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Témoignage de Philippine, volontaire de l'Œuvre d’Orient à Jérusalem

Philippine, 25 ans, est volontaire de l’Œuvre d’Orient depuis février 2018 et pour un an. Ancienne de Skema Business School elle est l’adjointe du directeur du Home Notre Dame des Douleurs à Jérusalem Est. Elle est un soutien indispensable pour l’organisation administrative de cet hospice pour personnes âgées. Trois autres volontaires de l’Œuvre d’Orient l’ont rejointe pour apporter des soins et entretenir les installations. Son remarquable sens de l’organisation et son expérience l’a fait désigner pour diriger l’été 2018 une session de français pour des jeunes élèves d’une école de Palestine durant 15 jours.

 

 

Jérusalem, 26 Novembre

 

 

Salam !

 

 

Alors que je fêtais il y a quelques jours mes 9 mois de présence ici, j’ai enfin vu arriver l’automne. Après presque 6 mois d’un été interminable, sans une goutte de pluie, nous avons regarder tomber les gouttes plusieurs jours d’affilé, avec plaisir.

Tout juste mariés, Ludovic et Mathilde sont arrivés mi octobre pour une année. Ludovic a en charge tout l’entretien du jardin (il tombe à pic) et la maintenance générale de la maison. Il a de quoi faire pour plusieurs années ! Mathilde est psychomotricienne et est intégrée à l’équipe de soins, en essayant de mettre à profit ses compétences professionnelles. Leur arrivée nous permet d’avoir de nouveaux projets, à plus ou moins long terme, pour la maison et les résidents. A tour de rôle nous avons en charge plusieurs activités avec les personnes âgées : bricolage, peinture, jardinage…l’idée est d’essayer de créer des choses pour la maison en mettant tout ceux qui le veulent à contribution (nouveaux plans de table, décoration de Noël, jardin potager et jardin d’intérieur…).

Alors que je commençais à regretter de ne pas suffisamment partager avec les résidents, ce nouvel élan change la donne ! Trouver des activités n’est pas toujours évident. On voudrait les garder occupés en permanence mais ce n’est pas possible. Leurs capacités physiques et mentales sont très inégales et ils sont vite lassés ou fatigués. Mais on arrive toujours à capter l’attention et l’intérêt de deux ou trois d’entre eux pendant un moment, parfois plus et c’est jackpot ! On est constamment surpris par leur enthousiasme ou leur reconnaissance. Globalement, notre temps et notre énergie est ce que nous avons de plus précieux à leur offrir. La lourdeur administrative de la moindre procédure et notre manque de moyens financiers ne nous aident pas à rendre le quotidien meilleur.

 

 

 

Heureusement, les bénévoles sont nombreux, et comblent parfois le manque de salariés. Et ces derniers en profitent largement aussi : la moindre occasion est bonne pour faire participer les bénévoles pour le ménage, la vaisselle, les soins…Leur façon de travailler leur est bien propre et nous sommes constamment étonnés, la femme de ménage par exemple lave le sol au shampoing parce que ça mousse (alors que la javel ça ne mousse pas !).

 

La souplesse et la confiance qui me sont accordées me donnent la liberté de faire ou de proposer ce que je veux ; c’est très enrichissant mais c’est aussi difficile. Difficile de réussir à cibler et comprendre ce qui envisageable. Bien que certaines façons de faire m’ont étonné à mon arrivée, je n’ai pas d’éléments de comparaison auxquels me fier sur la gestion d’un établissement de santé. Il s’agit de plus d’une structure religieuse, pas encore aux normes médico-légales du pays. Concernant les normes de santé, nous attendons, patiemment, des retours de nos plus gros donateurs pour lancer des travaux d’envergure. Ces travaux visent à revoir entièrement la structure des bâtiments (système de plomberie, d’électricité, taille des chambres…) et à réadapter le matériel de santé, disposer de salles spécialisées et adéquats aux différentes pathologies… D’ici là, on bricole les fuites et on s’occupe de chacun au mieux. De plus, les adaptations ou changements possibles sont parfois difficiles à mettre en place et demandent du temps et de la patience. Pas toujours évident pour nous, jeunes volontaires français prêts à changer le monde, de jouer avec ces difficultés en restant confiants et enthousiastes. La clé est justement de comprendre que personne ne nous attend, ni ne nous demande, de changer le monde. Notre vraie richesse est celle d’être capable de nous adapter aux possibilités et aux façons de faire.

Plus à l’aise dans mon environnement, je sors parfois des taches administratives, pour aller faire une partie d’échecs avec David, donner un coup de main pour éplucher des pommes, poncer des bancs de jardin pour les repeindre…

A 1 mois et demi de la fin, j’essaie de rester ici à 100% et de continuer à m’investir comme au premier jour.

 

 

Je n’ai pas fini de découvrir Jérusalem et les alentours, toute nouvelle sortie est sujette à découverte. Je continue de rejoindre un groupe de sport deux fois par semaine, essentiellement constitué de jeunes palestiniens de Jérusalem. C’est un des rares moments et lieux ou je côtois réellement des locaux de mon âge avec une vie presque comparable à celle qu’on peut avoir en France (mise à part que la plupart n’a jamais bu une goutte d’alcool ou mangé de saucisson…). Malgré toutes nos différences, nous partageons au moins une chanson : frère Jacques, qui chez eux s’appelle Ahmad, forcément !

 

Yallah bye !