Témoignage d’Alix et Éléonore, nos deux volontaires en Égypte

Alix, 22 ans, et Éléonore, 20 ans, étudiantes en médecine, relatent la très belle, mais courte, mission qu’elles ont faite au Foyer de la Vierge Marie d’Héliopolis au Caire, où elles étaient chargées des personnes âgées dépendantes.

 

Ma mission au Foyer de la Vierge Marie de Notre Dame des Douleurs à Héliopolis, quartier du Caire consistait à aider au fonctionnement et animer la maison pour personnes isolées.  Une grande maison toute ouverte qui abrite 105 personnes âgées et une communauté de 5 sœurs. Cette maison tourne grâce à elles et à leurs employés, tous assez jeunes entre 18 et 25 ans. Nous étions chacune assignée à un étage, là nous gérions avec les employés la vaisselle, les repas, les couchers et les toilettes nécessaires.  Nous commencions à 8h00 avec une pause entre 13h00 et 16h00 (les heures chaudes, très chaudes !!!) pour terminer la journée entre 19h30 et 20h00 suivant les jours ! En bref, nous devions gérer le quotidien de ces personnes. Mais pas seulement car nous devions aussi l’agrémenter, le rendre un peu extraordinaire chaque jour. Nous avions donc imaginé un tas d’animations qui les sortent de leur quotidien. Au programme, crêpes, atelier louange, danse et chants (ce dernier a eu un succès assez inattendu !), comédie musicale (et oui à 2 c’est possible !), manucure… il y en avait pour tous les goûts ! La plupart des personnes âgées parlaient français mais quand ce n’était pas le cas, l’arabe était parfois une barrière, mais vite surmontée ! Il n’y a pas besoin de savoir parler leur langue pour devenir amis ! Je me suis fait de chers amis sans pour autant comprendre leur langue, la magie d’un regard et des mains permet de grandes choses !  Les sœurs ont été trés accueillantes et attentionnées envers nous ! Nous avons partagé de nombreux moments ensemble entre les prières, les messes et repas… nous sommes aussi devenues proches et soudées dans la visée d’un même service.

J’ai été comblée par cette mission au-delà de mes espérances.  J’ai rencontré des gens merveilleux ! Une culture qui n’a rien à voir avec la nôtre, un pays complexe, un havre de paix et d’amour abritant des personnes extraordinaires devenues mes amies. Une vraie expérience d’amour gratuit et de don de soi bien au-delà de nos ressources. Une reconnaissance de « qui tu es » à travers le regard de gens extérieurs et différents mais surtout bienveillants et sages. A travers toutes les actions entreprises et menées à bien pour mettre le paquet et animer leurs journées ! Nous avons aussi pu créer de superbes amitiés avec les jeunes employés égyptiens, malgré la barrière de la langue. Nous avons tissé une amitié toute particulière de par nos cultures, notre éducation et nos avenirs si différents mais aussi un vrai respect et une grande fraternité malgré tout ! En somme un mois extrêmement intéressant.

Alix

 

 

Nous avions été accueillies par 2 sœurs à l’aéroport et nous avons tout de suite été mises à l’aise. Je suis très marquée par la qualité de leur accueil à tous, très chaleureux et joyeux, accueillie comme leur propre fille. Nous déjeunions régulièrement avec les sœurs, l’occasion pour nous de connaitre mieux l’histoire de certains pensionnaires, de leur communauté et de leur foyer.  Des déjeuners toujours très intéressants et animés qui s’éternisaient un peu !

Nous avions à notre disposition une petite salle à manger avec le nécessaire pour petit déjeuner et prendre nos petits cafés, un frigo rempli régulièrement par sœur Catherine.

Renouveler cette mission serait pour moi une grande joie et certainement utile (elles ont toujours besoin d’aide). Je suis évidemment changée et grandie par cette mission, et espère pouvoir revivre une telle expérience dans l’Eglise orientale, notre sœur, malgré toutes ces différences. Partir pour donner de mon temps, servir et découvrir, accepter et aimer l’autre m’ont fait réaliser beaucoup de choses. Quitter son confort et ses propres horizons permet d’ouvrir ses yeux et son cœur à la vie et sa beauté ! Transmettre la joie et l’espérance en dépit de la vieillesse, de la guerre, des fossés qui nous séparent, c’est possible. Non seulement c’est possible mais c’est aussi nécessaire et ça marche ! La reconnaissance qu’ils ont manifestée envers nous, la tristesse des aurevoirs et les milliers de souvenirs gravés dans nos cœurs sont de vrais trésors et un superbe témoignage d’amour, au-delà de ce que j’attendais ! Ce sont des expériences uniques, je serai heureuse d’en témoigner et suis prête à recommencer quand le temps le permettra que ce soit en Egypte ou ailleurs !

Éléonore

 

De la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (5, 1‑5)

Frères, nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné

Témoignages : Un bol de riz dans les écoles pour les chrétiens d’Orient

Cette année, à l’occasion du Carême, de nombreuses écoles ont décidé d’organiser un bol de riz au profit de l’Œuvre d’Orient. Quelques témoignages :

 

« Chaque année, notre établissement aide deux associations dans le cadre de l’effort de carême. Une de proximité et une plus lointaine. Cette année, comme il y a deux ans, nous avons choisi d’aider comme association lointaine l’Œuvre d’Orient. C’est  une association que nous connaissons depuis longtemps et en qui nous avons confiance. Nous savions que la fondation Sainte Geneviève nous demandait de la soutenir. Cette année, en particulier, pour les chrétiens coptes.

Cela nous parait important de sensibiliser les enfants à ce qui se passe pour les chrétiens en Orient.  Nous savons que nous pouvons les aider de deux manières : par la prière et financièrement.  Pour l’aspect financier, nous organisons une vente de crêpes à la mi-carême et nous proposons un bol de riz à tous les élèves, à partir du CP, le Vendredi Saint. En parallèle, nous organisons des temps de prières à la chapelle pendant tout le temps du carême.

Pour le bol de riz, sauf mot des parents, tous les élèves le font. Ce qui simplifie l’organisation ! Les parents sont sensibilisés par mail à ce qui se passe. Pour les élèves, nous avons demandé qu’une personne de l’association vienne leur parler. Cette intervention est très importante et a été très appréciée par les élèves et les enseignants ; cela permet de comprendre concrètement à quoi l’argent va servir et quelle est la vie des chrétiens là-bas. »

Pascale de La V.

Adjointe en pastorale, Ecole Dupanloup (92100 Boulogne Billancourt)

 

Un exemple d’intervention dans les écoles pour sensibiliser les élèves à la situation des chrétiens en Orient

 

« A l’occasion d’une réunion diocésaine d’A.P.S. il y a déjà un certain temps, une représentante était venue présenter l’Œuvre d’Orient.

Au début de ce Carême 2019, dans notre établissement primaire Saint-Vincent-de-Paul dans le sud ouest parisien, nous avions choisi une action solidaire de proximité et souhaitions également aider des chrétiens en difficulté. Notre choix s’est tourné vers les chrétiens d’Orient, et plus particulièrement vers le soutien de la scolarisation d’enfants à Mossoul.

Nous avons pour habitude de faire un bol de riz le vendredi saint, et nous avons choisi, cette année,  d’en remettre le bénéfice à l’Œuvre d’Orient. Les élèves habituellement présents à la cantine ce jour-là participent au bol de riz. Viennent s’ajouter les élèves externes qui le souhaitent ainsi que des parents volontaires.

En amont de cet événement, un intervenant de l’Œuvre d’Orient est venu rencontrer les classes et les a sensibilisées sur la cause des familles de chrétiens en Irak et de l’importance de la scolarisation des enfants pour le futur du pays. Les élèves ont ainsi pu en parler à leurs familles qui avaient un flyer explicatif. Le bol de riz a été un beau moment d’échange et de solidarité. »

Emilie L.

Adjointe en pastorale à l’école St Vincent de Paul (92260 Fontenay-aux-Roses)

 

Vous aussi, organisez une intervention ou un événement dans votre établissement –> contactez Agnès Melli (amelli@oeuvre-orient.fr)

Les chrétiens d’Alep offrent une croix à Notre-Dame de Paris

Source La Croix, Anne Bénédicte Hoffner

À l’occasion de la première messe célébrée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris samedi 15 juin, Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, a remis à Mgr Michel Aupetit – au nom de la communauté chrétienne d’Alep – une croix en pierre blanche.

« Nous comprenons très bien ce que veulent dire la perte du toit et l’endommagement de la cathédrale puisque nous sommes passés par cela avant vous ». Aussitôt après l’incendie de Notre-Dame de Paris, dans la nuit du 15 au 16 avril, l’archevêque maronite d’Alep, Mgr Joseph Tobji, avait exprimé son amitié aux catholiques parisiens. Il leur avait également promis une croix en pierre blanche taillée par un sculpteur syrien, dans une pierre soutenant l’ancienne charpente de la cathédrale d’Alep.

Cette dernière a été remise samedi 15 juin, à Mgr  Michel Aupetit, archevêque de Paris, au terme de la première messe célébrée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le directeur général de l’Œuvre d’Orient et vicaire général des catholiques orientaux en France, Mgr  Pascal Gollnisch, figurait parmi la petite trentaine de participants à cette première célébration : il a apporté la croix offerte par la communauté chrétienne d’Alep.

Des travaux en cours

Le toit de la cathédrale maronite Saint-Elie d’Alep, située sur la place Farhat, dans le vieux quartier chrétien de Jdeydeh, s’est effondré en août 2012 après des mois de bombardements. Construite en 1873 et agrandie en 191, elle est en plein travaux actuellement : son toit est en train d’être reconstruit grâce à des dons de particuliers français.

Avec l’aide de l’Œuvre d’Orient, l’horloge a déjà été restaurée, ainsi que son carillon qui s’est remis à sonner toutes les heures, rythmant la vie dans la vieille ville comme avant le début de la guerre.

Exemple concret d’amitié

En revanche, le quartier de Jdeydeh, qui abritait boutiques et maisons anciennes, est entièrement réduit en poussière. La toiture et le décor de l’église grecque-orthodoxe de la Dormition, située sur la même place, ont eux aussi été perforés par les bombes.

Durant quatre ans, ce quartier de la vieille ville a été l’un des fronts les plus violents de la bataille d’Alep, divisée à partir de juillet 2012 entre quartiers Ouest sous contrôle du régime et un secteur Est tenus par les rebelles. Les chrétiens à Alep représentaient 10 % de la population avant la guerre, soit 250 000 personnes environ, dont une moitié d’Arméniens. Plus de la moitié d’entre eux sont partis depuis.

Pour l’Œuvre d’Orient, qui soutient la restauration de la cathédrale maronite d’Alep, « cette croix est un exemple concret de l’amitié qui unit les chrétiens d’Orient et la France ».

 

Pour Mgr Gollnisch, la reconstruction prendra du temps en Irak

Le Saint-Père a formulé le vœu de se rendre en Irak l’an prochain. Le directeur général de l’Œuvre d’Orient voit dans ce souhait «l’intérêt constant» du Pape pour les chrétiens d’Orient et «sa souffrance» pour des chrétiens «durement éprouvés» par la guerre. Mgr Pascal Gollnisch revient pour nous sur la lente reconstruction du pays.

Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican

Il n’y a pas de recensement officiel. Les chiffres sont donc à relativiser, prévient Mgr Gollnish. Ces derniers restent néanmoins saisissants. Avant l’invasion américaine de 2003, l’Irak comptait une des plus importantes communautés chrétiennes du Moyen-Orient. Ils étaient 1,5 million à y vivre. Leur présence dans le pays est séculaire. Ils y habitent depuis plus de 2000 ans. Mais des années de guerre, l’arrivée de Daesh et la domination que le groupe de djihadistes instaura en 2014, notamment dans la plaine de Ninive, les poussèrent à l’exil. Depuis 1990, 80% de la communauté a fui le pays, estime l’Œuvre d’Orient. Les chrétiens irakiens seraient moins de 300 000 à résider aujourd’hui dans leur patrie. La plupart seraient toujours déplacés au Kurdistan irakien.

Une renaissance progressive

Il a fallu trois ans à l’armée irakienne et à ses soutiens locaux ou étrangers pour venir à bout de Daesh. Aujourd’hui, les blessures de la guerre sont partout. Mgr Gollnish, peut-être par pudeur, n’évoque pas les plaies immatérielles. Il parle de Mossoul, grande ville du nord irakien, dont la rive droite n’est plus qu’un «tas de pierres», de Qaraqosh ou d’autres villages chrétiens du nord qui se retrouvent très endommagés.

Le directeur de l’Œuvre d’Orient note cependant un retour progressif à la vie. 20 000 chrétiens seraient rentrés à Qaraqosh. Deux évêques, chaldéen et un coadjuteur syriaque, ont été nommés à Mossoul. Un prêtre syriaque y est de retour. L’association a reconstruit un centre culturel français dans la ville avec l’aide des autorités françaises. Elle a également reconstruit deux églises. D’autres associations ont le même souci. Il s’agit d’«un signal donné à la population pour montrer que nous croyons les uns les autres à l’avenir de l’Église dans le pays ». De plus, davantage qu’en Occident, poursuit Mgr Gollnish, la construction d’un église est un symbole fort en Orient. «Mais on ne va pas se mettre à reconstruire toutes les églises alors que la population n’est pas revenue. C’est un tout», explique-t-il. Les Églises ne vont pas sans les maisons. Les maisons ne vont pas sans les dispensaires et les écoles et, souligne-t-il, il faut faire repartir l’économie car ces familles ont besoin de gagner leur vie.

Des jeunes désireux de fraternité

Si Mgr Gollnish juge important que la ville de Qaraqosh soit, comme elle le fut jadis, presque entièrement syriaque, il espère que les villes «de mélange» puissent l’être à nouveau. Il faudra du temps. «En 1944, on aurait pas envoyé des réfugiés allemands en Alsace, mais aujourd’hui l’Alsace est très germanophone». L’objectif reste le retour de la confiance entre les communautés. «Ce n’est pas un vœu pieu», explique-t-il. Il témoigne de discussion avec de jeunes hommes sunnites qui ont souffert sous le joug de Daesh et qui souhaitent autre chose pour l’avenir de leur ville et de la société irakienne. Ces jeunes disent de manière «claire et explicite» qu’ils souhaitent construire cette autre chose avec les chrétiens et qu’ils ont besoin de leur présence, affirme Mgr Gollnish.

Le Pape proche des chrétiens d’Orient 

Le directeur de l’Œuvre d’Orient participait cette semaine à la 92e assemblée plénière de la Roaco (Réunion des Œuvres d’Aide aux Églises Orientales) au Vatican. Il a ainsi entendu le Saint-Père répéter son souhait de se rendre en Irak. Le déplacement du Pape en Irak n’est pas confirmé par le Saint-Siège. Il serait inédit. Jamais un souverain pontife ne s’y est rendu.

Mgr Pascal Gollnisch voit dans le vœu de François «l’intérêt constant» du Pape pour les chrétiens d’Orient, «sa souffrance» pour des chrétiens «durement éprouvés» et son souhait de «soutenir leur sentiment d’un futur possible chez eux». Le Pape a enfin à cœur, explique le prélat français, d’aider un pays tout entier sur le chemin de la paix, et cela passe par l’adoption de politiques inclusives où les différentes composantes de la société trouvent leur place légitime.

Lundi dernier, devant la Roaco, le Pape relevait l’évolution encourageante de la situation en Irak. Il souhaitait que le pays «puisse regarder vers l’avant à travers la participation pacifique et partagée à la construction du bien commun de toutes les composantes – y compris religieuses – de la société, et ne retombe pas dans les tensions venant des conflits jamais éteints des puissances régionales».

 

Les sanctions financières prises contre la Syrie font « grandement souffrir » la population, estime Mgr Gollnisch (entretien)

Les sanctions financières prises par l’Union européenne à l’encontre de la Syrie sont « inacceptables » et contre-productives, a confié à I.MEDIA Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, le 11 juin 2019. Il s’exprimait en marge de la 92e assemblée plénière de la Réunion des associations catholiques d’aide aux chrétiens d’Orient (ROACO) à Rome (Italie).

 

Le pape s’est réjoui de la “voix d’espérance et de consolation” qu’apportent les associations de la ROACO. Quelles sont les décisions prises lors de cette 92e assemblée plénière pour que le travail continue ?

Nous n’avons pas nécessairement pour but de prendre des décisions mais parfois cela nous permet des prises de conscience. Je peux en relever deux. En Syrie, l’Union européenne a pris des sanctions économiques. Elles font grandement souffrir une population déjà meurtrie par neuf ans de guerre, comptant plus de 300.000 morts et un million de blessés. On est en train de faire souffrir la population syrienne pour parvenir à des démarches politiciennes qu’on n’a pu obtenir ni par la diplomatie ni par l’intervention militaire.

De telles sanctions économiques sont inacceptables. Elles resserrent en outre la population derrière le président Assad, lui permettant de nourrir un discours anti-occidental. De plus, elles font davantage dépendre la Syrie de l’Iran, seul pays par lequel un certain nombre de denrées peuvent circuler. C’est complétement contre-productif. Beaucoup de nos agences sont prêtes à demander à leur pays respectifs de repenser la question de ces sanctions. Notre démarche est d’être aux côtés de la population, pas de la sanctionner.

Une deuxième prise de conscience est celle des pratiques financières des Eglises orientales. Ces dernières sont très diverses quant à leurs finances. Dans un même lieu, il peut y avoir des diocèses riches et d’autres pauvres. Donc, le soutien que nous pouvons apporter de la part des chrétiens d’Occident suppose aussi plus d’information, plus de clarté et une pratique financière plus rigoureuse sur la destination des fonds. Cette rigueur, largement répandue en Europe, doit aussi se pratiquer dans les Eglises orientales car nous sommes contrôlés et nous devons rendre compte de la destination des fonds.

 

Comment comprenez-vous le coup de sang du pape François lorsqu’il dit que “la colère de Dieu éclatera contre les responsables de pays qui parlent de paix et vendent les armes pour faire des guerres” ?

Le pape est dans son rôle pour lutter contre les marchands d’armes. Cela ne date pas d’hier, on pourrait rappeler les déclarations des précédents pontifes à ce sujet. Cela s’inscrit dans une longue tradition. Ce serait bien que ces appels soient entendus. Ce ne sont pas simplement des doux rêves. Il est cependant difficile d’évaluer exactement pour le conflit syrien qui fournit les armes et quoi comme armes. Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent et les évaluations précises sont difficiles. Quels sont les pays qui ont donné des armes à qui et à quel camp, rebelles ou camp du président Assad ? Il y a aussi le conflit au Yémen avec le problème d’armes qui servent à alimenter ce conflit.

C’est extrêmement difficile car il faudrait un consensus international pour renoncer aux ventes d’armes. Le problème politique est compliqué, l’évaluation des faits concrets sur le terrain est compliquée, et il faut vérifier de quoi on parle concrètement. Je souhaiterais qu’il y ait un comité d’enquête pour savoir dans cette région qui donne quelles armes à qui. Il faudrait avoir des moyens d’investigation. Personne ne le maîtrise trafic des armes légères, certaines sont venues de Libye d’autres d’ex-Yougoslavie.

La France affirme ne pas donner d’armes létales aux rebelles. J’entends. Je rappelle que les armes légères ne sont plus fabriquées en France. Ceux qui veulent pointer du doigt la France sur ce sujet feraient bien de constater qu’il n’y a plus de manufacture d’armes légères dans ce pays. Pour équiper l’armée française, on est obligé de faire des appels d’offre internationaux.

 

Le pape a aussi montré sa vive inquiétude pour l’Ukraine, dont on ne parle plus forcément autant…

On ne peut pas oublier la situation en Crimée qui est quand même sous le statut d’une occupation étrangère avec des prêtres gréco-catholiques qui ont été chassés de leurs églises. La guerre civile a fait de nombreuses victimes, dont on parle peu malgré les dégâts. Et on ne voit pas tellement d’issue pour le moment à cette guerre. On a quand même le sentiment que ce qui pouvait aider à la dépasser – notamment les relations entre la Russie et le ‘groupe Normandie’ (Grande-Bretagne, Allemagne et France) – semble au point mort.

Ce pays est également divisé sur le plan œcuménique avec les orthodoxes proches du Patriarcat de Moscou et les orthodoxes indépendants de Constantinople. Tout cela ne va pas dans le sens d’une paix intérieure. La situation économique est aussi difficile. On attend de voir ce que va donner le nouveau président qui vient d’être élu et le nouveau Parlement. Pour le moment, on est dans une certaine incertitude en ce qui concerne l’avenir.

Propos recueillis à Rome par Paul de Dinechin, I.MEDIA

 

Encadré : la réaction de Mgr Gollnisch à la « volonté » du pape François de se rendre en Irak

« Cette déclaration nous a beaucoup surpris, même si nous savons que cela fait longtemps que le pape François en a exprimé le désir. Il y a quelques mois, le cardinal Pietro Parolin était allé en Irak, ainsi que le cardinal Sandri, avec des membres de la ROACO. Est-ce que c’est dans l’enthousiasme de la rencontre ou est-ce vraiment un plan précis qui se dessine ? Cette annonce a en tout cas le mérite d’être publique. Si on regarde bien, le pape s’est déja rendu dans un certain nombre beaucoup de pays du Proche-Orient. Il est en outre allé en Bulgarie, en Macédoine du Nord, en Roumanie, des pays qui participent à l’Orient chrétien. Cela prouve l’intérêt du pape pour les chrétiens d’Orient. Souvent, lors des rencontres que nous avons avec la ROACO, le pape exprime sa peine de voir les souffrances de ces pays et en particulier celles des chrétiens.

Si ce voyage est rendu possible, ce sera pour les chrétiens locaux un renforcement du sens de leur présence dans leur propre pays. Ce sera aussi certainement un soutien pour tout ce qui va dans le sens de la paix, d’une politique inclusive permettant à tout le monde de coexister. Il s’agit d’un enjeu tant pour la communauté chrétienne que pour l’ensemble du pays. L’intérêt de la communauté chrétienne est que l’ensemble de l’Irak progresse. L’avenir pour les chrétiens n’a de sens que dans une progression de l’ensemble de l’Irak. Par ailleurs, s’il n’y a plus de situation de guerre depuis que ‘Daech’ a été chassé de Mossoul, il reste cependant d’importantes situations de tension. Un voyage du pape peut ainsi aider le pays à affirmer son indépendance au profit d’une politique inclusive, seule voie de futur pour l’Irak. »

 

Source : IMEDIA

Témoignages de Claire et Etienne, volontaires au Centre Sainte Rachel de Jérusalem

Claire (22 ans, L3 de Droit) et Etienne, (20 ans, L1 de Droit) sont frère et sœur. Tous les deux en séjour court à Jérusalem, ils s’occupent d’enfants de travailleurs immigrés, majoritairement philippins, éthiopiens et autres qui parlent hébreu au Centre Sainte Rachel.

 

Claire : Cela fait une semaine que nous sommes arrivés à Jérusalem. Nous logeons dans la maison des volontaires dans le centre Sainte Rachel. Nous partageons donc des moments avec les autres volontaires, actuellement allemands. Cela est vraiment intéressant, même si la barrière de la langue limite quelque peu les échanges. L’été arrivant, le nombre de volontaires augmente à mesure que le centre accueille beaucoup plus d’enfants lors des vacances. Nous sommes donc dans des chambres partagées.

Concernant la mission, nous travaillons de 13h15 à 18h chaque après-midi de la semaine. Pour ma part je travaille seulement la matinée avec les bébés, car ils avaient besoin de renfort, mais nos matinées sont plutôt libres. Sœur Claudia « encadre » notre mission, et le séminariste Grégoire a aussi pris le temps de nous expliquer le fonctionnement du centre et les tâches où nous pourrions être utiles.

Nous nous occupons donc des petits enfants, c’est-à-dire les plus petits de la catégorie des grands. En effet les plus grands sont davantage autonomes mais surtout beaucoup plus difficiles. On nous a fait savoir qu’ils ne s’attachaient pas aux volontaires qui changent régulièrement et pouvaient ne pas être agréables avec nous. Nous avons d’ailleurs senti qu’ils ne cherchaient pas à entrer en contact. C’est pourquoi nous nous occupons des enfants ayant entre 4 ans et 7 ans. Ainsi, nous déchargeons sœur Claudia et les autres « habitués » du centre, qui peuvent davantage se concentrer sur les plus grands. Cela permet aussi de séparer les grands des petits, évitant ainsi le désordre car l’espace des locaux est restreint. Nous allons donc les chercher aux jardins d’enfants, puis nous les faisons déjeuner et enfin nous organisons des activités l’après-midi (travaux manuels, jeux collectifs, balades au parc…). Nous sommes confrontés à la barrière de la langue avec les enfants, dont la langue de travail est l’hébreu, mais heureusement il est possible d’échanger en anglais avec la majorité d’entre eux et nous arrivons donc à nous comprendre.

Les enfants ont souvent des situations familiales difficiles et certains ont une vie précaire. Ils sont souvent agités et se concentrent difficilement. Mais les activités manuelles les canalisent et nous tentons de trouver des activités qui leur plaisent et permettent de leur faire travailler certaines compétences (découpage, coloriage, peinture…). Pour le moment, la mission requiert des qualités de débrouillardise, d’initiative et il faut apprécier le contact avec les enfants. Il faut aussi savoir s’adapter car les enfants ne sont pas forcément éduqués de la même manière qu’en France.

Je suis ravie de la mission que je trouve très intéressante. Les enfants sont attachants et nous créons des liens petit à petit. De plus, nous avons été très bien accueillis par sœur Claudia et Grégoire.

J’ai hâte de découvrir ce que la suite de la mission nous réserve !

 

 

Etienne : Cela fait maintenant presque une semaine que nous sommes à Jérusalem, et nous commençons à bien prendre nos marques, tant dans la ville que dans le centre (centre Sainte Rachel), grâce à l’accueil de sœur Claudia et de Grégoire.
Le centre est normalement divisé en deux parties : la crèche avec les enfants de 0 à 3 ans, et les plus grands de 3 ans et plus. Nous avons pour mission de nous occuper des plus jeunes enfants de la tranche d’âge 4 – 15 ans, c’est-à-dire des enfants ayant entre 4 et 7 ans environ.

En effet, les enfants ayant plus de 8 ans sont beaucoup plus difficiles, il est donc très compliqué d’établir un lien avec eux en seulement un mois. C’est pour cela que l’on nous a demandé de nous occuper des plus petits, bien plus faciles que les grands. La relation avec eux s’établit très vite et facilement. Ainsi, en occupant les plus petits, les volontaires de longue durée ainsi que les responsables du centre peuvent s’occuper des plus grands sans être dérangés.
Nous proposons aux enfants diverses activités comme des jeux, du dessin, coloriage, découpage, sortie au parc, sport…
Nous ne travaillons normalement que l’après-midi, même si nous pouvons être amenés à effectuer certaines tâches certains matins, pour aider dans le centre si besoin.

J’apprécie beaucoup la tâche qui nous est confiée : les enfants dont nous avons la charge sont très faciles d’accès, très gentils et attachants. Cependant, ils peuvent parfois être particulièrement agités et déconcentrés, voire désobéissants par moment.

Nous sommes également très bien accueillis grâce à la paroisse (Paroisse catholique hébréophone de Jérusalem) rattachée au centre, qui nous a notamment permis d’assister à la messe de l’Ascension sur le mont des Oliviers au petit matin. Nous avons ainsi pu rencontrer le père Rafic et les autres pères de la paroisse.

Enfin, la maison des volontaires est très agréable, collée au centre et proche de la vieille ville. Nous vivons en communauté avec l’ensemble des volontaires du centre, avec lesquels nous partageons certains repas, prière ainsi que notre chambre…

Cette mission me plait et m’apporte beaucoup, je pense qu’il en sera de même pour la suite.

Voyage du Pape en Roumanie : l’histoire du trône du Pape François à Blaj

Pour la Divine Liturgie de béatification des sept évêques gréco-catholiques martyrs pendant le régime communiste de Roumanie, que le Saint Père officiera sur la Plaine de la Liberté de Blaj le 2 juin 2919, a été construit un trône avec une symbolique forte sur les plans spirituel et symbolique.

 

Le trône sur lequel siégera le Saint Père est fait en bois authentique provenant de l’architecture des prisons de Sighet et de Gherla, et le design renvoie au calvaire de la détention, à la souffrance et à la mort pour le Christ.

 

Les éléments sélectionnés pour réaliser ce trône ont été attentivement choisis pour obtenir un ensemble élégant de contrastes de couleurs, textures et formes qui créent une pièce tout à fait spéciale basée sur des significations profondes :

 

– Le bois patiné : il a été patiné non seulement par le passage du temps, mais aussi par la vibration de la torture de geôles, de la mort et du sacrifice. Ce bois nous provient de l’architecture des prisons de Sighet et de Gherla, des endroits où a eu lieu le martyre des sept évêques gréco-catholiques;

 

– Le bois de chêne autochtone : fort, noble et constant, avec un finissage en tons et couleurs modernes, est complété par un brillant évident, symbolisant la foi vivante d’aujourd’hui et de toujours.

– le métal noble – l’or: matériau précieux (offert par les rois mages avec la myrrhe et l’encens, à l’occasion de la Nativité du Seigneur) qui représente l’hommage et la prosternation devant Dieu;

– Le velours blanc représente la pureté de la pensée et du sentiment chrétiens, avec le rôle de vêtement de l’espérance que la foi nous accorde toujours.

 

Ces matériaux sont composés en structures minimalist-rigides, austères, renvoyant au calvaire de la détention, à la souffrance et à la mort pour le Christ, et aussi à la foi chrétienne intacte.

Au niveau de la construction sont utilisés des volumes-modules-formes, rigoureusement dimensionnés en tant que multiples ou sous division du chiffre 7 (en tant qu’unité de mesure en centimètres), en mémoire des sept évêques, mais aussi de l’ouvrage primordial de Dieu, en ce qui concerne les dimensions des repères qui composent la structure visible et portante du siège et du dossier.

 

Si on regarde de côté, le bras du siège  représente une suggestion abstraite qui nous renvoie à l’image de la fenêtre à barreaux (également 7), à travers lesquelles l’esprit cherche liberté et espérance, cherche et rencontre Dieu.

 

Le trône sur lequel siégera la Pape François a été construit par Andu Marginean, originaire de la ville de Sibiu, diplômé de l’Université d’Art de Bucarest, artiste visuel et designer ayant une expérience de plus de 18 ans en design d’intérieur et en design d’objet. Sa société est installée à Sibiu et a dans son portefeuille d’importants projets dans le domaine hôtelier et résidentiel, à travers toute la Roumanie.

 

Il a travaillé pour des enseignes comme Hilton, Ramada, Golden Tulip ainsi que pour de nombreux enseignes autochtones dans le domaine de l’hôtellerie. Il a créé des projets pour d’importantes sociétés fabriquant des meubles de Roumanie et d’Italie.

Le trône pontifical a été réalisé par l’entreprise Technolemn de Sibiu.

 

 

Le bureau média de l’Eglise Gréco-Catholique de Roumanie

Les sept évêques martyrs sont morts par “fidélité à l’unité” de l’Eglise catholique, explique Mgr Defois

Source : Agence de presse I.MEDIA

Les sept nouveaux bienheureux sont morts en martyrs pour montrer leur “lien permanent” avec le Siège apostolique de Rome, a déclaré Mgr Gérard Defois, archevêque émérite de Lille, le 2 juin 2019 à I.MEDIA. Le Français s’exprimait en marge de cette cérémonie présidée par le pape François à Blaj, au troisième jour de sa visite en Roumanie.

En 1948, l’Eglise gréco-catholique roumaine avait été interdite et forcée de s’intégrer au sein de l’Eglise orthodoxe du pays. Après la réautorisation de cette communauté, Mgr Defois avait été le premier évêque occidental à aller rencontrer des cette “Eglise blessée” en pleine reconstruction. Il avait ensuite agi pour cette communauté méconnue et avait notamment invité régulièrement des gréco-catholiques roumains à l’assemblée générale des évêques de France. En reconnaissance de son action, le cardinal Lucian Muresan, primat de l’Eglise gréco-catholique roumaine, l’a convié à la cérémonie présidée par le pape François comme son invité spécial.

Durant cette célébration, le Souverain pontife a béatifié sept évêques torturés, emprisonnés et morts en martyrs pour avoir refusé l’intégration au sein de l’Eglise orthodoxe. ”S’ils avaient dit un mot pour adhérer à l’orthodoxie ils auraient été acceptés”, a relevé l’archevêque émérite de Lille. “C’est pour montrer leur lien permanent avec le pape que ces évêques ont pris le risque de perdre la vie, par fidélité à l’unité de l’Eglise”.

Les sept évêques – Mgr Vasile Aftenie, Valeriu Traian Frentiu, Ioan Suciu, Tit Liviu Chinezu, Ioan Balan, Alexandru Rusu et Iuliu Hossu – ont été torturés après l’interdiction de leur Eglise en 1948. Si les six premiers sont morts en prison entre 1950 et 1963, le dernier, Iuliu Hossu, est mort en résidence surveillée en 1970. En 1969, Paul VI l’avait créé cardinal in pectore, une décision révélée trois ans après la mort du prélat.

Cette béatification, a pour sa part considéré Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, est un “apaisement de la mémoire” de cette Eglise “durement touchée”. En effet, aux côtés des sept évêques béatifiés, de nombreux prêtres, moines et fidèles ont été emprisonnés, torturés et parfois exécutés en raison de leur refus de rejoindre l’orthodoxie. Alors que la Roumanie préside le Conseil de l’Union européenne, a relevé le directeur de l’Œuvre d’Orient, cette béatification honore des valeurs européennes importantes, comme la liberté religieuse et spirituelle.

 

Un geste “un peu prophétique”

Par ailleurs, Mgr Gollnisch a estimé que le pape François était en Roumanie pour créer des ponts avec l’Eglise orthodoxe. Pour le Français, le Souverain pontife est “hanté” par le désir de permettre la rencontre, y compris entre des communautés entre lesquelles existent des tensions. Ainsi, le chef de l’Eglise catholique appelle à la “conversion” pour être “témoins d’espérance” auprès des nouvelles générations. Car si la purification de l’histoire est importante, elle ne doit pas empêcher de se tourner vers l’avenir.

Enfin, Mgr Gollnisch a affirmé voir un acte “un peu prophétique” dans la visite que l’évêque de Rome doit faire auprès d’une communauté catholique rom dans l’après-midi de ce 2 juin. Cette rencontre avec une communauté souvent rejetée, a-t-il estimé, s’inscrit dans le “charisme” propre du pape argentin d’aller aux périphéries. XLN

 


Rencontre avec une famille gréco-catholique venus assister avec joie à la messe, à Blaj en Roumanie,

 

 

Roumanie – « Puissiez vous être des témoins de la Liberté et de la Miséricorde en faisant prévaloir la fraternité et le dialogue sur les divisions en renforçant la fraternité du sang. » Pape François

 

Le Pape François accompagné du Cardinal Parolin, du Cardinal Sandri et du Cardinal Gallagher est à la rencontre de la communaute rom de Blaj.

Visite du pape François en Roumanie – béatification de sept évêques martyrs sous le communisme

Durant sa visite en Roumanie, du 31 mai au 2 juin prochains, le pape François béatifiera sept évêques gréco-catholiques martyrs sous le communisme. La béatification aura lieu le dimanche 2 juin, lors de la Divine Liturgie, sur le Champ de la Liberté à Blaj.

Un signal fort qui éclaire l’histoire tragique de l’Église gréco-catholique de Roumanie

L’Église gréco-catholique roumaine a été interdite et persécutée pendant les 40 ans de dictature sous le régime soviétique. En 1948, les évêques, les prêtres et les moines durent choisir entre s’intégrer à l’Église orthodoxe, contrôlée par l’État, ou être emprisonnés. L’ensemble des douze évêques gréco-catholiques refusèrent de passer à l’orthodoxie, et furent donc incarcérés dans des prisons et des camps. Sept d’entre eux meurent à cause de l’isolement, du froid, de la faim, de la maladie ou des travaux forcé. Le pape François a autorisé la Congrégation des causes des saints, le 19 mars 2019, à reconnaître par décret le martyre des sept évêques tués en haine de la foi en Roumanie communiste entre 1950 et 1970.[1]

 

Sous l’épreuve du totalitarisme communiste, l’Église gréco-catholique est devenue une « Église des confesseurs et des martyrs » et a livré « un douloureux et difficile témoignage de fidélité à l’exigence évangélique de l’unité. »  » Le sang des martyrs, versé pour le Christ et avec le Christ, est une base certaine sur laquelle fonder la recherche de l’unité de tout l’œkumène chrétien. »

Lettre apostolique du pape Jean-Paul II pour le IIIe centenaire de l’union de l’Église gréco-catholique roumaine avec l’Église de Rome.

Les sept évêques martyrs

  • – Mgr Ioan Suciu, administrateur apostolique d’Alba Julia, mort de faim en 1953.

Mgr Ioan Suciu (1907-1953) a été le premier évêque gréco-catholique roumain mis en arrestation par les autorités communistes en 1948 pour avoir refusé de dissoudre son Eglise au sein de l’Eglise orthodoxe. Il a résisté aux menaces alternées de promesses et de récompenses s’il obéissait à l’oukase. Il fut emprisonné et mourut en martyr en 1953, à la prison de Sighet.

Né en 1907 à Blaj, a été ordonné prêtre en 1931 et nommé en 1940 évêque auxiliaire d’Oradea-Mare puis administrateur apostolique du siège de Blaj. Surnommé « l’apôtre des jeunes », il eut une intense activité pastorale et sportive avec les Roms qui vivaient dans les périphéries de Blaj.

Après l’arrivée des communistes au pouvoir et l’interdiction de l’Église gréco-catholique en 1948, Mgr Suciu fit valoir l’impossibilité d’un accord avec le communisme dans ses sermons. Arrêté le 27 octobre 1948, il subit de durs interrogatoires pendant dix-sept mois. Il mourut de faim à la prison de Sighet dans la nuit du 27 juin 1953, entouré par ses confrères. Il fut enterré au cimetière des pauvres et sa tombe n’a jamais pu être identifiée.[2]

  • – Mgr Iuliu Hossu, évêque de Cluj, mort en exil au monastère orthodoxe de Caldarusani, le 28 mai 1970.

Mgr Iuliu Hossu a été nommé cardinal par le pape Paul VI en 1977, alors qu’il était en prison depuis presque 30 ans. Le pouvoir communiste l’ayant informé qu’il ne pourrait pas revenir en Roumanie s’il se rendait à Rome pour être cardinal, Mgr Hossu décide de ne pas quitter son pays. Il fût donc créé cardinal in pectore (dans le cœur du pape) et resta en prison.

  • – Mgr Valeriu-Traian Frentiu, évêque d’Oradea mare, mort à la prison de Sighet le 11 juillet 1952.
  • – Mgr Alexandru Rusu, mort à la prison de Gherla le 9 mai 1963.
  • – Mgr Vasile Aftenie, évêque auxiliaire d’Alba Julia et Fagaras, mort au Ministère de l’intérieur le 10 mai 1950.
  • – Mgr Ioan Balan, évêque de Lugoj, mort en exil au monastère orthodoxe de Ciorogârla, le 4 août 1959.
  • – Mgr Tit-Liviu Chinezu, ordonné évêque et prison et mort à la prison de Sighet le 15 janvier 1955.

Un témoignage précieux pour notre temps

Mgr Ioan Ploscaru, un des évêques emprisonnés, a écrit son témoignage dans le livre Chaîne et terreur (éd. Salvator). Arrêté en 1950, il purgea quinze ans de prison après avoir été clandestinement ordonné évêque par le nonce apostolique. A travers son exemple, il décrit le contexte dans lequel les évêques ont été emprisonnés, les épreuves par lesquelles ils sont passés et la force qu’il leur a fallu pour persévérer et garder la foi. Il explique notamment comment, en reconstituant des journées de prière et de réflexion comme dans un monastère, ils se reconstruisent « en contrepoint de la destruction mentale et physique dont ils sont victimes. » Il affirme que « les prêtres et les évêques de l’Église gréco-catholique ont considéré cette période comme la plus précieuse de leur existence. C’est une grâce de pouvoir offrir à Dieu ses souffrances et le témoignage de sa foi, même au prix de sa vie. » [1]

Ces sept martyrs incarnent un témoignage capital dans notre monde sécularisé, et particulièrement en Roumanie, où nous vivons une double sécularisation. La première s’est faire durant les 40 ans de communisme, qui ont laissé des traces profondes dans la manière de vivre les valeurs… La seconde se déroule maintenant. On se sécularise en étant déjà sécularisé. Dans ce contexte, les figures des 7 évêques martyrs sont un peu paradoxales : ils ont préféré mourir, pas pour une idée ou un credo vague et abstrait, mais pour une personne. Pour eux, trahir l’Église gréco-catholique, c’était trahir le Christ.

Père Cristian Crisan, recteur de la Mission Gréco-Catholique roumaine en France.

Pour aller plus loin

Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, accompagnera le pape lors de sa visite. Pour plus d’informations, vous pouvez contacter Armelle Milcent, au 06.62.41.43.04 (sur place également), demander notre dossier de presse et suivre nos réseaux sociaux tout au long du week-end.

Des émissions spéciales sur KTO, en partenariat avec l’Œuvre d’Orient, sont diffusées sur le voyage. Retrouvez le reportage spécial et l’interview du père Cristian Crisan ici : Roumanie, l’Église gréco-catholique martyre. KTO diffusera le documentaire « Sept évêques pour la petite Rome », le 2 juin à 21h45.Vous pourrez également y suivre le déroulement de l’événement durant l’ensemble de la visite.

L’émission Chrétiens orientaux du jeudi 30 mai à 9h30, sur France 2, sera consacrée au martyre de l’Église gréco-catholique roumaine.

 

[1] Préface de Mgr Gérard Defois, archevêque émérite de Lille, p. 10

[1] https://fr.zenit.org/articles/causes-des-saints-martyre-de-sept-eveques-roumains/

[2] https://oeuvre-orient.fr/actualites/portait-de-monseigneur-ioan-suciu-martyr-communisme/