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[ÉGYPTE] Le témoignage de Claire : "Ces personnes rayonnent quotidiennement et je n’ai pas besoin de comprendre l’arabe pour le ressentir."

Notre volontaire Claire est en mission au Caire au Centre Notre Dame de la Paix.


Cela fait maintenant plus de deux mois que je suis arrivée au Caire au centre Notre Dame de la Paix. Ces deux mois ont été très intenses et m’ont permis de rentrer dans le cœur de ma mission.

Premièrement, je commencerais par récapituler mes missions et ces deux mois passés en Égypte :

Avec ma co-volontaire Myriam, nous avons trois missions essentielles : accompagner les personnes handicapées, passer du temps avec les enfants de l’orphelinat et soutenir une professeure de français dans ses cours. Ces missions ont pu évoluer et nous suivons ce programme seulement depuis le mois de février. En janvier, le rythme était plutôt calme, ce qui nous a permis de prendre nos marques. En effet, le mois de janvier était un mois de vacances pour les jeunes de l’orphelinat. De fait, peu d’enfants étaient présents au sein du foyer et nous n’avions que peu de choses à faire. Depuis le mois de février, les choses se sont intensifiées, puisque le rythme scolaire a repris.

Depuis, notre programme est le suivant :

Le samedi matin, le lundi matin et le mercredi matin, nous allons à l’école San Georges (je précise qu’il s’agit d’une école catholique) aider une maîtresse avec ses classes de petite et moyenne section (5 à 7 ans) pour ses cours de français. Pour s’y rendre, nous attendons le bus scolaire à 7h devant notre foyer pour arriver vers 7h30 à l’école. Le temps de ces 30 minutes, nous nous mettons dans la peau des enfants de l’école. C’est un moment assez sympathique puisque la ville est encore endormie. Nous sentons la fraîcheur du matin et en fond sonore, il y a de la musique égyptienne. C’est un des rares moments où nous pouvons profiter du calme de la ville.

 

Une fois arrivés à l’école, les enfants de 7h30 à 8h se retrouvent tous dans la cour de l’école. C’est un temps très important et qui peut nous surprendre en tant que Français. C’est le moment où ils font des exercices physiques, prient et chantent leur chant national. C’est un temps très solennel, mais qui n’empêche pas de retrouver des enfants avec plein d’énergie par la suite. Les cours durent 40 minutes chacun et ce sont les maîtresses qui se déplacent dans chaque classe. Pour chaque matière, il y a un professeur spécifique (comme à partir du collège en France). Les classes sont composées d’environ 35 enfants avec filles et garçons séparés.

Dès lors, il est très dur de tenir une classe en Égypte, les enfants ont beaucoup d’énergie et il est difficile d’avoir de l’autorité sur eux, notamment en tant que française. Nous n’avons pas les mêmes manières de faire silence en classe, et ce n’est certainement pas avec ma petite voix que j’y arrive… En effet, la maîtresse passe une grande partie de son temps à crier. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable, mais c’est parfois la seule solution pour les élèves de comprendre les limites. 

Je dépeins une image peut être pessimiste de l’école, cependant, je découvre que je prends du plaisir à apprendre le français aux enfants. S’ils peuvent être très perturbateurs, ils peuvent être tout autant très attachants. Les voir faire des progrès et montrer de l’entrain à parler français me réjouit.

Nous terminons l’école aux alentours de 14 h-15 h et suite à ça, nous déjeunons au foyer. Après cette matinée très énergivore, une sieste s’impose !

Vers 16h, c’est le temps des devoirs pour les enfants à l’orphelinat. Nous les aidons quand ils ont des devoirs d’anglais, mais pour le reste, nous ne sommes pas en capacité de le faire puisque nous ne parlons pas l’arabe. À ce propos, nous ne sommes pas devenus bilingues en arabe, malheureusement, mais nous avons pu faire beaucoup de progrès ! Nous ne pouvons pas avoir de réelles discussions, mais nous commençons à comprendre pas mal de choses. Cela nous permet d’être plus actives dans notre mission et ce qui nous permet de mieux se faire comprendre avec les enfants.

L’après-midi reste un temps plutôt calme de manière générale et nous permet de nous reposer. Le soir après le repas, nous passons du temps avec les plus grands de l’orphelinat à discuter ou à regarder des films. Parfois, ils nous proposent de sortir avec eux, que ce soit pour des événements organisés par l’évêché ou d’autres sorties. Dernièrement, nous avons assisté à une soirée organisée par l’évêché qui avait pour but de découvrir différentes cultures, que ce soit par des chants, des danses, des vidéos… Nous avons pu assister à des danses égyptiennes, soudanaises, érythréennes et puis, avec un groupe de Français, nous avons dansé le rock ! Ça a été très apprécié, même si ça changeait complètement avec le style de danse qu’il y avait jusque là. Ce sont des moments de partage très enrichissants et forts.

C’est d’une grande richesse, car nous sommes totalement immergés dans la culture et dans le quotidien des jeunes, que ce soit dans les moments de joies et de peines. Nous pouvons vivre des moments forts de partage, puisque les enfants ici se considèrent comme frères et sœurs au sein de cet orphelinat. Ce lien qu’ils ont entre eux est très fort et ils savent qu’il peuvent compter les uns sur les autres. Ils ont donc des relations très fusionnelles et fortes. Mais qui dit frères et sœurs, dit aussi disputes. Nous assistons donc à ce quotidien. C’est également un environnement où nous pouvons ressentir les émotions de chacun, puisqu’il y a les bons jours et les mauvais jours pour chacun. À ce propos, un jeune du foyer d’une vingtaine d’années a perdu la vie la deuxième semaine de février. L’ambiance au sein du foyer était très particulière. Je pense que ce jour me marquera longtemps. Il y avait une communion de tristesse générale. C’était d’une certaine manière beau à voir et déstabilisant à la fois.

 

Cela m’a fait beaucoup réfléchir sur la vision de la vie et de la mort qu’avaient les Égyptiens, et notamment au sein du foyer.

En effet, pour eux, la vie reprend assez vite, puisqu’il s’agit de quelque chose d’assez fréquent, malheureusement. Cela fait trois ans qu’un jeune a perdu la vie ici suite à un accident de voiture. Ils ont développé une certaine résilience. Cela les rapproche, mais ajoute d’autant plus à leur peine et à leur passé, ce qui peut expliquer bien des fois leur comportement.

 

Quelquefois, avec Myriam, nous allons à l’Institut dominicain d’études orientales, le mercredi soir, où nous pouvons assister à une messe en français et ensuite assister à un temps de réflexion sur un texte de la Bible. Animé par un des frères dominicains, c’est un moment très enrichissant spirituellement et où nous pouvons rencontrer dans un même temps d’autres jeunes Français qui étudient au Caire ou sont également en mission.

Nous avons également des temps où nous nous retrouvons entre volontaires de l’Œuvre d’Orient. Ces moments sont toujours ressourçant, puisqu’ils nous permettent de prendre du recul sur notre mission et de souffler parfois un peu.

 

Le mardi matin et le jeudi matin, nous sommes avec les personnes handicapées dans le bâtiment situé en dessous de l’orphelinat. Cela nous permet d’assister aux offices avec les sœurs et de prendre le temps de petit-déjeuner avec elles.

Notre mission avec les personnes handicapées est avant tout une présence. Chaque matin, ils sont répartis en petits groupes dans un atelier différent (bougies, tissage de tapis, ateliers manuels…) et une éducatrice encadre l’activité. Avec Myriam, nous nous intégrons à chaque fois dans un groupe différent. Ce sont des matinées très agréables qui changent complètement avec les matinées passées à l’école. Il est très agréable de pouvoir travailler avec autant de matériel : il y a beaucoup d’ateliers manuels proposés et ils ont beaucoup de matériel à disposition. Nous sentons que c’est agréable pour les éducatrices de travailler dans ces conditions. Pour les personnes handicapées, ça me semble aussi très intéressant, car ils créent des choses de leur main qui seront ensuite vendues. Par exemple, à l’atelier de tissage de tapis, un des accueillis était super content de montrer qu’il était en train de tisser un tapis pour sa maman.

Les moments de pause sont toujours des moments de partage très amusants : en général, nous jouons au ballon, au volley ou tout simplement, les éducatrices mettent de la musique.

Ils m’impressionnent à chaque fois qu’ils dansent, car tous les Égyptiens ont le rythme dans la peau. À côté, on paraît un peu ridicule… Mais c’est une occasion de plus pour rire ! Ces personnes rayonnent quotidiennement et je n’ai pas besoin de comprendre l’arabe pour le ressentir.

En bref, notre mission est très diversifiée, ce qui est stimulant et nous permet de découvrir toujours de nouvelles choses. Il me reste à présent moins d’un mois et j’ai l’impression que le temps est passé à toute vitesse ! Je vais tenter de profiter de chaque moment restant.

Claire