[LIBAN] Le témoignage d’Alice :  » Que vos gouttes de sueur se transforment en perles de joie ! « 

Notre volontaire Alice est partie en mission 9 mois au Liban au Home Notre Dame des Douleurs à Ghodrass auprès des personnes âgées.


Aich el hayet !  Vive la vie !

Ouvrir mon ordinateur 1 mois après mon retour, et tomber sur une page word avec pleins de dessins : c’était le modèle pour fabriquer un jeu de mémoire pour les résidents !
Mais non – fichier et nouveau document – je suis assise sur un fauteuil dans un coin de Bourgogne, pour vous écrire ma lettre de retour de mission.

Pas si simple, une de mes tantes (française cette fois) me disait la semaine dernière « ne nous décris pas toutes les activités que vous faisiez, mais écris-nous ce que tu as ressenti, c’est ce qui nous intéresse ». Mh pas tort, c’est vrai qu’un karaoké entre Annette qui hurle les paroles et Sonia qui chante une autre chanson en même temps ça se vit, ça ne se raconte pas !

Alors, voici une dernière tentative d’organisation pour cette dernière lettre « ressenti » : des au revoir (I), des à Dieu (II), et la fin d’une mission dans tout ça (III ?)… Yallah !

 

1ère étape : prendre le temps de dire au revoir ! Quelques histoires, semaine – 1 avant le départ

  • – Au revoir au pays : prendre une dernière fois le van qui traverse le Liban, et dans lequel il y a de la musique arabe à fond. Regarder les champs de bananiers du sud, et constater à nouveau le contraste de richesses, entre les enfants au bord des routes et les gros 4×4 dont le moteur vrombit sur l’autostrade. Regarder la 12ème élection présidentielle avec Sœur Souhame en mangeant des cacahuètes; me cramponner assise derrière Marc sur la moto tout en admirant la vue sur les montagnes. Tout cela d’abord en espérant que le jour où je reviendrai la situation sera meilleure, et ensuite en me disant « quand te reverrai-je, pays merveilleux ? »
  • – Aux amis : Une famille amie du village nous a invitées juste avant mon départ pour partager un dernier (énorme) repas ensemble. Pour moi c’était aussi un au revoir à l’hospitalité orientale qui m’aura marquée pendant toute ma mission (on fait pâle figure les Français ;-). ) : entre table qui déborde de plats, les paroles plus gentilles les unes que les autres, des petits cadeaux qui témoignent de l’amitié, et enfin… le selfie final incontournable ! Les Libanais, attentionnés et attachants.
  • – Au personnel : Bassila (une aide-soignante) une semaine avant, me demande la date de mon départ et me menace (je me suis fait au ton arabe mais quand même) pour que je n’oublie pas de passer une soirée avec elles toutes avant de partir. Et voilà donc un super bon moment avec les aides-soignantes après leur travail le soir, entre poèmes libanais et danses. Également l’occasion de tester ma chicha fraichement achetée à Bourj Hamoud (elles ont bien ri). On n’est pas nées dans le même pays, avec la même religion, ni la même culture, ni la même richesse, ni avec les mêmes horizons de vie. Mais on a collaboré pendant un an et l’émotion était là quand on s’est serrées dans les bras en se disant « au revoir ! Inch’Allah »
  • – A la communauté, à Marc, et aux covolontaires : Dernière fois que je me glissais à la communauté à la fin du service pour dire les vêpres. Là encore un contraste, entre l’intensité du service et le calme de l’oratoire qui ne sera réveillé qu’à 19h03 (horloge étant mal réglée mes sœurs) par un « nous t’adorons, très Saint Seigneur Jésus Christ » d’introduction. La veille de mon départ, c’était donc rendez-vous chez les sœurs pour diner ensemble. Après une journée à faire semblant de ne pas voir Claire, Marie et Sœur Marie-Dominique chargées de bouteilles de Seven Up de fête, la surprise était tellement réussie ! Et Marc qui a débarqué avec une bouteille de vin dans chaque main et une anecdote dans sa poche comme toujours, trop fort ! Puis des cadeaux et des petites vidéos des résidents, c’était génial, un dernier repas à la maison.
  • – PS : le dernier à qui j’ai dit au revoir en fait c’est Tony : chauffeur de la communauté à la conduite… sportive, ne parlant qu’arabe, et très réservé. Bon on a commencé à échanger des mots à la mi mission. On n’a jamais beaucoup parlé et pourtant un vrai lien s’est créé : il lançait un « Alice ! » et après c’était langage des signes : pour me montrer des photos de ses petites filles, ou m’expliquer son potager, me montrer le ciel en me disant qu’il allait pleuvoir. Bref, trop sympa, petite émotion de laisser ce Tony derrière moi à l’aéroport, mais… c’est la vie !

 

Vous me direz qu’il manque les résidents ! Mazbout (c’est vrai).
Mais il y a une particularité dans une maison de retraite : ne faut-il pas dire à Dieu ?

 

Vous êtes peut-être en train de penser, allez, super l’ambiance mortifère.
Mais non, la mort au foyer, même si on en parle peu, c’est un sujet non sensible ! Alors je vous en parle comme ça. Il se trouve que mes 15 derniers jours ont été marqués par de nombreux décès. La mission d’accompagnement à la fin de vie a donc été bien concrète début juillet. L’occasion de quelques échanges marquants et leçons d’humanité.

– D’abord avec Sœur Marie-Dominique, je crois que c’était après le 4ème décès en une semaine. On a veillé une dernière fois et puis on s’est retrouvées assises à discuter avec cette religieuse discrète sur ce qu’elle ressentait. Un moment, pour l’écouter partager avec nous sa compréhension de la mort qui est pour elle un passage. Finalement la vie, puis la mort du corps, puis la vie ; les vivants et les âmes ; le visible et l’invisible; ce n’est qu’une chose : l’éternité. « Finalement la terre, et le ciel, c’est la même chose, voilà ! » (le « voilà » est caractéristique de Sœur Marie-Dominique haha). L’écouter dire que l’émotion est normale pour nous tous, mais croire que cela nous dépasse.
Bon là ça fait philosophique, mais c’était si simple la façon dont elle le disait. Elle nous parlait de ce en quoi elle croyait.

 

– Ensuite avec Sœur Marie-Clara, deux semaines avant mon départ le résident doyen du foyer a été en fin de vie, Monsieur Moussa. Alors elle m’a proposée que je l’aide pour la toilette; qui serait en fait la dernière. Commencer par le visage, puis laver jusqu’à la pointe des pieds, avec un bon savon et de l’eau chaude, enfin lui enfiler une blouse d’hôpital toute propre et lui mettre quelques gouttes d’eau de Cologne. Je ne suis pas du genre à laisser facilement transparaitre mes émotions mais ça m’a tellement émue. Je me suis arrêtée un moment pendant la toilette en regardant la Sœur faire et je me suis dit à ce moment-là : c’est ça la dignité humaine. Le lendemain on est restées avec lui jusqu’au dernier moment, tout a été paisible, il est parti entouré (et propre !).

Ça se sont des à Dieu c’est sûr, mais il restait à le dire à tous les autres résidents avant mon départ… comment ? En fait personne ne sait le faire, mais tout est drôle avec un peu d’émotion, quelle légèreté́.
Certains me disent « bonnes vacances » et d’autres « trouve toi un mari », Monsieur Paul « je pensais que tu deviendrais religieuse », et enfin Tante Sonia, un peu perdue d’habitude, qui réagit à l’annonce de mon départ : « je suis étonnée que tu partes… – ah oui, et pourquoi ? – parce que je t’aime moi ! ».

 

Finalement ça a été la fête jusqu’au dernier moment avec l’aide de Claire et Marie : je suis passée dans les chambres pour danser et prendre des photos, on a mangé des gâteaux, on a regardé tous ensemble Sister Act en mangeant des pop-corn, et enfin le dernier jour on s’est égosillés une dernière fois sur les sons arabes et d’Aznavour : voilà comment on s’est dit A Dieu ! aux petits vieux et au tablier bleu 😉

 

Que vos gouttes de sueur se transforment en perles de joie ! Et à la mission : A Dieu ou au revoir?

 

Quelques mots enfin sur la mission dans son ensemble. Avant que je parte du foyer quelqu’un m’a dit « tu sais ici nous sommes éprouvés dans ce que nous sommes ».
C’est vrai, en mission tout ressort, nos qualités sont mises à l’épreuve et nos défauts nous sont révélés, nos certitudes et nos opinions aussi, ça ouvre l’esprit, tout en consolidant les fondations.

Au quotidien j’ai couru et je me suis assise, j’ai été un peu tendue et en même temps j’ai bien ri : sortir de sa zone de confort pour se rendre plus disponible à la rencontre et au service et finalement repartir… grandie ?

Quittons nous avec quelques mots d’arabe qui ont surpris plus d’un vendeur dans les souks haha :

Allah Yahmikon, kol anto, anjad shukran ktir ! Ento barif, fi liem maa chems w liem maa choie chete bass ana mabsouta ktir koulo haida sene !

 

Que Dieu vous protège, vous tous, vraiment merci beaucoup ! Vous savez, il y a eu des jours avec du soleil et d’autres avec un peu de pluie, mais je suis très heureuse de toute cette année !

A vous qui avez suivi et soutenu mes aventures de loin, mais aussi à ceux qui m’ont accompagnés au quotidien et qui se reconnaitront dans cette lettre : un immense merci et … au revoir !

 

Alice

🔴Rassemblement de solidarité avec les Arméniens du Haut-Karabagh

▶L’Œuvre d’Orient invite tous les Arméniens, tous les amis de l’Arménie, tous les hommes et les femmes de bonne volonté à se retrouver ce jeudi 28 septembre à 18h au Trocadéro, sur le parvis des Droits de l’Homme pour un temps de mémoire, un temps de communion avec les Arméniens du Haut-Karabagh.

« Ce qui se passe au Haut-Karabagh est d’une extrême gravité. Des solutions pouvaient être trouvées par le dialogue, par une négociation, par le respect des personnes, le respect du peuple arménien qui a tant souffert au long de son histoire, qui a subi des massacres et un terrible génocide. Et voici que de nouveau la violence se déchaine contre lui, rompant toute possibilité de dialogue, ignorant les appels internationaux à la paix et au respect des peuples. 

Ce qui se passe est d’une gravité inouïe pour le peuple arménien bien sûr, en particulier pour ceux qui habitent au Haut-Karabagh, mais c’est d’une gravité pour la civilisation dans laquelle nous sommes, pour notre siècle. Nous ne pouvons pas rester silencieux devant ce drame.

Certes nous n’avons pas beaucoup de moyens, nous n’avons pas une armée à lancer pour les protéger, nous n’avons que nos mains, vides.

J’invite tous les Arméniens, tous les amis de l’Arménie, tous les hommes et les femmes de bonne volonté à se retrouver ce jeudi à 18h au Trocadéro, sur ce parvis des Droits de l’Homme pour un temps de mémoire, un temps de communion avec les Arméniens du Haut-Karabagh ».

           Déclaration de Mgr Pascal Gollnisch, Directeur général de L’Œuvre d’Orient

 

▶Historiquement L’Œuvre d’Orient a toujours porté la voix des Arméniens et alerté sur leur situation, dès les années 1890. L’appel de Mgr Charmetant, directeur des Œuvres d’Orient est exposé au mémorial du génocide arménien à Erevan. L’Œuvre d’Orient n’acceptera jamais que l’Histoire se répète dans l’indifférence.

 

En savoir plus sur le conflit au Haut-Karabagh 🔽

Qui vit au Haut-Karabagh ? Pourquoi la région est-elle attribuée à l’Azerbaïdjan lors de la création de l’URSS? Pourquoi Arméniens et Azerbaïdjanais ne parviennent-ils pas à s’entendre ? Nous tentons de répondre à toutes vos questions sur le conflit du Haut-Karabagh qui embrase le Caucase depuis plus d’un siècle.

🔴 Haut-Karabagh : les génocidaires de 1915 n’ont rien oublié et n’ont rien appris

COMMUNIQUÉ DE PRESSE 

Les génocidaires de 1915 n’ont rien oublié et rien appris. Les arméniens sont de trop sur leur propre terre historique. Considérés comme des nuisibles et des terroristes il faut les affamer, les encercler, les faire disparaître. Les demandes de l’ONU ou celles de la justice internationale n’ont jusque là servi à rien.

On ne peut accepter une telle situation encouragée par les autorités turques.

Le conseil de sécurité, l’Union européenne, les gouvernements européens doivent exiger le retour sans délai aux frontières initiales, ainsi qu’un libre accès au corridor de Latchin. 

Les ambassadeurs d’Azerbaïdjan doivent être immédiatement convoqués. Des sanctions doivent être étudiées. L’opinion publique française doit être informée et mobilisée.

Un rassemblement à Paris doit être envisagé.

🔴[CP] Le Pape à la rencontre des chrétiens d’Orient à Marseille

Le Pape à la rencontre des chrétiens d’Orient à Marseille


Du 17 au 24 septembre 120 jeunes, 3 patriarches et près de 50 évêques des 5 rives de la Méditerranée se rassemblent à Marseille à l’invitation du cardinal archevêque Mgr Jean-Marc Aveline. À la suite des rassemblements de Bari, en février 2020 et de Florence en février 2022, les participants vont partager, prier, réfléchir ensemble aux enjeux qui traversent leurs sociétés. L’Œuvre d’Orient se réjouit de participer à ces rencontres.

  • Les Rencontres méditerranéennes en France : un enjeu essentiel de communion

Depuis le dernier synode Ecclesia in Medio Oriente, en 2010, les pays de la Méditerranée ont subi des bouleversements profonds qui amènent à repenser la place et la mission des chrétiens dans ces sociétés. Conflits armés, violences, persécutions, discriminations, crise économique, pauvreté, crise écologique, absence de vision proche et lointaine venant des responsables des pays respectifs… Les communautés chrétiennes orientales, engagées dans leur pays pour le service du bien commun – ou au service de toute la population – peuvent se trouver face à une désespérance.

  • François, le méditerranéen, à la rencontre des chrétiens de la Méditerranée

Depuis son élection en 2013, le pape François a manifesté une grande sollicitude pour les peuples du bassin méditerranéen et les chrétiens d’Orient. Ces rencontres sont le 13ème voyage du Pape François dans les pays du bassin méditerranéen « cette région cruciale du monde (…), lieu physique et spirituel dans lequel notre civilisation a pris forme, comme résultat de la rencontre de plusieurs peuples ». Très engagé dans le dialogue pour l’unité des chrétiens, le pape François a multiplié les rencontres avec les Églises orientales. En 2014, il se rend en Israël, Palestine et Jordanie, rappelant le premier voyage du pape Paul VI. Il y a rencontré le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier, avec qui il s’est recueilli au Saint-Sépulcre et a signé une déclaration faisant le point sur la démarche œcuménique. Ses rencontres avec Mar Awa III, catholicos-patriarche de l’Église assyrienne de l’Orient, ont contribué à un rapprochement considérable entre les deux Églises sœurs. Ses voyages en Turquie, en Grèce, en Arménie, en Géorgie, en Égypte en Roumanie et en Irak furent autant d’occasions de manifester son amour concret pour l’Orient.

 « C’est pour lui un lieu exemplaire, symbolique d’un rapport Nord-Sud qui lui tient à cœur, lui qui vient d’un pays du Sud et perçoit le problème des migrations à travers la Méditerranée, souligne Mgr Pascal Gollnisch. C’est aussi un lieu très fort du dialogue islamo-chrétien. » C’est également au long de ses voyages qu’il a noué une amitié sincère avec le monde musulman, affirmant par-là le rôle pacificateur des chrétiens en Orient. Fidèle à cet esprit de rencontre, il s’est lié d’amitié avec Ahmed el-Tayeb, imam de l’Université Al-Azhar, avec qui il a signé le Document sur la fraternité humaine en 2019 à Abou Dhabi. C’est également dans cette perspective qu’il a placé son voyage au Maroc la même année, pour y rencontrer le roi Mohamed VI et réfléchir à ses côtés sur la paix et le dialogue interreligieux. Son voyage historique en Irak en mars 2021, première visite d’un pape dans le pays, a marqué un tournant dans les relations entre le Saint-Siège et l’Orient, notamment par la rencontre du pape avec l’ayatollah al-Sistani, éminence du monde chiite. Dans un Irak qui se relevait avec peine des années de guerre civile et d’occupation par l’État islamique, la visite du pape François a semé des germes d’espérance en particulier auprès de la jeunesse du pays.

Durant ses voyages apostoliques, le Saint-Père ne vient pas consolider les chrétiens contre les autres composantes de la population. Il s’adresse à tous, quelle que soit leur confession, pour trouver une voie commune de progrès dans le dialogue et la paix.

  • Les chrétiens d’Orient : clef de la Méditerranée

L’Œuvre d’Orient se réjouit de ces rencontres et encourage à continuer de tisser les liens spirituels qui surplombent le village Méditerranée. « Il est essentiel de ne pas laisser cet espace subir un éclatement culturel et spirituel. Les chrétiens d’Orient sont la clef qui permet d’unir le nord, le sud, l’est et l’ouest de la Méditerranée. Là se joue la paix et donc aussi la paix en Europe. » témoigne Mgr Gollnisch qui ajoute « Pour les croyants, il s’agit de se rappeler que le christianisme vient du sud de la Méditerranée, que les chrétiens d’Orient ne sont pas le produit de missionnaires ou des croisés, mais de la Pentecôte. Les premiers chrétiens sont les chrétiens d’Orient. Il faut faire mémoire de ce lien, le rendre vivant, actif, car ce sont eux qui nous ont apporté la foi. La plupart de notre liturgie en vient d’ailleurs : dans le credo de Nicée-Constantinople, on répète une proclamation de la foi qui a été conçue en Orient. Les pères de l’Église ainsi que la vie monastique en sont également issus. »

  • Retrouver L’Œuvre d’Orient à Marseille tout le week-end avec :

Samedi 23 après-midi : participation du Cœur du Liban, invité par le cardinal archevêque Aveline, en amont de la messe papale. A suivre en direct via KTOTV. Le Cœur du Liban est une chorale de 30 choristes français et libanais unis par l’amour du Liban, la musique et la foi chrétienne, ayant la volonté de permettre une connaissance mutuelle de nos deux pays. Les choristes du Cœur du Liban sont d’anciens volontaires envoyés en mission par L’Œuvre d’Orient.

Vendredi à partir de 19h30 – église Saint-Charles : double concert du Cœur du Liban, du chœur grégorien de Saint-Charles et témoignage de Mgr Pascal Gollnisch.

 

Du vendredi 18h au dimanche 17h : stand au village sur l’esplanade de la Major. Inauguration le vendredi 22 à 18h, samedi toute la journée à partir de 9h, dimanche de 9h à 17h. Gratuit et ouvert à tous.

 

Du lundi 18 au dimanche 24 : exposition « A la rencontre des chrétiens d’Orient » dans l’église Saint-Charles, 64 rue Grignan, 13001 Marseille.

[TERRE SAINTE] À Jaffa, une école unique… et des élèves heureux

À Jaffa, une école unique… et des élèves heureux


L’école des Frères lassaliens, fondée en 1882, a une double particularité : accueillir des enfants juifs, chrétiens et musulmans et enseigner en français. Elle est unique en Terre Sainte et tient bon en dépit des difficultés.

De Jérusalem à Tel-Aviv, l’autoroute est bordée de barbelés électrifiés, frontière entre Israël et les Territoires palestiniens. Sur ces mêmes territoires se dressent des immeubles flambants neufs, habités par des colons israéliens occupant chaque jour un peu plus ces terres.  On ne peut imaginer société plus fracturée, morcelée, séparée, déchirée. Et puis, il y a Jaffa, ancienne échelle du Levant, au sud de Tel Aviv, et son port antique, comme une oasis de mixité, de libertés. Et au cœur de cette oasis, une école en utopie.

Installée dans la rue Yefet depuis 1882, l’école des Frères Lassaliens compte 700 élèves de la maternelle au lycée, avec la double particularité d’accueillir des enfants juifs, chrétiens et musulmans, et d’enseigner en français. Dans ce port de pêche, « abandonné de Dieu et des hommes » d’après le frère Rafael, jusque dans les années 90, les rues n’étaient pas goudronnées, il n’y avait ici que des oranges et du vent. L’histoire, la grande et les petites, avait laissé le port exsangue, vidé de ses habitants les plus riches. Seules subsistaient depuis un siècle les écoles, dont celles des Frères, pratiquement gratuites, traversées par toutes les turbulences de la région.

Des élèves heureux d’être là

Contre vents et marées, elle a tenu bon. Seul changement notable, depuis 2007, la direction de l’école n’est plus assurée par un frère, mais par une femme laïque, Madame Maha, palestinienne chrétienne. « Cette école est importante, parce qu’elle est unique dans ce pays. Lorsque les élèves passent 14 années de leur vie ici, il en reste forcément quelque chose ». 22 nationalités se côtoient, jouent, étudient en une mosaïque de couleurs de peau, d’accents et de langues. Israéliens, Palestiniens, Russes, Ukrainiens, Bulgares, Roumains, Arméniens, Français, Sud-Américains, Camerounais ou encore Turcs, qu’ils soient juifs, musulmans, catholiques de différents rites, orthodoxes et protestants. C’est en hébreu qu’ils s’interpellent dans la cour de récréation, mâtiné d’arabe. D’après le frère Rafael, « ils mélangent les deux sans cesse, c’est du chinois ! ». Mais c’est en français qu’ils s’adressent à leurs enseignants. Au collège, ils choisiront ensuite s’ils veulent poursuivre dans le système français ou israélien, les deux étant possibles. Il y a un parfum particulier dans cette école, palpable assez immédiatement. Tous sont heureux d’être ici. Sandra, enseignante marocaine avoue adorer travailler dans cet établissement. Un professeur de collège, française, installée en Israël depuis 27 ans et à l’école depuis 22 ans, ne se lasse pas de cette ambiance où toutes les fêtes religieuses sont célébrées « peu importe le sens ultime, ce qui compte c’est de les fêter ensemble, et qu’ils connaissent les traditions de chacun ». Céline, également française, responsable des classes primaires, ne semble compter ni ses heures ni son énergie.

Mais un établissement en difficulté

Il faut cependant constater que le français est en perte de vitesse. Selon Katty, professeur de mathématique libanaise, les parents mettent leurs enfants ici avant tout pour la qualité de l’enseignement. « Cette langue a perdu de l’intérêt pour eux, même Dimitri, un de mes élèves camerounais, parle en hébreu ! Seuls les Russes scolarisent leurs enfants spécifiquement pour le français. » L’anglais s’invite également dans les conversations des collégiens. D’après le frère Rafael, il est aussi plus compliqué d’obtenir une bourse pour poursuivre ses études supérieures en France. L’école des Frères n’échappe pas au recul de la francophonie que l’on voit pointer dans d’autres pays du Moyen-Orient. Tout comme aux problèmes économiques qui ont durement frappé les parents dans cette ville si touristique, depuis le Covid. Certains enfants ont dû quitter l’école, faute de pouvoir payer la scolarité. « On peine à garder à flot cette école. Avant le réseau des écoles lassaliennes, dont celle du Liban, nous soutenait financièrement… La crise actuelle nous fragilise encore plus. Pourtant nous devons garder cet établissement, c’est un symbole, elle doit continuer d’exister. » martèle le frère Rafael, avec l’infatigable détermination de ces 94 ans « qui ont vu passer toutes les guerres du Moyen-Orient ».

La cuisinière des frères, palestinienne, nous annonce fièrement en français (elle-même ancienne élèves des sœurs de Saint Joseph, dont l’école n’existe plus aujourd’hui) que son petit-fils est élève ici, et parle sept langues ! Le frère Patxo, amusé, lui répond : « il ferait mieux de les parler toutes un peu moins pendant les cours surtout ! ». Une école en tour de Babel inversée où la multiplicité des langues et des cultures serait le plus sûr moyen pour revivre ensemble.


Article extrait du Bulletin n°812 à retrouver ici.

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[ÉGYPTE] Le témoignage de Thérèse : « J’ai été marquée par la joie simple et quotidienne des sœurs de cette communauté »

Découvrez le témoignage de Thérèse qui était volontaire au Caire dans l’école Sainte Anne avec les Sœurs Egyptienne copte.


De retour en France depuis près d’un mois désormais, vient le temps de faire un bilan de cette belle année à tête reposée.

J’ai été accueillie le 7 septembre dernier par les sœurs égyptiennes du Sacré Cœur avec qui j’ai partagé le quotidien durant 10 mois. Il s’agit d’une des deux seules communautés religieuses coptes catholiques d’Egypte. J’ai pu prendre tous mes repas avec elles. La journée commençait par la messe à 7h suivie du petit déjeuner toutes ensemble. Le reste de la matinée était occupé par les diverses activités menées par les sœurs, notamment à l’école de jeunes fille Saint Joseph de l’Apparition qu’elles tiennent. Nous nous retrouvions vers 13h15 pour le repas du midi, préparé par sœur Angelina, la cuisinière, aidée par trois jeunes filles de Haute-Egypte. Après le déjeuner, les sœurs prenaient le temps de faire une sieste jusqu’à 16h où un thé attendait celles qui le souhaitent dans la salle à manger. C’est un moment que j’ai beaucoup partagé avec Sœur Angèle, une religieuse âgée, parlant très bien français. Le soir, à 20h, nous nous retrouvions pour le diner ensemble à la suite duquel nous allions nous coucher. Je n’avais qu’à traverser la cour pour rejoindre mon appartement, composé d’une chambre, d’une salle de bain et de pièces vides.

La communauté étant nombreuse, 16 sœurs vivaient dans le couvent de l’école, je n’ai pu entretenir de relation privilégiée avec toutes les sœurs, néanmoins, les repas furent un temps précieux durant lequel de nombreux liens se tissèrent malgré la barrière de la langue, bien handicapante au début. J’ai eu la chance d’être très bien accueillie par cette communauté. Elles ont été aux petits soins toute l’année, cherchant à ce que je ne manque de rien, attentives à la moindre baisse de moral, soucieuses de mon faible appétit, et très attentionnées. Elles n’ont cessé de me répéter toute l’année que j’étais une des leurs, et dès que je m’absentais le temps d’une soirée ou d’un week-end les retrouvailles n’étaient que plus enjouées, ponctuée de « enti wahashtini », autrement dit « tu nous manques ».

La vie en communauté n’a néanmoins pas été pesante. J’ai pu facilement me caler à leur rythme, demandant l’autorisation de temps en temps pour sortir le soir ou bien m’absenter en journée avant que l’école ne commence ou durant les journées de pause. Il me fallait leur dire à chaque fois ce que je faisais, où j’allais et rentrer avant 22h au plus tard sous peine de me prendre les foudres du « baweb », le portier Aïd, un vrai couche-tôt. Je pense que ce fut la seule contrainte pesante de cette année de vie en communauté.

J’ai été marquée par la joie simple et quotidienne des sœurs de cette communauté. Et c’est sans doute, ce que je veux le plus garder de retour en France. J’ai aussi eu la chance d’avoir l’accès à la chapelle quotidiennement et d’être fortement portée par une vie de foi riche ! Quitter cette communauté fut bien difficile tant je me suis attachée à elle.

Mon année de volontariat fut riche de diverses missions. La principale était auprès de ma communauté, en tant qu’enseignante de français pour les élèves de la 3ème primaire (équivalent CE1) à la 2nd secondaire (équivalent Première). Il y a deux classes par niveau, initialement une classe en français (ou tous les cours étaient dispensés en français) et une classe en anglais. Cependant, depuis quelques années, la section française ferme progressivement. Parmi les 17 classes dont j’étais en charge, seulement 4 d’entre elles étaient issues de la section française. Mes cours étaient donc presque tous adaptés d’une classe à une autre, les élèves n’ayant pas le même niveau de français d’une section à l’autre.

J’ai été sous la tutelle de Madame Anna, professeur responsable de l’enseignement du français en classe primaire. Elle m’a guidée et aidée durant l’année, me présentant les classes et les professeurs, et m’aidant dans la préparation de mes cours. J’ai été entièrement livrée à moi-même pour préparer les leçons, cette grande liberté m’allait très bien. Je me suis donc rapprochée des professeurs de français des différentes classes afin de me coller à leur programme, favorisant les exercices oraux en lien avec leur programme. Toute l’année, mes leçons prenaient la forme de jeux oraux, ou de petites présentations, permettant aux élèves de s’exprimer à l’oral.

Une me des difficiles en tant que professeur de français ne fut pas tant la préparation des cours mais plutôt de réussir à maintenir l’ordre en classe. Je n’avais pas le droit de faire sortir une élève de classe. J’en ai plus d’une fois discuté avec les professeurs qui semblaient eux aussi dépassés dans certaines classes. D’autre part, n’ayant pas de cahier rattaché à mon cours de français oral, elles n’avaient pas de support pour écrire, ce qui à mon sens a été un vrai manque. Cependant, la distribution des fournitures scolaires avait déjà été faite lors de mon arrivée dans l’école. L’école ne m’ayant pas mis à disposition l’imprimante, il m’a fallu trouver des solutions pour maintenir la concentration des élèves sans feuilles ni cahiers.

Je m’étais organisée dès le début de l’année pour assurer un suivi de chacune de mes classes et ainsi pouvoir m’adapter d’une séance à l’autre en rebondissant sur certaines difficultés rencontrées. Là encore, les sœurs ont été aux petits soins et m’ont donné les fournitures nécessaires pour bien commencer l’année.

Malgré les classes nombreuses (35-40 élèves en moyenne) et près de 500 élèves in fine une heure par semaine, j’ai pu tisser de beaux liens avec certaines élèves, à la fin des cours ou durant la récréation.

L’après-midi, j’ai rejoint rapidement les sœurs Missionnaires de la Charité à Mansheya, dans un des quartier des chiffonniers. Bien que les premières journées d’école à Saint Joseph fussent fatigantes, les longues après-midis ont vite laissé place à du temps à donner. Forte de mon expérience auprès des habitants des bidonvilles en Inde quelques années auparavant, j’avais à cœur de pouvoir m’investir dans les quartiers des chiffonniers du Caire. J’en ai parlé à mes sœurs, qui ont trouvé parmi les professeurs, l’une d’entre elles qui connaissait bien le quartier et m’a accompagnée rencontrer les communautés investies dans ces lieux. Ce fut la Providence de rencontrer ces sœurs de mère Teresa, communauté que j’admire beaucoup, car initialement, elle devait me conduire rencontrer les sœurs coptes orthodoxes ayant pris la suite de l’œuvre de Sœur Emmanuelle. Les sœurs missionnaires de la Charité ont été ravies de ma présence et sans plus tarder m’ont rattachée à deux classes différentes de soutien en anglais. Ce fut une expérience très riche ! D’une part, j’ai beaucoup apprécié les petits effectifs des classes (10-15 élèves), j’étais responsable avec Sœur Stela-Rose des 6ème primaire et avec Sœur Glennis des 1ère primaire, niveau CP, dont je n’avais pas l’habitude de m’occuper. J’ai rapidement pris en charge les élèves ayant plus de difficultés, me rendant compte par moment que plusieurs d’entre eux ne savaient en réalité ni lire, ni l’alphabet anglais. J’ai pu voir des fruits naître et au bout de plusieurs mois certains savaient lire, quelle joie !! J’ai été très touchée par le dévouement de ces religieuses qui donnent leur vie pour servir les plus pauvres. Elles s’occupent gratuitement d’une garderie permettant aux mamans d’aller travailler. Elles organisent des cours pour adulte et enfants, des évènements festifs pour Noël et Pâques. Chaque cours commençait par un Notre Père et un Je vous salue Marie en arabe, tous les enfants le recitaient en cœur alors que nombreux d’entre eux sont musulmans. D’autre part, cette mission m’a permis d’être plongée dans un environnement complètement arabophone, m’obligeant à mettre les bouchées doubles dans mon apprentissage de l’arabe pour réussir à comprendre au plus vite ce que les enfants voulaient me dire.

Les conditions de vie des ces enfants ne sont pas celles qu’on pourrait souhaiter, devant l’école les poubelles s’entassent et plus d’une fois en arrivant, je voyais ces mamans avec leurs petits, trier un à un ces grands sacs de déchets. Les enfants arrivaient bien souvent sales chez les sœurs, leurs pieds noirs de saleté dépassaient de leurs tongs, les poux sautaient mais je n’ai gardé d’eux que les sourires sur leurs visages.

Les sœurs de Mère Teresa ont été d’un accueil touchant, veillant à ce que je ne manque de rien durant mes courtes après-midis de service avec elles.

Ma dernière mission fut aussi rattachée à l’éducation et la transmission à travers le scoutisme. Ce fut encore un autre milieu, celui des expatriés français. J’ai été recrutée par le frère Mathieu, dominicain du Caire depuis deux ans et jeune prêtre. J’avais le temps et les formations nécessaires pour mener ces guides toute l’année et les emmener camper en France. La mission ne fut pas de tout repos. Nous organisions un week-end par mois dans le Wadi Degla (vallée désertique à proximité du Caire). La compagnie s’est rapidement agrandie atteignant 14 guides in fine. L’une des caractéristiques du groupe Scout du Caire c’est qu’il n’est rattaché à aucun mouvement et que bien qu’il soit catholique, il accueille tout le monde. Ce fut donc une belle mission d’évangélisation auprès des 9 nouvelles guides, baptisées pour la plupart mais pas pratiquantes. J’ai eu à cœur de la transmettre les bases du scoutisme, de la vie en groupe, de la foi ainsi que le sens de l’engagement. Au cœur de ce service j’ai rencontré et été soutenue et épaulée par Marie et Antoine, les chefs de groupe des Scouts du Caire, dont l’investissement m’a beaucoup touché. La préparation d’un camp jumelé à distance ne fut pas chose aisée mais nous sommes arrivées à bout ! Le camp d’été en France s’est terminé lundi dernier, le 24 juillet. Les 9 guides du Caire qui ont pu y assister sont rentrées ravies (et grandies), prêtes à continuer le scoutisme au Caire ou de retour en France !

Ces mois de volontariat au Caire furent d’une grande richesse ! J’ai eu la grâce de voir plusieurs fruits tout au long de ma mission et je sais combien d’autres se révèleront dans les mois à venir. J’ai appris, grandi, fait des rencontres merveilleuses, mené une vie que je n’aurais soupçonnée auparavant, découvert une culture incroyable, le tout sous le regard bienveillant du Bon Dieu.

Merci à l’œuvre d’Orient de m’avoir envoyée en Egypte, au Caire, dans cette communauté. Merci pour votre confiance, votre écoute et votre suivi. Un grand merci en particulier à Marie, responsable d’Egypte, pour ta disponibilité durant toute cette année.

[ÉGYPTE] Le témoignage de Gautier :  » Cette année de mission m’aura fait grandir « 

Découvrez le témoignage de Gautier qui était en Egypte au Collège de Khoronfish puis à l’Arche en Haute-Egypte.


L’Arche de Samalut – سمالوط

Les communautés de L’Arche sont des associations qui créent et animent des communautés de vie pour accueillir des personnes ayant un handicap mental. Des assistants ou jeunes volontaires viennent vivre avec elles. Depuis plus de 20 ans l’Arche est implanté à Samalut, grand village de la vallée du Nil, à quatre heures au sud du Caire. Pour comprendre la mission de l’Arche, il me paraît tout d’abord important de vous décrire l’environnement dans lequel évolue notre communauté.

Même en venant du Caire c’est un très grand dépaysement. Je découvre ici une autre Egypte, formée de villes et villages comptant parfois plusieurs millions d’habitants, situés au milieu de la vallée du Nil, large bande verte au milieu du désert de 1 à 3 km de large. On y trouve des champs de tomates, de concombres, de mloukhiya (épinard local), de choux, de luzerne, de blé, de betterave, de canne à sucre, des palmeraies,  entrecoupés  d’indispensables  canaux  d’irrigation.  Les  familles  de  fellahs (paysans égyptiens), cultivent leurs petites parcelles de quelques feddans (1 feddan égale 0.4 hectare). Cela se fait à la main : binette, pelle, serpe pour la récolte (oui !), âne pour se déplacer et porter les récoltes. Dans leurs cahutes bordant les champs on trouve des animaux : des vaches (et gamousses), des moutons et des chèvres, des chevaux, des chiens. L’âne est un moyen de transport encore largement utilisé et se mélange en ville aux touctoucs, microbus et motos. Les hommes, dès l’enfance, travaillent aux champs ou à la ville : ils sont épiciers ou boulangers, vendeurs de fruits et légumes ou bouchers, conducteurs de touctouc ou d’engin de travaux, mécaniciens ou ramasseurs des déchets qui envahissent chemins et rues. Les femmes travaillent aussi aux champs ou vendent dans la rue le produit des récoltes. Le soir, la campagne et les rues sont animées, chacun est devant sa porte pour discuter ou fumer, les enfants jouent et courent pieds nus dans les rues poussiéreuses. La jeunesse va étudier à l’université dans la grande ville du coin et espère une autre vie.

J’ai la chance d’avoir une grande liberté et de découvrir cet environnement. Ce n’était pourtant pas évident pour l’Arche : je ne passe pas inaperçu auprès des populations et de la police, il faut dire que mon teint et mes cheveux n’aident pas. Ces sorties me permettent de me reposer. Être à l’Arche demande une présence continue parfois pesante ; entre handicap et différences culturelles avec chaque égyptien, chaque jour apporte ses difficultés.  Elles  me  permettent  aussi  de  continuer  d’aller  à  l’aventure,  aspect  de  ma mission que j’ai tant apprécié cette année. Se déplacer en microbus, rencontrer et discuter autour d’une chicha ou d’un thé, randonner et dormir à la belle étoile au milieu des champs, s’étonner devant une moto transportant 2 moutons et 3 hommes sur la même selle me manquera à mon retour en France.

 

Les missions de l’Arche

L’Arche a de nombreuses missions pour lesquelles personnes handicapées et encadrants collaborent toujours en ensemble.

C’est tout d’abord une maison familiale qui accueille 6 personnes handicapées, appelées ici Chabebs et 4 encadrants (et donc moi). Familiale car en venant vivre à l’Arche on choisit de vivre ensemble la vie de tous les jours : cuisine et repas, activités et jeux, discussions ou disputes, ménage et lessive, moments de rire ou d’ennui. Pour les encadrants c’est exigeant, prenant et cela représente bien plus qu’un métier, c’est un choix de vie. Ils mettent en partie de côté leur vie  personnelle  et  ne  sont  que  peu  rémunérés.  Depuis  mon  premier  jour  je  suis impressionné  par  leur  capacité  à  s’oublier,  à  combattre  les  nombreuses  difficultés quotidiennes. Malgré un retard mental parfois très fort, les Chabebs sont assez autonomes concernant leur hygiène, ils aident pour la plupart aux tâches domestiques. Ils demandent cependant une grande attention, de l’affection, de savoir gérer leurs crises parfois quotidiennes. Voici une courte vidéo réalisée il y a quelques années Vidéo – L’Arche Samalut. Elle présente Naget et Hany, deux personnes avec lesquelles je vis. Elle permet de comprendre que le handicap en Egypte est encore mal accepté et caché : beaucoup des Chabebs ont eu une lourde histoire avant de rejoindre l’Arche. J’apprends ici le « vivre avec », la simplicité, le sourire et crée avec le temps un lien fort avec Chabebs et encadrants.

L’Arche est aussi un lieu de travail pour une vingtaine d’autres personnes handicapées et un dizaine d’encadrants. Ils confectionnent des bougies, bricolent, dessinent, entretiennent l’hôtellerie, jardinent. Ils préparent aussi des animations, des pièces de théâtre, des repas, des fêtes, entretiennent et décorent les bâtiments : l’Arche est leur maison.

Regard sur mes 9 mois égyptiens

Cette année de mission m’aura fait grandir. J’y ai rencontré de nombreuses personnes et créé des liens forts,  j’ai découvert les richesses culturelles d’un pays, j’y ai pris le goût de l’aventure, j’ai pu prendre du recul sur mes choix de vie en France et approfondir ma foi. Cela m’a été permis car j’ai eu la chance de vivre deux missions complémentaires, dans lesquelles je me suis épanoui.

Je vous confie tout particulièrement les 3 encadrants avec qui j’ai vécu durant ces dernières  semaines.  Avec leurs talents, leurs difficultés, leur foi, ils œuvrent pour le bonheur des Chabebs.

A très bientôt en France,

Gautier Butruille

[LIBAN] Le témoignage de Ségolène :  » Leur Foi m’a édifiée ; c’est une Foi vivante malgré les difficultés, une confiance en Dieu et une grande Espérance « 

Découvrez le portrait de Ségolène orthophoniste de 25 ans, partie pendant un mois à Bhannes chez les Filles de la Charité au Foyer Sainte Cécile au Liban.


Au cœur de la montagne libanaise, à Bhannes, se trouve le foyer Sainte Cécile, lui-même au sein d’un magnifique centre hospitalier. Il fait chaud l’été mais le petit air présent est le bienvenu. Tenu par les filles de la Charité, le foyer Sainte Cécile accueille 20 résidentes (dont des sœurs) ; des personnes âgées qui n’ont plus de famille, qui ont fui la guerre, qui n’ont plus de maison à cause de l’explosion du port en 2020…. Certaines sont assez seules, leur famille étant partie à l’étranger pour avoir une vie plus stable qu’ici. D’autres ont des visites de leur famille. Un point commun les rassemble toutes si je ne me trompe pas : leur Foi. Très souvent, elles égrainent leur chapelet, plusieurs fois par jour. Leur Foi m’a édifiée ; c’est une Foi vivante malgré les difficultés, une confiance en Dieu et une grande Espérance. A la question « avez-vous bien dormi ? » ou à l’acclamation « bravo vous marchez bien », j’entendais toujours des « à la grâce de Dieu ! ». Certaines ont des vies très difficiles mais elles voient quand même la lumière et tous les bienfaits que Dieu fait pour elles. C’est beau, c’est touchant, c’est édifiant.

Je participais aux offices proposés et à la messe. La journée commençait par les laudes à 7h45 ou 7h20 le mercredi, puis la messe dans la matinée, et les vêpres à 17h. La messe du mercredi était célébrée en français pour que je puisse comprendre, et parce qu’elle était tôt !

La journée, je visitais donc les résidentes ; on jouait ensemble, on se promenait, on jouait au piano, on discutait, on chantait, je leur donnais à manger pour certaines alitées. Quelle humilité ! Au cœur de leur fragilité et de leur faiblesse, elles rayonnaient. Plus elles étaient fragiles, plus je les sentais proches de Dieu, plus j’étais impressionnée. Il en faut de l’humilité quand on est totalement dépendant et j’ai trouvé que c’était une belle leçon et qu’il ne faut pas avoir peur de se laisser aider par les autres au contraire, cela procure une grande joie et paix pour celui qui aide (et celui qui est aidé !). Une dame m’a dit à un moment lorsque je lui donnais le repas « je veux mourir ». Mais non !! Elle ne se rendait pas compte à quel point elle rayonnait par sa fragilité et ce qu’elle m’apprenait : la patience, l’adaptation, faire confiance, …

Le soir, on se couchait tôt !! Il nous arrivait de parler avec Sœur Jeanne et Sœur Nadia (infirmière) après le dîner mais à 20h30 maximum, tout le monde allait se coucher ! Les soirées pouvaient parfois être un peu longues, mais cela permettait également de se poser un peu, de lire et de faire des bonnes nuits de 21h30/22h à 7h, chose rare à Paris !

Parfois, les discussions ne sont pas trop possibles, soit parce que ces personnes ne peuvent pas parler, soit parce qu’elles ont Alzheimer ou des pertes de mémoire,… Mais alors, que c’était beau quand même !! Les regards, les gestes, le langage non verbal notamment dans les expressions faciales, sont incroyables. Vraiment, qu’est ce qu’elles étaient attachantes et touchantes !!

J’aime beaucoup la personne humaine, la comprendre, faire ce que je peux pour elle, réfléchir à comment aider malgré ma petitesse et mes défauts. J’aime mais ne le fais jamais assez bien. Ici, elles m’ont confortée dans la dignité de chacun, que chaque personne est une pépite et qu’il est important de prendre en considération ce qu’elle ressent, ses joies, ses doutes, ses peines, ses inquiétudes, ses espérances. Ne pas aller trop vite, prendre le temps pour chacun, et pouvoir répondre aux besoins selon nos capacités bien sûr.

Ce qui m’a également frappée dans ce foyer, c’est l’ambiance familiale, aidée par la culture libanaise peut être. Les résidentes sont amies entre elles selon les affinités de chacune, elles papotent pendant des heures, elles se rendent visite entre elles. Lors du café quotidien, tout le monde sort dehors et c’est un moment très convivial où tout le monde parle, les unes faisant attention aux autres. On sent la chaleur humaine qui élève. Lorsqu’une partait à l’hôpital pour telle ou telle raison, les autres demandaient des nouvelles. Ou même lors de visites de membres de la famille, il arrivait souvent de les voir discuter autour d’une table avec plusieurs résidentes et non juste avec leur fille/sœur/tante etc. Cette bienveillance existe grâce aux sœurs qui tiennent le foyer je pense, et je n’ai jamais vu ça en France dans les maisons ou centres de personnages âgées, où chacun est dans sa chambre et ne parle pas à son voisin, et encore moins lors de visites !

J’ai été touchée par des sœurs qui me disaient « je fais un chapelet pour vous et pour votre famille », par le Père Joseph qui célèbre la messe à mon intention le dernier jour avant que je ne reparte, par toutes ces discussions que j’ai pu avoir avec les différentes personnes, que ce soit les employés, les sœurs, les résidentes. Je n’oublierai jamais la joie de ces sœurs, particulièrement de Sœur Jeanne la supérieure. J’ai bien ri à toutes ses blagues ! Elle m’impressionne par sa volonté et sa droiture.

Je garderai un excellent souvenir de cette mission, malheureusement trop courte ! 1 mois, ça passe bien vite ! Les sœurs m’ont divinement bien accueillie, comme une reine, et je ne les remercierai jamais assez !

Ségolène