[CM] L’Institut chrétiens d’Orient élargit son offre de formation pour 2022 : rejoignez-nous !

L’Institut chrétiens d’Orient a entamé sa deuxième année académique avec enthousiasme, conforté par le succès d’un 1er semestre qui a attiré de nombreux étudiants. Les enseignements du 1er semestre ont reçu près de 200 inscriptions avec une représentation internationale d’étudiants. La possibilité de suivre les cours à distance est une vraie opportunité à la fois pour les candidats et les enseignants. Le « replay » a permis également, pour certains, de suivre les cours à leur rythme et de conjuguer vie professionnelle et formation à l’ICO. La diversité des cours a rejoint à la fois des particuliers qui ont envie de recevoir une formation approfondie sur les chrétiens d’Orient et aussi un autre public plus professionnel en recherche de savoir académique de qualité, délivré par des chercheurs et des universitaires.

Le 2nd semestre s’ouvre sous les mêmes bons auspices avec 6 nouveaux cours proposés et un 7e en anglais. Proposer un cours en anglais répond à une vraie demande d’internationalisation qui s’ouvre pour l’Institut à travers de multiples partenariats, comme avec l’Université catholique d’Ukraine et son Institut d’études œcuméniques. Les inscriptions sont ouvertes.

L’ICO propose également, dès le 21 janvier, le début d’un cycle d’une session consacrée aux chrétiens d’Orient dans des pays en crise (Liban, Syrie, Irak et Arménie) proposé par Antoine Fleyfel, directeur et Tigrane Yégavian, chercheur.

Une série de conférences est également au programme et débutera le mardi 8 février à 18h30 avec l’intervention de Françoise Briquel-Chatonnet, historienne française, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et directrice de recherche au CNRS : « Les Églises syriaques, une histoire au carrefour de multiples cultures ».

Toutes les informations et inscriptions en ligne pour les cours et sessions sont à retrouver sur le site Web de l’ICO : https://www.institutchretiensdorient.org/

 

Contact :

Courriel : contact@institutchretiensdorient.com

Téléphone : 07 62 95 78 19

Joyeux Noël !

« Il renverse les puissants de leur trône, (…) Il comble de biens les affamés. » Luc,1, 52-53

Dans la lumière de Noël, nous vous présentons nos meilleurs vœux. Que la naissance de Jésus nous apporte la joie et une raison d’espérer.

Mgr Pascal Gollnisch et toute l’équipe de L’Œuvre d’Orient

[LIBAN] Le témoignage de Jeanne : « La joie dégagée par ces enfants est une réelle source de dynamisme et de motivation pour nous »

Jeanne, 25 ans, conseillère en gestion patrimoniale, a choisi de servir les patients et résidents du Centre Hospitalier de Bhannes, au Liban pour 3 mois.


Après 15 jours au pays du Cèdre voici mes premières impressions sur ce pays meurtri mais dont le soleil radieux demeure dans le cœur de ces habitants toujours résilients.

Lorsque j’ai déposé ma candidature pour partir en mission j’avais insisté sur le fait que je souhaitais rendre service, me sentir utile pour apporter ce que je pouvais durant ces deux mois. On m’avait donc affecté à un rôle d’aide-soignante au Pavillon Saint Florian avec des personnes en fin de vie, Alzheimer.

Avant de commencer, j’avais quelques craintes car souvent le milieu hospitalier est synonyme d’inquiétudes pour moi malgré mon expérience annuelle auprès des malades à Lourdes. Mais en venant ici deux mois je souhaitais vraiment me mettre au service sans réfléchir à mes angoisses, simplement être là pour apporter ce que je pouvais!

A mon arrivée, on me propose de partager mon temps, le matin en tant qu’aide-soignante au pavillon Saint Florian et l’après-midi de faire de l’animation pour les enfants handicapés de l’IMC avec Yolande, ma co-volontaire. Quelle chance de pouvoir partager mes journées entre des personnes âgées et des enfants pour pouvoir contempler les extrémités de la vie.

Le début de ma mission 

Dès les premiers jours, j’ai été très bien accueillie par le personnel avec lequel je travaille mais également par la communauté et par les trois autres volontaires qui sont à Bhannes : Yolande, Raphaëlle et Laetitia. Tout le monde est bienveillant, attentif afin que je m’intègre petit à petit malgré le barrage de la langue.

Cet obstacle est très présent surtout avec les personnes âgées et les enfants qui pour la plupart ne parlent que libanais. Parmi le personnel, certains comprennent et parlent français, d’autres anglais ou uniquement libanais. Il faut alors ruser pour se faire comprendre soit avec certains mots libanais que j’ai appris soit avec les gestes. Rapidement il a fallu que j’accepte que ma mission n’était pas uniquement de mettre la main à la pâte mais également d’être une présence, à l’écoute et souriante (avec les yeux, malgré le masque). Ne pas être dans l’action a été et est encore un peu déstabilisant pour moi car ce n’est pas dans mon tempérament. Mais grâce à ce temps disponible j’ai pu apprendre à connaître deux personnes âgées qui parlent français. L’une est Serafi, elle est arménienne et est à Bhannes depuis deux ans. Je vais la voir chaque jour, on papote, on écoute de la musique qu’elle aime bien et elle a toujours un regard tendre envers les personnes qui s’occupent d’elle, cela m’impressionne beaucoup. Après la messe de la médaille miraculeuse j’ai pu lui en accrocher une à son lit, elle était très émue et m’a dit qu’elle priait pour moi. J’ai été très touché par ce moment de grâce !

L’autre dame qui parle français est Georgette qui a de fortes défaillances de mémoire mais je réussis à la faire parler en français donc c’est toujours agréable de passer la voir et essayer de la faire sourire !

Durant les après-midis avec les enfants et Yolande, j’apprends à les connaître, ceux qui parlent ont du mal à retenir mon prénom (comme beaucoup de libanais) mais ils commencent à me connaître ! Nous alternons l’animation dans les deux unités (les plus petits et les plus grands) dans lesquelles il y a 14 enfants au total. Nous mettons en place un programme en parallèle de leur cours à l’école le matin pour leur faire passer de bons moments avec des activités manuelles, du chant, de la danse, des jeux de ballon etc! Avec l’aide des animateurs (notamment pour la traduction) nous essayons d’organiser ces activités et surtout d’adapter selon le handicap de chacun, c’est un réel défi ! C’est la réouverture de l’IMC après deux ans de fermeture à cause du corona donc tout se remet en place petit à petit mais malheureusement tous les enfants ne peuvent pas venir car le transport coûte trop cher.

La joie dégagée par ces enfants est une réelle source de dynamisme et de motivation pour nous. Quand nous les voyons sourire ou nous appeler par nos prénoms c’est une vraie grâce !

Ainsi cette mission très large et variée me permet de puiser en moi des ressources différentes pour essayer d’apporter de la joie que ça soit auprès des enfants ou des personnes âgées.                      Je me rends surtout compte que chaque rencontre est un trésor et me procure beaucoup de joie, de force tout en vivant pleinement la charité.

Notre conférence à l’IMA : l’urgence de l’éducation au Moyen-Orient, le rôle de la francophonie

Depuis 2019, le Liban sombre dans l’une des pires crises de son histoire. Les écoles sont en première ligne : les subventions ne sont plus versées, les familles n’ont plus les moyens de payer les scolarités, les professeurs s’exilent.

Devant ce système scolaire en crise, l’État français crée un fonds de soutien des écoles francophones du Moyen-Orient, conjointement avec L’Œuvre d’Orient.
Lors de notre conférence à l’IMA, 3 acteurs de la francophonie se sont exprimés :

Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :

« Au regard des besoins de plus en plus criants, s’il faut aller chercher un peu plus, on ira chercher un peu plus » au sujet du Fonds pour les écoles d’Orient.

Le père Youssif Nasr, secrétaire général des écoles catholiques au Liban 

Charles Personnaz, président du Fonds pour les écoles d’Orient 

Retrouvez ici son rapport remis au Président de la République pour le fonds des écoles d’Orient

La crèche de Bethléem : 136 ans au chevet des enfants abandonnés

Plonger dans les correspondances épistolaires des Filles de la Charité, à la tête de la crèche de Bethléem, avec l’Œuvre d’Orient, c’est comprendre ce qu’était et est devenue cette institution, la seule à prendre en charge des nouveau-nés abandonnés dans les territoires palestiniens. 


Une douce odeur de bébé flotte dans la pouponnière. Huit nouveau-nés dorment profondément dans leurs berceaux en fer parfaitement alignés. Sœur Denise saisit l’un d’eux. “Ce petit, on nous l’a laissé à la fin du mois d’août. On l’a retrouvé devant notre porte, dans un sac, avec du lait, quelques affaires et un peu d’argent”. La directrice de la crèche caresse l’enfant du regard avant de soupirer : “Finalement, c’est toujours la même chose. Rien n’a vraiment changé en 140 ans.

En 1885, répondant à un appel de l’évêque de Bethléem, les Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul s’installent dans la ville de naissance de Jésus pour y ouvrir un dispensaire. Alors qu’elles se destinent aux soins des malades, elles se retrouvent face à un phénomène d’une autre ampleur. L’abandon d’enfants. Juste devant leur porte. Ne pouvant se résoudre à laisser ces bébés parfois âgés d’à peine quelques jours, elles les recueillent, posant les bases de ce qui deviendra le seul orphelinat de nouveau-nés de Palestine. Un établissement pudiquement appelé la “Crèche de la Sainte-Famille”.

Les pleurs se mêlent aux rires dans la galerie où des bambins d’un an transforment leur youpala en auto-tamponneuses en attendant de recevoir leur goûter. Ils sont une cinquantaine à vivre les six premières années de leur vie dans ces couloirs et à faire résonner la grande maison de leurs gazouillis. Le temps passe, les époques changent, et pourtant, les histoires de ces enfants aux bouilles attachantes restent les mêmes.

Enfants de la honte

Ils nous viennent de tous les points de Palestine”, relate Sœur Mayaud, ancienne directrice de l’établissement dans un courrier de 1922 publié dans le bulletin de l’Œuvre des Écoles d’Orient la même année. Elle détaille : “Parfois ce sont de petits orphelins, la mère est morte, la famille pauvre et l’on est heureux de donner le poupon à élever. Mais la plupart ont été trouvés dans les champs, dans la rue, à la porte d’une communauté religieuse ; ceux-là portent souvent la trace de la brutalité avec laquelle ils ont été traités. Quelquefois, les mères elles-mêmes viennent nous les apporter. Parmi celles-ci se rencontrent de pauvres filles trompées ou ayant eu un moment de faiblesse.”

Quelle que soit l’époque, les Filles de la Charité qui se succèdent à la tête de la crèche font état de ce genre d’abandon. “Les enfants sont parfois trouvés sur les routes, dans des poubelles, aux portes des hôpitaux, des mosquées ou des églises”, écrit l’une d’elles en 2002. “Les bébés trouvés sont désormais une minorité. Mais les cas sociaux et les filles-mères qui nous laissent leurs nouveau-nés après avoir accouché dans l’hôpital à côté sont de plus en plus nombreux”, regrette sœur Denise qui recueille entre 15 et 20 de ces “enfants de la honte” tous les ans. Issues de viols, de relations incestueuses ou hors-mariage, ces naissances sont considérées comme un déshonneur dans les familles arabes qui vont parfois jusqu’à tuer mère et bébé pour laver la faute commise. “Aucune maman ne rejette son enfant facilement. Mais entre la vie et la mort, elle préfère choisir la vie pour les deux”, glisse la mère supérieure.

Les moyens de communication modernes permettent à certaines d’entre elles de maintenir un lien, même ténu. “Une jeune maman aveugle avait appelé quelques jours après son accouchement pour savoir si sa fille était atteinte du même mal”, se souvient sœur Denise. Chaque nom, chaque visage, chaque histoire reste gravée dans sa mémoire. Elle sourit : “Le bébé se portait comme un charme.” Passé leur sixième année, les enfants sont hébergés par l’ONG SOS Village d’enfants. D’autres sont accueillis dans des familles musulmanes qui deviennent leur tuteur. Mais aucun ne peut être candidat à l’adoption plénière depuis une loi passée en 2004 par le gouvernement palestinien. Les yeux de la religieuse se voilent : “Chaque départ est un déchirement.

Soutien psychologique

En 140 ans d’accueil d’enfants abandonnés, la crèche peut se targuer d’avoir vu le taux de mortalité réduire considérablement. Dans les années 1920-1930, un enfant sur deux ne survivait pas à sa première année à l’orphelinat. “Sur les 71 reçus depuis le 1er janvier, seul la moitié ont résisté et vivent, écrit sœur Mayaud en novembre 1926. Ces enfants arrivent dans de si mauvaises conditions, ils sont si chétifs, si maltraités parfois, que le médecin de l’hôpital considère comme un merveilleux résultat cette survie de 50/100.”

Si elle est reconnue par les œuvres sociales de Palestine depuis 1905, et travaille main dans la main avec les services sociaux de l’Autorité palestinienne, la crèche de Bethléem ne reçoit d’elle aucune subvention. Son fonctionnement a toujours dépendu quasi exclusivement de dons de particuliers. Les lettres qui partaient annuellement de Bethléem vers le siège parisien de l’Œuvre d’Orient témoignent d’un dénuement proche de la pauvreté. “Nous vivons vraiment en « Église des pauvres », raconte sœur Simon dans un courrier daté de 1965. Je voudrais installer mieux nos services, séparer les plus grands des plus petits. Je voudrais pouvoir mieux les nourrir. Je voudrais que les plus grands soient déjà un peu éduqués. Je voudrais tant de choses !” Une supplique à laquelle l’Œuvre d’Orient a répondu tous les ans avec l’envoi de quelques milliers de francs, récoltés grâce aux “Étrennes de l’enfant Jésus”, au moment de Noël.

Grâce aux dons et aux financements de projets structurants, les Filles de la Charité qui s’occupent de la crèche avec l’aide d’une vingtaine de travailleurs sociaux, sont parvenues à se focaliser sur d’autres besoins que ceux de première nécessité. Ainsi, en plus de leur offrir sécurité et éducation, elles tentent de minimiser les conséquences du traumatisme psychologique de la séparation ou du rejet dont ils ont été victimes. Sous la houlette de sœur Denise, la crèche a embauché un psychologue et un psychomotricien. Un suivi indispensable à ses yeux : “Les événements vécus par ces enfants les rendent souvent difficiles. Ils accusent aussi du retard, que ça soit au niveau du langage ou du développement moteur”, explique la directrice. Si le profil des enfants recueillis ne change pas d’hier à aujourd’hui, c’est toute la manière d’en prendre soin qui évolue avec son temps.

Cécile Lemoine

Journaliste à Jérusalem


Pour vous abonner à notre revue trimestrielle, le Bulletin de L’Œuvre d’Orient, publiée depuis 1857 et entièrement dédiée à l’histoire et l’actualité des chrétiens d’Orient, cliquez-ici. Pour suivre notre calendrier de l’Avent et découvrir les saints orientaux, cliquez-ici.

[ÉGYPTE] Le témoignage de Salomé : « Chacun semble avoir sa place et chacun fait exister l’Autre par un sourire, une parole »

Salomé, étudiante à Néoma et volontaire à Koussieh auprès des enfants de Haute-Égypte


Mon arrivée en Haute-Égypte

Voilà maintenant plus de 2 mois que je suis arrivée en Haute-Égypte. Quelle aventure extraordinaire ! Je réalise la chance que j’ai de pouvoir vivre une telle expérience. Ma vie en sera à jamais chamboulée…

La maison des sœurs à Koussieh est pleine de vie. C’est le cœur de la ville et de la vie pour les chrétiens, un lieu de rassemblement incontournable où se côtoient petits et grands à travers les nombreuses initiatives mises en place par les sœurs : jardin d’enfants, dispensaire, groupes de pastoral, atelier de couture, etc…

Les sœurs sont des témoins vivants de la présence du Christ. Elles se donnent corps et âmes pour la mission. Elles rayonnent et m’impressionnent par leur confiance et leur dynamisme.

Je suis bouleversée par l’accueil et la générosité des Égyptiens. J’ai en tête le passage de la Bible où une pauvre veuve donne 2 piécettes à l’église mais cela représente tout ce qu’elle a alors que les riches mettent beaucoup plus mais prennent sur leurs superflus. J’ai l’impression d’être comme ces derniers, en leur accordant quelques minutes de ma présence, et eux, en retour, m’offrent ce qu’ils ont de plus précieux.

Ici, les relations sont simples et vraies ; chacun semble avoir sa place et chacun fait exister l’Autre par un sourire, une parole.

Dans cette mission, Dieu m’appelle à aller au-delà de mes peurs, à sortir de ma zone de confort J’en apprends beaucoup sur moi. Dieu ne cesse de venir me chercher là où je ne m’y attends pas et me montre toutes les ressources qu’il a déposé en moi. J’ai appris petit à petit à lâcher prise, à m’abandonner entre ses mains et à le mettre au centre de mes journées. Et pour cela, la vie avec des religieuses aide beaucoup. J’affectionne tout particulièrement ces temps de prières quotidiens à la chapelle. Je me place sous le regard de Dieu et je lui offre mes peines, mes joies, mes difficultés. J’en ressors toujours apaisée et ressourcée.


Zoom sur mes missions :

Le matin, je suis au jardin d’enfants. Je seconde les maîtresses et apprends aux enfants des comptines françaises. J’ai le droit chaque matin à mon arrivée à de nombreux sourires, câlins et « chek » accompagnés d’un « miiiissss Salomééé » crié en chœurs par les enfants.

Le midi je rejoins les enfants du programme Better Life (programme de soutien scolaire pour les enfants de Zarabi, quartier le plus pauvre de la ville). Avec l’autre volontaire, Jeanne, nous les faisons danser, chanter et manger. Nous leur apprenons également les règles d’hygiène de base.

En début d’après-midi nous animons un temps de formation aux métiers à tisser pour les jeunes en difficulté scolaire du programme Better Life. Les sœurs ont mis en place ce projet dans le but de former ces jeunes à un métier manuel afin de leur assurer un avenir.

C’est une grande joie d’être au contact de tous ces jeunes. Ils sont tous très attachants et ont toujours le sourire aux lèvres. J’essaie de me donner à 100% et de faire preuve au maximum de douceur, de patience et de bienveillance avec eux.

Après la formation vient le temps des visites aux pauvres. Ce sont toujours de très beaux moments qui me marque profondément. A travers ces visites, je comprends que ma mission première n’est pas d’être utile à travers des actes concrets et quantifiables. Mais plutôt de me rendre disponible pour l’Autre, l’écouter, lui sourire, l’accueillir : être simplement présente.

Je terminerai avec cette parole de Saint Vincent de Paul qui prend aujourd’hui tout son sens: « Plus vous donnerez, et plus vous recevrez. »

 

[SYRIE] Le message de Mgr Samir Nassar sur l’héroïsme d’une famille syrienne

Onze ans de guerre doublés de sanctions, de blocus, d’exode, de misère, de mort, et d’oubli ont trop pesé sur la Famille Syrienne qui continue d’affronter dans la solitude et avec beaucoup d’héroïsme un cycle infernal de problèmes et d’interminable calvaire.

Face à l’exode devenu endémique, la violence et la mort, la Famille s’efforce de s’adapter à l’austérité. Malgré le Covid 19, le report des mariages et la grande baisse des natalités, la famille maintient sa place multiséculaire d’ultime refuge et d’asile privilégié.

Devant les pénuries de fuel, du courant, du pain, de médicaments ; malgré Le chômage, l’effondrement de l’économie et de la monnaie locale, la famille bien que fragilisée, noyée dans la misère reste le socle de Foi, d’affection et de l’unité ; un oasis de paix et de pardon.

 L’Enfant Divin aura l’embarras de choix pour naitre dans l’un de ces foyers démunis sans enfants, aussi pauvres et frileux que la Crèche de Bethlehem.                             

     + Samir NASSAR

                                                                                                                  Archevêque Maronite de Damas

[ÉTHIOPIE] Benoît Caratgé : « Il y a un an éclatait la guerre au Tigré… »

Benoît Caratgé, chargé de mission en Éthiopie pour l’Œuvre d’Orient, revient sur la situation actuelle en Éthiopie où une terrible guerre civile est en cours.


Il y a un an éclatait la guerre au Tigré qui oppose les forces armées du Front de Libération du Tigré à l’armée du gouvernement fédéral d’Ethiopie. Ce conflit résulte de désaccords profonds entre le gouvernement fédéral et les élites tigréennes qui ont dirigé l’Éthiopie depuis la chute du régime communiste ( 1991 ) à 2018.

Après une prise de contrôle rapide des principales villes du Tigré fin 2021 par les forces fédérales, une contre-offensive éclaire des forces tigréennes leur à permis de reprendre le contrôle du Tigré à l’exception de l’ouest de cette région. Dans leur lancée elles ont poursuivi leur avancée en reprenant certaines parties frontalières des régions Afar et Amhara.

Les combats se poursuivent aujourd’hui dans ces zones où la population souffre:

  • Au Tigré, coupé depuis plusieurs mois du reste du pays, l’aide alimentaire nécessaire pour des millions de personnes n’arrivent quasiment plus avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur la population:
  • En région Amhara et Afar, outre les dégâts dus aux combats, ont vu arriver des centaines de milliers de personnes fuyant les combats et qui ont besoin d’abris et de biens de première nécessité.

L’ Œuvre d’Orient présente en Éthiopie depuis de très nombreuses années  est aujourd’hui à côté des communautés catholiques  pour les aider dans leur soutien aux personnes souffrant de cette terrible situation, plus particulièrement dans les diocèses de Adigrat (région Tigré) et Bahar Dar Dessié (région Amhara et Afar).

Benoît Caratgé


Pour faire un don pour l’Ethiopie, cliquez-ici : Fonds de soutien pour l’Éthiopie

Un dimanche avec les chrétiens de Gaza

Des enfants se poursuivent à vélo dans le quartier populaire de Zeitoun, sous l’oeil distrait de quelques épiciers. Tout est calme, ce dimanche matin. Derrière un haut mur d’enceinte et un solide portail, une bâtisse blanche, à l’architecture sobre et moderne. C’est l’église de la Sainte Famille de Gaza.


Le gardien est méfiant — tout le monde n’entre pas. Quelques fidèles se faufilent pour assister à la seule messe catholique de l’enclave. Il est dix heures.

A l’intérieur, les bancs sont clairsemés. Les chrétiens de Gaza, orthodoxes compris, sont un millier, et les latins, 134 — dont 14 religieux — alors que l’enclave compte deux millions d’habitants, à majorité musulmans. Une goutte d’eau, dans le troisième territoire le plus densément peuplés au monde.

Les fumées d’encens épaississent l’atmosphère. Les prières montent, accompagnées par la voix grave de l’organiste. Au premier rang, les servants de messe, dans leurs chemises immaculées et leurs robes écarlates, se dissipent parfois, comme tous les enfants du monde. Ils se font reprendre en douceur par des religieuses, assises derrière eux. L’arabe cède la place au latin pour le Kyrie Eleison, l’église se remplit encore, et la goutte d’eau semble se transforme alors en petite bulle de chrétienté, au milieu d’un territoire assiégé depuis bientôt quinze ans, victime de quatre guerres, qui ont causé la mort de 3 500 personnes.

La messe se conclut. Le père Gabriel Romanelli donne le programme de la semaine. Il est dense. La paroisse organise des activités pour petits et grands, hommes et femmes, cours de théologie, connaissance de la liturgie, mais aussi sport, musique… Cet activisme date de 2008. Le patriarcat latin de Jérusalem envoie le père Jorge Hernandez, un prêtre dynamique originaire d’Argentine. Il est membre de l’institut du Verbe incarné, congrégation à la plus stricte orthodoxie. Il lance nombre d’initiatives, fonde une troupe scoute, à la plus grande joie d’une communauté isolée et inquiète de son avenir. Depuis, la population chrétienne baisse moins vite. Et pourra, peut-être, se maintenir.

Le père Gabriel, visage rond et regard perçant par-dessus ses lunettes, est le dernier de cette lignée de prêtres entreprenants. Lui aussi Argentin, , il vit au Moyen-Orient depuis 26 ans — il en a le double, 52, aujourd’hui. Il est arrivé à Gaza en 2019. « Je vis comme le reste de la communauté. Assiégé. Les fidèles ne peuvent même pas sortir pour aller à la messe de Noël. La dernière fois, c’était il y a deux ans », dit-il. Mis à part la courte frontière au sud de la bande, côté égyptien, Israël contrôle tous les accès à Gaza, et accorde des permis au compte-gouttes, la plupart du temps pour des raisons de santé, ou pour une poignée de travailleurs. Soupape indispensable pour un territoire dont plus de la moitié de la population active est au chômage — l’un des taux les plus élevés au monde, à cause d’une situation économique complètement dégradée. « Ce n’est pas facile d’être minoritaire, encore moins à Gaza. Mais l’Eglise tient à rester ici. Nous avons des groupes Facebook, WhatsApp, pour rester en contact en permanence. Ni le coronavirus, ni la dernière guerre n’ont fait fermer la paroisse. Pendant la pandémie, nous organisions des leçons de théologie, de chant, mais aussi des prières, et même des lotos, le tout en ligne. Quant au dernier conflit, on appelait tout le monde quotidiennement. On apportait des choses à boire et à manger à ceux qui en avaient besoin. On a hébergé des familles dans la paroisse », ajoute le père Gabriel.

La vocation d’Abdallah

La messe terminée, les fidèles sortent pour prendre un café sur le parvis. Le rituel est presque aussi important que celui de la messe. Parmi l’assemblée qui cligne des yeux sous le soleil, un homme, petites lunettes, cheveux courts, vient de revêtir la soutane. Il s’appelle Abdallah Jeldah, et c’est le premier séminariste originaire de Gaza depuis des décennies — peut-être depuis l’établissement de l’église latine ici, au XIXe siècle, se plaît à imaginer le père Gabriel. « J’ai ressenti la vocation à 14 ans. Je l’ai dit à mes parents — et ils ne voulaient plus que j’aille à la messe ! Je suis l’aîné des garçons, et j’étais censé me marier, travailler, avoir des enfants. Mais c’est ainsi. J’ai laissé le temps passer, et à 18 ans, je les ai convaincus », raconte le jeune religieux de 23 ans. Dans un mois et demi, il quitte Gaza pour l’Italie. Pour toujours : « Je ne retournerai pas à Gaza. Un messager ne revient pas chez lui », dit-il.

Une histoire de famille

Une famille rentre chez elle — celle de Kamal Anton, 69 ans et les yeux bleu éclatant, qui vit à Tell el-Hawa, l’un des beaux quartiers de Gaza. Comme de nombreux Palestiniens, son histoire est celle d’un long exil. Ses parents sont originaires de Saint Jean d’Acre. En 1948, lors de la Nakba, la « catastrophe », ils fuient les combats de la première guerre israélo-arabe, comme 700 000 de leurs compatriotes, et se réfugient au Liban. Kamal y naît en 1952 et se marie vingt ans plus tard. En 1982, il part en famille au Yémen. Enfin, en 1994, alors que la paix semble possible, le clan s’installe à Gaza — « Nous étions si heureux de revenir sur notre terre ! Même si les Israéliens avaient installé des check-points partout. » Il est à l’époque fonctionnaire de la toute jeune autorité palestinienne. Mais tout dégénère très vite. En 1995, le Premier Ministre israélien Yitzhak Rabin est assassiné, tuant dans l’œuf le processus de paix. En 2000, la seconde intifada commence. En 2005, Israël retire les colonies de Gaza. En 2006, sursaut d’espoir, élections palestiniennes. Elles sont remportées par le Hamas, une organisation islamiste considérée comme terroriste par Israël. Une guerre fratricide avec le Fatah, le parti laïque fondé par Yasser Arafat, s’engage. Le Hamas l’emporte et s’empare de l’enclave. Sans tarder, l’Etat hébreu assiège le territoire. Le blocus commence. Seule consolation pour les chrétiens : l’arrivée des prêtres de l’institut du verbe incarné.

Kamal et sa femme, Nahida, ont eu sept enfants. Seuls trois sont restés à Gaza. Les relations avec le Hamas, qui envoie des délégués à chaque cérémonie, sont cordiales. « Nous avons les mêmes problèmes que les musulmans : le blocus et la crise économique. Notre fille s’est mariée en août dernier à Bethléem. Nous n’avons même pas pu y aller », dit Hanna Mikhail, 50 ans, le beau-fils de Kamal. Son père est originaire de Haute-Egypte ; il en a gardé la peau sombre. Le dimanche passe ainsi, en famille, dans l’appartement rempli de vierges ornées de chapelets, à discuter sans fin, enfoncés dans de profonds canapés bleus.

Pendant ce temps, l’église est toujours aussi animée. Les scouts ont fini de répéter la fanfare. Ils jouent avec une bouteille d’eau sur le parvis. D’autres suivent des cours de liturgie dispensés par une religieuse. Derrière, les soeurs de la charité, la congrégation fondée par mère Teresa, s’occupent d’une trentaine d’enfants handicapés, dans des locaux immaculés et parfaitement équipés — une bulle de paix dans la bulle de chrétienté. Le soleil se couche. Le calme se répand dans la ville.

Soudain, Abdallah, le jeune séminariste, surgit de nulle part et court après les enfants comme si leur vie était en danger. « Dépêchez-vous ! Dépêchez-vous ! » On s’inquiète un instant — une nouvelle guerre ? Un couvre-feu ? Non, plus important peut-être : « Plus vite ! Le clasico, le clasico ! » Ce soir, le Real Madrid joue contre le FC Barcelone, et la paroisse, qui ne connaît pas les coupures de courant, diffuse le match via un vidéoprojecteur. La salle résonne des encouragements des spectateurs. L’une des religieuses s’est même jointe discrètement à l’assemblée. Mais cette fois-ci, elle laisse les enfants se dissiper.

Samuel Forey

Reporter à Jérusalem,

Envoyé spécial à Gaza


Pour vous abonner à notre revue trimestrielle, le Bulletin de L’Œuvre d’Orient, publiée depuis 1857 et entièrement dédiée à l’histoire et l’actualité des chrétiens d’Orient, cliquez-ici. Pour suivre notre calendrier de l’Avent et découvrir les saints orientaux, cliquez-ici.