[ROUMANIE] Le père Cristian Crişan est nommé évêque auxiliaire de l’archidiocèse d’Alba-Iulia et Făgăraș

L’Œuvre d’Orient et l’ordinariat pour les catholiques orientaux apprennent avec joie la nomination comme évêque auxiliaire d’Alba Julia de l’église gréco catholique de Roumanie de Monseigneur Crisan. Mgr Crisan a été durant de longues années le curé de la paroisse gréco catholique roumaine Saint Georges des Roumains où il a su témoigner d’un dévouement pastoral exemplaire. Il avait été nommé récemment visiteur pour les communautés gréco catholique d’Europe orientale. Il a droit à la gratitude l’ordinariat pour les catholiques orientaux et de l’ensemble de la communauté roumaine catholique. Notre joie est tempérée par notre peine de le voir quitter Paris.

[SYRIE] L’appel de Mgr Samir Nassar : « Cette crise jamais vue même pendant les années de guerre, plonge nos fidèles dans un temps de jeûne et de carême anticipé »

DE L’AUSTERITE A LA PAUVRETE

Imaginez votre famille avec un salaire diminué de 50% en trois mois… Une scène chaotique qui fait flamber les prix et affecte surtout les familles modestes et les plus pauvres. L’inflation vertigineuse et la hausse des prix font passer tous les citoyens de l’austérité à la pauvreté et la grande misère.
Les pénuries de fuel, de gaz domestique et de courant électrique font plonger dans l’obscurité et le froid meurtrier surtout les plus fragiles, enfants, malades et personnes âgées.

CHARITE CONGELEE

La crise bancaire du Liban bloque l’épargne des Syriens, établissements et particuliers y compris les comptes des mouvements caritatifs qui rendent le tablier et se déclarent impuissants en ces jours de grandes misères. Les pauvres sont laissés à leur si triste sort et leurs petites aumônes sont bloquées et gelées. Alors que la situation sociale devient de plus en plus urgente et dramatique et qu’elle risque de s’aggraver encore surtout avec le bras de fer irano-américain qui barre la route à “ Simon de Cyrène” et à toute compassion, sauf à l’escalade.

CAREME ANTICIPE

Cette crise, jamais vue même pendant les années de guerre, plonge nos fidèles dans un temps de jeûne et de carême anticipé. Assurer le pain quotidien devient le cauchemar de chaque jour.
Cette nouvelle situation fait de l’Église aussi démunie, un “ Mur des Lamentation” , on y vient pour pleurer, crier au secours , chercher sans bruit et dans le silence une consolation et vivre la passion du Christ avant la Semaine Sainte..
Une nouvelle vocation aux couleurs des Béatitudes surgit sur les bases de l’Amour, du pardon, du partage, de louange et de compassion…à la lumière de l’Espérance pascale.

Carême 2020 + Samir NASSAR
Archevêque Maronite de Damas

Annonce de la création d’un fonds de l’Etat français pour les écoles chrétiennes francophones au Moyen-Orient.

A l’occasion de son séjour en Terre Sainte, le président de la République française a annoncé, aujourd’hui, la création d’un fonds de soutien pour les écoles chrétiennes au Moyen-Orient suite au rapport de M. Charles Personnaz, commandé par le chef de l’Etat sur le renforcement de l’action de la France dans la protection du patrimoine du Moyen-Orient et le soutien au réseau éducatif des communautés chrétiennes de la région.

→ Plus de 400 000 élèves reçoivent un enseignement en français au Moyen-Orient dans les écoles chrétiennes. Le français est un facteur de cohésion et d’ouverture entre les élèves chrétiens et musulmans qui se côtoient dans ces écoles.

Depuis 2011, les convulsions du Moyen-Orient ont un effet dévastateur sur les peuples de la région, en particulier sur ceux qui témoignent de longue date de sa diversité, de son pluralisme culturel et religieux, (dont 15 millions de chrétiens qui vivent sur ces territoires). Au-delà de l’aide d’urgence qui leur est apportée, ces populations ont besoin d’un appui de plus long terme pour préserver leur patrimoine culturel bimillénaire, qui a été la cible de la fureur totalitaire de Daech. 

→ Elles ont également besoin, s’agissant particulièrement des chrétiens d’Orient, d’un soutien à leur réseau éducatif. 

La culture française apparaît comme un vecteur de réconciliation mais également d’esprit critique. Elle est en effet porteuse de valeurs de liberté, de fraternité, d’égalité comme également d’une certaine idée de la laïcité. 

L’Œuvre d’Orient se réjouit de la création du fonds pour les écoles chrétiennes francophones au Moyen-Orient et aura à cœur de continuer à soutenir ces établissements.

 

Retrouvez en exclusivité le rapport M. Charles Personnaz ICI,

Directeur à l’Institut national du Patrimoine et chargé de mission bénévole à l’Œuvre d’Orient.

 

[TERRE SAINTE] Les communautés chrétiennes au coeur de la visite présidentielle

Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient est actuellement en Terre Sainte où il accompagne, à sa demande, le Président de la République française. Charles Personnaz, directeur de l’Institut national du patrimoine, qui a remis l’an dernier à Emmanuel Macron un rapport sur la protection du patrimoine et le réseau éducatif chrétien au Moyen-Orient, fait également partie de cette délégation. Le Président français, ainsi que 40 chefs d’États, participent à la commémoration de l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, il y a 75 ans.

Ce déplacement est l’occasion de visiter les communautés chrétiennes de Palestine et d’Israël que l’Œuvre d’Orient soutient. La France continue à jouer un rôle important aujourd’hui par rapport à ces communautés. Du temps de l’Empire ottoman, elle était considérée comme protectrice des chrétiens d’Orient. A sa création l’État d’Israël a continué à lui reconnaitre ce rôle. Certains territoires sont d’ailleurs toujours français, comme la maison Saint-Anne à Jérusalem ou Abou Gosh où vit une communauté bénédictine.

L’Œuvre d’Orient est au service de ce lien entre la France et les communautés chrétiennes.

Cette visite est aussi l’occasion de souligner l’importance de la francophonie dans ces communautés chrétiennes. En effet, très souvent, les congrégations religieuses dirigent et font vivre des écoles, des hôpitaux, des lieux d’accueil pour des personnes avec un handicap, des établissements ouverts à tous, de toutes confessions et origines.

Ces congrégations venues majoritairement d’Europe et notamment France jouent là-bas un rôle tout à fait extraordinaire qu’il faut encourager et qui est hélas trop souvent mal connu et même parfois de la part des pèlerins qui se rendent à Jérusalem.


[JERUSALEM] L’Œuvre d’Orient se réjouit que le président de la République française ait souhaité visiter le Saint-Sépulcre, lieu saint de toutes les communautés chrétiennes. 🙏

 

[PROCHE-ORIENT] Mgr Gollnisch: « la jeunesse hésite entre découragement, colère et espérance » (Agence I.Media)

« Si nous poussons une population à la désespérance, nous la poussons à la violence », a expliqué à I.MEDIA Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de L’Œuvre d’Orient. Lors de leur dernière rencontre à Rome le 17 janvier 2020, les membres de la Réunion des organisations d’aide aux chrétiens d’Orient (ROACO) ont porté leur regard sur la « prise de conscience » des nouvelles générations sur la situation du Proche-Orient. »

Quel est l’objectif de ce type de rencontres de la ROACO ?

Cette réunion est courte et restreinte. Les organisations qui s’y retrouvent sont en quelque sorte les ‘collaborateurs du Saint-Père’ chargés de suivre les questions relatives aux Eglises orientales catholiques. Nous nous connaissons bien, sommes amis et travaillons parfois sur des projets communs. Elle permet un échange fructueux sur les différentes perceptions de la réalité du terrain. Nous cherchons à faire le point sur les pays en crise et à replacer tout cela dans la situation globale des pays du Proche-Orient. Lors de ce rassemblement, nous nous retrouvons sous l’autorité de la Congrégation pour es Eglises orientalesl. C’est notamment l’occasion de rencontrer s on préfet, le cardinal Leonardo Sandri. Nous essayons également d’entendre des nonces apostoliques ainsi que des patriarches de manière à écouter les besoins des chrétiens tels que l’Eglise les perçoit.

Vous vous êtes concentrés sur le thème de la jeunesse. Pourquoi ce choix en particulier ?

Dans la situation du Proche-Orient, nous observons que la jeunesse hésite entre découragement, colère et espérance. Beaucoup de jeunes adultes sont dans la rue, aussi bien en Iran qu’en Irak ou au Liban. On sent bien que quelque chose se passe, certainement favorisé par internet mais qui ne se ramène pas uniquement à une simple problématique des réseaux sociaux. Il y a vraiment une prise de conscience chez cette nouvelle génération d’adultes de la nécessité que leurs pays bougent, qu’ils avancent, correspondent à ce qu’ils attendent pour qu’ils puissent y construire leur vie. Si nous poussons une population à la désespérance, nous la poussons à la violence. Il est par conséquent extrêmement important de répondre à ces attentes. On n’a pas su répondre aux espérances des nouvelles générations.

Comment expliquer que les jeunes n’aient pas encore eu de réponses à leurs attentes ?

Peut-être que les Occidentaux ont trop longtemps cru que ces populations pouvaient se contenter de pouvoirs corrompus ou dictatoriaux, dans une absence de pluralisme religieux. En réalité, aucun pays n’est fait pour rester au bord de la route. La colère des peuples se rappelle à nous et montre que cette région du monde doit progresser. Les problèmes n’y sont pas réglés et la communauté internationale a sa part de responsabilité. L’intervention américaine en Irak pour renverser le président Saddam Hussein s’est par exemple accompagnée d’une dévastation de l’Etat irakien et de son armée. Cela a rendu possible l’arrivée de ‘Daech’. Par conséquent, rien n’a été réglé dans le pays. Il est grand temps que nous réglions en profondeur les problèmes de cette région et que les jeunes adultes reprennent confiance dans leur pays.

Les chrétiens sont-ils les seules victimes de cette situation ?

Les chrétiens souffrent bien entendu de discriminations et de violences. Mais, il s’agit aussi du problème de l’ensemble de cette région du monde. Celle-ci se trouve être une région carrefour : on y retrouve l’Asie, l’Afrique, l’Europe et la mer Méditerranée. Ce carrefour ne peut pas rester continuellement embrasé et sans solution viable sur le long terme. Bien-sûr les pays occidentaux recherchent leurs intérêts, comme tous les gouvernements du monde. Mais, le problème parfois des Occidentaux a été de rechercher leurs intérêts dans le court terme. Or, dans le court terme, on ne construit rien. En particulier, on ne construit pas de valeurs de fond qui permettent aux sociétés de tenir debout. Il faut donc rechercher des solutions à moyen terme voire si possible à long terme. Il ne s’agit pas pour nous seulement de savoir à qui l’on envoie un chèque. La ROACO n’est pas qu’une réunion de crise : c’est une réunion qui pose la question de nos relations entre Eglises. Nous avons une démarche ecclésiale, ce qui est tout à fait essentiel.

 

Propos recueillis à Rome, par Paul-Ambroise de Dinechin

Source : I media

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[EGYPTE] Romaric et Galhiane en volontariat : « les sœurs sont de véritables piliers pour la communauté de chrétiens de la ville »

Romaric, 24 ans, Ingénieur informaticien et Galhiane, 23 ans, étudiante en 4ème année de médecine à Paris, se sont mariés en septembre et donnent leur six premiers mois de mariage à enseigner le français et à travailler au dispensaire de l’Ecole St Vincent d’Alexandrie, où ils rencontrent un grand succès.


Voilà déjà deux mois que nous sommes à Alexandrie auprès des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul. Les semaines passent très vite et nous prenons enfin le temps de rédiger quelques nouvelles ! Nous continuons de donner tous les deux des cours de français oral, Romaric du CM2 jusqu’en 3ème et moi de la Grande Section au CM1.Le matin, nous nous levons à 6h45, ou 6h15 si nous allons à la messe avec les sœurs avant le début de la journée. Les cours commencent tous les jours à 8h et s’enchainent jusqu’à 14h30 pour les élèves.

Les matinées de Romaric sont totalement remplies de cours, tandis que moi j’ai quelques “trous” dans mon emploi du temps, ce qui me permet d’aller au dispensaire. Durant les cours, nous nous efforçons de faire participer au maximum les élèves à travers des activités variées : des extraits de films, des commentaires d’images ou de textes, des chansons… La principale difficulté est de s’adapter au niveau des classes et de faire participer tous les élèves car ils sont jusqu’à 45 par classe ! Par exemple avec les Grande Section, il faut ruser pour capter et garder l’attention de 45 enfants de 5 ans qui ont peu de vocabulaire en français…Mais il y a déjà une belle progression pour le français oral depuis notre arrivée, la plupart des élèves n’ont plus peur de se lancer, c’est déjà une grande victoire !

Nous sommes toujours très populaires à l’école, auprès des élèves comme des professeurs. Il nous est impossible de traverser la cour sans entendre “Monsieur Romaric ! Madame Galhiane !” et sans voir des dizaines de mains tendues qui tentent de nous toucher. Et dès la fin des cours, les élèves profitent de pouvoir sortir leurs téléphones portables pour faire une photo avec nous. Même si cela est parfois un peu exaspérant, nous prenons la pose de bon cœur ! Nous sommes donc vraiment bien installés ici à Alexandrie et nous ne nous ennuyons pas ! La plupart des égyptiens sont vraiment très accueillants avec nous, nous sommes toujours bien reçus où que nous allions et nous nous sentons en sécurité dans la ville. Le code de la route local (ou plutôt son absence !) nous donne encore régulièrement des sueurs froides, mais nous avons maintenant les bons réflexes !

En revanche nous avons toujours du mal à nous faire à l’organisation égyptienne et au rapport au temps oriental qui est totalement différent de celui auquel nous sommes habitués… Ici, rien ou presque ne se prévoit plus d’une semaine à l’avance, et la moindre excursion en groupe peut s’avérer complexe car les changements de dernière minute ne sont pas rares. Nous avons eu plusieurs déconvenues et il nous a fallu comprendre qu’« inch allah » a vraiment tout son sens en Egypte !

Par ailleurs, nous avons rapidement compris que les sœurs sont de véritables piliers pour la communauté de chrétiens (majoritairement coptes orthodoxes) de la ville. Elles sont régulièrement sollicitées par des familles pour des aides financières et se rendent volontiers au domicile de leurs employés ou de familles pauvres en cas de maladie ou décès. Nous avons ainsi déjà été plusieurs fois avec elle pour ces visites et avons donc pu constater l’extrême misère dans laquelle certaines familles vivent en Egypte… Elles sont également très bienveillantes envers leurs employés car la plupart viennent de familles très modestes et font plusieurs heures de route pour venir travailler chez les sœurs !

[UKRAINE- EXPOSITION] Antoine Arjakovsky : « il y a un art contemporain de l’icône »

Antoine Arjakovsky, co-directeur du département de recherche Politique et Religions du Collège des Bernardins, nous parle de l’exposition « Pour la vie du monde : Icônes contemporaines de Russie, d’Ukraine, et d’ailleurs » dont il est le commissaire associé. Il nous parle de cette exposition, conçue comme une invitation au dialogue.


« Pour la première fois au Collège des Bernardins, nous avons une exposition d’icônes. L’objet de cette exposition est d’une part de montrer qu’il y a un art contemporain de l’icône. L’icône n’est pas seulement un art lié au Moyen-Âge. D’autre part, il y a une véritable créativité dans l’art de l’icône contemporain.

Nous parlons de paix car l’icône n’est pas détachée des grands enjeux du monde contemporain, des enjeux de guerre et de paix. Nous évoquons également la situation des chrétiens au Proche-Orient, en Russie et en Ukraine. Nous évoquons l’écologie car l’icône a une façon particulière de présenter la création. Enfin, c’est une manière d’évoquer la place des femmes dans l’Église.

Nous évoquons beaucoup de sujets contemporains. Nous sommes très heureux de pouvoir faire cela en association avec L’Œuvre d’Orient car l’association a soutenu le projet de construction de la paix entre la Russie et l’Ukraine avec la médiation européenne. Cette volonté de paix est à l’origine de ce projet d’icônes de Russie, d’Ukraine et d’ailleurs. »

 


Informations :

→ du 14 au 20 Janvier 2020

du Lundi au Samedi de 10h à 18h

→ Collège des Bernardins

20 rue de Poissy – 75005 Paris

Syrie, Ukraine, Roumanie, le souci du Pape pour les chrétiens en Orient

Dans ses vœux du Nouvel An au Corps diplomatique, devant les ambassadeurs des 183 États qui entretiennent des relations diplomatiques avec le Vatican, le Pape François a confié son souci pour le monde entier, les migrants, le dialogue interreligieux et également les chrétiens en Orient et en Europe orientale.

Vous trouverez ci dessous plusieurs extraits du texte original italien paru dans l’Osservatore Romano du 10 janvier 2020:

sur le dialogue interreligieux

[…] Dans mon second voyage en 2019, je me suis rendu aux Emirats Arabes Unis, première visite d’un Successeur de Pierre dans la Péninsule arabique. A Abou Dabi, j’ai signé avec le Grand Imam de Al-Azhar Ahmad al-Tayyib, le Document sur la Fraternité Humaine pour la Paix Mondiale et la coexistence commune. Il s’agit d’un texte important visant à favoriser la compréhension mutuelle entre chrétiens et musulmans et la coexistence dans des sociétés toujours plus multi-ethniques et multi-culturelles, parce que, condamner fermement l’utilisation du « nom de Dieu pour justifier des actes d’homicide, d’exil, de terrorisme et d’oppression »[11], rappelle l’importance du concept de citoyenneté, qui « se base sur l’égalité des droits et des devoirs à l’ombre de laquelle tous jouissent de la justice »[12]. Cela exige le respect de la liberté religieuse et l’engagement à renoncer à l’usage discriminatoire du terme “minorités”, qui porte avec lui les germes du sentiment d’isolement et d’infériorité et prépare le terrain aux hostilités et à la discorde, discriminant les citoyens à partir de l’appartenance religieuse[13]. A cet effet, il est particulièrement important de former les générations futures au dialogue interreligieux, comme voie royale pour la connaissance, la compréhension et le soutien réciproque entre les membres des diverses religions.

Paix et espérance ont été aussi au centre de ma visite au Maroc où, avec sa Majesté le Roi Mohamad VI, j’ai signé un appel conjoint sur Jérusalem, « reconnaissant l’unicité et la sacralité de Jérusalem / Al Qods Acharif et ayant à cœur sa signification spirituelle et sa vocation particulière de Ville de la Paix »[14]. De Jérusalem, Ville chère aux fidèles des trois religions monothéistes, appelée à être un lieu symbole de rencontre et de coexistence pacifique, où se cultive le respect réciproque et le dialogue[15], ma pensée ne peut que s’étendre à toute la Terre Sainte, pour rappeler l’urgence à ce que toute la communauté internationale, avec courage et sincérité et dans le respect du droit international, reconfirme son plein soutien au processus de paix israélo-palestinien.

sur le Moyen-Orient

[…] Un engagement plus assidu et efficace de la part de la Communauté internationale est plus que jamais urgent aussi dans d’autres régions méditerranéennes et du Moyen Orient. Je me réfère surtout à la chape de silence qui risque de recouvrir la guerre qui a dévasté la Syrie au cours de cette décennie. Il est particulièrement urgent de trouver des solutions adéquates et clairvoyantes qui permettent au cher peuple syrien, épuisé par la guerre, de retrouver la paix et d’entamer la construction du pays. Le Saint-Siège accueille favorablement toute initiative visant à poser les bases en vue de la résolution du conflit et exprime, une fois encore sa gratitude à la Jordanie et au Liban pour avoir accueilli et pris en charge, avec de nombreux sacrifices, des milliers de réfugiés syriens. Malheureusement, en plus des fatigues causées par l’accueil, d’autres facteurs d’incertitude économique et politique, au Liban et dans d’autres Etats, sont en train de provoquer des tensions au sein de la population, mettant ultérieurement à risque, la fragile stabilité du Moyen Orient.

Les signes qui parviennent de toute la région sont particulièrement préoccupants, suite à l’élévation de la tension entre l’Iran et les Etats Unis, et qui risquent surtout de mettre à dure épreuve le lent processus de reconstruction de l’Iraq, et aussi de créer les bases d’un conflit à plus grande échelle que nous voudrions tous pouvoir empêcher. Je renouvelle donc mon appel pour que les parties intéressées évitent un durcissement de la confrontation et maintiennent « allumée la flamme du dialogue et de l’autocontrôle »[16] dans le plein respect du droit international.

Ma pensée va aussi au Yémen, qui vit une des plus graves crises humanitaires de l’histoire récente, dans un climat d’indifférence générale de la part de la Communauté internationale, et à la Libye qui, depuis plusieurs années, vit une situation conflictuelle aggravée par des attaques de groupes extrémistes et par une augmentation des violences ces derniers jours. Un tel contexte est un terrain fertile pour cette plaie de l’exploitation et du trafic d’êtres humains, alimenté par des personnes sans scrupules qui exploitent la pauvreté et la souffrance de ceux qui fuient les situations de conflits ou de pauvreté extrême. Parmi eux, nombreux sont la proie de vraies mafias qui les détiennent dans des conditions inhumaines et dégradantes et en font des objets de tortures, de violences sexuelles, d’extorsions.

En général, il convient de relever que dans le monde, il existe plusieurs milliers de personnes – avec de légitimes demandes d’asile, de besoins humanitaires et de protection vérifiables -, qui ne sont pas adéquatement identifiées. Un grand nombre d’entre eux risquent leur vie dans des voyages périlleux par voie de terre et surtout par voie de mer. Avec douleur, on continue de constater combien la Mer Méditerranée reste un grand cimetière[17]. Il est donc plus urgent, que tous les Etats prennent sur eux la responsabilité de trouver des solutions durables.

Pour sa part, le Saint-Siège regarde avec une grande espérance les efforts accomplis par de nombreux pays pour partager le poids de la réinsertion et fournir aux personnes déplacées, en particulier en raison des urgences humanitaires, un endroit sûr pour vivre, une éducation, ainsi que la possibilité de travailler et de se retrouver avec leurs familles.

sur l’Europe orientale

[…] Durant les voyages de l’année dernière, j’ai eu l’occasion de toucher aussi trois pays de l’Europe orientale, en rejoignant d’abord la Bulgarie et la Macédoine du Nord et, dans un second temps, la Roumanie. Il s’agit de trois pays différents, réunis cependant pour avoir été, durant des siècles, des ponts entre l’Orient et l’Occident, et un carrefour de cultures, d’ethnies et de civilisations diverses. En les visitant, j’ai pu expérimenter, une fois encore, combien le dialogue et la culture de la rencontre sont importants pour construire des sociétés pacifiques, dans lesquelles chacun puisse exprimer librement sa propre appartenance ethnique et religieuse.

En restant dans le contexte européen, je voudrais rappeler l’importance de soutenir le dialogue et le respect du droit international pour résoudre les « conflits gelés » qui persistent sur le continent – pour certains, depuis des décennies – et qui exigent une solution, à commencer par les situations relatives aux Balkans occidentaux et au Caucase méridional, en particulier la Géorgie. Devant cette assemblée je voudrais, de plus, exprimer l’encouragement du Saint-Siège aux pourparlers sur la réunification de Chypre, qui renforcerait la coopération régionale en favorisant la stabilité de toute la région méditerranéenne, ainsi que sa reconnaissance pour les tentatives visant à résoudre le conflit dans la partie orientale de l’Ukraine et mettre fin à la souffrance de la population.

Le dialogue – et non les armes – est l’instrument essentiel pour résoudre les querelles. A ce propos, je désire, devant cette assemblée, mentionner la contribution offerte, par exemple, en Ukraine par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), spécialement en cette année du 45° anniversaire de l’Acte final de Helsinki, qui a clôturé la Conférence sur la Sécurité et sur la Coopération en Europe (CSCE), initiée en 1973 pour favoriser l’apaisement et la collaboration entre les pays d’Europe occidentale et d’Europe de l’Est, quand le continent était encore divisé par le rideau de fer. C’était une étape importante d’un processus initié sur les décombres de la Seconde Guerre Mondiale et qui a vu dans le consensus et le dialogue un instrument essentiel pour résoudre les querelles.

© Librairie éditrice du Vatican

 

L’Œuvre d’Orient aux rencontres européennes de Taizé à Wroclaw

© Wiesia Klemens

Depuis plus de 40 ans, la communauté œcuménique de Taizé organise un « pèlerinage de confiance sur la Terre » pour des jeunes de 18 à 35 ans, dans une ville européenne. Entre Noël et le Nouvel An, c’est l’occasion pour des milliers de jeunes, venus de toute l’Europe et au-delà, de se rassembler pour prier ensemble, s’insérer quelques jours dans une Église locale et approfondir des thèmes comme l’entente entre les peuples, la paix, la compréhension de la foi et l’engagement social. Catholiques, protestants et orthodoxes, ils expérimentent l’Église comme lieu d’amitié, d’accueil et de communion.

Cette année, les jeunes ont été accueillis à Wroclaw, en Pologne, du 28 décembre au 1er janvier. L’Œuvre d’Orient était sur place pour animer deux ateliers sur les chrétiens d’Orient. L’objectif : faire découvrir aux jeunes Européens la richesse et la diversité des Églises orientales à travers le témoignage de jeunes chrétiens orientaux.

Des chrétiens orientaux témoignent : « Nous devons vivre et agir ensemble. »

Pendant deux heures, de jeunes Libanais, Égyptiens et Syriens sont venus témoigner de leur manière de vivre leur foi, dans des sociétés orientales où ils forment une minorité religieuse, et de leurs relations avec les autres Églises et avec les musulmans. J’étais sur place pour coordonner le tout, présenter l’histoire et l’actualité des chrétiens d’Orient, puis parler de l’Œuvre d’Orient et proposer des actions concrètes d’engagement à la fin.

Les ateliers ont vraiment été l’occasion d’échanges très riches, avec des témoignages variés et intéressants et des participants très attentifs. La salle était comble à chaque fois, avec environ 300 personnes présentes chaque jour. Pour l’Œuvre d’Orient, c’était important d’être présent à ce rassemblement. D’abord, il coïncide avec la naissance de l’Œuvre d’Orient en Pologne, ce qui concernait nombre de jeunes Polonais présents. Surtout, avec leur expérience de vie dans des sociétés plurielles aux plans culturel, religieux et confessionnel, les chrétiens d’Orient portent un message précieux pour ces rencontres de Taizé. En témoigne un Égyptien copte orthodoxe : parlant des attentats islamiques dont a souffert sa communauté en 2017, et dans lesquels il a perdu des proches, il enchaîne tout de suite : « Mon meilleur ami est musulman ». Une jeune fille de la même communauté insiste sur l’importance du pardon pour avancer.

Ils en retirent en échange un exemple de rencontre et d’unité entre jeunes de tous pays et confessions, salutaire pour l’avenir des chrétiens au Moyen-Orient, où les diverses Églises ont souvent du mal à travailler ensemble. Une Égyptienne me confiait qu’elle trouve à Taizé un esprit d’ouverture et de discussion nouveau pour elle, qui la pousse à aller au-delà des barrières trop souvent érigées entre communautés religieuses et confessionnelles, qui se côtoient sans se rencontrer. Le lendemain, une jeune Syrienne racontait les années de guerre dans la région de Homs, avant de soutenir avec force : « Nous devons vraiment vivre et agir ensemble, les uns par rapport aux autres. C’est à cette condition que les chrétiens pourront vivre en paix en Syrie et participer à reconstruire le pays. »

Ce qu’ils veulent que nous en retenions ? Leur joie de vivre. « Oui, nous vivons des difficultés en tant que chrétiens en Syrie. Mais c’est très important pour moi de vous montrer que nous sommes surtout des gens joyeux. Nous profitons de la vie, comme vous en Europe, et peut-être plus ! Nous sommes heureux d’être ici, heureux de vivre. » Tous ont parlé du dynamisme de leur communauté, des projets sociaux qu’ils mènent au service des plus petits.

Un message de paix et d’espérance pour l’année 2020

Durant ces quelques jours à Wroclaw, j’ai eu des discussions très enrichissantes, notamment avec des Polonais, des Ukrainiens, des Allemands, des Arméniens. Pour vivre la différence en vérité, mieux se connaître est indispensable. Tout est fait pour vivre la rencontre : les temps de prière, rythmés par des chants simples, dans toutes les langues ; les temps de réflexion en petits groupes, où chacun parle de son expérience simplement, dans un anglais plus ou moins assuré ; l’accueil dans les familles, une plongée dans la culture polonaise au moment des fêtes.

C’est formidable de sentir cette unité dans la prière et dans nos vies, parfois si différentes. Comme le disait Antoine de Saint-Exupéry : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. » Juste après Noël, c’est un message essentiel. Tous les chrétiens, au-delà des antagonismes, sont invités à se réjouir de la venue du Christ, messager de paix, et à avancer ensemble. Comme le disait un participant : « Ces rencontres, ce sont des ponts jetés sur des rives qui s’ignorent. Quelque chose se construit. » Par ces vrais échanges, nous construisons la paix.

Ce que j’en retiens ? Une bouffée de bienveillance et d’espérance, dont nous avons besoin pour entrer dans l’année 2020. Les jeunes chrétiens orientaux, qui rentrent dans leurs pays à l’avenir incertain, en auront besoin aussi.

 

Marielle Fontanilles

Chef de projet événementiel à l’Œuvre d’Orient

 

Retrouvez l’émission de RCF sur le Nouvel An à Wroclaw ici.

Drapeau irak

[IRAK] Mgr Pascal Gollnisch : « La crise que traverse le pays est avant tout une crise morale »

Source : Famille chrétienne Hugues Lefevre

Alors que l’Irak est au cœur des tensions entre l’Iran et les Etats Unis, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre livre une réflexion sur ce pays où s’est installé une forme de chaos depuis la chute de Saddam Hussein. Il croit au rôle prophétique des chrétiens de ce pays pour faire advenir une véritable citoyenneté irakienne. Propos recueillis par Hugues Lefèvre

 

Quel regard portez-vous sur les tensions extrêmes entre l’Iran et les Etats-Unis – tensions qui se manifestent sur le territoire irakien ?

Les deniers tirs de missiles iraniens sont une réponse à l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani par les Etats-Unis. Cet assassinat faisait suite à l’attaque de leur ambassade en Irak. Précédemment, onze missiles avaient été envoyés sur des bases américaines par des forces sans doute pro-iraniennes. Il paraissait évident que les Etats-Unis ne toléreraient pas indéfiniment ces agressions. On sent bien que cette escalade peut gravement dégénérer. Il est donc urgent qu’elle cesse avant que la situation ne devienne incontrôlable. C’est normalement aux Nations unies d’agir. Seulement, on constate la paralysie totale du Conseil de sécurité de l’ONU. Il faudrait revoir son fonctionnement pour qu’enfin il puisse régler la situation et donner à l’Irak les moyens de sa souveraineté.

 

Des missiles iraniens ont été tirés près d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien. Cette région constituait un havre de paix, notamment pour les chrétiens de la plaine de Ninive qui s’y étaient réfugiés en 2014. Est-ce inquiétant ? 

Oui, c’est assez étonnant qu’on ait voulu viser une base américaine dans cette région puisque les relations du Kurdistan irakien avec l’Iran ne sont pas mauvaises. Je pense qu’il n’y a pas d’inquiétude spécifique aux chrétiens d’Irak mais c’est l’ensemble de la population civile qui est inquiète. Les missiles iraniens ne visent pas les chrétiens mais les Américains.

 

Mais les chrétiens d’Irak vont-ils à nouveau subir les conséquences d’un conflit qui les dépasse ?

C’est possible car cette crise entre l’Iran et les Etats Unis qui se joue en Irak déstabilise les structures de l’Etat irakien. Cela conduit inévitablement à une fragilisation de la situation des minorités, et donc des chrétiens ou des Yézidis. Mais, encore une fois, c’est tout le peuple irakien qui souffre.

 

Quel poids ont aujourd’hui les chrétiens en Irak ?

Leur situation a été durement tourmentée par les exactions de Daech. Mais ces chrétiens sont des citoyens d’Irak, attachés à leur pays, et dont le sort n’est pas séparable du reste des citoyens de l’Irak. L’analyse de la période où Sadam Hussein était au pouvoir est diversement analysée, certains privilégiant la stabilité dont jouissait le pays, d’autres la violence dont ont été victimes les kurdes et les chiites. Un point est clair : l’invasion américaine à laquelle la France a refusé de participer, menaçant d’exercer son droit de veto, ce qui a provoqué des sanctions économiques américaines, n’a pas fait que renverser Sadam Hussein, mais a détruit l’armée et l’Etat Irakiens. La coalition occidentale n’a pas su « apporter la démocratie », comme elle prétendait faire, et n’a pas permis d’assurer une véritable succession dans ce pays qui sortait d’une longue et cruelle guerre avec l’Iran, faisant plus d’un million de victimes. Le pays se trouve donc désorganisé, l’économie grandement fragilisée, en proie à des milices parfois violentes qui n’obéissent pas aux pouvoirs publics, et s’est trouvé incapable de s’opposer à l’avancée de Daech. Ajoutons que les maladresses américaines ont montré assez vite les occidentaux plus comme des occupants que comme des libérateurs créant ainsi une véritable méfiance vis-à-vis d’eux et de leur démocratie.

 

Il règne donc en Irak une forme de chaos… 

La crise que traverse l’Irak est avant tout une crise morale, tandis que les experts qui font  passer les questions économiques en priorité sont souvent en décalage avec les réalités.

L’Homme irakien a besoin avant tout de retrouver sa dignité ; il a besoin d’espérance, surtout les jeunes générations. Là comme ailleurs il veut lutter contre la corruption, pour la liberté d’expression et l’indépendance des structures judiciaires. Il doit trouver « sa » démocratie, non pas une copie des démocraties occidentales mais un modèle conforme au génie de son peuple. Le cœur de ces problématiques s’exprime assez bien dans le concept de citoyenneté. Il dépasse, dans le champs social et politique, les appartenances religieuses qui peuvent ainsi se concentrer sur les dimensions spirituelles. Nous devons arrêter de croire que ces idéaux ne touchent pas le cœur des Irakiens. Les jeunes adultes qui manifestent, parfois au prix de représailles, savent parfaitement à quoi ils veulent parvenir.

 

Les chrétiens ont-ils un rôle à jouer dans ce combat ?

 

Oui, ils ont sans doute un rôle prophétique et de pédagogue. L’action infatigable du Patriarche Sako trouve ici tout son sens ; bien au-delà de la question du nombre de chrétiens résidant en Irak, la force de son message représente un enjeu considérable, non seulement pour les chrétiens et les autres minorités mais pour l’Irak tout entier. Polyglotte, et en particulier parfaitement francophone, fait récemment Cardinal par le Pape François, le Patriarche est rompu au dialogue avec les musulmans, en tout cas ceux qui, dans son pays veulent moderniser la société.