• Actualités

[SYRIE] La situation humanitaire - Témoignage de Vincent Gelot

Vincent Gelot, responsable projets Liban/Syrie, s’est exprimé au sujet de la crise qui s’intensifie actuellement en Syrie, d’où il revient. 


L’urgence humanitaire concerne l’ensemble de la Syrie

Neuf ans après le début de la guerre en Syrie la situation économique et sociale des Syriens s’est profondément détériorée. Alors que les combats autour d’Idlib focalisent l’attention médiatique, Vincent Gelot, responsable projets en Syrie et au Liban pour L’Œuvre d’Orient, rappelle que c’est l’ensemble du pays qui pâtit des sanctions comme des séquelles de la guerre. Dans le Golan, la vallée des Chrétiens, le Nord-Est syrien, à Homs, à Alep et même à Damas, les populations font face à un besoin croissant de biens de première nécessité. « La crise économique est inédite et pire que lorsque les zones en question étaient au centre des combats », précise Vincent Gelot. Le salaire moyen en Syrie actuellement se situe autour des 40$ par mois, ce qui rend compliqué l’achat de produits alimentaires dont le prix est passé du simple au double en deux mois.

L’impact de la crise libanaise sur la situation en Syrie

Cela est d’autant plus difficile que le Liban traverse une crise économique sévère et que la relative bonne santé du système bancaire libanais constituait pour les Syriens un poumon financier, une partie des aides transitant par leur voisin. « Bien souvent les comptes bancaires des Eglises, des patriarcats, des évêchés sont au Liban », souligne Vincent Gelot. Or, comme l’ensemble de la population libanaise, les instances religieuses ne peuvent retirer que 300$ par semaine, en dépit de la forte inflation et des besoins toujours croissants des communautés qui dépendent d’elles.

Des besoins qui vont au-delà de la sécurité et de la subsistance alimentaire

L’état de détresse se voit aggravé par des conditions climatiques très rudes, avec des températures hivernales particulièrement basses. En de nombreux endroits, les familles n’ont pas de quoi se chauffer, par contrainte financière ou plus simplement car les systèmes de distribution en eau et en électricité sont défaillants. Un autre point de vigilance réside dans l’importance des chocs post-traumatiques dus à la guerre et aux bombardements. Vincent Gelot explique : « Les éducateurs nous disent qu’ils se trouvent en difficulté parce qu’il y a toute une part de traumatismes qu’ils ne savent et ne peuvent pas gérer » chez les jeunes. On observe également une augmentation du nombre de cancers parmi les foyers syriens.

Face à la misère, la persévérance des ONG

Si les conditions de travail des ONG sont défavorables, de nombreuses initiatives ont vu le jour et continuent de porter secours aux populations syriennes. C’est le cas de l’école chrétienne de Hassaké, qui accueille sans distinction chrétiens comme musulmans. Il en est de même pour le JRS et leur activité dans les camps de réfugiés, ou bien pour les religieuses des Saints Cœurs, qui animent des centres de suivi psycho-social. La Syrie est l’un des pays destinataires prioritaires des aides de L’Œuvre d’Orient, avec une cinquantaine de communautés aidées, pour un montant d’environ 3,5 millions d’euros. Pour autant, et en raison des nombreuses difficultés mentionnées ci-dessus, les besoins des chrétiens de Syrie ne cessent de croître depuis 2011.

Pierre BLANC