[IRAK] Le cardinal Louis Raphaël Sako : « Nous levons nos prières à Dieu pour que la vie reprenne son cours, afin que l’Irak et ses enfants soient en paix, en sécurité et dans le bien-être »

L’Œuvre d’Orient appelle à prier et à soutenir l’action en faveur de la Paix du Patriarche des chaldéens, le Cardinal Louis Raphaël Sako, en résidence à Bagdad. Nous vous transmettons son appel.

« Les Irakiens sont en état de choc face à ce qui s’est passé la semaine dernière. Il est malheureux que notre pays devienne un terrain de liquidation de comptes, plutôt qu’une maison souveraine, capable de protéger sa terre, sa richesse et ses citoyens. Face à cette situation délicate et dangereuse, nous invitons toutes les parties concernées à faire preuve de modération, de sagesse, à agir de manière raisonnable et à s’asseoir à la table du dialogue et de la compréhension afin d’éviter le mal au pays. Nous levons nos prières à Dieu pour que la vie reprenne son cours, afin que l’Irak et ses enfants soient en paix, en sécurité et dans le bien-être ».

[IRAK] distribution de manteaux dans le camps de réfugiés de Gawilan situé au Kurdistan irakien (vidéo)

En ce temps de Noël, nous travaillons au plus près du terrain auprès des communautés dans le besoin. Il y a quelques jours, l’équipe de L’Œuvre d’Orient en Irak a organisé une distribution des manteaux dans le camps de réfugiés de Gawilan situé au Kurdistan irakien.

Ces réfugiés de la Mésopotamie syrienne, toute confessions confondues (chrétiens, musulmans ou yezidis) sont partis en emportant que le strict nécessaire alors que l’hiver est rude dans les montagnes kurdes. Par ce geste de solidarité, c’est l’ensemble de la communauté chrétienne d’Irak qui s’engage auprès des plus démunis d’aujourd’hui.

En effet, la distribution a été réalisé par des jeunes chrétiens de la Plaine de Ninive, eux-mêmes déplacés dans les camps de réfugiés il y a encore peu de temps. Cette distribution a permis d’illustrer de manière tangible la solidarité concrète en ce temps de Noël mais c’est aussi un témoignage d’espérance et de paix dont ce pays a besoin.

Tout cela est possible grâce à votre soutien, merci !

 

 

L’Œuvre d’Orient vous présente ses meilleurs voeux !

Dans la lumière de Noël, soyons proches de nos frères et sœurs d’Orient.

Que la naissance de Jésus leur apporte la joie et une raison d’espérer.


 

 


Pour cette nouvelle année 2020, nous vous présentons nos meilleurs vœux,

Mgr Pascal Gollnisch

et toute l’équipe de L’Œuvre d’Orient

Fêtes de Noël : les chants dans la tradition gréco-catholique roumaine

Parmi les symboles annonciateurs de la fête de Nativité (le calendrier et la couronne de l’Avent, l’arbre de Noël, etc), les chants traditionnels de Noël ont une place particulière pour l’esprit gréco-catholique roumain.

La tradition des cantiques de la Nativité est très ancienne, remontant au 7e siècle, quand, selon un décret du concile de Tolède, des cantiques de louange annonçaient la solennité de la Nativité pendant l’octave qui la précédait.

Le mot roumain « colinde », dont l’étymologie remonte au terme latin « calendae » (d’où le mot « calendrier »), désigne l’équivalent du cantique de Noël spécifique au folklore traditionnel de Roumanie. Ce chant, le « colind », est interprété précisément par un groupe de chanteurs, une petite chorale, qui se déplace d’une maison à l’autre pour annoncer la Bonne Nouvelle, c’est « l’annonciation » de l’événement plein de grâce de la venue du Divin enfant.

Les Apôtres avaient été envoyés dans le monde pour annoncer l’évangile du Fils de Dieu, né d’une femme, et ressuscité. De la même façon, selon les coutumes roumaines, les chanteurs des « colindes» se déplacent pour annoncer aux autres l’avènement du Messie.

Ces « colindes» roumains sont, dans leur forme populaire, profondément ancrés dans la vie et le rituel liturgique de l’Eglise, tandis que cette coutume ancestrale est toujours présente chez les fidèles roumains, même dans le territoire de la diaspora.

La tradition des « colindes » reste ainsi une composante de la fête, une grande joie pour ceux qui chantent ces cantiques, mais également pour ceux qui accueillent dans la joie les chanteurs dont les efforts sont récompensés par des cadeaux symboliques. Cette belle tradition est d’ailleurs un renouvellement de l’appel de chaque baptisé d’être semblable aux anges et aux bergers de Bethlehem, c’est à dire un messager ou bien un apôtre de l’amour miséricordieux de Jésus pour le monde.

Quels est le symbole des chanteurs de « colindes »?​

La première signification du chanteur est l’ange. Les chanteurs rappellent les anges qui ont annoncé aux bergers la naissance du Sauveur. Les bergers qui ont tout de suite pris la route vers la crèche de Bethléem pour se prosterner devant le Nouveau-né. On pourrait encore dire que les chanteurs sont des missionnaires spontanés, des ambassadeurs de la Bonne Nouvelle.

Réveillez-vous, ne dormez plus !

Certains « colindes » commencent par un appel fort : « Réveillez-vous, réveillez-vous, grands seigneurs ! », ou « réveillez-vous, ce n’est pas l’heure de dormir! ». On dirait un appel initiatique aux échos d’appel biblique. D’ailleurs Jésus utilise lui-même cet appel : Réveillez-vous! Ce verbe transmet un mouvement, un changement, une metanoia, un réveil ou une résurrection.

De la même façon, le cantique du « colind » nous réveille, nous ressuscite.

+ Père Cristian Crisan,

Curé de la Paroisse gréco-catholique roumaine Saint-Georges de Paris

Syrie-Pascal-Gollnisch

Mgr Pascal Gollnisch pour Famille chrétienne : « Le désespoir peut conduire à la violence »

Pour le directeur de l’Œuvre d’Orient, il est urgent de trouver une solution à la crise politique, afin de ne pas tomber dans la violence.

Quel regard portez-vous sur la révolution libanaise ?

Le pays connaît d’abord de graves difficultés économiques et une réelle pauvreté. Ensuite, ces manifestations surprennent, car elles ne recoupent pas les divisions confessionnelles traditionnelles. Mais la remise en cause de l’autorité de l’État peut mener à un certain chaos, où un groupe pourrait avoir envie de s’imposer. Enfin, nous voyons qu’au-delà du Liban, c’est l’ensemble de la région qui est fragilisée. L’Iran, l’Irak ou encore la Syrie sont sous tension. Il serait temps que les autorités internationales viennent concrètement en aide à ces peuples, au moins sur le plan économique.

Craignez-vous que cette crise finisse dans la violence ?

Les Libanais gardent un souvenir traumatisant de la guerre civile et je crois que personne ne souhaite y retourner. Cela suppose que cette crise ne dure pas indéfiniment. Si les solutions ne sont pas trouvées, si le personnel politique manifeste une incapacité à se renouveler, alors le désespoir peut conduire à la violence. Par ailleurs, le « dégagisme » ne suffit pas à faire une politique. Il faut que se lèvent des cadres capables d’avoir une pensée politique pour faire des propositions de réformes de fond.

Le système confessionnel est-il menacé ?

Certains le remettent en cause. Il a sans doute des inconvénients, car il mêle étroitement le politique et le religieux. Mais je dois constater que le Liban est le seul pays du Moyen-Orient à disposer d’une complète et véritable liberté religieuse. Il serait incompréhensible qu’elle soit remise en question dans le seul pays qui la garantit ! Avant de le remettre en cause, je souhaiterais que les autres pays de la région progressent vers une pleine liberté religieuse.

La France peut-elle aider le Liban ?

Je crois surtout très urgent que l’Union européenne redéfinisse une ligne politique vis-à-vis des pays du Moyen-Orient et étudie les moyens qu’elle peut mettre sur la table pour les aider.

La France, qui reste l’amie du Liban, peut jouer un rôle important. En même temps, il faut que ce pays trouve en lui-même les solutions de son avenir. Il ne peut pas chercher systématiquement à l’extérieur les raisons de ses difficultés ainsi que ses remèdes.


Retrouvez l’intégralité de l’interview de Mgr GOLLNISCH ici

« Les chrétiens de Syrie, grands perdants de la guerre » par Vincent Gelot pour La Vie

Vincent Gelot, responsable-projets pour l’Œuvre d’Orient en Syrie, s’est rendu dans le nord-est de ce pays. Il raconte pour La Vie la situation des chrétiens sur place.

Arriver par la voie des airs à Qamishli, capitale de province du nord-est syrien, donne l’impression d’arriver au milieu d’une partie d’échecs en cours. À l’entrée de leur base, nouvellement implantée à côté du tarmac depuis l’offensive lancée par l’armée turque en octobre dernier, des militaires russes nettoient des VAB (véhicules de l’avant blindés) au Kärcher. Quelques centaines de mètres après le barrage de l’armée syrienne situé à l’entrée de l’aéroport, le trafic routier est arrêté par un checkpoint tenu par des miliciens kurdes. Au détour de la ville et de ses environs, on croise encore, malgré l’annonce du retrait de ses troupes par le président Donald Trump, de nombreux convois de blindés surmontés de GI arborant le drapeau américain.
Une existence menacée

« Nous sommes des pions au milieu d’un grand jeu auquel nous ne comprenons plus rien. Et les chrétiens en sont les grands perdants ! », déplorait déjà lors de mon dernier voyage…

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[IRAK] Le cardinal Louis Raphaël 1er Sako sur KTO : « les chrétiens sont très préoccupés de l’avenir de leur pays »

Chrétiens d’Orient, et demain?

Retrouvez l’émission ici

« En cette semaine anniversaire de KTO, Eglises du monde consacre son édition aux chrétiens d’Orient. Malgré les guerres, les crises politiques et économiques, l’incertitude et l’instabilité, de nombreuses communautés chrétiennes vivent du Christ en Terre Sainte, en Irak, au Liban et en Syrie. Mais leur présence est de plus en plus réduite et leur vie quotidienne souvent difficile. »

La revue plus que centenaire de l’Œuvre d’Orient fait peau neuve

 

Publié depuis 1857, le Bulletin de l’Œuvre d’Orient, revue grand public entièrement dédiée aux chrétiens d’Orient, fait peau neuve.
Le Bulletin de l’Œuvre d’Orient est entièrement dédié à l’histoire et l’actualité des chrétiens d’Orient. Il a été repensé pour mieux répondre aux attentes de ses 55 000 lecteurs. Pour s’abonner cliquez ici 

Pour découvrir nos anciens bulletins et le nouveau cliquez ici

Le fond est toujours riche, sérieux, original et écrit par des universitaires et journalistes, les acteurs du terrain et collaborateurs de l’Œuvre ; présenté dans un esprit « magazine », avec des illustrations, des cartes, des focus et encadrés pour faciliter la lecture, donner des clés d’entrée.    Il s’organise désormais autour de 5 grands rendez-vous :

Grand angle : sur un pays, une région ou une ville où vivent des chrétiens d’Orient. L’histoire et la spiritualité, le patrimoine et la culture, la réalité quotidienne…

Décryptage : la situation complexe des chrétiens d’Orient sous l’angle géopolitique

Histoire : parce que connaître hier permet de mieux comprendre aujourd’hui

Vos dons en actions : focus sur nos actions, nos bénéficiaires, nos volontaires  La vie des Églises d’Orient : les temps forts, le carnet, une prière.

Place aussi aux dialogues : œcuménique ou interreligieux.

Et propose des informations pratiques :  Un Lexique donne le sens de termes spécifiques employés dans les articles. Un agenda des rendez-vous culturels et médias…

 Au sommaire de ce n° 797 : Brève histoire d’Alep la chrétienne ; Vers une société civile au Liban ; Le déclin de l’Empire ottoman et les chrétiens d’Orient ; la crèche de Bethléem, un havre d’amour…

Le Bulletin de l’Œuvre d’Orient est une véritable mémoire de l’histoire des Chrétiens d’Orient. D’abord publiée sous le nom de Bulletin de l’Œuvre des Écoles d’Orient, la revue devient Bulletin de l’Œuvre d’Orient en 1930. Une grande partie des numéros sont consultables sur notre site grâce à gallica.bnf.fr. 


Infos pratiques

Directeur de la publication : Mgr Pascal Gollnisch

Rédactrice en chef : Catherine Baumont

Revue trimestrielle – Parution : décembre, février, mai, septembre. 68 pages – Format A5

Diffusion : 55 000 ex Disponible sur abonnement : 8 € pour 4 numéros/an + une version numérique offerte.

Abonnement : Œuvre d’Orient Abt – 20 rue du Regard 75006 Paris ou oeuvre-orient.fr

 

Mgr Pascal Gollnisch TS

Mgr Pascal Gollnisch pour La Croix : « Au Moyen-Orient, les peuples crient leur désir de démocratie »

Entretien

De retour de la Syrie et du Liban, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, analyse les soulèvements en cours dans la région. Il réfléchit au rôle que doivent y jouer les chrétiens, et à la manière de soutenir, depuis la France, ce désir de paix et de justice.

Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner

La Croix : Quel regard portez-vous sur les soulèvements populaires qui ont lieu en ce moment en Irak, au Liban, en Iran ?

Mgr Pascal Gollnisch : Ces révoltes, qui rejoignent celles que l’on observe en Amérique latine, en Algérie, au Soudan ou à Hong Kong, partent toutes d’une difficulté à vivre, d’un sentiment d’injustice devant une mauvaise répartition des richesses. Quand nous parlons, nous chrétiens, de « justice économique », certains nous rient au nez. Mais les rêveurs sont plutôt ceux qui ne se rendent pas compte que l’absence de justice économique peut mener à la révolte. Il est frappant de voir aussi que ces mouvements sont menés par de jeunes adultes : une génération qui a besoin de projets et d’avenir. Quand elle en est privée, elle est poussée à se révolter, parfois de manière violente.

Comment entendez-vous la demande de « citoyenneté » exprimée par les manifestants dans plusieurs de ces pays ?

Mgr P. G. : Depuis des années, j’entends dans ces pays qu’« il ne peut y avoir que des pouvoirs que dictatoriaux », que « le Moyen-Orient n’est pas fait pour la démocratie »… Je constate, moi, que le peuple descend dans la rue régulièrement. Et je ne cesse de l’affirmer, y compris à l’encontre de certains responsables ecclésiaux : la démocratie n’est pas faite uniquement pour nous, en France ou en Europe ! Ceux qui jugent mes idées généreuses mais irréalistes feraient mieux de regarder ce qui se passe. Il ne s’agit sans doute pas de copier les démocraties européennes – qui sont d’ailleurs très diverses mais de trouver une formule adaptée au contexte local. Les peuples crient leur désir de démocratie ! Et ces crises ne sont pas toutes ou exclusivement liées à la politique étrangère américaine, au dollar ou au pétrole. Il y a bien une responsabilité de ces peuples dans la manière dont ils s’organisent : je le dis par respect pour eux. Comment assument-ils leurs responsabilités face à leurs jeunes ?

Quelle place les chrétiens peuvent-ils ou doivent-ils prendre dans ces mouvements ?

Mgr P. G. : En raison des discriminations dont ils sont souvent victimes, les chrétiens sont particulièrement en pointe dans ces pays pour exiger une pleine citoyenneté. Or cette revendication n’est pas seulement un avantage qu’ils réclament pour eux (ou que « les Occidentaux » demanderaient pour eux) : c’est une manière de faire progresser le statut de tous les habitants et donc de la société. Ce combat, et plus généralement la participation aux mouvements en cours, concerne surtout les laïcs : l’exhortation apostolique post-synodale « L’Église au Moyen-Orient », publiée par Benoît XVI en 2012, les a vigoureusement encouragés à s’engager comme « comme apôtres dans le monde ». Le texte les incite à faire preuve d’« audace » pour « renforcer les liens de fraternité et de collaboration avec les personnes de bonne volonté pour la recherche du bien commun, la saine gestion des biens publics, la liberté religieuse, et le respect de la dignité de chaque personne ». La responsabilité de la hiérarchie ecclésiale est de les aider à se former pour articuler leur foi et leur engagement politique. La question est posée aux universités catholiques comme aux ordres religieux qui tiennent des écoles ou aux mouvements de jeunes. Un nouveau synode sur le Moyen-Orient en 2020, dix ans après le précédent, serait un signe de soutien. L’occasion aussi de faire le bilan du précédent.

Au Liban mais aussi en Irak, les manifestants réclament la fin du confessionnalisme. Comprenez-vous ce rejet ?

Mgr P. G. : Le Liban, dans lequel ce système est le plus poussé, est aussi le seul pays de la région où existe la liberté religieuse. Mais il est vrai que le confessionnalisme présente des risques : qu’une personne soit embauchée en raison de son appartenance et non de ses compétences, qu’une forme de collusion s’instaure entre partis politiques et responsables religieux. Jusqu’où aller dans le rejet du système ancien ? Les manifestants ont le devoir de traduire politiquement leur révolte. Car le risque du « dégagisme » est qu’il ne profite finalement aux plus violents.

Que peut-on faire, de l’extérieur, pour contribuer à une solution juste et pacifique ?

Mgr P. G. : La France n’aiderait sans doute pas ces pays par une intervention diplomatique directe. Nous pouvons en revanche, chacun individuellement, nous informer, témoigner de notre solidarité amicale et fraternelle. Nous pouvons aussi questionner nos responsables politiques sur la manière dont notre pays se comporte dans la région : qu’acceptons-nous au nom de nos intérêts économiques ? Peut-être pouvons-nous également davantage donner la parole aux intellectuels musulmans qui pensent la modernisation de l’islam ? Dans leurs pays, ils sont souvent inquiétés mais ils s’expriment plus facilement chez nous. Je n’ai pas encore rencontré un musulman qui trouve formidable la dictature ou l’absence de toute liberté d’expression. Penser que l’égale citoyenneté entre des musulmans et des non-musulmans est « impossible » est bête et prétentieux. Parmi ceux qui descendent dans la rue, il y a des chrétiens et surtout des musulmans. Nous n’avons pas le droit de les laisser sur le bord de la route.


Retrouvez ICI l’article sur le site de La Croix