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[BULGARIE] Le témoignage de Madeleine : "Je sais que ma place et ma joie sont auprès des personnes en situation de précarité, isolées, malades."

Notre volontaire Madeleine, 24 ans, psychologue, est en mission depuis le mois de novembre 2023 et jusqu’en mai, auprès des Sœurs Eucharistines (gréco catholiques) à Sofia en Bulgarie.


La première chose dite à un volontaire sur le départ est : « tu verras, le temps passe très vite en mission ». Déjà  arrivée à la moitié de cette aventure, à Sofia en Bulgarie, je prends conscience de tout ce que j’ai déjà vécu, et ce que je voudrais vivre encore.

C’est auprès de la communauté des Sœurs Eucharistines, dans la maison-mère, que je suis depuis presque 3 mois, en binôme avec Charlotte. Je partage mon quotidien avec 7 sœurs et 1 postulante. Cette congrégation bulgare de rite byzantin slave, fondée en 1889, est de vouée à la contemplation de l’Eucharistie et est active auprès des personnes démunies. Comme beaucoup de congrégations, ces religieuses voient leur nombre décliner d’année en année. Ainsi, depuis 1 an, elles accueillent 2 volontaires pour les aider dans leurs activités.

Plus concrètement, avec Charlotte, j’aide la congrégation dans ses activités auprès des personnes isolées et pauvres. La mission la plus représentative, que nous faisons depuis notre arrivée, est la distribution des sandwichs du lundi au vendredi. Elle est destinée aux personnes âgées, seules et démunies. Certaines vivent dans la rue, d’autres ont des moyens très limités ou sont malades. Avec le temps, j’ai appris à les connaitre. De vrais liens se sont tissés avec certains d’entre eux, et leurs sourires sont un cadeau. De même, nous rendons visite à des personnes en maison de retraite, ou isolées. Chaque nouvelle rencontre est une joie. Si j’ai parfois l’impression de ne faire qu’acte de présence, le plus beau est de leur apporter un peu de compagnie et de joie.

 

Ce qui est merveilleux, c’est de pouvoir créer une vraie relation, malgré la barrière de la langue !

 

Ma mission est également très présente au quotidien. Les tâches de type ménage et vaisselle sont très présentes. Certes, cela ne fait pas rêver un volontaire en devenir… Si la tâche en elle-même n’est pas particulièrement intéressante, c’est un temps offert a la congrégation. Cela permet aux sœurs de se retrouver entre elles, et d’avoir plus de moments pour leur vocation première : prier.

Au-delà de ces deux axes principaux de ce volontariat, la demande d’aide des sœurs est variable. Chaque jour est différent, il y a toujours des services à rendre. Ainsi, nous avons rangé et trié la bibliothèque (l’occasion de s’intéresser à des lectures spirituelles dans toutes les langues !), nous avons participé aux activités des sœurs avec les enfants, j’ai joué Sainte Elisabeth (et Charlotte l’ange) dans la pièce de théâtre de Noël de la paroisse, nous cuisinons divers plats français, nous chantons (beaucoup) …

 

Les Sœurs étant en lien avec différentes associations, elles nous ont proposé de rendre service ailleurs. De ce fait, nous avons pu aider la fondation catholique Rojdestvo Hristovo, qui fabrique divers objets en laine, qui sont ensuite vendus. Ces revenus servent à aider les femmes, enceintes ou jeunes mères, qui sont isolées et de munies. Nous avons été mises en lien avec Caritas, association nationale qui aide les personnes de favorisées. Et nous avons eu l’opportunité de faire le camp scout d’hiver, nous voila Scouts bulgares !

Par la congrégation, nous avons aussi rencontré différentes communautés (salaisiens, assomptionnistes, franciscains, carmélites…) et religieux (évêque, prêtres). Ces rencontres sont des témoignages de l’histoire des catholiques dans ce pays, et ils laissent une empreinte importante a travers leurs nombreux projets (école, église, radio…) que nous avons pu visiter. D’ailleurs, nous avons eu la joie d’enregistrer un chant français pour la radio Ave Maria, tenue par les frères franciscains.

Être volontaire, c’est aussi construire sa mission et prendre des initiatives. Il y a quelques mois, apprenant mon départ imminant pour la capitale bulgare, j’ai souhaite me renseigner sur la congrégation. Ce fut bien difficile d’obtenir des informations. À mon arrivée, j’ai donc proposé aux religieuses de créer un site internet. Encore en cours, je suis ravie de développer mes compétences informatiques (domaine dans lequel je n’excelle pas…). Par la même occasion, cela me permet de connaitre mieux l’histoire, le charisme et les activités de la congrégation.

J’ai également pris contact avec les Sœurs de Mère Teresa. Tous les vendredis, elles vont rendre service dans une maison de retraite accueillant des personnes pauvres et sans famille (beaucoup étaient sans domicile). Elles leurs coupent les ongles, les cheveux, la barbe, elles soignent leurs pieds douloureux et les nourrissent. C’est un service que j’apprécie tout particulièrement.

Aussi, avec Charlotte, nous nous sommes rapprochées de la paroisse latine. La messe en français y est célébrée une fois par mois. Nous y avons proposé nos services. Nos talents de chantre ont été mis a rude épreuve !

Ce que j’aime le plus dans ma mission ce sont les rencontres et les sourires reçus. Je sais que ma place et ma joie sont auprès des personnes en situation de précarité , isolées, malades.

 

J’apprécie aussi la diversité de la mission et d’avoir l’opportunité de développer de nouvelles compétences.

Par ailleurs, j’ai eu l’occasion d’aller dans la seconde maison bulgare de la congrégation, située à quelques kilomètres de la frontière turque et grecque, à Pokrovan (dans les Rhodopes). Sœur Bernadetta y vit seule depuis plusieurs années, sur sa demande. Accompagnée de Sœur Ioanna et de Charlotte, ce fut une semaine très douce, un autre visage de la congrégation. À la fois mission et vacances, nous avons aide à ranger, trier et nettoyer l’étage, qui était devenu un grenier. Nous avons rendu visite à quelques personnes âgées : les habitants de ce village ont peu et pourtant, ils sont la générosité même ! Enfin, nous avons pu nous promener et découvrir les magnifiques paysages de cette région montagneuse. Il est bon de connaitre la Bulgarie dans son terroir, loin de la ville.

Il est bon aussi de connaître la congrégation et ses religieuses. Lors de cette semaine à Pokrovan, Sœur Bernadetta a témoigne de sa foi et de son histoire. D’autres sœurs nous ont, elles aussi, partagé leurs souvenirs et le chemin qu’elles ont pris pour devenir religieuse. Ces témoignages de foi sont aussi de réelles leçons de vie. Sœur Suzanna, 86 ans, nous a raconté sa vie de jeune religieuse pendant le communisme et le combat des catholiques. Sœur Josepha et Sœur Ioanna nous ont partagé leurs parcours de conversion et les difficultés qu’elles ont traversées.

Un lien fort, à la fois spirituel et amical, s’est crée avec chacune de ces religieuses. Vivre en communauté , c’est s’adapter, connaitre les traits de caractères et les manies des unes et des autres ; mais ce sont aussi des conversations, des réflexions et des moments partagés qui sont uniques. Rien ne vaut les doux conseils spirituels de Sœur Maximilienne ou les petites attentions quotidiennes de Sœur Elena. J’apprécie tout particulièrement la proximité que j’ai avec la congrégation et cette confiance mutuelle qui s’est installée dès notre arrivée.

À travers toutes ces rencontres, ces témoignages et ces échanges avec les religieuses, les paroissiens ou encore les personnes démunies, cette mission m’offre un bel exemple d’humilité et de charité.

 

Cette mission est aussi pour moi l’opportunité de rencontrer Dieu d’une façon nouvelle. À mon arrivée, j’ai découvert le rite byzantin slave (rite oriental). Cela me permet de réfléchi  r de nouveau à ma foi, et au sens de la messe. De plus, par la proximité avec la congrégation, je peux participer aux différents temps de prière (adoration, vêpres, chapelet…), et je peux échanger sur
des questions personnelles et/ou spirituelles avec les religieuses. Cela est un véritable cadeau !

Après trois mois de mission, je crois avoir trouve mon équilibre entre les temps de prières, les temps personnels et les temps de service. L’harmonie entre la mission et soi-même se fait petit à petit : il y a des joies et des remises en question. Le vrai défi du volontariat est de s’adapter a son pays et a sa communauté. Le rythme est parfois difficile à accepter (gagner en efficacité et aller plus vite sur certains services, être informée du programme plus tôt) et quelque fois il est dur de ne pas se sentir utile.

Pour ma mission, le deuxième défi est de trouver l’équilibre à 2. Être envoyé en binôme a des bons et des mauvais côtés. Le plus important est d’aimer son co-volontaire ! J’ai beaucoup de chance d’être avec Charlotte, nous nous entendons très bien ! Nous partageons des rires, des visites, des paysages, des rencontres… Et parfois, nous ne sommes pas d’accord ou nous nécessitons plus d’espace, alors nous trouvons des compromis, des temps seules ou des services séparés. Lorsque nous nous retrouverons en France, je serai heureuse de revivre toutes ces anecdotes avec elle !

À seulement quelques 2000km de la France, la Bulgarie est une agréable surprise ! Son histoire et ses montagnes sont superbes et la générosité des bulgares immense. J’ai encore tant à découvrir ! Je suis impatiente de poursuivre cette aventure, qui sera sans nul doute difficile de quitter…

Madeleine