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[TERRE SAINTE] Témoignage d'Agathe : " Il y a des moments qui méritent de vivre tous ces sentiments "

Agathe, 27 ans, historienne de formation, est partie servir les enfants Erythréens au Centre Saint Rachel de Jérusalem, pour 7 mois.


C’est en courant […] que je vous écris ce rapport. Ma mission se termine dans un mois et demi et je ne pense pas avoir assez de recul pour écrire et décrire toutes les émotions qui m’ont traversées depuis le début de cette expérience. Ces derniers temps sont assez mouvementés, plusieurs membres de l’équipe sont manquants, dû au coronavirus […]. La fatigue est plus que présente mais l’envie d’aider est, elle, toujours au rendez-vous.

Ma mission

Je suis « la carte Joker » du Centre. C’est le surnom dont j’ai hérité, il a ses avantages et ses inconvénients. Je travaille avec les bébés, les moins de trois ans, la périscolaire et les enfants de la maison de l’Ange Gardien. J’ai passé plus d’un mois et demi à réveiller et coucher les enfants de la maison, ce qui m’a permis de renforcer les liens que je pouvais avoir avec eux. Maintenant, j’aide tous les jours à la crèche et certains soirs dans la maison de l’Ange Gardien. J’aide ponctuellement la périscolaire, les effectifs ont été renforcés sur cette partie du centre donc je peux être plus présente pour les moins de trois ans. J’apprends sur le terrain, il y a des jours avec et des jours sans. Et surtout, il y a des moments qui méritent de vivre tous ces sentiments. Il y en a un qui me vient en tête directement. Après le départ de Sœur Claudia […], l’ancienne éducatrice qui s’occupait des enfants de la maison de l’Ange Gardien est venue me demander si je me rendais compte à quel point les enfants me respectaient mais surtout m’aimaient. Ce n’est rien comme phrase, mais après avoir passé deux mois à essayer de « maintenir » la maison à flots, je n’aurais pas pu rêver mieux. Alors non, ils ne m’écoutent pas tout le temps […] mais je vois la confiance qu’ils m’accordent dans les petits moments du quotidien […].

Les belles rencontres 

Je n’ai jamais rencontré une femme comme Sœur Claudia. Dans un don de soi sans limite, d’un amour infini pour les enfants, aidante pour les parents, compréhensive quant aux malheurs qu’ils ont pu vivre et toujours là. Alors quand ça ne va pas, je pense à elle. Je repense à la discussion qu’on a eu quand je l’ai serré dans mes bras avant qu’elle reparte. Elle m’a dit qu’elle penserait toujours à moi dans la prière, qu’elle remerciait Dieu de m’avoir mis sur son chemin. Je lui ai répondu que je penserai à elle sous une autre forme, sans Dieu. Elle m’a regardé, elle a souri avec les yeux embués de larmes pour finir par dire « Mais Agathe, tu penses encore qu’on en serait là sans Dieu ? Tu penses être ici sans Dieu ? C’est Dieu qui t’a mise ici » […].

Plus j’écris et plus j’essaye de récapituler ce que j’ai fait ou vu depuis août dernier et l’exercice est assez dur. Je n’aurais jamais assisté à autant de messes ! J’ai pu parcourir du pays, même si pas assez à mon goût. Il me reste un mois et demi, je vais essayer de le mettre à profit. Les rencontres sont toutes riches. La semaine dernière, j’ai rencontré un vieux monsieur dans la vieille ville, Khaled, qui m’a invité à boire le thé et avec qui j’ai fait un collier et un bracelet en corail en parlant de la vie. C’était un moment hors du temps.

Ici, tout va vite. Ce qui convient parfaitement à mon caractère. Puis vient un moment où tout va tellement vite qu’il faut apprendre à trouver son calme dans toute cette tempête. C’est ce que j’apprends ici ; à trouver mon calme même quand tout est incertain. Danielle, la responsable de la maison de l’Ange Gardien, m’a dit qu’il existait différentes sortes de volontaires et que je faisais partie de ceux qui s’investissaient personnellement, qui se donnaient pour les familles, les enfants, pour le Centre. Maintenant, il va falloir aussi « passer la main » et préparer mon départ pour qu’ils ne voient pas cela, encore une fois, comme un abandon. […]

Agathe