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[ÉTHIOPIE] Le témoignage de Louis "Au prieuré d’Entoto, il s’agit de créer un équilibre, plutôt que d’essayer d’en trouver un".

Louis, 25 ans, architecte diplômé et volontaire à Addis Abeba, vient de terminer sa mission de 6 mois au prieuré d’Entoto.


MES MISSIONS AU PRIEURE

Ma mission principale concerne toujours les différents chantiers au prieuré. Depuis deux mois, les choses ont avancé, même s’il y a eu des retards. Mon rôle concerne principalement la communication. Je dois être présent aux réunions de chantier, transmettre les décisions aux entreprises, et être présent sur le terrain pour représenter les frères. Mais je tiens aussi à participer moi-même aux travaux qui ne demandent pas de compétences spécialisées (comme la fabrication des armatures du béton). J’ai donc aidé à creuser plusieurs tranchées, nettoyé le tanker… J’aime beaucoup travailler en groupe avec des jeunes qui viennent parfois donner un coup de main au prieuré. Pour le moment, le chantier principal concerne le nouveau tanker de récupération d’eau de pluie, qui complètera l’ancien qui a certainement des fuites. Nous allons bientôt finir ce travail. Les réseaux traversant le prieuré forment maintenant un ensemble qui relie un septic tank, le biogaz et les deux tankers. J’ai établi des plans pour visualiser le fonctionnement des trois parties du réseau : le système d’arrivée de l’eau de la ville, qui est distribuée dans l’ensemble des bâtiments, celui de collecte et de traitement des eaux usées, et le système de récupération de l’eau de pluie. Afin de comprendre comment fonctionnent ces systèmes et comment ils interagissent, nous avons aussi dû multiplier les fouilles dans tout le terrain, en parallèle des creusements nécessaires pour installer les nouveaux équipements.

Dans le même temps, nous avons installé un système de vidéosurveillance, qui consiste en huit caméras réparties sur tout le site. Installer les fils (parfois enterrés, parfois passant dans les toits, parfois longeant les façades) était un travail très long et difficile. Le creusement des tranchées, surtout, puisque nous les avons ouvertes pendant la saison des pluies, dans des conditions climatiques pas franchement clémentes. Les travaux à venir vont continuer à bouleverser le terrain qui ressemble déjà à un champ de bataille : il va s’agir de créer de nouveaux sanitaires pour les visiteurs, une nouvelle loge pour le gardien, et de paver l’ensemble des espaces d’entrée et entre la chapelle et le centre d’accueil. A côté du suivi de ces travaux, je suis aussi chargé de rédiger des rapports pour les donateurs, et de monter des dossiers de demande de financement.

 

 


LA VIE AU PRIEURE

Après mon arrivée, j’ai mis beaucoup de temps à trouver une juste attitude par rapport aux personnes présentes ici. Être volontaire n’est pas toujours un statut facile : on ne fait pas partie de la communauté, ni des gens du pays, ni des expatriés. Les gens ont parfois du mal à comprendre ce qu’on fait là, et le décalage culturel crée des situations originales : on a déjà demandé plusieurs fois à un prêtre si j’étais son fils ! Ce qui m’amuse beaucoup aussi est que tout le monde me donne sept ou huit ans de moins que mon âge. Ça me permet de m’entendre facilement avec tout le monde ! Au prieuré d’Entoto, il s’agit de créer un équilibre, plutôt que d’essayer d’en trouver un. Les frères ne sont pas cloîtrés, ils sont donc censés être très en contact avec le monde extérieur ; cependant, ils tiennent à leur tranquillité et promènent avec eux comme une aura de calme et de vie intérieure qu’il ne faut pas brusquer. […] Tous ces petits ajustements, ces attentions aux autres qu’il ne faut pas oublier demandent un travail passionnant. Ce volontariat en immersion dans une communauté est donc pour moi une belle opportunité de grandir humainement, et dans la façon dont je me comporte avec les autres.

Et en écrivant toutes ces lignes, je me rends compte combien cette mission est dense et riche en rencontres. C’est pour moi une expérience incroyable, tellement riche en fait que souvent je me laisse porter par les événements. Impossible de trop prévoir et planifier les choses ici. Il y a constamment des rebondissements et des surprises inattendues.


 

MA FIN DE MISSION

Cette mission en Ethiopie est une chance incroyable pour moi. J’ai découvert tant de nouvelles choses, vécu tant de belles expériences pendant ces cinq mois ! C’est une aventure humaine et spirituelle comme je n’aurais jamais osé rêver en vivre. Ma mission sur le chantier me permet aussi de compléter ma formation après mes études, avec une approche originale qui me fait découvrir des aspects inattendus de l’architecture et de la gestion de projets. Je rentrerai grandi en France, prêt à avancer et à affronter les difficultés du quotidien, grâce à cette expérience de patience et de prise d’initiatives. J’aurai aussi appris à faire davantage attention aux personnes de mon entourage, et aux nouvelles que je rencontre. Ces six mois de mission m’auront fait beaucoup réfléchir, et fait réaliser combien j’ai besoin de grandir humainement avant de me lancer dans d’autres projets à l’avenir.

Je remercie L’Œuvre d’Orient pour son action dont je constate tous les bienfaits sur le terrain, et qui m’a permis de vivre cette si belle mission.