L’Œuvre d’Orient exprime sa profonde inquiétude face à l’escalade de la violence entre Israël et le Hezbollah.
Les actes de guerre de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise et dans la plaine de la Bekaa touchent particulièrement la population civile, qui en est victime.
Ces dernières 72h, les bombardements ont fait plus de 600 morts et 2000 blessés. Les Églises du pays font au mieux pour accueillir les déplacés. Ces communautés chrétiennes, à travers leurs œuvres sociales, sont des artisans de paix. Elles se préparent aujourd’hui à accueillir près d’un demi-million de personnes forcées de tout quitter en prenant les routes. L’Œuvre d’Orient, présente sur place, appelle à une aide d’urgence pour les chrétiens du Liban, pris au piège d’un conflit qui n’est pas le leur.
Présent sur place dans un camp pour personnes déplacées venant du Sud Liban, notre directeur pays, Vincent Gelot, s’inquiète.
Chère Madame, cher Monsieur,
La situation au Proche-Orient s’est gravement détériorée depuis hier avec une intensification des bombardements entre Israël et le Hezbollah. Les frappes israéliennes dans le Sud Liban et dans la plaine de la Bekaa ont fait 558 morts, dont 50 enfants, selon un récent bilan du ministère de la Santé libanais. L’Œuvre d’Orient suit heure par heure l’évolution du conflit.
Nous vous faisons suivre un message vocal 📢 reçu de la part de Vincent Gelot, notre directeur pays présent dans un camp pour personnes déplacées venant du Sud Liban. Il s’inquiète des situations personnelles dramatiques causées par la guerre : « j’étais avec une famille dont le père Fadi a cinq enfants. Il vient d’arriver dans le camp. Il est agriculteur, il n’a plus accès à ses terrains frontaliers et ne sait pas comment il va survivre. Nous sommes face à des drames familiaux qui interviennent dans un contexte de crise politique et économique sans précédent que traverse le Liban. »
À Jabboulé, dans le nord de la plaine de la Bekaa, Mère Jocelyne Joumaa, directrice de l’orphelinat Notre Dame du Bon Service témoigne d’une situation humanitaire très difficile : « Avec les bombardements d’hier soir, la panique domine dans la région. Les femmes et leurs enfants viennent se réfugier dans notre couvent. C’est terrible. Notre mission est de témoigner du visage du Christ. »
Aidez-nous à soutenir les communautés chrétiennes qui demeurent sans relâche au service de tous. Pour faire un don, cliquez-ici : https://secure.oeuvre-orient.fr/soutenir
N’hésitez pas à partager ce message autour de vous. D’avance, un grand merci.
Raphaël a 21 ans, il a pris une année de césure après sa licence de physique-chimie et il en mission dans l’association Anta Akhi au Liban qui vient en aide aux personnes handicapées.
Mon témoignage de 2 mois à Anta Akhi
Ça y est ! Déjà deux mois que je suis arrivé dans ce pays somme toute bien surprenant. On ne cesse d’être étonné ici par la bienveillance des gens, l’accueil des Libanais, la bonne entente entre chrétiens et musulmans, la joie des Libanais malgré la guerre à seulement 150 km, la détermination malgré toutes les crises, les paysages magnifiques collés à des rues moins propres.
Dans ma mission, tout se passe globalement très bien même si tout n’est pas aussi rose qu’au début (ce qui est bien normal). Par habitude de répéter les mêmes choses chaque jour, je suis beaucoup plus à l’aise surtout dans le fait de rentrer dans l’intimité des jeunes.
En deux mois, j’ai déjà pu nouer de belles amitiés avec certains jeunes comme Carole, Ghassan et Rita.
J’ai globalement mes petites habitudes avec chacun des jeunes, même avec ceux pour qui la communication est très restreinte. Des caresses pour Kiko qui ne peut ni s’exprimer, ni voir, ni bouger, des sourires pour Marcelle qui peut seulement voir, jouer au reversi avec Joseph qui peut marcher mais qui a un retard mental et des mouvements incontrôlés, jouer aux puzzles avec Samo et Aida atteintes de nanisme et de retard mental, écouter de la musique avec Joe qui ne peut qu’entendre, taquiner Nicolas avec ses béquilles, discuter de la vie avec Rita, échanger des sourires et me promener avec Carole, rendre visite à Ghassan qui est très intelligent.
Pour autant, dans toute expérience il y a quelques côtés moins drôles comme la difficulté de la barrière de la langue.
J’essaye aussi de prendre beaucoup de recul et de garder en tête que la vie des Libanais est loin d’être évidente. Je me dis que je suis venu ici pour aider et non pour être dans le confort. Et puis, ils ne m’ont pas choisi tout compte fait, c’est moi qui suis entré dans leur vie alors je peux bien me plier un peu plus à leurs caractères. Tout cela me fait grandir même si je ne m’en rends pas toujours compte. J’apprends la patience, l’humilité et l’amour.
Etre patient pour chaque caractère, chaque maladie, s’adapter à toutes les situations. Il est bon de se rendre compte de la chance qu’on à de ne pas avoir de handicap.
Humble de ce que l’on est, apprendre à se taire et à écouter. Ce n’est pas un exercice facile de se retrouver plusieurs jours d’affilés avec aucune personne qui ne parle français et être au milieu de discussions arabes sans pouvoir en placer une. Mais cela fait du bien, de se faire petit à en presque s’oublier.
Et enfin, on ne cesse de recevoir de l’amour en permanence par la majorité des jeunes.
Hâte de poursuivre cette aventure libanaise toujours dans l’espérance et la joie !
Le témoignage de Camille, 23 ans, qui est en mission depuis le mois d’avril en Arménie chez les sœurs de Mère Teresa à Spitak puis à Erevan.
Rapport de 2ème et 3ème mois de mission
Erevan – Bethleem House, Missionnaires de la Charité
Je redoutais cette deuxième partie de mission. Incapable de me projeter dans ce que « s’occuper de très jeunes enfants handicapés » représentait, je m’étais fait les pires scénarios. J’étais loin de m’imaginer les bouleversements intérieurs que j’allais y vivre.
Arrivée à Erevan
La maison est grande, après Spitak ça parait même être le grand luxe ! On nous sert un incroyable déjeuner indien, la maison sent le propre, un peu de bois partout, il y a même un joli jardin où grandissent de magnifiques rosiers. Les soeurs nous accueillent avec leur pudeur habituelle, le pré-fabriqué où Domitille et moi sommes supposées dormir n’est en revanche pas bien grand. Je suis assignée au premier étage, c’est à dire celui des tous petits. Ils ont entre neuf mois et cinq ans, ne parlent pas, ne voient pas et sont tous nourris à l’aide d’une sonde. Tous, hormis un petit bout de chou que je croise dans le couloir sur sa chaise haute. C’est Allen, le rayon de soleil de l’étage, il va bientôt avoir un an. Atteint d’une Spina bifida, mot barbare qui désigne une maladie s’attaquant à la moelle épinière, elle le paralyse à partir du bassin mais fait donc de lui le seul enfant de l’étage dont le cerveau fonctionne normalement. Dans cette maison que je vois pour la première fois, je lis dans son premier regard une tristesse que je ne pensais pas voir chez un enfant aussi jeune. La suite de ma mission me fera découvrir son sourire charmeur et ses yeux pleins de tendresse. Peut-être ai-je vu dans son regard ma propre inquiétude face à ce qui m’attendait au contact de ces onze enfants.
Début de mission
Les premiers jours sont exaltants : il faut tout apprendre. Comment nourrir à la seringue, les tenir dans les bras, changer les couches, faire le ménage, découvrir l’équipe de workers qui aide les soeurs dans les soins aux enfants. Presque qu’aucune ne parle anglais, j’essaie donc tant bien que mal de me faire comprendre. Je cherche à trouver ma place dans ce petit monde qui a l’habitude de tourner sans moi. Il faut faire des preuves, montrer aux soeurs et aux workers que l’on a vraiment envie d’aider. L’envie et surtout le besoin de se faire accepter par les actes puisque le dialogue n’est pas possible. Alors dès que je peux, j’étends le linge, je balaie, je change les lits, je fais la vaisselle. Sans doute aussi un peu parce que je ne suis pas encore très à l’aise avec tous ces enfants aux corps parfois tordus, aux yeux étranges et aux gargarismes peu ragoûtants.
Après deux semaines d’adaptation les choses sérieuses commencent. Mariam, un petit bébé de neuf mois vient de partir à l’hôpital. Pneumonie. La dure réalité me prend de plein fouet, j’entends ses pleurs au loin alors qu’elle est en route pour l’hôpital. Je ne vais peut-être jamais la revoir. Je réalise combien la vie de ses enfants ne tient qu’à un fil et à quel point il n’y a aucun espoir d’amélioration, pour personne. Sur le mur de la grande salle sont affichées les photos des enfants décédés pour chaque année.
S’ensuit des nuits difficiles où je me pose cette question épouvantable : « Qui sera le prochain affiché sur ce mur ? ». Parce que je commence déjà à m’attacher à ces enfants, le départ de l’un d’eux prend un tout autre sens. Je vais mettre du temps à passer ce cap, voir au-delà de la souffrance, au-delà de la mort, souvent inévitable.
Pour tenir
J’ai trouvé en Domitille la meilleure binôme qu’il soit. Très différentes toutes les deux, nous sommes cependant d’accord sur un point : il faut que l’on s’aère ! Chaque week-end est l’occasion d’une sortie pour rencontrer l’Arménie. Monastères, randonnées dans les montagnes, opéra, musées, guinguettes dans des lieux improbables, rencontres au hasard des rues. Ces journées de pause sont une bénédiction. Ne pas oublier qu’en dehors de cette maison il y a un monde qui vit, des personnes heureuses avec qui l’on peut rire, parler de n’importe quoi, juste un peu de légèreté… Domitille est aussi ma confidente. On se raconte nos journées, on en rigole, on partage. Ce besoin intime de tout évacuer pour ne pas exploser.
La foi. Comment donner un sens à cette mission, à la vie de ces enfants, si l’on n’a pas la foi ? Si cette maison est gérée par des religieuses, je ne crois pas que ce ne soit pour rien. Pendant ces deux mois, bien que ma vie spirituelle fût pleine de remous, elle s’est surtout reposée sur un cadre bien ancré dans mon quotidien. La messe tous les matins, ce rendez-vous intérieur avec Dieu, tout lui remettre, tout lui confier, puisque je me rends vite compte que moi toute seule serais incapable de surmonter cette affaire.
Deux mois après
Allen est devenu mon rayon de soleil à moi aussi. Mariam est revenue de l’hôpital. Cette enfant que j’avais quitté avec angoisse seulement quelques jours après mon arrivée, je tisse doucement un lien avec elle pour calmer sa respiration. La voir s’assoupir dans le creux de mes bras réjouit ma journée entière. Chaque matin depuis deux mois, j’attrape mon balai et ma serpillère et nettoie sans fin les mêmes pièces pendant plus d’une heure. C’est le moment de la routine. Les marques sont prises, les cours d’arméniens commencent à donner leurs fruits, avec chaque enfant s’est créé un lien particulier en dehors de toutes les normes sociales habituelles. La fatigue, on apprend à vivre avec. On fait des siestes et on se couche plus tôt que sa grand-mère mais après deux mois, on a compris que ces éléments étaient nécessaires. Les soeurs révèlent aussi leur humanité, leurs défauts et leur sensibilité. En pilote automatique certains jours, je m’abandonne à ces enfants comme on s’abandonnerait au Christ. La contemplation dans l’action, la prière dans le faire.
Faire le bilan
Chaque difficulté surmontée en amène d’autres mais les premières nous donnent les armes pour affronter les suivantes. Non, la mission n’est pas plus facile de jour en jour. Chaque jour présente ses défis, ses fatigues, ses baisses de moral, de motivation et de patience. On est pourtant convaincu que ce que l’on fait est en train de nous changer, profondément. C’est aussi assez inquiétant. Comment va t’on revenir dans le monde ? Sera-t-on marqué à vie par ces visages et ces corps dont on a pris soin? Mais l’heure n’est pas encore à ces questions. Car il reste encore un mois et que je ne veux pas manquer une seule miette de ce que cette mission a encore à m’offrir.
Notre volontaire Lucile, 27 ans, professeur d’Histoire-Géographie est en mission pour un mois pour animer des colonies de vacances en Arménie auprès des Sœurs de l’Immaculée Conception.
C’est à peine croyable mais déjà un camp de 10 jours passés avec les enfants venus des différentes régions d’Arménie. Il faut dire que le rythme des journées ne nous laisse pas beaucoup de répit et que le temps passe très vite quand on est si bien occupé, et de manière si régulière. Les cours, les prières, les repas, la vaisselle, les activités en plein air s’enchaînent de façon très fluide et naturelle, ce qui est assez impressionnant quand il s’agit d’organiser le quotidien de 160 enfants. Mais le mot d’ordre du camp est la discipline. Le plus étonnant est le début de la journée: montée de drapeau tous les matins, marche au pas dans la cour sur un chant militaire et entraînement sportif, ce qui nous rappelle subtilement que le peuple arménien est fière de son pays et est prêt à en défendre l’intégrité si nécessaire.
Les enfants sont obéissants, les horaires sont respectés, le silence impeccablement observé lorsqu’il est demandé. Ce qui, pour le professeur que je suis, est très appréciable. Difficile parfois pour nous de s’habituer à une odeur parfois un peu forte, les enfants ne se lavant au mieux que deux fois par semaine, malgré l’insistance des soeurs pour qu’ils adoptent une meilleure hygiène.
Cela ne nous empêche pas, nous autres volontaires français, de trouver notre place dans cette organisation, et de nous y sentir bien. J’apprécie pour ma part beaucoup les cours de couture/travaux manuels auxquels je participe avec Eripsimé, qui est ravie de m’apprendre tout ce qu’elle sait faire ! Et pour moi qui ne suis pas du tout manuelle, je sors avec joie de ma zone de confort !
Nous avons aussi de petites surprises, car nous ne sommes pas toujours bien informés du programme : on découvre ainsi que nous devons participer dans 5 minutes aux olympiades, que nous allons assister à la cérémonie des baptêmes au lieu d’assurer nos cours, puis à l’accueil de visiteurs arméniens, puis à la préparation de la veillée théâtre dont nous sommes les acteurs principaux. De quoi nous surprendre au quotidien !
On se sent bien loin de tout ici, des problèmes quotidiens de nos vies françaises, du stress professionnel, des pressions : le seul objectif est de faire ce que nous pouvons pour que les enfants passent une belle journée, avec une impression de vivre enfin dans le présent, sans se projeter ou s’inquiéter pour le lendemain. La vie avec les enfants nous rapproche de préoccupations plus simples, même si la barrière de langue représente pour moi une vraie limite dans la profondeur des liens que nous pouvons établir avec eux. Il faut alors savoir tout exprimer par le regard et les expressions faciales, ce qui donne lieu à des situations comiques !
La présence des autres volontaires français est un vrai moteur pour moi, nous nous motivons ensemble pour tout, dans une belle dynamique de vivre à fond la mission.
Ce deuxième camp s’annonce bien différent mais tout aussi enrichissant.
Celui de nous engager résolument dans le soutien des chrétiens de Terre Sainte. Nous les aidons depuis 1856, mais nous devions attendre le bon moment pour intensifier notre aide face à la crise actuelle. Historiquement, les chrétiens sont d’origine palestinienne, même si aujourd’hui il y a de nombreux chrétiens d’origines diverses venus travailler en Israël.
L’histoire des chrétiens palestiniens est l’histoire du peuple palestinien, une histoire bouleversée en 1948, marquée par de nombreux conflits, par l’exode de centaines de milliers de réfugiés, par une absence de perspective, puisqu’aucun avenir ne leur a été proposé à ce jour. Surgissent alors les attaques du 7 octobre, qui replacent brutalement le peuple d’Israël devant des situations datant de la Seconde Guerre mondiale, celles-là même qu’on ne voulait plus revoir en créant l’État d’Israël. Des attaques terroristes et criminelles, avec une prise massive et inacceptable d’otages.
Nous mesurons avec gravité l’horreur que cela représente pour les familles israéliennes mais aussi l’impasse dans laquelle cela conduit les Palestiniens de Gaza et d’ailleurs. La réplique terrible de l’armée israélienne ne s’est pas fait attendre, une explosion de colère contre le Hamas, avec ses morts, ses blessés, et les terribles combats sur la bande de Gaza et la frontière libanaise, mais peu de perspectives politiques à moyen terme : après 10 mois de guerre, au moment d’écrire ces lignes, de nombreux otages ne sont pas libérés, et le Hamas existe toujours, mais la bande de Gaza est largement détruite, des dizaines de milliers de morts, plus de 80 000 blessés, des maisons, des villes détruites, la haine de part et d’autre.
Le peuple palestinien est devenu un peuple oublié. Les politiques et les diplomates ont parfois la tentation de résoudre les problèmes d’un peuple par l’oubli. Cependant, l’oubli est une violence. La haine est encore un rapport, dégradé, à l’autre ; l’oubli en est l’effacement. La communauté internationale a pensé résoudre la question palestinienne en l’oubliant. L’oubli est aussi une bombe à retardement, car il ferme des possibilités de solutions qui permettraient la paix. Nous avons vécu une période de sidération où toute parole était devenue impossible car inaudible, le degré de haine et de victimisation de part et d’autre ayant atteint un niveau de paroxysme. La parole est refusée, le silence surinterprété comme une dissimulation pour nier les souffrances ressenties. Il nous a semblé ; à tort ou à raison, que toute parole serait incomprise, que toute action était impossible.
Et il nous semble que ce temps est révolu.
Face à ces drames, les chrétiens de Terre Sainte ont besoin de nous. Ceux qui sont à Gaza pour qu’ils viennent, s’ils le peuvent, en aide aux populations les plus éprouvées. Ceux d’Israël et de Cisjordanie pour qu’ils trouvent des moyens de vivre tandis que les pèlerinages, qui leur permettaient de subsister, se sont arrêtés. Je suis par ailleurs étonné du peu d’échos donné aux déclarations et aux gestes du patriarche latin de Jérusalem lors de son déplacement à Gaza.
Les religions ne peuvent donc éviter de s’interroger : ont-elles failli à leur tâche en étant incapables d’empêcher ces massacres ? Deux dangers les visent. Le premier consisterait à se limiter à un service du « sacré » qui ne s’impliquerait pas dans un vrai service de l’humanité. Le second consisterait à se laisser manipuler par les pouvoirs politiques locaux. Ni en dehors, ni soumises, les autorités religieuses doivent conquérir leur liberté de parole si elles veulent remplir leur mission.
Il appartient aux chrétiens locaux de déterminer eux-mêmes, en Église, avec leurs pasteurs, le contour de leur mission aujourd’hui. Il nous appartient de leur dire qu’ils ne sont pas seuls. L’Église ne pourra jamais être absente de Terre Sainte, car cette terre ne peut être un musée mais celle d’une Église vivante, forte de sa foi dans sa fragilité humaine imposée par les circonstances des temps présents. Il faut distinguer le conflit israélo-palestinien et les relations entre juifs, chrétiens, et musulmans. Il faut que chaque camp prenne les moyens de remettre en cause la banalisation des pouvoirs extrémistes. Il faut rappeler que la Paix, dans la sécurité et la justice, répond au désir profond des peuples. Nous devons soutenir leurs lieux de prière et de mémoire, d’accueil et de rencontre, leurs écoles et leurs hôpitaux. Nous devons leur donner les moyens de l’approfondissement de la foi, la possibilité d’être des artisans de paix dans un lieu où la haine croit triompher, d’être une lueur d’espérance pour tous les découragés, une consolation pour tous les affligés : bref de vivre les béatitudes au milieu de deux peuples qui souffrent et qui ont peur. »
Pour sa 13e édition, L’Œuvre d’Orient va décerner son Prix littéraire récompensant un ouvrage traitant avec espérance de la situation des chrétiens en Orient. Ce prix honorifique et unique dans sa catégorie permet de sensibiliser les lecteurs à l’actualité et aux problématiques des chrétiens en Orient.
Le prix sera remis le 1er octobre 2024, au début de la rentrée littéraire, par Mgr Laurent Ulrich, Archevêque de Paris, et Monsieur Amin Maalouf, Secrétaire perpétuel de l’Académie française.
Au programme de cette année : des témoignages d’Arménie, de Terre Sainte, d’Ukraine et de Roumanie, une étude sur la continuité du génocide arménien, un essai sur les mères du désert qui nous fait redécouvrir les débuts du monachisme en Égypte, et un beau libre sur la civilisation des chrétiens d’Orient
Les titres présélectionnés :
– Sr Emmanuelle Billoteau, Des femmes en quête de Dieu. Découverte des mères du désert, Salvator, novembre 2023.
– Monica Brosteanu, Francisca Baltaceanu, Martyrs du communisme : 7 évêques dans les geôles roumaines, Salvator, janvier 2024
– Munther Isaac, L’autrecôté du mur, Editions Golias, décembre 2023
– Raymond Kevorkian, Parachever un génocide, éditions Odile Jacob, août 2023
– Anouche Kunth, Au bord de l’effacement. Sur les pas d’exilés arméniens dans l’entre-deux-guerres , éditions La Découverte, août 2023
– Charles Personnaz, La civilisation des chrétiens d’Orient, Albin Michel, novembre 2023.
Le jury, spécialiste de la question des chrétiens d’Orient :
– Amin MAALOUF, secrétaire perpétuel de l’Académie française, président du jury.
– Daniel RONDEAU, académicien et écrivain, ancien ambassadeur à Malte et délégué permanent à l’UNESCO, actuellement à l’Institut de France.
– Christian CHESNOT, journaliste spécialiste du Moyen-Orient, grand reporter au service étranger de RFI.
– Jean-François COLOSIMO, théologien, essayiste, directeur des éditions du Cerf.
– Geneviève DELRUE, en charge de l’information sur les religions à RFI, productrice de l’émission «Religions du monde».
– Antoine FLEYFEL, théologien et philosophe, directeur de l’Institut chrétiens d’Orient à Paris, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et membre de l’Œuvre d’Orient.
– Anne-Bénédicte HOFFNER, directrice adjointe de la rédaction du journal La Croix.
– Christian LOCHON, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.
– Marine de TILLY, critique littéraire au Point, grand reporter.
– Thomas WALLUT, producteur, journaliste de l’émission «Chrétiens Orientaux, Foi, Espérance et Traditions» de France 2.
Claire est aide-soignante et est en Ethiopie pour deux mois. Elle exerce son métier dans le dispensaire de Sidis Kilo à Addis Abeba et celui d’Awassa.
Un dimanche parmi d’autres 28 juillet 2024
Ce matin, comme souvent, il n’y avait pas d’électricité. Nous nous sommes levés un peu plus tard car nous avons joué aux cartes entre volontaires après diner.
Nous sommes à nouveau 6 ; 3 jeunes médecins venant d’Espagne, d’Irlande et du Mexique, 2 d’entre eux rentrent au séminaire, et aussi 2 jeunes espagnoles enseignantes. Malgré nos différences culturelles et d’âge aussi, nous faisons très bon ménage et passons des moments d’amitiés exceptionnels.
Nous avons travaillé ensemble ce matin dans la salle 4, dortoir dans lequel les patients sont les plus dépendants. Ce sont des hommes assez jeunes pour la plupart, mais qui souffrent de diverses pathologies et notamment d’escarres comme je n’ai jamais vu.
Mon rôle consiste à refaire les pansements sous les indications de mes amis médecins.
Nous économisons au maximum le peu de matériel dont nous disposons.
Comme je n’avais plus de gants pour travailler, Augustin m’a proposé d’aller en escamoter quelques paires aux jeunes maltais qui viennent prendre le petite déjeuner et et le déjeuner avec nous. Ces jeunes maltais, très soucieux d’une éventuelle contamination sont venus avec force masques et gants pour leur unique usage, mais qu’ils laissent enfermés dans notre maison.
Je m’esquive quelques minutes afin d’aller chercher des gants à la maison, et quand j’ouvre la porte d’entrée, une épaisse fumée envahie toutes les pièces. L’électricité est revenue et l’un d’entre nous a laissé la cafetière sur une plaque électrique allumée.
Je suis arrivée à temps, la cafetière est morte, la maison empeste la fumée, on a évité l’incendie de peu.
Cet après-midi, je suis retournée voir Sœur Monique chez les petites sœurs de Jésus.
Je pensais pouvoir jouer aux dominos avec elle, mais la maladie d’Alzheimer a eu raison de ses souvenirs de jeux d’enfants. Je lui ai apporté des gâteaux, elle aime ça.
Alors nous avons chanté des chansons ; Au clair de la Lune, Frère Jacques …
Elle se souvient et chante avec moi, elle est si attendrissante. Au bout d’une heure je la vois fatiguée, je la laisse, elle est contente, elle me raccompagne jusqu’à la porte malgré des difficultés motrices.
Je traverse le centre d’Addis à pied, j’aime marcher seule dans ces rues, ou l’on vous salue volontiers. Je garde dans les poches quelques gâteaux (qui nous viennent de l’aéroport, restes de vols du jour), je peux ainsi en donner aux personnes qui me disent avoir faim. L’ambiance du dimanche est festive dans la ville. On y entend les appels aux prières tant orthodoxes que musulmanes, une communion d’appels qui raisonnent dans la ville.
A 17h, je me rends dans le quartier des hommes ou je joue avec eux aux dominos. C’est devenu un grand rendez-vous. Quelques-uns jouent avec beaucoup de sérieux. La plupart regardent et commentent.
Comme je travaille essentiellement dans le quartier des enfants et à la réception des soins des personnes de la rue, c’est le seul moment que je partage avec ceux qui vivent dans le dispensaire. On s’amuse beaucoup, c’est l’occasion de grands débats dont je ne saisis pas toujours les subtilités.
Aujourd’hui je leur ai parlé des jeux Olympiques à Paris, ils ne voyaient pas trop ce dont il s’agissait. Alors, je leur ai montré la photo de la cérémonie d’ouverture avec le bateau contenant l’équipe éthiopienne qu’Aygline m’a envoyée. J’ai cru que ça allait faire une émeute. Mon portable est passé de mains en mains, chacun y allant de son commentaire. Ils étaient si heureux de voir une délégation éthiopienne, si fiers.
Désormais, celui qui gagne la partie de dominos est médaille d’or, le second médaille d’argent. Et ils m’ont demandé de leur apprendre comment dire bonjour en français.
A 18h, je me rends à l’Adoration, Sœur Frances me fait toujours un pouce en l’air à la sortie, elle aime que je sois avec elles à ce moment. Sœur Frances s’occupe des enfants et des Mamans. Elle est d’une grande douceur, elle vient du Rwanda et me dit chaque jour quelques mots de français. J’aime particulièrement son sourire et les mots d’encouragement qu’elle m’adresse au quotidien.
La sœur responsable de la cuisine est venue me remercier, parce que je leur ai fait un gâteau au yaourt vendredi dernier. Elle a été sensible à l’attention, cuisiner pour ceux qui cuisinent pour nous au quotidien, voilà qui les a touchés.
Ce soir, nos 2 volontaires espagnoles nous ont mijoté un plat typique de leur pays. Une excellente tortilla et des avocats. Les médecins sont aller nous chercher du coca cola pour compléter ce menu de fête. Nous nous sommes beaucoup amusés, surtout en devisant à propos de la sœur qui s’occupe de nous. Pas toujours souriante, surtout le matin, mais très disponible. Son nom est Sœur Maria La Salette, et Charles notre irlandais préféré s’adresse toujours à elle en l’appelant « La Salette ». Notamment le matin il la salut en lui disant « Salam la Salette ». Il me fait pleurer de rire ce Charles, brillant chirurgien qui s’apprête à entrer au séminaire, je lui trouve une candeur déconcertante. Toujours prêt à rendre service, toujours à l’écoute, toujours disponible quand on a besoin de lui pour un patient ou une autre. C’est une merveilleuse rencontre, une de plus.
L’ampoule est cassée dans la chambre des filles, je ne veux pas qu’on y touche. Vu la tête du compteur électrique, il ne vaut mieux pas risquer d’accident. On a déjà échappé de justesse à l’incendie. La journée se termine comme elle a commencé, dans le noir.
Camille, 21 ans, en bi licence Histoire et Sciences politiques, elle passe 3 semaines à Bucarest en Roumanie pour s’occuper des enfants d’un orphelinat.
Ma mission
Ma mission avec l’Œuvre d’Orient dure 3 semaines à la Casa Sfânta Maria, un orphelinat de Bucarest qui compte une dizaine d’enfants de 7 à 16 ans et qui est tenu par Soeur Maria Fodoca faisant partie de la congrégation du Cœur Immaculé de Marie.
Les trois premiers jours n’ont pas été simples. Il m’a fallu un petit temps d’adaptation. Soeur Maria n’était pas présente car elle devait s’occuper de sa mère malade et les enfants, étant en vacances, en profitaient pour être rivés sur leurs écrans. De plus, l’ambiance dans la maison était dure à vivre car certains enfants avaient reçu de mauvais résultats d’examens de l’école et ils se disputaient beaucoup. J’ai tenté du mieux que j’ai pu pour comprendre un peu ce qu’il se passait autour de moi et acquérir la confiance des enfants.
Au retour de Soeur Maria tout est devenu plus apaisé. Le programme des journées peut varier mais généralement je donne des cours de langues individuellement (français et anglais) aux enfants le matin puis l’après-midi on fait des jeux et nous allons au parc. Progressivement, j’arrive à bien connaître les enfants qui échangent de plus en plus avec moi. Le jeu est un très bon moyen pour communiquer lorsque nous avons des problèmes de langue. J’arrive à leur apprendre des jeux de cartes et des jeux collectifs que je faisais avec mes louveteaux auparavant.
L’arrivée d’Anne-Claire, l’autre volontaire, m’a soulagée car il était difficile d’être présente pour tous les enfants en même temps.
Soeur Maria m’a raconté aussi leurs histoires difficiles (parents alcooliques, décédés, abus sexuels, drogue) qui laissent forcément des traces sur leurs comportements. Lorsqu’ils se sentent un peu frustrés les enfants peuvent réagir assez violemment. Il faut prendre du recul et savoir que la patience porte ses fruits. Ce que je trouve de plus gratifiant dans cette mission c’est d’entendre les rires des enfants. C’est un signe de joie et d’espérance véritable dans un orphelinat, bien que ce ne soit pas rose tout le temps.
Par ailleurs, je décrirais Soeur Maria comme une force tranquille. Elle est fascinante aux regards de tout ce qu’elle a à gérer au quotidien ! En plus de tenir l’orphelinat, elle est aussi directrice de l’école gréco-catholique de Bucarest. Elle part souvent très tôt le matin avant d’aller à l’école pour s’occuper de leur grand potager qui se trouve dans la banlieue de Bucarest et qui doit être souvent arrosé à cause de la forte chaleur. Elle se rend aussi dans sa communauté. Elle s’occupe de tout ça avec un calme hallucinant, même si parfois elle est un peu débordée.
Je me demande pourquoi elle n’est pas un peu plus aidée par les autres soeurs de sa communauté. Cela permettrait aux enfants d’être plus encadrés et d’alléger les tâches administratives et logistiques que demande la gestion d’un orphelinat.
Le week-end j’ai eu la chance d’être accompagnée d’une Roumaine qui parlait français grâce à une connaissance, qui m’a fait visiter Bucarest et raconté l’Histoire du pays.
Etant au cœur des anciennes routes commerciales, la Roumanie est un véritable croisement de cultures avec des influences slave, occidentale et orientale. Elle m’a beaucoup appris sur les traditions roumaines rurales. Elle m’a aussi raconté sa vie pendant la période communiste et le fait que les Roumains aujourd’hui ont beaucoup de mal à se remettre de l’expérience soviétique du régime de Ceausescu.
Je finis bientôt cette mission qui m’a beaucoup apportée tant personnellement que spirituellement. J’avais aussi la volonté de partir avec l’Œuvre d’Orient pour me recentrer sur ma foi. J’essayais tous les matins d’avoir un moment de prière au calme (ce que je n’avais jamais fait auparavant) et m’ont permis aussi de me confier au Seigneur dans les moments plus difficiles.
Il va être compliqué de dire au revoir aux enfants auxquels je me suis beaucoup attachée, je suis reconnaissante d’avoir croisé leurs chemins.