[GRÈCE] Le témoignage de Suzanne : « Chaque pan du quartier appartient à une communauté. Les réfugiés se rassemblent en effet, partageant la même langue et récits de vie, se serrant les coudes à plusieurs. J’ai été frappée par le grand sens de la solidarité qui les unit. « 

Suzanne nous raconte ses premières impressions au sein du JRS d’Athènes. Elle y est volontaire pour 6 mois et ses missions sont le soutien d’urgence, l’intégration et l’éducation auprès des réfugiés. 


Bonjour à tous !

J’espère que vous allez bien. Que le climat morose et la rentrée des classes en France n’ont pas trop joué sur votre moral. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez toujours venir me voir à Athènes, où nous avons un doux 30 degrés et la plage à quelques heures.

On se fait vite au rythme grec. Tout va tranquillement, il faut prendre son temps. Les gens marchent lentement dans les rues. Un pays où les lettres postées prennent plus de deux mois à arriver à destination.  Un pays où les câbles électriques qui tirent le bus s’emmêlent à cause d’un arbre mal coupé et où le chauffeur descend pour les désemmêler. Un pays où il y a encore une personne au péage pour prendre votre ticket. Un pays où on vous donne trois sacs en plastique et deux tickets si vous achetez une aubergine, plus une paille en plastique pour votre jus d’orange pressé. Un pays où il y a cinq chats de rue pour un habitant. C’est toujours un bazar monstre, du bruit dans tous les sens, une ville en perpétuel mouvement. On ne sait jamais ce qu’il va se passer quand on sort dehors.

Et puis il y a ce savant mélange entre sites antiques bordés d’oliviers, de pins, de cyprès au cœur de la ville et quartiers alternatifs, entre le quartier Keramico pour les athéniens bobos branchés et Exarchia, le quartier anar.  Une sorte de fusion entre Rome et Berlin. […] A trente minutes à pied de chez nous, l’Acropole est mon échappatoire quotidien, ma bouffée d’air […]. Mon endroit préféré, le Parthénon au coucher du soleil par un ciel bleu dégagé.

Je me suis aussi faite à notre quartier. C’est un des plus pauvres d’Athènes (et donc un des moins chers, ce qui permet aux réfugiés de se loger), très sale, beaucoup de misère (prostituées, drogués), quasiment que des hommes dans l’espace public. Chaque pan du quartier appartient à une communauté. Les réfugiés se rassemblent en effet, partageant la même langue et récits de vie, se serrant les coudes à plusieurs. J’ai été frappée par le grand sens de la solidarité qui les unit. Somaliens, afghans, africains, chacun sa rue. Néanmoins, pas de quartier entre communautés.   A Victoria Square par exemple (là où nous faisons des activités sportives et artistiques avec les enfants), la plupart des personnes présentes sont afghanes. […]

👗 En ce qui concerne nos missions comme volontaires, nous avons tout d’abord une permanence au Magazi, magasin qui fonctionne par donation tous les jours.  Nous donnons principalement des vêtements. Nous manquons malheureusement de couches et de lait, alors que c’est ce dont les familles ont le plus besoin. Les couches coûtent en effet extrêmement cher ici, impossibles à acheter pour ces familles souvent nombreuses. C’est toujours une joie quand on arrive à dégoter un beau t-shirt, une barbie pour un enfant et qu’on voit ses yeux s’illuminer. Nous avons principalement des familles afghanes qui viennent nous voir. Le bouche à oreille joue beaucoup, la communauté se passe le mot.  En seconde position, des femmes africaines, de RDC et du Cameroun principalement. A cause du COVID, nous fonctionnons par rendez-vous et nous avons de très nombreuses demandes, il y a un mois d’attente. Beaucoup de personnes se présentent au magasin sans rendez-vous, nous suppliant pour des couches et vêtements pour enfants. C’est parfois dur à gérer car nous devons donner la priorité à ceux qui ont des rendez-vous, qui ont attendu plusieurs mois pour venir. Mais comment ne pas céder devant tant de misère ? Nous faisons du cas par cas, nous les orientons vers d’autres associations….

⚽ Trois fois par semaine, nous allons aussi à Victoria Square, un square pas loin de chez nous. La plupart des personnes présentes sont des afghans. Ils ont des appartements très petits, donc ils passent leurs journées là-bas, dehors avec leurs enfants. Nous venons environ deux heures et nous faisons de la peinture, des balles aux prisonniers, du foot, des parcours sportifs. Les enfants ne parlent pas bien anglais mais on arrive toujours à se faire comprendre. Souvent, un enfant comprend et explique au reste du groupe. Ces enfants ont vécu des choses difficiles lors de leur traversée jusqu’en Europe et le quotidien n’est pas aisé ici en Grèce. On les fait jouer, on leur change les idées. Les voir s’amuser, rire, se défouler, c’est déjà ça ! Cela demande néanmoins une grande patience et beaucoup d’énergie, car en général, nous avons quarante enfants de deux à douze ans à gérer, des sollicitations, des « My friend » dans tous les sens.

Mais on se rend compte que ces enfants sont finalement comme tous les autres enfants. Certains sont timides, d’autres déjà assez charismatiques, jouer à un deux trois soleils, malgré la barrière de la langue marche pour toutes les cultures et en foot Ronaldo est leur idole. On a forcément nos préférés mais on essaie de ne pas le montrer.[…]

Nous distribuons des jus d’orange et des gâteaux à chaque fois. Néanmoins, la distribution de jus d’orange est souvent très compliquée. Les enfants accourent de toute part, les mères aussi, en indiquant qu’elles ont tel ou tel enfant à leur charge qui n’est pas là, qu’il faut leur en donner. Quand les mères s’en mêlent, rien ne va plus, la situation peut vite devenir incontrôlable.  Comme nous n’avons jamais assez de jus, on ne peut pas faire de lignes de distribution, ce qui serait le plus juste. Les volontaires présents depuis plus longtemps m’ont expliquée que dans les camps d’où viennent la plupart, ils ont appris à jouer des coudes pour avoir de la nourriture, donc ils reproduisent ce phénomène ici.

 

 

 

[ÉGYPTE] Sœurs de l’ombre, femmes d’exception : À Koussieh, les petites mains de Dieu

« C’est là qu’est notre mission, dans la poussière et dans le bruit, avec et aux côtés des plus pauvres » Sr Nada, Libanaise, n’était pas revenue dans « sa » mission depuis 2005. Envoyée ensuite en Syrie et en Iran, elle retrouve aujourd’hui ce qui lui avait tant manqué, le cœur de sa vocation : servir et partager la vie de ceux qu’elle sert.

À 5h de route au sud du Caire, Koussieh a des allures de village : une seule rue goudronnée traverse cette ville de près de 100 000 habitants dont 36 000 chrétiens. Des touk-touk par milliers usent de leur klaxon jour et nuit, des charrettes, quelques voitures. Il pleut tous les 10 ans, la poussière recouvre tout. À un carrefour, la mission et cinq religieuses des Filles de la Charité : Nada, Bachayère, Férial, Nadia et Camilla. Un havre de vie plutôt qu’un havre de paix. Les bruits de la ville s’y encaissent, la plus proche mosquée jouxte les chambres des religieuses. La maison abrite un dispensaire, un jardin d’enfants, une cantine, des groupes de femmes et, d’une manière générale, tous ceux qui veulent passer un temps à l’ombre de la bâche dressée dans la cour. À part leur chambre, les sœurs n’ont pas d’espace privé. Au moment des repas, il y a toujours quelqu’un qui toque à la porte « c’est le seul moment où les gens sont sûrs de nous trouver ! » confie Sr Camilla entre sourire et fatigue. On les croit sans peine quand les Sœurs disent que c’est ici leur mission la plus bruyante du Proche-Orient.

Sr Nada a repris les rênes depuis moins d’un mois. Elle fait le tour des bâtiments découvrant parfois quelques changements : « alors ici, dans cette pièce c’était notre buanderie » À l’odeur qui s’en échappe, on devine que ce n’est plus le cas. La porte s’ouvre sur une chambre transformée en poulailler sous le regard encore accroché de Saint Vincent de Paul et dubitatif de Sr Nada.

Vocations et missions

Sr Camilla, infirmière à la quarantaine joyeuse, est originaire de Sedfa, en Haute-Égypte. Elle a rencontré les Filles de la Charité à l’école. « Leur manière d’être m’a plu. Sr Marcelle au Caire aussi m’a marquée, son amour et sa miséricorde envers les employés, son sens de la justice. Tout le monde lui obéit parce que tout le monde la respecte. Pourquoi ça marche alors qu’elle-même ne marche plus ? glisse-t-elle avec une maitrise certaine des subtilités de la langue française, « l’amour tout simplement ».


Ana vient d’un milieu pauvre et n’a pas pu faire des études. Au dispensaire, elle apprend sur le tas depuis 2014 comme assistante dentaire. Plus qu’un métier, c’est une vocation qu’elle est venue chercher ici. Bientôt, elle partira en noviciat au Caire. Regarder les sœurs vivre lui a donné envie de suivre leurs traces. En Haute-Égypte, les vocations sont nombreuses.


Entre exemplarité et difficultés de la vie communautaire au quotidien, entre idéal et pragmatisme, il n’est pas toujours évident de retrouver le sens de sa vocation. Issue d’une famille copte orthodoxe aisée du Caire, sr Nadia a été fiancée deux mois avant d’avouer son intérêt pour la vie religieuse « Il était très bien, le fiancé, mais ce n’était pas ça ma vie ! Et puis une fois ce choix fait, il y a eu les doutes, notamment sur la vie en communauté. Pourquoi avais-je tout quitté pour une vie finalement comme les autres ? Pour moi la vie de la communauté était un idéal et ce n’est pas toujours le cas, il faut bien le dire. Cela a été dur à accepter. Je voudrais que les choses soient parfaites, mais seul Dieu est parfait, je me dois seulement de faire ce que je peux. »  Sr Férial, syrienne, dit aimer changer de lieux de mission « ça permet de se concentrer sur l’essentiel, de se détacher. Il arrive que l’on ne s’entende pas entre nous, si c’est vraiment compliqué, on change de mission. Pour servir le Christ, mieux vaut qu’on ne gaspille pas notre énergie en dispute non ? ».


À Menchieh, un peu plus au sud de Koussieh, 16 femmes travaillent dans la fabrique de bougies initiée par Sr Nadia. « La pauvreté ici n’est pas que matérielle, il faut que les filles sortent de la maison où elles n’ont même pas une oreille pour les écouter : c’est ça la vraie pauvreté ». Les bougies sont vendues dans toutes les églises d’Égypte et les ouvrières ont pris les rênes de l’atelier.


Une vie de prières et de dévouement

La vie religieuse contient son lot de blessures intimes, de déception, de doutes, de découragement. Quand on demande à Sr Camilla ce qui la porte dans ces moments-là : « La prière. Le Christ est plus fort que nos fatigues. Même constat pour Sr Nadia : « Les temps de prière et d’oraison sont essentiels, on lit notre journée à la lumière de l’Esprit. » De fait, leur vie est rythmée par ces temps de prières, des laudes aux vêpres, de 6h30 à 21h. Entre temps, elles soignent, éduquent, enseignent, conseillent, cuisinent, nettoient, écoutent, ont mille vies dévouées en une journée, avec une patience digne d’un garde suisse. Chacune a sa propre liturgie en ce qui concerne la vaisselle. Tout comme chaque communauté des Filles de la Charité en Égypte a ses propres règles pour jouer au Rummikub. Certaines ont même des réputations de tricheuses qui les suivent dans tout le Moyen-Orient, ou disons des façons de jouer qui leur sont propres.

Lors des vêpres, Sr Nada a instauré un rituel. Égrener les noms des Filles de la Charité décédées ce jour-là, leur lieu et date de naissance, de vocation et de décès, inscrites dans un grand livre. Elles sont nées en Bretagne, en Auvergne, en Pologne, en Angleterre, en Égypte, au Liban, du milieu du XIXe au début de ce siècle, et sont décédées loin de chez elles à 25, 50 ou 90 ans. Après avoir tout quitté pour des raisons qui nous resteront toujours mystérieuses. Des vies simples, données, exceptionnelles.

« En mémoire de Sr Henriette, rencontrée dans une léproserie en Iran, en 2005, où elle a passé la plus grande partie sa vie, décédée en septembre 2020 au Liban. Et de ces deux parties de scrabbles que nous avions jouées, où elle avait triché éhontément ».

Églantine Gabaix-Hialé

Chargée de mission Œuvre d’Orient


Cet article fait partie du dossier « Sœurs de l’ombre, femmes d’exception » publié dans le bulletin 804 qui vient de paraître.

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[Égypte] Le témoignage d’Angélique « Nous qui sommes habituées à toujours faire quelque chose en permanence, ici le temps devient « élastique » »

Angélique, 24 ans, étudiante en hôtellerie à Bruxelles , nous raconte son premier mois de mission avec les Sœurs de la Charité à l’école Sainte Jeanne Antide d’Alexandrie. 


Après une quinzaine de jours à Alexandrie, il est temps de faire un premier point sur ce début d’expérience en Égypte. Nous voici, avec Henriette installées depuis le 6 septembre dans l’école Sainte Jeanne Antide située dans le quartier universitaire d’Alexandrie. Nous logeons dans un premier temps dans l’école au même étage que les 4 sœurs qui nous accueillent. A cause de la situation sanitaire encore bancale, le ministre a décalé la rentrée au 9 octobre. Très rapidement, je réalise que ce mois va être très utile pour plusieurs raisons.

Déjà, cela nous permet de participer au séminaire sur la francophonie qui se déroule 4 jours après notre arrivée au Caire avec toutes les écoles francophones égyptienne. Occasion de croiser Lorraine, notamment qui est dans la même école que nous mais au Caire.

De plus, les professeurs sont présents tous les jours dans l’enceinte de l’école depuis le début du mois de septembre de 7h30 à 13h pour préparer la rentrée : meilleure occasion de les rencontrer en profondeur et participer à la mise en place de la rentrée avec eux. Ainsi, nous passons nos matinées en salle des professeurs du petit primaire. Matinées qui au déma

rrage s’avèrent un peu longues car les professeures, n’ayant pas encore récupéré les programmes, attendent un peu que le temps passe. J’apprends à reconsidérer rapidement la notion de temps. Nous qui sommes habituées à toujours faire quelque chose en permanence, ici le temps devient « élastique », on prend son mal en patience et on s’efforce de puiser dans nos ressources pour passer le temps de la meilleure manière. Cela passe dans un premier temps par le dialogue : discussions après discussions nous découvrons chaque professeure, toutes si accueillantes et chaleureuses avec nous.

Puis vient le temps des cours d’arabe improvisés : en effet, nous avons à cœur d’apprendre à se débrouiller dans notre quotidien en arabe le plus vite possible pour se faire comprendre et être autonomes. De fil en aiguille, les professeures de français et d’arabe, nous font apprendre de nouveaux mots pour enrichir notre lexique et nous aident à prononcer, amusées par notre prononciation franchement mauvaise au début. Les professeures à 99% des femmes, sont souvent très jeunes. Nous nous lions d’amitié rapidement avec beaucoup d’entre elles qui nous proposent le vendredi, jour de congés, de découvrir la ville avec elles.

Enfin, ce mois nous permet de donner des cours de soutien aux professeurs de français et sciences qui donnent leurs cours en français et ont parfois des lacunes car ils n’ont pas pratiqué depuis l’école puisque l’université se déroule majoritairement en anglais.

Ensuite, nous partageons chaque jour notre déjeuner avec les sœurs, un moment toujours convivial où nous découvrons presque chaque fois des spécialités égyptiennes absolument délicieuses cuisinées par Mona, la cuisinière de l’école. Le repas est fixé à 13H30 mais en réalité les sœurs étant très occupées, nous ne déjeunons jamais avant 14h15/30 et sortons de table à 15H30, comme les repas de famille. Ce temps d’attente est souvent l’occasion de faire salon avec sœur Anne-Marie ou sœur Afaf qui nous racontent leurs vies de religieuse et leur quotidien. Un moment d’intimité qui nous permet de mieux les connaitre.

Le mercredi soir, nous accompagnons sœur Afaf à la messe en arabe au Sacré Cœur. Je fus très touchée quant au bout de la 3ème semaine, les deux dames qui s’occupent de la chorale ont demandé au prêtre qui ne parle pas français, si on pouvait lire la lecture en français spécialement pour Henriette et moi. Puis sans nous prévenir en avance, ces deux dames, ont chanté l’Agneau de Dieu, le Sanctus et le chant de sortie en français. Autant dire que nous chantions à plein poumons. Le dimanche, avec Thomas, nous allons à la messe chez les jésuites, où nous retrouvons Nardine, Daniel et d’autres égyptiens adorables, qui animent la messe en français et qui nous accueillent à bras ouverts. Ce petit rendez-vous de la semaine est un vrai moment de joie pour moi.

Impatiente de voir l’école grouiller de petites filles dans tous les coins dans quelques jours en espérant vivement que la situation sanitaire ne va pas retarder la rentrée. Un autre étonnement pour conclure : les professeurs sont rodés avec le digital et nous forment à maintes reprises pour être capable de se retourner si l’année se déroule à distance, ce qui est rassurant !

Sa Béatitude Raphaël Bedros XXI Minassian, nouveau patriarche de Cilicie des Arméniens catholiques

L’Œuvre d’Orient rend grâce pour l’élection du nouveau Patriarche de l’Église arménienne catholique, Sa Béatitude Raphaël Bedros XXI Minassian. Il succède à S. B. Grégoire Bedros XX Ghabroyan.

Installé le 24 octobre prochain en la cathédrale St Élie de Beyrouth, il portera le titre de Catholicos-Patriarche des Arméniens catholiques.

Le siège patriarcal est au couvent de Bzommar et la résidence patriarcale à Beyrouth. Nous prions pour son nouveau ministère.

Lettre « Ecclesiastica Communio » du Pape François du 23 septembre 2021 : « L’élection de Votre Béatitude a eu lieu à un moment où les gens sont particulièrement éprouvés par divers défis. Je pense à la souffrance en Syrie et au Liban – pays où l’Église de Cilicie des Arméniens est présente – ainsi qu’à la pandémie, qui est encore loin d’être vaincue dans de nombreuses régions du monde. Tous les hommes de bonne volonté, en particulier les chrétiens, sont appelés à être des voisins et des frères, en surmontant l’indifférence et la solitude. Même sous les flots de l’histoire et dans les déserts de notre temps, nous pouvons et nous devons marcher vers le Crucifié ressuscité ».

Sa Béatitude Raphaël Bedros XXI Minassian en quelques dates :

·24 novembre 1946 : naissance à Beyrouth. 1958-1966 : études au séminaire patriarcal de Bzommar
·1966-1973 : Université pontificale grégorienne et université pontificale salésienne (Rome)
·1973 : ordonné prêtre à Bzommar, au Liban
·1989 : curé d’une paroisse à New York (États-Unis)
·1990- 2003 : pasteur pour les catholiques arméniens de Californie, d’Arizona et du Nevada.
·Depuis 2004, il dirige Telepace Armenia, dont il est le fondateur.
·2005 : nommé exarque patriarcal de Jérusalem et d’Amman (Jordanie).
·24/06/2011 : consacré évêque, il est nommé Ordinaire pour les Arméniens catholiques en Arménie, en Géorgie et en Europe de l’Est, le Saint-Père lui attribuant le siège titulaire de Césarée de Cappadoce pour les Arméniens et le titre d’archevêque ad personam.

L’Église arménienne catholique en quelques dates

  • En 406, le moine Mesrop invente l’alphabet arménien et traduit les livres sacrés.
  • Seuls en guerre contre les Perses (451), les Arméniens ne participent pas au concile de Chalcédoine mais le réfutent en 553 au synode de Dvin.
  • Au XIe siècle, l’invasion mongole les pousse à s’exiler en Cilicie : le patriarche les suit et réside à Sis.
  • En 1441, un second patriarche est élu à Etchmiadzine (Arménie).
  • En 1740, une partie de l’Église apostolique se sépare : Mgr Ardzivian, archevêque d’Alep, est élu patriarche des Arméniens catholiques. Il est reconnu par le pape Benoît XIV en 1742. Il s’installe au Mont-Liban.
  • De 1915 à 1922, lors du génocide, 1,5 millions d’Arméniens sont massacrés par les Turcs.
  • En septembre 2021, dans un communiqué, L’Œuvre d’Orient s’alarme de la situation du Haut- Karabagh et des conditions de vie des habitants. Elle constate que l’on a voulu évincer de leur territoire historique, de leurs maisons, de leurs villages, de leurs églises, les Arméniens du Haut-Karabagh. L’association demande que le Haut-Karabagh retrouve l’intégralité de son territoire historique, dans des frontières sécurisées et qu’il puisse disposer d’un processus d’auto-détermination analogue à celui qui a été mis en place au Kosovo et sous contrôle international.

L’Église arménienne apostolique compte environ 6 millions de fidèles avec deux Catholicos (titre équivalent à celui de Patriarche dans certaines Églises orthodoxes orientales). Les Arméniens catholiques sont 600 000 dans le monde : 450 000 en Orient dont 400 000 en Arménie et dans les pays de l’ex-Union soviétique.

[Haut-Karabakh] Inauguration du centre Paul Eluard à Stepanakert.

Un an après le cessez-le-feu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh, L’Œuvre d’Orient a participé à l’inauguration du centre francophone Paul Eluard à Stepanakert.


L’objectif du centre Paul Eluard est de renforcer l’ouverture du pays par le biais privilégié d’échanges avec le monde francophone.

Le centre Paul Eluard est financé par des fonds privés, des collectivités locales françaises et L’Œuvre d’Orient

Aujourd’hui, prises dans les conflits, la tentation est grande pour les populations maltraitées, démunies, d’émigrer.

Le centre Paul Eluard espère inverser la tendance :

  • Par le soutien à la création d’emplois qui permettent de rester sur place
  • Par le soutien de projets de développements économiques qui s’enrichissent aussi de la culture française et de la langue française qui deviennent un véhicule pour travailler ensemble dans l’ouverture aux autres avec une dimension internationale.

Exemples :

  • Préparation de personnes en vue de leur formation en France aux métiers de la boulangerie avec ensuite l’ouverture d’une « boulangerie  – pâtisserie – viennoiserie » où on utilise une compétence et un savoir faire français mais aussi la langue et la culture.
  • L’accompagnement de médecins dans l’apprentissage de la langue française avant leur stage à l’université de Marseille.
  • Formation de jeunes se préparant à des métiers du tourisme

L’urgence des besoins :  offrir une opportunité de développement concret avec la langue française et participer ainsi au soutien de projets d’installation en Arménie.

Cette urgence souligne l’importance d’une offre de formation intensive en langue française en renforçant la dynamique de ce qui se pratique déjà . Une offre qui s’allie au projet du centre culturel et apporte une certaine masse critique dans le rayonnement culturel concret du centre.

[SYRIE] Élection de Mgr Georges Masri comme nouvel archevêque grec-melkite à Alep

Le synode des évêques de l’Église patriarcale d’Antioche des grecs-melkites a élu Mgr Georges Masri, 53 ans, comme archevêque métropolitain d’Alep en Syrie ce vendredi 17 septembre 2021. L’Œuvre d’Orient se réjouit de cette nouvelle.

Mgr Georges Masri est né le 26 mai 1968 à Alep. Après avoir fréquenté l’école dans sa ville natale, il entre au séminaire patriarcal de Raboueh, au Liban, puis il étudie la philosophie et la théologie à Harissa.

Plus d’informations sur cette élection ici.

[ARMÉNIE] Le témoignage de Jean : « Je réalise petit à petit que j’ai vécu une expérience extraordinaire. »

Jean, 22 ans, étudiant à Navale, est allé aider les sœurs arméniennes de l’Immaculée Conception cet été, il rentre transformé par cette expérience.


Je suis rentré d’Arménie le week-end dernier. Le retour à la vie « normale » à été un choc mais je réalise petit à petit que j’ai vécu une expérience extraordinaire. Comme prévu je vous envoie le récit de cette aventure et quelques photos.

J’ai atterri à Yerevan dans la nuit du 26 au 27 juillet. […] Le calme des Arméniens et la grande flexibilité de leurs horaires m’ont très vite frappé. L’anticipation et la planification ne semblent pas être très à la mode. Cela me va, je suis content de me laisser porter.

Arrivé au camp, je m’installe dans ma chambre puis je découvre au déjeuner toute la tribu accueillie par les sœurs. Les enfants sont joyeux, un peu agités mais d’une discipline impressionnante dès qu’on leur demande de se mettre en rang pour se rendre au réfectoire, dans la cour, dans la chapelle ou en salle de classe. Dès que la clochette des sœurs sonne, le brouhaha cesse dans le réfectoire et tous se lèvent pour réciter en cœur la prière.

Les enfants sont vêtus d’habits neufs de marques occidentales, certains ont des maillots du PSG, des casquettes New York. Je suis étonné, leurs tenues ne sont pas tellement différentes de celles des jeunes des lycées parisiens, je me demande si ces enfants sont vraiment dans la situation précaire qu’on m’a dépeinte. Ce n’est que bien plus tard que je découvrirai l’immense garde-robe tenue par les sœurs, remplie des dons de vêtements qu’elles reçoivent régulièrement. Au début du camp, les enfants peuvent choisir leurs habits parmi un large choix d’articles. Je n’ai pas assisté à ce moment mais j’ai entendu dire que c’est une grande joie pour eux.

J’apprendrai aussi que ces enfants viennent pour beaucoup de villages à la frontière avec le Haut Karabagh, région qui a connu 44 jours de conflits de septembre à novembre dernier, avec un bilan d’au moins 3400 morts arméniens. Ils ont l’habitude d’entendre les bombes exploser, certains ont perdu des proches, certains sont orphelins, et il arrive souvent que le père abandonne le domicile familial pour chercher une meilleure situation à l’étranger. Les sœurs visitent les villages et rencontrent les familles pour déterminer celles qui ont le plus besoin de leur aide car la demande est très grande !

Malgré tout, on ne se rend presque pas compte que ces enfants ont vécu des expériences aussi difficiles. Ils sont très joueurs, plein d’énergie, et les occuper n’est pas une mince affaire. Parfois turbulents, ils savent faire preuve d’une grande discipline et semblent posséder un sens moral très impressionnant pour leur âge. Ils comprennent très vite lorsqu’on les rappelle à l’ordre et les querelles parfois vives se calment aussi très rapidement. Si certains sont vraiment agités, ils semblent toutefois beaucoup plus mâtures et maîtres d’eux-mêmes que les enfants occidentaux. Ils sont plus forts, plus endurcis.

Une journée classique au camp de Tsaghkadzor commence par la prière à la chapelle, suivie du lever des couleurs pendant lequel les enfants chantent l’hymne national. S’ensuit un peu de marche au pas au rythme de la musique puis une séance de gymnastique matinale. On prend ensuite le petit-déjeuner au réfectoire avant d’entamer les cours jusqu’au déjeuner. Je donnais les cours de français avec un ou deux autres volontaires français. Nous étions aidés par une traductrice qui parlait arménien et anglais. Cela nous forçait à redoubler d’imagination et à gesticuler pour faire comprendre les expressions françaises aux enfants.

Nos cours étaient très ludiques car les enfants étaient en vacances et n’avaient pas envie de revivre l’école pendant leur été. Nous nous efforcions de les divertir et de les faire rire en leur apprenant quelques rudiments de français.[…] La sieste permet ensuite de se reposer un peu avant d’aller jouer dehors jusqu’au dîner. Les animateurs arméniens organisaient des tournois entre les enfants sur le thème de Fort Boyard ou des Jeux Olympiques, au cours desquels ils devaient faire preuve d’adresse et de rapidité pour remporter la victoire. Ces activités réjouissaient les enfants qui se transformaient tantôt en supporters enthousiastes, tantôt en compétiteurs acharnés. Tout se terminait en applaudissement général et en danse au milieu de la cour. Après le dîner, la journée s’achevait par une veillée animée par les animateurs et les enfants suivie d’une prière et d’un chapelet pour ceux qui le souhaitaient.

Les sœurs m’ont assuré que les enfants rentraient chez eux transformés. Je n’ai aucun doute là-dessus tant les efforts qu’elles faisaient pour leur faire vivre une parenthèse unique dans leur vie sont admirables.

À la fin du camp, beaucoup d’enfants sont baptisés. En effet, bien que l’Arménie soit quasiment entièrement chrétienne (environ 95% de Chrétiens), organiser un baptême représente un budget important que ne peuvent se permettre leurs familles. Ces baptêmes sont un moment très émouvant. Quand les jeunes baptisés rentrent pour le déjeuner, ils sont applaudis par tous et un gros gâteau est partagé pour fêter l’événement.

Moi aussi j’ai été un peu transformé par ce voyage. J’ai été très satisfait de cette mission. Je voulais donner de mon temps pour les autres et prendre un moment de réflexion pour faire le point. Passer du temps avec les enfants m’a apporté de la joie et m’a également appris à mieux me connaître. Leur joie malgré les expériences très dures qu’ils vivent m’a donné une véritable leçon de lâcher prise et d’humilité. Les moments de recueillement au cours des prières, messes et chapelets m’ont également fait beaucoup de bien. Forcément, le retour en France m’a offert un sacré contraste, mais je me sens renforcé par cette expérience.

Bonne rentrée à tous !

Je vous embrasse chaleureusement.

Jean

[Communiqué de presse] L’Œuvre d’Orient s’alarme de la situation au Haut-Karabagh.

L’Œuvre d’Orient a pris connaissance de la situation au Haut-Karabagh et des conditions de vie des habitants. Le peuple arménien a beaucoup souffert dans son histoire et tout spécialement lors du génocide de 1915. Le peuple arménien a acquis dans le sang le droit de vivre dans la paix et la liberté.

Il est constaté que l’on a voulu évincer de leur territoire historique les Arméniens du Haut-Karabagh. Les habitants arméniens ont été chassés de leurs maisons, de leurs villages, de leurs églises.

L’Œuvre d’Orient demande que le Haut-Karabagh retrouve l’intégralité de son territoire historique, dans des frontières sécurisées.

L’Œuvre d’Orient demande que le Haut-Karabagh puisse disposer d’un processus d’auto-détermination analogue à celui qui a été mis en place au Kosovo et sous contrôle international.

Les habitants du Haut-Karabagh ont été touchés par les paroles du Président de la République française M. Emmanuel Macron.

L’Œuvre d’Orient demande que la France et l’Union Européenne réévaluent l’aide concrète apportée à ces habitants.

Directeur Général de L’Œuvre d’Orient

L’Œuvre d’Orient est une association catholique et apolitique, reconnue d’intérêt général, qui œuvre depuis plus de 160 ans pour soutenir les communautés chrétiennes au Moyen-Orient qui sont au service de toute la population (éducation, santé, culture). Elle est membre du Comité de la Charte et bénéficie du label « Don en confiance ». Ce label, garantit la totale transparence sur ses financements et la destination de ses fonds.

[ICO] La rentrée de l’Institut chrétiens d’Orient

Nous sommes fiers de vous annoncer la deuxième rentrée de l’Institut chrétiens d’Orient. Les cours reprennent le lundi 13 septembre 2021. Nos 14 enseignements sont accessibles en ligne, et 5 se donnent aussi en présence, au 6 rue du Regard 75006 – Paris. Un service « replay » est assuré pour la totalité de nos séances.

L’institut a pour objectif de faire connaître les chrétiens d’Orient, leur culture et leur environnement intellectuel et social. Plus d’information sur le site :

https://www.institutchretiensdorient.org/

Le professeur Antoine Fleyfel en assure la direction, soutenu par un corps enseignant universitaire et un comité scientifique dont vous pouvez consulter la constitution : https://www.institutchretiensdorient.org/le-conseil-scientifique

Histoire, géopolitique, liturgie, théologie… Pour découvrir le programme des cours de l’année 2021/2022, cliquez-ici.

Ces cours peuvent être suivis en candidat libre, ou faire l’objet d’une validation en vue d’un certificat ou d’un diplôme.

En partenariat avec les instances universitaires françaises et étrangères, privées ou publiques et en particulier les instituts catholiques, l’ICO coordonne une plateforme pour les chercheurs, organise des journées d’études,  des colloques, des débats et des rencontres.

Contact secrétariat :

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