Egypte – Les coptes se préparent à fêter Pâques

Un Carême latin chez les Coptes

La date de Pâques change chaque année, en fonction d’un calcul savant fixé par le concile de Nicée en 325 (le premier dimanche suivant la première pleine lune après l’équinoxe de printemps). Là où la confusion règne, c’est l’usage par la majorité des Eglises orientales du calendrier julien, à la différence du calendrier grégorien de l’Eglise latine. Ainsi, en 2016, Pâques tombait le 27 mars pour les latins, et le 1er mai pour les orientaux. En 2017, le 16 avril pour les premiers comme pour les deuxièmes. Cette année, ça sera le 1er avril pour les uns, et le 7 avril pour les autres.

En Egypte, les coptes catholiques comme les catholiques latins suivent la même date de Pâques que les coptes orthodoxes (alors qu’en France, les coptes catholiques suivent la même date que les catholiques latins).

Les coptes orthodoxes attachent une importance considérable au jeûne : 43 jours avant Noël, 55 jours avant Pâques, le « jeûne des Apôtres », entre 8 et 42 jours selon les années (la date de fin étant fixe, mais pas celle du début), 3 jours pour le jeûne de Jonas, 15 jours pour la Vierge Marie en août.

En résumé, cette année, j’ai une semaine de décalage avec vous. J’ai eu la messe des cendres chez les Dominicains, mercredi 21 février, et je fêterai Pâques le 7 avril !

« Mon Seigneur et mon Dieu ! » Mgr Ignace Youssef VIII Younan patriarche syro-catholique d’Antioche

Cette exclamation de l’apôtre Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu! » racontée dans l’évangile est la confession de foi de l’apôtre incrédule qui doutait du témoignage des dix autres apôtres comblés de joie pour avoir vu Jésus ressuscité ! C’est à cause de son incrédulité que Jésus nous dit : « Heureux ceux qui ne m’ont pas vu et qui ont cru » (Jean 20:28-29).

Le Seigneur nous invite à renouveler notre foi en sa Résurrection par laquelle il a aboli la mort. C’est en commémorant sa Passion et sa Résurrection que nous célébrons le triomphe de la vie sur la mort, la lumière sur les ténèbres, la vérité sur le mensonge, la paix sur la violence et la joie sur le chagrin.

Nous sommes donc heureux d’exprimer à vous tous, chers frères, fils et filles dans le Seigneur, là où vous soyez, au Proche-Orient et dans la Diaspora, nos vœux les plus sincères et nos prières ferventes, implorant le Ressuscité de vous accorder sa grâce, sa promesse de paix et la joie de continuer votre pèlerinage sur terre, comme témoins de l’amour et de l’espérance.

 

Les apparitions confirment la foi des disciples

Les apparitions du ressuscité aux siens bien-aimés furent dans des lieux et types différents. Les premières, ce sont les saintes femmes qui ont raconté la nouvelle de la résurrection. Puis, les disciples qui se réunissaient à la maison avec les portes fermées, par crainte de ceux qui avaient conduit leur divin Maître à la crucifixion et qui étaient douteux et extrêmement confus. Le ressuscité vint les rassurer et les envoyer en mission.

Ce même dimanche Jésus apparaît parmi eux et leur dit : « La paix soit avec vous ! ». A plusieurs reprises le Ressuscité apparaissait à ses disciples, pour les encourager, confirmer leur foi et les envoyer à devenir ses témoins en évangélisant les peuples : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ».

Puis, les deux autres apparitions très émouvantes, lorsque Jésus apparaît aux disciples allant à Emmaüs et aux apôtres qui se donnèrent un rendez-vous pour la pêche au lac de Tibériade.

 

La Résurrection : fondement de notre foi

La Résurrection du Seigneur Jésus est devenue le point central de notre foi chrétienne : « Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine » (1 Corinthiens 15 : 14). Par sa mort, le Christ nous a libérés du péché et par sa Résurrection il a vaincu la mort, nous donnant l’assurance de la nouvelle vie.

C’est le message de l’ange aux femmes qui étaient allées à la tombe à l’aube du dimanche, pour embaumer le corps de Jésus : « Ne vous effrayez pas, vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié; il est ressuscité, il n’est pas ici ; voici le lieu où on l’avait mis » (Marc 16: 6).

Durant la saison pascale, nous avons la très louable coutume d’échanger les vœux avec cette belle salutation : « Le Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité !».

 

La foi en la Résurrection : un don de Dieu

La foi chrétienne se base sur la foi en la Résurrection : Confesser que Jésus est ressuscité pour notre salut est un don de Dieu. C’est ce que le Seigneur avait rappelé à Simon Pierre quand il l’a reconnu  Fils de Dieu, à Césarée de Philippe : « Ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais est mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 16: 17).

La foi est la réponse de l’homme à l’appel de Dieu révélateur de Sa Vérité, afin que le croyant puisse entrer en communion avec Dieu par la grâce; alors l’homme soumettra son esprit et sa volonté à Dieu, et accepte de se conformer avec ce que Dieu lui révèle (Catéchisme de l’Eglise catholique, 26, 142-143).

« Sans l’Esprit Saint, personne ne peut dire: Jésus est le Seigneur ! » (1 Corinthiens 12,3). Au soir de la Résurrection, Jésus ressuscité, soufflant sur les apôtres, leur donne l’Esprit Saint et comble leurs cœurs de paix et de joie !

 

La Résurrection : message de paix  et d’espérance

Notre Eglise Syriaque d’Antioche tant éprouvée au long des siècles, met l’accent sur le thème de la Paix, dans la célébration pascale. C’est avec un salut de paix que le ressuscité débute ses multiples apparitions aux disciples. C’est pourquoi notre Eglise célèbre le « rite de la paix » précédant la liturgie divine le dimanche de la Résurrection, pour supplier le Ressuscité de faire régner Sa paix dans le monde entier. Dans cette saison bénie, nous prions et formulons l’espoir qu’une juste et durable paix puisse sauver nos pays du Proche-Orient, qui ont tant souffert, à cause des guerres destructives, des conflits et des crises économiques étouffantes.

 

Pour le Liban,

un pays cher à nous tous, qui en ces temps tumultueux que traverse le Proche-Orient, mérite notre haute considération et notre soutien inconditionnel. Il est temps que ce petit pays puisse surmonter les problèmes menaçant son identité et son existence même ; des problèmes de sécurité comme ceux économiques et environnementaux causés principalement par l’afflux d’un million de réfugiés fuyant la Syrie et l’Irak ; mais aussi à cause des interférences extérieures.

Nous nous réjouissons que des prochaines élections législatives aient enfin lieu en mai prochain, après neuf ans de report. Par ailleurs, nous réitérons notre demande que justice soit faite pour nos deux communautés syriaques, catholique et orthodoxe, pour avoir deux sièges au parlement. Notre communauté syriaque est reconnue par son attachement profond au Liban, un pays-mission pour la région et le monde entier, pour le quelle elle a offert des milliers de martyrs qui se sont sacrifiés pour l’indépendance et la liberté de cette patrie bien-aimée.

 

La Syrie,

ce pays voisin, ne cesse de souffrir, à cause des conflits sanglants qui durent depuis voilà huit ans. Nous déplorons les résultats dévastateurs de cet hécatombe : des centaines de milliers de morts et blessés, des millions de déracinés et déplacés, des infrastructures détruites et le moral du peuple au seuil du désespoir. Pour ce, nous répétons que les chrétiens originaires de ce pays, berceau du christianisme, ont été trahis par leurs frères dans la foi, à cause de l’opportunisme de leurs dirigeants politiques et la complicité des médias agglomérés.

Nous prions pour que les efforts déployés, soit par le gouvernement national et la majorité du peuple à l’intérieur de la Syrie, soit par les pays régionaux et internationaux, mettent fin à ce conflit absurde et horriblement destructeur. Il est de premier ordre qu’on arrête l’acheminement des armes et des terroristes qui continuent à ravager ce pays. Une condition nécessaire pour poser les fondements réels de la réconciliation, la paix et la justice. En effet restaurer la stabilité en Syrie est une question vitale pour la survie de ses multiples minorités, particulièrement les chrétiens. C’est aussi une question de survie pour le Liban voisin.

Nous n’oublions pas de renouveler notre demande de libérer tous les kidnappés religieux, civils et militaires, surtout les deux archevêques d’Alep, Mar Grégorios Yohanna Ibrahim et Boulos Yaziji, ainsi que les prêtres Paolo Dall’Oglio, Isaac Mahfoud, et Michel Kayal.

 

Pour l’Irak,

terre de Mésopotamie tellement éprouvée depuis plusieurs générations, la Résurrection est une annonce d’espérance et de salut. C’est le triomphe de la volonté de vie sur la mort, de l’amour sur la haine. C’est enfin la victoire sur les idées ténébreuses des «takfiristes» qui ont semé la terreur et commis les horribles massacres par fanatisme et radicalisme.

Des dizaines de milliers de chrétiens ont été déracinés de leur terre natale, dans la Plaine de Ninive, suite aux attaques meurtrières et les menaces des bandes criminelles de Daech survenues en été 2014. Nous supplions le Seigneur ressuscité de redonner la paix tant désirée par ce pays meurtri par les fautes d’hommes avides de pouvoir et des richesses matérielles.

Nous exhortons les responsables Irakiens, soit dans le gouvernement central de Bagdad, soit au Kurdistan, d’œuvrer à inspirer la confiance dans les âmes et la sécurité pour tous. Qu’ils se donnent honnêtement à instaurer les principes de la démocratie et les fondations d’un état moderne, d’après les promesses des candidats aux prochaines élections législatives.

Nous encourageons nos chers fidèles déplacés à l’intérieur et ceux exilés à travers le monde, de faire retour à leur terre d’origine et déconsolider leur unité, afin que leur voix soit entendue. C’est dans l’unité des chrétiens que dépend leur survie dans in Irak libre, démocratique et juste, qui devra assurer l’égalité des droits et des devoirs pour tous les citoyens.

 

Quant à la Palestine,

la terre sainte où notre Seigneur est né, mis à mort et ressuscité, nous aspirons comme ses habitants de bonne volonté, à une paix juste et durable, et ce, par une réconciliation sincère et édifiante. Nous ne cessons pas de prier pour que le divin ressuscité inspire peuples et communautés religieuses à s’accepter mutuellement et travailler à instaurer une convivialité mutuelle, réelle et honnête.

Nous renouvelons notre appel, en accord avec Sa Sainteté le Pape, les églises-sœurs et la communauté internationale, afin que Jérusalem soit la capitale mondiale de la paix et du dialogue par excellence. Qu’elle retrouve sa vraie vocation d’être un pont qui réunit les fidèles des trois religions de partout le monde, et, qu’elle reste comme le Créateur Dieu d’Abraham a voulu, une vraie «Jérusalem» : ville de la paix !

 

Mots de remerciements

Nous ne pouvons pas oublier le témoignage de charité chrétienne que les communautés catholiques ont apporté à leurs frères et sœurs horriblement éprouvés au  Proche-Orient. C’est par leurs prières et leur solidarité effective, que les Chrétiens de la Syrie et l’Irak ont pu affronter toute sorte de dangers et persévérer dans la foi, fidèles au Seigneur qui a promis de ne pas abandonner Son petit troupeau.

Notre voudrions exprimer notre profonde gratitude aux associations d’entre-aide chrétienne et humanitaire, les quelles ne cessent de prodiguer généreusement leurs aides pour accélérer le retour de nos communautés déracinées dans leur terre natale, reconstruire leur habitat et œuvrer en unisson avec leurs voisins pour un avenir meilleur. Nous adressons un mot de vif remerciement tout particulièrement à l’Œuvre-d’Orient, l’Aide à l’Eglise en Détresse, les Chevaliers de Colombe, Caritas et bien d’autres organisations catholiques partout au monde.

Un exemple émouvant de charité représente la quête que notre Eglise-Sœur des Malankara Syriaques Catholiques a si fraternellement offerte pour nos réfugiés, durant notre dernière visite au Kerala en septembre 2017.

 

Prière

O Christ ressuscité, par Ton salut de paix le soir de Ta Résurrection, Tu as dissipé la peur de tes disciples et par Ta compassion, tu as convaincu Thomas l’incrédule à avoir la foi en Ta victoire sur la mort.

Nous Te supplions de nous confirmer dans la foi, de fortifier notre faiblesse et d’éloigner de nous les épreuves qui causent la peur et le doute; afin qu’à l’exemple de Saint Thomas apôtre, nous puissions Te reconnaître notre vrai «Seigneur et Dieu».

 

En cette saison la Résurrection, nous implorons sur vous les bénédictions de la Très Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, Amen.

LE CHRIST EST RESSUSCITE, VRAIMENT RESSUSCITE

 

                                                           Ignace Youssef III YOUNAN                

Patriarche d’Antioche de l’Eglise Syriaque Catholique

Décès du patriarche Ignace Pierre VIII Abdel-Ahad, Patriarche émérite de l’Eglise Syriaque Catholique d’Antioche

Sa Béatitude Mar Ignace Boutros VIII Abdel-Ahad vient d’être rappelé à la maison du Père le mercredi 4 avril 2018 à Jérusalem.

Né le 28 juin 1930 à Alep, Syrie,

il entra au séminaire de Saint Ephrèm-Saint Benoit dirigé par les pères bénédictins à Jérusalem, puis il dut continuer sa formation au séminaire de Charfet au Liban.  Son ordination sacerdotale avec sept autre confrères eut lieu le 17 octobre 1954, par l’imposition des mains de Sa Béatitude le patriarche-cardinal Ignace Gabriel Tappouni, dans la cathédrale de Saint Georges à Beyrouth, Liban.

Il fut nommé comme professeur et économe au séminaire de Charfet et aumônier de la Confrérie Notre Dame de l’Immaculée Conception, et publia «al-Dalil al-hadi », un guide en arabe de la liturgie de la Messe, de prières et des chants.

En 1965,

il fut nommé curé de la paroisse Saint Joseph à Bethléem où il déploya avec un zèle particulier ses services pour les pauvres et les déplacés à cause de la guerre de 1967 et réussit à construire une garderie et un foyer pour les pèlerins à Bethléem. En 1979 il fut nommé vicaire patriarcal en Terre Sainte et en 1986 il acheva la construction d’une nouvelle église de Saint Thomas à Jérusalem pour remplacer l’ancienne église détruite suite à la guerre Arabo-Israël de 1948. De même il acheva la construction du vicariat et un foyer de pèlerins et des jeunes.

 

Le 21 juin 1997, il fut consacré évêque par l’imposition des mains du patriarche Ignace Antoine II Hayek à Alep.

Suite à la vacance du siège patriarcal par le départ du patriarche Ignace Daoud à Rome, il fut élu patriarche de l’Eglise Syriaque Catholique d’Antioche dans le synode électoral de Charfet le 16 février 2001. Son intronisation eut lieu le 25 du même mois de février en la cathédrale de Beyrouth, avec le nom de Ignace Pierre VIII.

Durant son ministère patriarcal jusqu’à sa retraite en avril 2008, le défunt patriarche déploya des efforts immenses pour assister son Eglise tellement éprouvée par les crises au Liban.  Il accomplit une visite éclaire  en Irak juste avant l’invasion en 2003, pour témoigner à ses fidèles son affection et sa solidarité. Il s’est fait surtout connaitre par sa compassion pour les pauvres et les déplacés, en achevant le projet des HLM de saint Ephrem, situé dans l’ancien camp syriaque à Beyrouth. De même qu’il se lança à construire la nouvelle église de Jounieh, laquelle sera terminée en 2017, au nom de « Notre Dame de Fatima ».

 

Selon son dernier testament, les obsèques du défunt patriarche auront lieu à Bethléem. Date et lieu seront connus prochainement.

 

«  Jésus, notre pontife suprême, reçois votre serviteur le patriarche Ignace Pierre, dans ton royaume, où il recevra sa récompense de serviteur fidèle avec les justes et les saints et te rendra grâces et gloire pour l’éternité, amen ».  ( rite funéraire syriaque)

Conférence « Daech, la machine totalitaire » à l’Institut du monde arabe

Arabisante, Hélène Sallon a couvert la bataille de Mossoul, capitale administrative et économique de l’État islamique, de la mi-octobre 2016 jusqu’à la chute de la ville le 17 juillet 2017. Des mois de terrain à suivre l’offensive des forces irakiennes et à enquêter sur le règne de l’EI à Mossoul, qui lui ont permis de recueillir auprès des habitants une somme de témoignages inédits, effrayants, révélant la dimension totalitaire du projet des djihadistes, à l’échelon irakien et syrien et même mondial. Le fruit de cette expérience de terrain est restitué par son livre L’État islamique de Mossoul : Histoire d’une entreprise totalitaire récemment paru aux éditions la Découverte, dans lequel elle décortique la mécanique meurtrière de Daech et son rêve d’un califat global.

Avec :

  • Hélène Sallon, journaliste au Monde depuis 2010, à la rubrique Moyen-Orient du service International depuis 2014.
  • Loulouwa Al Rachid, politologue, spécialiste de l’Irak, ancienne analyste auprès de l’International Crisis Group, actuellement chercheuse au sein du Carnegie Middle East Centre à Beyrouth.
  • Ziad Majed, politologue franco-libanais, professeur associé des études du Moyen-Orient et des relations internationales à l’Université américaine de Paris, notamment auteur de Syrie, la révolution orpheline (Actes Sud, 2014).

Débat animé par Joseph Confavreux, journaliste à Médiapart.

 

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Auditorium (niveau -2)

« Passer par-dessus les murs entre communautés »

« Je suis arrivée il y a un peu plus d’un an, comme volontaire de solidarité internationale, pour travailler à la radio Al-Salam. Je m’intéresse depuis plusieurs années déjà au Proche-Orient (j’ai travaillé au Liban, j’étais depuis six mois au Kurdistan irakien) et notamment à la coexistence religieuse : cette radio était pour moi un projet magnifique auquel j’avais très envie de participer.

Au départ, celle-ci était surtout conçue pour les populations réfugiées et déplacées, mais depuis un an, beaucoup de choses ont changé en Irak : j’ai vu la fin de la bataille de Mossoul et la chute de l’État islamique, la rentrée des classes dans la plaine de Ninive, le référendum d’autodétermination au Kurdistan… Mais finalement, je pense que notre radio – qui diffuse en kurde et en arabe – est plus nécessaire que jamais. Sans Daech, les communautés se retrouvent face à face, à devoir s’entendre pour reconstruire, à se trouver des règles communes… et ce alors qu’elles s’accusent toutes mutuellement. Je n’ai jamais vu un pays aussi divisé au plan communautaire ! Chacun vit dans sa bulle, avec sa famille, ses amis, ses médias, ses lieux pour sortir… Tout est communautaire ici.

La valeur ajoutée de notre équipe est justement de transcender ces clivages : nous avons des journalistes kurdes, chiite, yézidi, chrétiens irakiens, ainsi qu’un réfugié syrien, et nous travaillons beaucoup avec des informateurs sunnites. Chacun est une clé d’entrée dans une communauté. Grâce à notre travail, les auditeurs apprennent sur des gens qu’ils côtoient sans les connaître, les Kurdes entendent le récit des déplacés arabes sunnites, les réfugiés syriens ou chrétiens, d’autres réfugiés : nous essayons de passer au-dessus des multiples murs qui divisent la région et nous ne serions pas crédibles si nous n’étions que des petits Français. Ce qui est beau, c’est que notre message est porté essentiellement par des Irakiens. Et nous montrons que ça marche : nous n’avons aucune langue en commun et pourtant, nous arrivons à faire une radio ! »

 

Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner

Source La Croix

 

Pâques

« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » Très joyeuse et Sainte fête de Pâques !

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean:

Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin;
c’était encore les ténèbres.
Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre
et l’autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau,
et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple
pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat;
cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau;
il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus,
non pas posé avec les linges,
mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris
que, selon l’Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

Jn 20, 1-9

« Les Chrétiens d’Orient vivent le Samedi Saint » Mgr Pascal Gollnisch

La Semaine Sainte nous porte vers l’Orient. Les Chrétiens d’Orient ont vécu la souffrance et la mort et ne sont pas encore dans la Résurrection. Dans une certaine manière ils sont dans l’attente ; ils vivent le Samedi Saint. En Irak par exemple la guerre est terminée mais tout reste à reconstruire. Cette reconstruction dépendra aussi du travail de chacun, mais la Résurrection du Christ montre que cela est possible et nous devons leur donner des signes d’encouragement ! C’est pour cela que nous pouvons prier en communion avec eux.

« L’an dernier en Egypte les églises étaient pleines à craquer pour la Semaine Sainte.

J’ai été touché par la foi de ces chrétiens, leur courage, leur sourire de se retrouver en église, alors qu’ils avaient été touchés par des attentats peu de temps auparavant. En priant avec eux nous prions ensemble avec ce corps du Christ martyrisé mais fort dans sa foi.

« Nous nous rappelons que nous sommes de la même église, donc lorsqu’un membre est atteint c’est le corps tout entier qui est atteint.

C’est cela que nous devons vivre particulièrement pendant la Semaine Sainte en nous unissons à ce qu’ils vivent et à ce qu’ils sont. Nous avons besoin d’eux pour consolider notre âme et notre foi, eux qui ont parfois tout perdu à cause d’elle.

 

Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient

 

Lettre de Pâques de l’Archevêque grec catholique melkite d’Alep, Mgr Jean-Clément Jeanbart

Je ne sais si vous avez un jour, eu la chance de lire le chapitre 11 de l’Evangile selon Saint Jean ? Si non faites-le, je vous prie, vous y retrouverez le Sauveur auquel nous nous sommes confiés.

Le miracle prodigieux de Béthanie est un évènement historique confirmé par un grand nombre de témoins oculaires: des témoins simples et modestes qui avaient célébré l’évènement en manifestant avec les enfants de Jérusalem et des témoins influents et puissants qui avaient certifié le fait par leur condamnation à mort du Christ Jésus. Pour moi ce miracle a toujours été, comme l’avait souhaité le Seigneur, un signe majeur et très fort (Jean XI:15), il m’a confirmé dans ma Foi et porté à choisir ce jour anniversaire, pour célébrer à Jérusalem il y a cinquante ans la consécration définitive de ma vie à sa suite.

 

guillemetDepuis ce jour béni,

je n’ai jamais arrêté d’espérer en Celui qui, Maître de la vie, tout-puissant et miséricordieux, peut tout donner à ceux qui lui font confiance. Cet évènement marquant de l’histoire du salut, prédit le passage de l’homme d’une vie éphémère à une existence transfigurée et animée  par la présence vivifiante du Christ Ressuscité.

Je dois reconnaître que durant les sept années de guerre et de violence que nous avons subies en Syrie, j’ai senti chaque jour un peu plus, la réalité de la présence du Maître qui nous accompagne, mon clergé et moi-même, pour soutenir nos pas, nous aider dans notre mission ardue et nous protéger. Quatre fois, Il m’a sorti de situations très périlleuses où de grands dommages m’attendaient. Ma résidence, mon archevêché et la Cathédrale avaient été la cible de bombardements répétés des rebelles, ils y ont déversé plus de 70 obus de toutes espèces et causé de grands dégâts. Un de mes prêtres avait été gravement atteint et nos bâtiments rendus littéralement inutilisables.

En tout cela nous sentions, malgré tout, la présence du Seigneur qui nous accompagnait.

 

guillemetSa Providence ne nous a jamais oubliés,

elle a été toujours présente pour rendre notre action humanitaire et caritative moins difficile et plus fructueuse! Elle nous a envoyé des gens de bonne volonté pour travailler avec nous et des bienfaiteurs généreux pour nous aider. Je dois reconnaître que sans cela nous aurions été bien misérables, les miens avec leurs besoins multiples et leurs innombrables contrariétés, et moi-même avec les années qui pèsent sur mes épaules et les complications qui surgissent quotidiennement pour me harasser. Humainement parlant, il nous aurait été quasi impossible de mener à bien la vingtaine de programmes d’aide que nous avions établi pour assister les jeunes et les anciens, les blessés et les malades, les familles et les écoles, les déplacés et les sinistrés.

Aujourd’hui, avec la libération d’Alep, nous observons des lueurs d’espoir pointer à l’horizon. La sécurité et la reprise sensible des services publiques redonnent un peu de tranquillité à nos fidèles. L’eau dans les maisons et l’énergie électrique qui revient ont de quoi réconforter les citoyens. Tout doucement la vie économique reprend et les plus vaillants trouvent sans grande difficulté un petit emploi. De toute évidence, nous sommes bien contents de voir les jeunes que nous préparons dans notre centre de formation professionnelle trouver un poste pour travailler. « Bâtir pour Rester », notre mouvement de développement local, a pu remettre en état 800 appartements et quelques 50 ateliers et commerces endommagés par les obus. Sa caisse de solidarité a octroyé jusqu’aujourd’hui 200 prêts gratuits pour aider nos jeunes à entreprendre de petits projets qui leur permettent de vivre dignement et d’avancer.

 

guillemetMalgré ce sursaut réconfortant, un grave problème nous préoccupe et nous attriste.

Nombreux sont ceux qui, pour une raison ou une autre, quittent le pays pour émigrer en Occident. Face à cet exode qui frappe particulièrement nos communautés chrétiennes, nous nous trouvons, nous, Pasteurs, en plein désarroi ! Que pouvons-nous faire contre ce fléau meurtrier ? Faut-il capituler, se rendre à l’évidence et laisser faire en attendant des jours meilleurs ? Après mûre réflexion et confiant en Celui qui a redonné la vie à Lazare, j’ai décidé malgré tout de relever ce défi, coûte que coûte.

 

guillemetUn appel a été lancé : « Alep Vous Attend » à tous ceux qui sont partis et qui hésitent.

Je savais pertinemment bien, que cet appel peut sembler ridicule aux tenants du « politiquement correct » mais j’ai quand même osé faire le pas, même si comme Jean je semblais crier dans le désert. Nous avons dans ce but établi un programme d’aide financière pour les frais de voyage et de réinstallation des familles désireuses de rentrer et nous avons été agréablement surpris des résultats, moi, autant que mes collaborateurs. Des amis à l’étranger ont apprécié le projet et ont voulu nous aider, 35 personnes ont pu retourner chez eux grâce à ce programme, un bon nombre de ceux qui cherchaient à partir ont commencé à se poser des questions, ceux qui ridiculisaient notre initiative se sont calmés et nous-mêmes, nous avons été portés à faire encore davantage pour aider nos chrétiens à se sentir bien chez eux! Dans ce but nous avons, entre autre, décidé de nous investir entièrement, pour lancer un projet d’habitat à l’intention des jeunes foyers qui veulent vivre dans leur pays.

 

A vrai dire, nous reprenons jour après jour confiance et les 1500 communions que nos prêtres ont pu distribuer ce matin aux très nombreux fidèles, rassemblés pour célébrer avec nous le jour des Rameaux, ont de quoi nous remplir de joie et nous rassurer.

 

De tout cœur je vous souhaite cher ami, une Pâques rayonnante des lumières de la Résurrection.

 

+Jean-Clément JEANBART

      Archevêque d’Alep

 

Chemin de croix en union de prière avec les Syriens

Vendredi Saint, soyons particulièrement unis par la prière à nos frères syriens.

Télécharger le chemin de croix : Chemin de croix – Syrie 2018

 

1ère station : Jésus est condamné à mort

Prions devant le Christ souffrant, pour les syriens qui sont condamnés à mort et qui sont victimes de la violence, alors qu’ils sont innocents. Seigneur prends pitié d’eux.

2ème station : Jésus est chargé de sa croix

Prions devant le Christ qui porte sa croix, prions pour les syriens qui supportent leur chagrin dans des conditions de vie si difficiles, sans électricité, ni eau, sans avoir de quoi se chauffer. Seigneur écoute-les et exauce leurs demandes.

3ème station : Jésus tombe pour la première fois

Prions devant le Christ qui porte le lourd fardeau de sa croix, prions pour chaque syrien qui porte sa croix chaque jour dans l’insécurité et qui marche avec le Christ souffrant. Seigneur soulage leur fatigue.

4ème station : Jésus rencontre Marie sa mère

Prions devant le Christ et devant Marie, pour les familles syriennes déchirées tout au long de cette épreuve, particulièrement pour les mamans qui ne peuvent pas contempler les visages de leurs enfants, et pour les enfants qui sont privés du visage de leur maman. Seigneur remplis leur cœur et leur âme de ton salut.

5ème station : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix

Prions devant le Christ qui peine à porter sa croix, prions pour les volontaires syriens qui sacrifient leur vie et leur temps pour les autres, prions pour ceux qui voient Jésus en chaque personne qui souffre dans ce conflit. Seigneur aide-les à te servir à travers leur frères et sœurs dans la foi.

6ème station : Véronique essuie le visage de Jésus

Prions devant le Christ fatigué, pour les femmes qui essuient les visages des syriens, blessés par la cruauté de leurs frères en humanité ; prions pour les religieux et les religieuses qui viennent au secours de ceux qui ont besoin d’être soulagés. Seigneur donne-leur courage.

7ème station : Jésus tombe pour la deuxième fois

Prions devant le Christ tombé au sol, prions pour les faibles et les maltraités qui sont écrasés et déchirés sous les bombardements en Syrie. Seigneur accepte humblement leur faiblesse.

8ème station : Jésus console les femmes de Jérusalem

Prions devant le Christ consolateur, pour toutes les femmes et particulièrement les femmes syriennes qui pleurent leur famille et les enfants tués, disparus ou capturés. Seigneur console-les dans ton amour.

9ème station : Jésus tombe pour la troisième fois

Prions devant le Christ qui tombe sous le poids de sa Croix, prions pour les déplacés syriens qui subissent la perte de leur foyer et qui sont condamnés à l’exil depuis sept ans. Seigneur aide-les à trouver un bon accueil auprès des autres.

10ème station : Jésus est dépouillé de ses vêtements

Prions devant le Christ dévêtu, prions pour les réfugiés syriens forcés de quitter leur pays, leur maison à cause de la guerre, sans prendre avec eux ni sac, ni vêtement, ni même de quoi vivre. Seigneur remplis-les de ta Grâce.

11ème station : Jésus est cloué sur la croix

Prions devant le Christ souffrant, pieds et mains cloués, prions pour les syriens qui souffrent de la destruction de leur pays, de leur maison et de leur vie, qui sont crucifiés dans leur propre pays et qui supportent tout ce mal en silence. Seigneur donne-leur l’espérance de la vie.

12ème station : Jésus meurt sur la croix

Prions devant le Christ mourant sur sa croix, pour les gens qui ont sacrifié leur vie afin de protéger les autres, prions pour nos martyrs en Syrie qui ont donné leur vie comme « le grain de blé » tombé en terre. Seigneur, reçois-les dans ton Royaume Éternel.

13ème station : Jésus est descendu de la croix

Prions devant le corps du Christ abandonné, prions pour les corps blessés et torturés, jetés sans aucun respect, et que leur famille ou leurs proches ne peuvent recueillir. Seigneur souviens-toi d’eux dans ta miséricorde.

14ème station : Jésus est mis au tombeau

Prions devant le Christ mis au tombeau, prions pour les syriens qui meurent au combat sur terre et sur mer, ou sur le chemin de l’exil et pour qu’il n’y a pas de tombeau où déposer leur corps. Seigneur reçois leur âme auprès de Toi.