donc couper les clims lorsque la machine à laver est en marche par exemple.

On s’habitue vite à cette légère perte de confort, le plus impressionnant pour moi reste l’évolution dont j’ai été témoin en à peine plus de 2 mois. A mon arrivée, pas de pénuries d’essence, les générateurs privés fonctionnaient à 100% et les prix étaient bien plus bas dans les supermarchés.

 

 

 

 

Fin de mission

Il ne me reste déjà que quelques semaines avant la fin de ma mission, dont je vais profiter à fond pour continuer de découvrir ce pays merveilleux malgré les circonstances.

Je sais déjà que Beyrouth va me manquer. Cette ville a quelque chose de si particulier. Comment vous décrire la chaleur étouffante accentuée par la pollution ambiante, les drapeaux des milices qui flottent au vent, la symphonie des klaxons, entre système de communication et art musical, le muezzin que l’on entend au loin, la pratique semi olympique dans le pays qui consiste à s’asseoir sur une chaise en plastique devant chez soi, souvent avec un narguilé, ou l’odeur des falafel, parfait repas pour 50 centimes.

Beyrouth est une ville grouillante et envoûtante qui a conservé ses cicatrices. Entre impacts de balles et immeubles abandonnés. Comment ne pas ressentir le poids de l’Histoire en arpentant ses rues. Chaque quartier a son ambiance, et chaque sortie est une aventure.

 

 

 

 

Théo Bastoul