[ARMÉNIE] Témoignage de Sophie et Jeanne :  » Les visages des enfants étaient aussi rayonnants que les lumières de la crèche « 

Sophie, élève sage-femme, et Jeanne, diplômée de sciences-politiques, toutes deux 21 ans, ont décidé de mettre 10 mois et 1 an de leur vie au service des enfants du centre éducatif des sœurs de l’Immaculée Conception (Our Lady of Armenia) à Gumri en Arménie.


En Arménie depuis cinq mois, nous ne voyons toujours pas le temps passer ! Pourtant, nous avons senti l’air se rafraîchir petit à petit, jusqu’à devenir tout à fait glacial. Les températures

dépassent peu la barre du 0 degré. Il neige de temps en temps mais le ciel est clair et l’air est sec. N’ayant pas d’affaires pour affronter l’hiver, nous avons emprunté quelques vêtements chauds dans la garde-robe de l’orphelinat. Ainsi, il ne nous est pas possible de sortir sans notre bonnet, notre grosse écharpe, nos gants et surtout notre doudoune des années 80 !

Puisqu’il serait triste de ne parler que de la pluie et du beau temps dans ce deuxième rapport, nous allons vous raconter un peu ces deux derniers mois de festivités…

 » Ne pensez pas que l’amour, pour être authentique, doit être extraordinaire.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’aimer sans nous fatiguer.  »
Mère Teresa

 

Le projet Fratello 

Fratello, avec qui nous avons été en lien pour la 5ème journée mondiale des Pauvres au mois de novembre, nous a également proposé de participer à une Crèche des Pauvres. Le projet était de réaliser une « crèche internationale » en rassemblant à Rome des santons provenant des quatre coins du monde. L’Arménie a été choisie pour réaliser Saint Joseph. Les enfants du centre Entanik, aidés de leur professeur de sculpture, ont donc réalisé une statuette en bois. Cette crèche avait deux objectifs : « offrir au Pape un cadeau symbolique de la part des Pauvres du monde entier, témoignant de la fraternité entre les hommes et de l’importance de la place des Pauvres au sein de l’Église et montrer l’universalité et la diversité de l’Église ».

Sourp Tsenund « Sainte Naissance »

Les sœurs étant catholiques, nous avons fêté Noël le 24 décembre. Cependant, l’Arménie est un pays apostolique (orthodoxe). Noël se célèbre donc le 6 janvier, jour de l’Épiphanie pour nous. Les enfants venant pour la plupart de familles apostoliques, ils fêtent plusieurs Noël ! Héloïse, une amie de Sophie venue quelques jours en Arménie, a pu partager un bout de notre mission. Elle a découvert la vie au centre, au plus grand bonheur des enfants qui sont toujours heureux de découvrir de nouvelles têtes. Elle nous a accompagné dans cette semaine de Noël bien chargée ! Immersion totale dans la culture du pays, jusqu’à oser la manucure arménienne. Nous l’avons bien évidemment accompagné dans cette expérience, nos ongles devant être fait pour les fêtes arméniennes !

Après la messe de Noël, nous avons fait une procession avec des cierges. Une fois rentrés à l’orphelinat, nous en avons refait une avec les sœurs et les enfants, une bougie allumée dans la main, jusque dans la chapelle où nous avons chanté des chants de Noël. Les visages des enfants étaient aussi rayonnants que les lumières de la crèche. C’est Emanuel, le benjamin de l’orphelinat, qui a déposé avec délicatesse le Petit Jésus dans son berceau. Puis, moment tant attendu par les enfants, nous nous sommes dirigés vers la salle à manger. Toute décorée, une table remplie de cadeaux
trônait dans la pièce. « Dzmer Papik, Dzmer Papik ! » (« le Père Noël, le Père Noël ! ») appelaient les enfants. Nous nous attendions à voir arriver une Kuyr (sœur) Serpuhi munie d’une barbe et d’une grosse bedaine… mais non, quand même pas ! Bien que son sévère habit noir n’ait pas grand-chose à voir avec la tenue rouge pétard du Papa Noël, Kuyr Serpuhi en remplit tout aussi bien les fonctions ! Quelle joie de voir les enfants accourir vers elle en entendant leur prénom. Les plus jeunes d’abord ! Tout le monde frappe dans ses mains, l’ambiance est à son comble ! La salle est un joyeux bazar : trente enfants surexcités qui ouvrent leurs cadeaux, on vous laisse imaginer… Des cris de joie résonnent dans la pièce, des bonds accompagnent l’ouverture des paquets ! Les enfants, des étoiles dans les yeux, sautent dans les bras des sœurs pour les remercier ! Le lendemain, à notre plus grande surprise, les enfants ont à nouveau reçu des cadeaux de la part d’un donateur étranger. « Le Nouvel An en avance ! » nous annoncent les sœurs. Puis, dans l’après-midi, nous avons assisté au spectacle de Noël préparé par Sœur Mariam. Les enfants nous ont bien fait rire ! Après avoir écouté les enfants chanter chacun leur tour, nous nous sommes laissées entraîner dans la chorée préparée par Sœur Serpuhi.

Avant son départ pour Philadelphie quelques jours plus Kuyr Hovhanna préparé a les soigneusement cadeaux en veillant à respecter les souhaits des enfants écrits dans leurs lettres. Nous étions impressionnées de voir la manière dont les sœurs ont réussi à leur faire plaisir en utilisant les (très nombreux) dons de la « caverne de Kuyr Hovhanna » (cave dans laquelle elle a passé une grande partie des mois d’octobre et novembre à ranger les montagnes tôt, de dons accumulés au fil des années). Bref, un Noël avec la joie des enfants qui n’ont pas la chance d’avoir tout ça chez eux, c’est un vrai Noël qui réchauffe le cœur !

« Sa zhamatsuyts e yev sa tetr e ! » (« Ça, c’est une montre et ça, c’est un carnet ! ») nous dit fièrement Anahit, une des grandes filles de l’orphelinat, en nous montrant délicatement ses cadeaux emballés qu’elle n’avait pas l’air de vouloir ouvrir. Plus tard, elle nous a confié qu’elle ne voulait pas les déballer afin de les garder pour sa sœur aînée qu’elle allait bientôt voir. Après le Noël catholique, pendant les vacances, les enfants sont rentrés dans leurs « familles » pour y fêter le Nouvel An et leur deuxième Noël. Pour la plupart, chez leur mère, pour certains, chez leurs grands-parents ou bien chez des oncles et tantes. Ce sont les premières vacances de Noël pendant lesquelles les enfants sont retournés chez eux. Il est très important pour les sœurs que les enfants puissent rentrer dans leurs familles. Sœur Nariné nous répète souvent : « Malgré tout l’amour que nous pouvons leur donner, rien ne remplace une mère ». Cette année, elles ont réussi à trouver un foyer pour chacun ! Les couloirs de l’orphelinat nous ont paru bien vide pendant un certain temps. Plus de cris, de rires, de pleurs simplement le calme d’un bâtiment. Et pendant ce temps, les sœurs n’ont pas chômé puisqu’elles ont récuré tout l’orphelinat !

 

D’autres aventures sont à suivre…

[UKRAINE] les mots sa Béatitude SVIATOSLAV au dix-septième jour de la guerre en Ukraine

Secrétariat du Chef de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome

Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur

Samedi 12.03.2022


Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ !

Nous sommes aujourd’hui le 12 mars 2022 et l’Ukraine vit le dix-septième jour de cette horrible guerre.

La guerre est toujours une défaite pour l’humanité. La guerre est toujours un moment de malheur où la dignité humaine est humiliée.

Lorsque nous luttons pour la paix, nous pouvons tout gagner. Quand une guerre commence, nous pouvons tout perdre.

Aujourd’hui, en Ukraine, nous sommes témoin d’un énorme mépris pour la dignité humaine. L’humanité est en train d’être détruite, l’être humain est en train d’être déshumanisé. Surtout l’être de ceux qui ont commencé cette guerre. Celui qui commence une guerre devient moindre par rapport à sa propre humanité. Celui qui tue un autre, détruit d’abord l’humanité en lui-même, il détruit sa propre dignité humaine.

Comment pouvons-nous, en tant que chrétiens, nous opposer à un tel mépris de la personne humaine pendant la guerre en Ukraine ? Avant tout, aujourd’hui, nous devons entreprendre des actes de miséricorde. Nous devrons faire tout notre possible pour exprimer notre respect pour la dignité de la personne humaine. Aujourd’hui, nous prions pour notre armée ukrainienne qui défend et confirme cette dignité. Aujourd’hui, nous prions pour la population civile d’Ukraine, pour nos réfugiés, pour ceux qui sont restés dans des villes et des villages glacés et assiégés, sans eau, sans nourriture, sans chaleur. Nous nous souvenons d’eux et voulons les aider.

Aujourd’hui, l’Ukraine se bat pour des couloirs humanitaires, afin qu’il soit possible de secourir la personne, dans le respect de sa dignité, quelle que soit la langue qu’elle parle, la nation à laquelle elle appartient ou l’église qu’elle fréquente. Aujourd’hui, en Ukraine, il y a une guerre pour la dignité de la personne humaine. Aujourd’hui, nous faisons face à un autre grand défi, une des formes du mépris de la dignité humaine…

Nous savons qu’enterrer les morts est une des expressions de la miséricorde pour le corps du prochain. Nous sommes maintenant confrontés au fait criant que ceux qui ont mis le pied sur la terre ukrainienne, l’agresseur russe, ne respectent pas même les corps de leurs propres morts. Ils ne veulent pas rendre hommage aux leurs qui sont morts en Ukraine ; malgré le fait que nos volontaires, nos braves gens, souhaitent rendre les corps des soldats russes morts, mais personne ne veut les recevoir et les enterrer avec dignité.

En Ukraine, nous voyons vraiment des montagnes de cadavres, des fleuves de sang et des mers de larmes. Aujourd’hui, nous regardons avec chagrin comment des milliers de personnes sont ensevelis dans des villes assiégées, par exemple, à Marioupol sans prière, sans hommage chrétien, sans funérailles chrétiennes, dans d’immenses fosses communes, sans nom…. Selon les statistiques officielles, rien qu’à Marioupol, près d’un millier et demi de civils sont morts ces derniers jours et ont été enterrés dans des fosses communes. Combien il est important pour nous aujourd’hui de montrer notre respect pour les corps des personnes tuées, qu’elles soient militaires ou civiles ! Les corps de nos soldats ukrainiens sont accueillis par notre peuple à genoux lorsqu’ils sont ramenés dans leurs villes, dans leurs villages, dans leurs familles.

C’est pourquoi aujourd’hui, ce samedi, j’appelle tous nos prêtres, tous nos fidèles en Ukraine et dans le monde, à prier et célébrer l’office commémoratif pour les morts en signe d’hommage pour ceux qui ont été tués sur les terres d’Ukraine à cause de cette horrible guerre barbare.

Prions aujourd’hui pour ceux pour qui les cloches des églises n’ont pas sonné, qui ont été déposés dans des fosses communes sans funérailles. Prions pour ceux pour qui aucune prière chrétienne pour les défunts n’a été dite. Exprimons notre compassion, même pour les corps des morts, préservons ainsi la personne et la dignité humaine en Ukraine.

Que leur mémoire soit éternelle !

Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous par sa grâce et son amour pour l’humanité, toujours, maintenant et à jamais, et dans les siècles des siècles. Amen.

Gloire à Jésus-Christ !

+ SVIATOSLAV


→ Pour faire un don pour les Ukrainiens : https://secure.oeuvre-orient.fr/urgence-ukraine
→ Pour soutenir les prêtres Ukrainiens par une offrande de messe ( non déductible d’impôts ) : offrandes prêtres Ukraine (oeuvre-orient.fr)

[ÉGYPTE] Témoignage de Louise et Pierre-Antoine :  » Se laisser dépouiller par leurs regards d’enfants et se donner sans compter est en soi une véritable épreuve spirituelle « 

Découvrez le témoignage de Pierre-Antoine et Louise Costantini, volontaires en Egypte à l’institut FOWLER depuis janvier.

Louise, 23 ans, est chargée de communication. Pierre-Antoine, 25 ans, est assistant parlementaire. Jeunes mariés, ils ont décidé de donner 6 mois de leurs vies pour servir les enfants de l’Institut Fowler au Caire.


1)     Le Caire nid d’odeurs, nid de poules.

Bien arrivés au Caire !

Nous sommes d’emblée frappés par un certain nombre de choses : l’odeur de pollution envahit nos narines dès la sortie de l’avion, la circulation est effroyable et incroyablement bruyante, les rues de notre quartier sont pauvres et délabrées… Et pourtant… pourtant un charme fabuleux émane de cette ville aux couleurs éclatantes, aux mille odeurs et aux vifs éclats de voix nous guidant jusqu’aux marchés qui s’étalent et bloquent la circulation. Un ange passe ; non pardon : un âne passe sur l’autoroute. Logique !

Nous logeons au Ramses College for Girls, dans un appartement très convenable et parfaitement adapté. […] Nos deux colocataires du bout du couloir sont Madeleine et Claire, une volontaire actuelle et une ancienne de l’Œuvre, avec qui nous nous entendons déjà à merveille et qui nous ont lancé sur le tour culturel de cette immense ville si facétieuse.

En ce mois de janvier, il fait frais mais nous ne sommes pas en reste de soleil. Qu’il est agréable de visiter la cité des morts où la belle île de Zamalek sous cette lumière et cette chaleur ambiante, alors qu’en France il gèle sur les bonnets et les doudounes !

Avides de rencontres, de découvertes, de dépaysement mais surtout d’abandon et de lâcher prise, nous avons hâte de découvrir le cœur de notre mission : servir au sein de l’orphelinat FOWLER.

 

2)     Fowler

Madeleine, actuelle volontaire à Fowler, nous met en garde sur le “bizutage” qu’on va très certainement subir avec les filles. Préparés à cette éventualité, nous nous armons dès notre arrivée dans « la Maison » de notre plus grand sourire. (D’autant que Pierre- Antoine est un homme et que les filles n’en n’ont quasiment jamais approché de leur vie, à l’exception des volontaires). Nous sommes heureusement surpris de voir que tout se passe au mieux et que nous sommes acceptés très rapidement comme leurs nouveaux professeurs particuliers et aides aux devoirs. Les filles sont vives, sensibles et manquent parfois, il est vrai, de tact. Mais nous ne nous laissons pas faire et nous parvenons à adopter leurs manières, à apprivoiser leur langage parfois moqueur (rien de bien méchant) et à leur partager notre propre savoir et expérience. Elles sont très assidues aux leçons, l’autorité n’est pas un problème mais elles sont extrêmement dissipées et certaines n’y mettent pas du leur. Gageons que c’est une difficulté du début uniquement.

Celles que nous aidons sont dans une école francophone, et nous réalisons avec surprise que le niveau scolaire est très haut, nous laissant parfois muets face à un problème de maths un peu trop complexe. Les matières scientifiques notamment, sont enseignées avec deux ans d’avance sur la France : dès la 6ème les nombres complexes et la trigonométrie sont au programme.

Sœur Marie-Venise… Une femme pour les gouverner toutes. Soixante ou Soixante- cinq ans. Un Français presque impeccable. Elle déborde d’énergie et sait gérer les filles d’une main de fer. Elle est autoritaire mais sait être douce. Les filles nous l’ont confié ; elle est comme leur mère. En réalité Fowler n’est pas à strictement parler un

« Orphelinat » : très peu de filles n’ont plus de parents. Fowler est davantage un foyer où les filles aux situations familiales très compliquées trouvent refuge pour deux, cinq ou parfois dix-huit ans. Tous les âges sont ainsi représentés : de 4 à 23 ans. Ces filles, la sœur nous l’a dit, sont très marquées par la vie : abus en tous genres, extrême précarité, père assassiné ou assassin… Dans l’immense majorité des cas, le père est absent mais les filles adulent la figure paternelle. […] Au-delà des difficultés de chacune, toutes ont deux points communs : un sourire sur le visage et une croix copte tatouée sur la main. Et si le premier était la conséquence de la seconde ?

3)     Quid de la vie en communauté ?

[…] La porte du couvent des Dominicains nous est ouverte jour et nuit mais les horaires de notre mission ne nous permettent pas d’y aller beaucoup plus que pour la messe deux fois par semaine, pour une rencontre avec un des frères dans le cadre d’un accompagnement particulier, une réunion chorale et pour la SCEP. La SCEP (Société Cairotte des étudiants en prière) est un groupe de prière et de lecture de textes bibliques entre jeunes volontaires de L’Œuvre. C’est aussi un doux moyen de faire connaissance avec nos camarades volontaires. Nous apprenons à découvrir les missions des autres (qui sont principalement en mission d’éducation), à découvrir leur sourire et à nous projeter à travers ceux qui partent dans quelques mois ou quelques semaines. Cela paraît si dur de quitter sa mission ! Mais nous n’en sommes pas là. […]

Vivre avec les filles, se laisser dépouiller par leurs regards d’enfants et se donner dans nos leçons sans compter est en soi une véritable épreuve spirituelle. Il va falloir trouver dans cette mission le sens profond : certes il y a l’éducation pour l’éducation ; et puis certaines filles feront peut-être des études. Mais globalement les perspectives des filles sont le mariage « arrangé dans un salon » puis avoir des enfants (enfin des filles en attendant d’avoir un garçon !). A quoi servent donc nos leçons ? Quel témoignage, en tant que couple comme en tant qu’occidental, doit-on donner à ces filles si loin de notre monde ? Faut-il adopter toutes leurs habitudes ou leur transmettre les nôtres ? Comment leur donner tout notre cœur en sachant que dans quelques mois nous repartons ?

Bref, beaucoup de questions en ce début de mission mais le quotidien nous rappelle à l’ordre : les filles sont en pleine période d’examen et même si toutes ne sont pas à Fowler, celles qui restent comptent beaucoup sur nous. Parfois 5 heures de cours de mathématiques s’enchaînent pour Pierre-Antoine. Louise, elle, est polyvalente : aide en Français ou en Anglais, elle peut aussi être mise à contribution pour le rangement.

Bref : on ne chôme pas même si le vrai rythme reprendra mi-février seulement après la coupure de mi-année.

[LIBAN] Témoignage de Médéric :  » Ce qui, probablement nous rapproche le plus des Libanais, c’est la prière « 

Le témoignage de Médéric, et volontaire au Liban à Ghodrass au Home Notre Dame des Douleurs depuis décembre.


Voici 2 mois passés depuis mon arrivée au Liban, pays chargé de l’histoire des premières civilisations, et pays endommagé par l’immigration et la crise.

Le Liban est un pays où tout nous sépare : la langue, l’écriture, la nourriture, la façon de parler, de vivre, de négocier, de conduire, de lire, bref, il est assez difficile de ne pas se sentir dépaysé ! Le pays est, par tout ce que je viens de citer, très différent du nôtre, et pour autant qui a un lien très fort avec la majorité de la population Européenne, et en particulier française. Ce qui, probablement nous rapproche le plus des Libanais, c’est la prière. Il est assez étonnant d’arriver dans un tel pays et de trouver le Notre Père et le Je Vous Salue Marie en commun. Même si le rite Maronite n’est pas le même que le rite Latin, les prières, et même certains chants, le sont.

Ma mission dans la maison de retraite

Déjà, il faut savoir que le système de maison de retraites est très peu développé au Liban. Alors que la façon de vivre des Libanais n’étant pas du tout le même que le notre, ils s’occupent de leurs parents et vivent ensemble dans leurs maison familiale (à un étage différent) et ce, jusqu’à la fin. Une différence de plus !

Lorsque j’ai commencé ma mission, j’ai découvert que le frein de la langue n’en était pas tellement un, étant donné que les Libanais parlent en partie français, en tout cas la génération de personne présente dans la maison de retraite. Nous pouvons communiquer facilement avec presque tout le monde, une grande partie d’entre eux ayant vécu en France ou la connaissent bien ; tandis que 2 françaises vivent dans la maison.

Ce qu’il y a de mieux pour un bénévole ? Commencer à apprendre le libanais bien sur ! C’est toujours bien vu. En ce qui me concerne, je n’ai pas pris de cours mais j’ai appris les mots de base, bien utiles dans une maison de retraite et qui s’apprennent très vite pour peu qu’on y mette un peu du sien.

L’accueil des sœurs et des résidents à été très chaleureux, ils étaient tous à la fois touchés et heureux de recevoir des volontaires, même si cela demeure une quasi-routine d’en accueillir. Ces volontaires sont le plus souvent des Français qui ne sont pas actifs, donc des étudiants ou des retraités, tous partageant la même motivation et la même envie.

Le déroulement des journées est assez simple : nous donnons les petits déjeuners à 7h30 du matin dans le service Alzeihmer dans lequel nous sommes affectés avec Bernadette, puis le soir a 17h. Nous sommes dans d’autres services le midi.

12 personnes sont présentes en Alzeihmer, et le personnel de la maison n’est pas forcément en mesure de leur donner les repas, faute d’effectif ! Evidemment, comme il y a 80 résidents dans la maison, nous sommes souvent appelés dans d’autres services pour aider, même pour assister à certains soins.

Les services du midi et du soir sont les plus intenses et se déroulent juste après le service Alzeimher. Il faut servir 30 personnes, avec un personnel assez réduit. Je me suis déjà retrouvé tout seul à faire ce service, ou l’on peut être beaucoup sollicité, mais toujours avec le sourire, ou alors très souvent. C’est ce qui fait aussi la beauté de la mission !

Après avoir emmenés une majorité d’entre les résidents à la messe quotidienne, nous prévoyons des activités avec Clémence, une autre bénévole psychomotricienne.

Des activités de mimes, jeux de société, chants, danse, cuisine, ou même simple visites dans les chambres de ceux qui ne peuvent pas se déplacer sont toujours les bienvenues par les résidents.

Nous leur donnons du temps aussi pour s’occuper d’eux, lorsqu’ils ont froid, faim ou même pour un petit tracas quotidien, nous sommes là pour les soutenir ou les réconforter. Les rôles peuvent aussi s’inverser, et pour être franc, je ne m’y attendais pas. Je ne pensais pas pouvoir me confier à eux à cause d’une simple différence d’âge et de culture, et c’est exactement l’inverse qui se produit. Et petits à petits, des liens se forment, qui peuvent devenir fort, même en 3 mois de mission. Les sourires que l’on reçoit tous les jours de leurs parts sont extrêmement valorisant pour nous, et me donnent envie de rendre ces moments passés avec eux encore plus intense.

Nous faisons aussi des activités manuelles, dans lesquelles nous nous sommes tous bien investis surtout pour la période de Noël. Je me suis personnellement lancé dans un projet de maquette il y a quelques jours, où je compte réaliser une miniature de la résidence avec l’aide de ses habitants ! La tâche n’est pas aisée, mais la motivation de certains en devient étonnante…

Ma mission se termine dans 1 mois et quand ce projet arrivera à bout, un beau souvenir de notre passage sera laissé.

Après ces activités le matin et l’après-midi, la reconnaissance des personnes âgées devient réellement un moteur pour nous, les bénévoles !

 

Cette mission de mise en place d’activités qui les sortent de leurs monotone quotidien, de services (servir les petits-déjeuners, déjeuners, diners) et d’épanouissement dans la vie de ces personnes me correspond très bien et est un véritable vecteur de moments de joies.

Les résidents sont souvent extrêmement reconnaissants de ce que nous pouvons leur apporter Bernadette et moi, ainsi que les autres volontaires déjà présents. Cela me motive et je sais qu’un simple « merci » ou un « bravo » peux changer beaucoup de choses dans une aventure qui se déroule loin de chez nous.

Un moment particulier dont je me rappellerai pendant très longtemps fut Noël. On m’a souvent rappelé qu’il y avait un certain courage à partir pendant cette période d’habitude passée en famille, loin de tous les malheurs du monde.

Je voulais montrer à quel point il était fort et incroyable de vivre la messe et tout ce qui encadre Noël loin de ce que nous connaissons, avec des gens qui ne voient plus leurs proches aussi souvent qu’avant, à tel point que certains nous ont dit lorsque nous prenions des photos avec eux : « on est comme une grande famille ».

Effectivement, pratiquement tous les résidents ont des enfants qui travaillent à l’étranger, étant donné la situation du pays. Souvent on me fait remarquer : « Ohhlaaa ! tu ressembles à mon fils ! »

Et ainsi, les discussions peuvent durer des heures sur leurs enfants, leur passé, les malheurs qui leurs sont arrivés et leurs plus grandes joies. Ce dont on peut être sur, c’est qu’ils ont des choses à raconter !

Ma mission touche presque à sa fin, et je sais déjà que j’aurais du mal à les quitter. Je reviendrai certainement dans ce pays, ne serait-ce que pour voir les endroits que je n’ai pas encore vu, et qui sait, surement aussi pour revoir ces personnes âgées ainsi que les sœurs qui nous si bien accueilli.

[UKRAINE] les mots sa Béatitude SVIATOSLAV suite au déclenchement de la guerre en Ukraine

Aujourd’hui, nous proclamons solennellement : « Nous donnerons nos âmes et nos corps pour notre liberté ! Nous prions d’un seul cœur et d’une seule voix : « Dieu, grand, un, sauve-nous l’Ukraine ! » […]

 

Notre sainte Église-Martyre a toujours été, est et sera avec son peuple ! Cette Église, qui a déjà survécu à la mort et connu la résurrection, en tant que Corps du Christ ressuscité, sur lequel la mort n’a aucune prise, le Seigneur l’a donnée à son peuple dans les eaux baptismales du Dniepr (ndl en 988). Depuis lors, l’histoire de notre peuple et de son Église, l’histoire de leurs luttes de libération, l’histoire de l’incarnation de la Parole de Dieu et la manifestation de son Esprit de vérité dans notre culture sont à jamais entrelacées. Et en ce moment dramatique, notre Église, en tant que mère et éducatrice, est et restera avec ses enfants, les protégera et les servira au nom de Dieu ! En Dieu est notre espérance et par Lui viendra notre victoire !

Aujourd’hui, nous proclamons solennellement : « Nous donnerons nos âmes et nos corps pour notre liberté (ndt parole de l’hymne national) ! Nous prions d’un seul cœur et d’une seule bouche: « Dieu, grand, un, sauve-nous l’Ukraine ! »

Saints, justes, martyrs et confesseurs de la terre ukrainienne, priez et intercédez pour nous auprès de Dieu !

 

La bénédiction du Seigneur soit sur vous !

† SVIATOSLAV

 

Kyiv, en la Cathédrale Patriarcale de la Résurrection du Christ, 24 février en l’année de Dieu 2022

[UKRAINE] L’Œuvre d’Orient appelle à la prière pour la paix.

Nous sommes en proximité avec nos frères ukrainiens et spécialement avec les gréco-catholiques.

Nous pensons que les Ukrainiens ont le droit de vivre en paix dans les frontières internationalement reconnues.

Mgr Pascal Gollnisch


Retrouvez les horaires des prières pour la Paix à la Cathédrale Saint Volodymyr le Grand à Paris :

Du lundi au jeudi :

  • 18h Divine Liturgie : Eucharistie (en français le lundi)
  • 19h30 Chapelet bilingue
  • 20h Prière silencieuse (possibilité d’animation)
  • 21h fin

Vendredi :

  • 18h Divine Liturgie : Eucharistie
  • 19h30 Chemin de Croix bilingue
  • 20h30 Prière silencieuse
  • 21h fin

Samedi :

  • 18h Divine Liturgie : Eucharistie
  • 19h30 Chapelet bilingue
  • 20h Prière silencieuse
  • rencontre simultanée de catéchèse et d’échange dans la salle paroissiale
    possibilité de prière commune
  • 21h fin

Dimanche :

  • 19h Divine Liturgie : Eucharistie (en français)
  • 20h Prière silencieuse
  • 21h fin

[LIBAN] Témoignage de Yolande :  » 3 mots à retenir : Confiance, persévérance, patience ! « 

Yolande, ergothérapeute, est volontaire depuis le mois de septembre à Bhannès au Liban


Voilà des petites nouvelles de ma mission durant ce 4ème mois !

Lors des différentes formations que j’ai pu faire avant mon départ, on nous avait parlé de la courbe de la mission avec ses hauts et ses bas. Ce mois-ci, j’étais plutôt en bas de la courbe. Il y a eu des moments d’isolement car cas contact covid, le froid, de la fatigue, le sujet du covid qui est omniprésent et ma mission qui a été bien différente ce mois-ci. Il y a surtout eu le départ de Jeanne, ma co-volontaire avec qui je partageais une grande partie de ma mission. Elle m’a été d’un soutien exceptionnel dans tous ces petits moments ! Je vous rassure au moment où j’écris cette lettre je suis presque remontée en haut de la courbe car je vis toujours autant de belles expériences ! Je prends du recul en écrivant et je fais tout mon possible pour atteindre le sommet !

Ta mission avec le contexte ça va ?

Les enfants du centre thérapeutique et éducationnel de Bhannès ne sont toujours pas revenus depuis les vacances de Noel. Il y a eu le covid et maintenant, la situation météorologique. Il a neigé à Bhannès mais surtout dans les hautes montagnes du Liban là où habitent un grand nombre d’enfants. Les routes étaient bloquées donc ni le personnel, ni les enfants ne pouvaient se déplacer.

Je suis une ergo alors « Adaptabilité » et « créativité » !

L’avantage dans le village hospitalier c’est qu’il y a toujours de quoi faire ! J’ai passé toutes mes matinées au centre de rééducation pour adultes. Il y a très peu de patients, plusieurs fois nous étions 2 ergo avec 2 stagiaires pour 5 patients.

Adèle, une autre volontaire est venue découvrir l’ergothérapie ! Elle a beaucoup apprécié et se pose même la question d’en faire elle aussi sa profession ! Quand on se revoit les week-ends, elle me demande des nouvelles de tel ou tel patients. C’est sympa de parler de ma mission avec une volontaire qui a pu la vivre ! Ça fait remonter dans la courbe !

Plusieurs après-midis, j’ai proposé à la sœur servante de ranger la bibliothèque car elle exprimait depuis un bon moment ne pas avoir le temps de le faire. Sœur Elisabeth a commencé avec moi puis s’est assise en me disant « Tu es brave ». Une fois, elle m’a demandé si je jouai au piano, je lui ai dit que non et elle m’a dit « Yallah assieds toi, tu vas apprendre les notes de musiques et leur emplacement par cœur puis je reviens ». C’est ainsi, que je me suis mise au piano un peu tous les jours. On verra bien ce que ça donne ! L’occasion de passer un moment privilégié avec une des sœurs. Ça fait remonter dans la courbe !

Les autres après-midis, je suis allée passer du temps avec les patients âgés en ayant ma vision d’ergothérapeute. J’aime beaucoup leur demander : « Qu’est-ce que vous aimez faire ? ».

Une patiente me dit qu’elle aimait tricoter auparavant. Je lui demande si ça lui ferait plaisir de tricoter de nouveau et puis Yallah je vais chercher de la laine auprès d’une sœur ! On ne dirait pas comme ça mais tricoter permet de stimuler la mémoire, la coordination, la motricité … et en même temps la valorisation et l’estime de soi !

Un patient hémiplégique (Ne bouge pas son bras gauche) me répond qu’il aime peindre ! Alors je vais chercher de la peinture et une feuille blanche et il me répond « C’est pour les enfants ça ». J’étais gênée et il m’a montré des photos de ses peintures et en fait j’ai compris ! C’est parce que c’est un vrai peintre ! Je lui ai dit qu’on pourrait faire une séance de peinture sur toile et il m’a dit qu’il n’avait jamais peint depuis son AVC il y a 2 ans… Il était tout content rien qu’à l’idée du projet ! J’aime ! j’aime ! Je vous montrerai le résultat ! L’arrivée de Domitille pour 6 mois en tant qu’infirmière m’a fait me sentir encore plus chez moi en l’accueillant à Bhannès ! c’est super de l’avoir comme co-volontaire on va pouvoir se raconter nos anecdotes avec nos patients respectifs !

Comment ça se passe pour les écoles en ce moment ?

Je connais plusieurs volontaires qui sont dans des écoles et c’est vrai que leur mission est bien chamboulée ! Depuis les vacances de Noel, les écoles ont fermé puis réouvert 2 jours puis …. Une accumulation de covid+ neige+ crise financière+ grève des profs+ grève des transports et j’en passe. Ils font aussi preuve de créativité en cherchant de nouveaux lieux de missions. Certains volontaires, ont par exemple trouvé de quoi aider sur le chantier de la reconstruction d’un ancien orphelinat détruit lors de la guerre. Je les ai rejoints une journée ! Le père y travaille depuis 3 ans sans ouvriers. Il est épatant ! Il nous a donné 3 mots à retenir : Confiance, persévérance, patience ! Une activité physique tout en échangeant sur nos missions !

Les week-end

Certains week-ends, nous avons dû rester à Bhannès pour éviter les contacts. L’occasion de proposer une balade aux sœurs et de parler de leur vocation et de leur vie si dynamique !

Un week-end, j’ai pu aller dans la famille de Gilbert chez qui je suis allée lors de mon arrivée au Liban ! Ils m’ont encore si bien accueilli avec cette fois-ci du bon fromage à la française !

D’autres week-ends, nous avons pu sortir à l’air libre et faire quelques randonnées ! Marwan nous a organisé un super week-end durant lequel nous sommes allés faire de la raquette dans les montagnes enneigées avec un groupe de libanais et volontaires ! C’était si beau !

[FRANCE] Avec les chaldéens d’Arnouville, s’intégrer sans oublier

Les chaldéens vivant en diaspora sont désormais plus nombreux que ceux sur leurs terres d’origine. Le Val d’Oise accueille la communauté la plus importante d’Europe, à Sarcelles et à Arnouville.

« Que de villages pillés, incendiés et dont les habitants ont été massacrés ; il n’en reste plus que le nom, tout ayant disparu » écrit en 1860, le prêtre chaldéen François Daoud, en Turquie. Les assyro-chaldéens sont déjà pris en étau entre les Ottomans et les Kurdes, une poignée d’entre eux se réfugient en France. S’ensuivront le génocide de 1915, le conflit entre le PKK et les Turcs en 1984, la guerre Iran-Irak entre 80 et 88, la 1ère guerre du Golfe en 1991, l’invasion américaine en 2003, et enfin l’invasion de Daech en 2014. Sur leur terre d’origine, l’ancienne Babylone, ils sont aujourd’hui moins nombreux que ceux en exil.

Une communauté dynamique

« Est-ce que l’on se rend compte de ce que signifie pour un peuple entier de quitter sa terre ? » interroge l’air grave, le père Narsay Soleil, vicaire des paroisses chaldéennes du Val d’Oise. Comme la majorité des chaldéens de France, sa famille est originaire du sud-est de la Turquie, et comme nombre d’entre eux est arrivée à Sarcelles en 1984. On estime à près de 15 000 le nombre de chaldéens dans le Val d’Oise, ce qui en fait la plus grande communauté en Europe.
À Arnouville, depuis que la nouvelle église a été inaugurée en 2016, les trois célébrations du dimanche ne désemplissent, avec près de 1200 paroissiens fidèles au rendez-vous. En semaine, hors pandémie, à la messe de 10h l’église est pleine. « C’est un grand paradoxe : on a été chassé de nos terres, on nous a mis sur les routes, on a tout perdu, mais ici on a tout, on est heureux, on garde ce lien entre nous et surtout avec l’église. On nous a donné une chance, on l’a prise » ajoute le père Narsay. Est-ce d’avoir traversé les grandes tragédies du siècle dernier qui donnent aux chaldéens cette foi ancrée, héréditaire, évidente et profonde ? Ou est-ce au contraire cette foi qui leur a permis de surmonter les déchirures de l’exil et les défis de l’adaptation ?

Trouver ses marques

Hurmiya se souvient parfaitement de son arrivée en France, le 1er janvier 1984. « En Turquie, le village se vidait petit à petit, nous nous sentions menacés. D’autant que la sœur de mon beau-frère avait été kidnappée par les Turcs. Cela a été un évènement traumatisant pour notre famille. » Les 7 membres de sa famille se sont installés dans le F5 de son oncle à Sarcelles, lui-même père de 4 enfants. « À 12, on était un peu entassé ! en Turquie nous n’avions pas l’habitude de dépendre des autres ». Pourtant, ce qu’a retenu Hurmiya de ses débuts en France, c’est le réseau de solidarité qui s’est tissé autour d’eux : le père Pierre qui les a tant aidés, la directrice de l’école qui les accompagnait dans toutes leurs démarches, le voisin chinois qui bricolait pour eux. Et ceux du village qui étaient arrivés avant.
La réalité est autre pour les nouveaux arrivants irakiens, traumatisés par la barbarie de Daesh qui s’est abattu sur leur pays. L’intégration semble plus complexe. Il ne s’agit peut-être que d’une question de temps, les chaldéens turcs se sentant désormais pleinement français, préférant mettre un voile sur la difficulté des premières années. Georges, son épouse et ses 6 enfants, après une vie de fuite à l’intérieur de l’Irak, l’ont définitivement quitté en 2015. « Les 2 premières années ont été très dures, seule l’Église (chaldéenne, ndlr) nous a aidé. Quand je demandais mon chemin en anglais dans la rue, personne ne me répondait. » Il est reconnaissant envers le service aux personnes réfugiées de l’Œuvre d’Orient de lui avoir permis d’apprendre le français rapidement et gratuitement. Même si son français est aujourd’hui assez bon, il ne l’est pas assez pour reprendre son métier d’ingénieur pétrolier. Il fait des repassages, décharge des camions à Roissy. Le père Narsay souligne que « les chaldéens venus de Turquie se sont tous retrouvés au même endroit, tandis que les Irakiens sont dispersés, aux quatre coins du monde et de France. Le lien de solidarité a été moindre et surtout comment réunir la famille ? »

Notre langue est notre patrie

Entre eux, qu’ils viennent de Turquie ou d’Irak, ils parlent le soureth. Pour Georges, garder cette langue est aussi essentiel pour des raisons pragmatiques : c’est la langue commune entre cousins dispersés entre Suède, USA ou Australie. « Cette langue est notre patrie ». Qu’ils soient irakiens ou turcs, il est une nostalgie sur laquelle tous s’accordent. Celle de leurs terres bien sûr, mais plus encore, celle des grandes fêtes religieuses qui les réunissaient tous, ces repas partagés. « Si tous s’accordent à dire qu’ils vivent mieux ici et ont beaucoup de gratitude envers la France, pour beaucoup d’anciens, une société où l’individu prime sur la communauté reste difficile à concevoir. » constate le père Soleil. Il n’en reste pas moins que les chaldéens parviennent à tenir ce difficile équilibre : s’intégrer sans oublier qui l’on est et d’où l’on vient.
Eglantine Gabaix-Hialé
Crédits photos : Guillaume Poli

Reportage paru dans le dernier numéro du Bulletin. Pour vous abonner à notre revue trimestrielle, le Bulletin de L’Œuvre d’Orient, publiée depuis 1857 et entièrement dédiée à l’histoire et l’actualité des chrétiens d’Orient, cliquez-ici.