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Témoignage de Tiphaine, volontaire en Terre Sainte
Tiphaine, 24 ans, vient d’être diplômée de Psychoprat’ et est volontaire pendant 6 mois dans une crèche pour enfants de migrants, en Terre Sainte.
Terre Sainte, 20 février 2019

Mon voyage a très certainement commencé à quelques kilomètres au sud de Paris. Inutile en effet d’avoir atterri sur le sol israélien 
Très vite je suis ainsi frappée par le rapport au sacré auquel on est confronté ici et par la place qu’il prend dans la vie des personnes que je croise. Venant d’un pays laïc il est très surprenant de croiser tant de signes religieux en restant dans des lieux publics. Cependant, il est aussi particulièrement déroutant, en tant que chrétienne élevée dans une foi toute intérieure et sensibilisée au respect des lieux religieux et historiques, de se retrouver par ailleurs dans un flot de touristes bavardant dans le Saint Sépulcre ou de tomber sur des kippas à motifs rivalisant d’imagination au milieu des souks. Il s’agit bien de territoires faits de contrastes !
Comme l’ont déjà expérimenté bien d’autres volontaires en Terre Sainte avant moi, il est, à l’arrivée à Jérusalem, difficile de se dire que c’est ici que va se dérouler sa mission de volontariat. Je profite de la ligne de train tout juste mise en service et du tram rutilant, tombe face à face avec des enseignes occidentales bien connues, et Pierre, le premier volontaire que je rencontre, me détaille la vie effrénée que les jeunes vivent ici et les multiples engagements qu’ils ont pris en dehors de leur mission (scoutisme, groupes de prière et de réflexion…). Moi qui pensais me couper de ma vie parisienne et de son rythme chevronné !

Rapidement émerge donc le sentiment de faire intrusion dans un système qui fonctionne très bien (… sans moi qui ai l’impression de le ralentir !) et que l’accueil se fait d’abord avec méfiance via des mises à l’épreuve. Je pressens que la création d’un lien avec les salariés va constituer un vrai enjeu. En plus d’avoir toujours baigné dans des langues, cultures, pratiques différentes, ceux-ci sont confrontés à un éternel défilé de volontaires. J’entends tout à fait combien il peut-être décourageant pour eux d’avoir à franchir toutes ces barrières pour s’attacher et finalement devoir se séparer et tout recommencer…
Même si eux aussi m’auront, à leur manière, mise à l’épreuve à mes débuts, les petites têtes brunes dont je partage la charge sont plus vite comprises et conquises. Ils me rappellent un petit renard bien connu qui disait : « S’il te plait… apprivoise moi ! ». Comme il l’avait déjà promis au Petit Prince, je commence donc progressivement à reconnaître les pleurs de tel enfant, décoder les comportements ou connaître les meilleurs moyens de rassurer tel autre.
Malgré tout ce qu’il me reste à apprendre pour me sentir à ma place à la crèche, je suis frappée de voir à quelle vitesse tout cela est passé de l’ordre de la nouveauté à celui du quotidien. Très vite les habitudes sont prises, les petites routines commencent à s’installer.
Pendant ces deux premières semaines, l’hospice des sœurs m’apparaît comme un havre de paix dans lequel je prends le temps de digérer toute cette nouveauté. À mon arrivée je suis effectivement assaillie par la multitude de sensations : odeurs d’épices, de viande grillée, bruits continus de klaxons, de feux d’artifices, les appels à la prière… Toutes sont promesses de dépaysement et de découverte.
Tiphaine