Lecture d’été [8/12] « Les nouveaux acteurs de l’islam » d’Anne-Bénédicte Hoffner, la recension du père Sabater

Effectivement, la perception que nos contemporains ont de cette religion relève des clichés, du regard porté par de nombreux médias et commentateurs frisant au rejet, ou ramenés aux seuls attentats et attitudes de radicalisation de certains musulmans. Les musulmans sont eux-mêmes tiraillés par des sentiments et des visions contradictoires, des appels lancés là ou là les invitant à une attitude et à son contraire entre violence et sectarisme… Ce livre s’inscrit donc en faux. Il naît de la rencontre de six musulmans (quatre hommes et deux femmes) d’horizons et de pays différents : Hicham Abdel Gawad (Professeur en religion islamique dans le Secondaire – en Belgique… Iqbal Gharbi – Professeur de psychologie à l’université de la Zitouna – Tunisie… Michael Privot, converti à l’islam et islamologue… Mohamed Bajrafil, imam… Farid Abdelkrim, auteur de théâtre…, et enfin, Nayla Tabbara – libanaise et Directrice de la Fondation Adyan cofondée en 2006 avec le Père Fadi Daou, prêtre libanais maronite). La foi musulmane les unit et les rassemble; mais pas seulement. Rachid Benzine les perçoit comme des « expérimentateurs de chemins nouveaux pour la pensée islamique et pour le « vivre aujourd’hui l’islam avec les autres ».

Ces auteurs ressaisissent l’essentiel de leur foi à l’aune de la modernité en estimant que les principes, critères et autres théories datant du Moyen-Âge ne sont plus opératoires et compréhensibles pour nos sociétés contemporaines. L’islam serait « décalé », sorti de son contexte culturel ; et donc il est besoin d’introspecter et de reposer clairement de nouvelles donnes théologiques et philosophiques pour faire évoluer la foi islamique sans la vider néanmoins de la Tradition. Cette Tradition vivante ne peut s’assécher en ne gardant que d’elle-même des principes (parfois désuets) ou qui n’ont plus de sens… Comment vivre la foi en Allah aujourd’hui avec des principes du Moyen-Âge, et plus lointainement ? Il faut faire un effort d’interprétation des sources et de les proposer aux fidèles musulmans dans la fidélité aux Origines sans pour autant la scléroser.

Résumé : 

Les témoignages sont proposés par l’auteur en trois sections : 1/ L’enseignement de la pensée islamique aujourd’hui en confrontation avec la modernité et une vision en-deçà de l’islam. 2/ la réflexion autour du Coran et de son interprétation 3/ une poussée en profondeur dans l’espace d’altérité et de la construction du-moi intérieur musulman… une quête de spiritualité.

Chacun de ces témoignages participent du même esprit et ont un but et une visée commune pour sortir du « cercle vicieux des (deux) discours d’exclusion » (p 119). C’est un vrai renouvellement intérieur qui est ici proposé ; d’autant que certains des collaborateurs à cet ouvrage collectif ont eu un chemin de conversion bien singulier venant quelques fois de loin… Leur engagement est courageux dans ce monde que l’on veut nécessairement binaire et donc en opposition. Dans la Préface, Rachid Benzine estime que des chemins nouveaux peuvent s’ouvrir « en quête de l’Homme fraternel autant qu’en quête du Dieu aimant et  pardonnant ».

Dans cet ouvrage de rencontres méditerranéennes autour de l’islam, Anne-Bénédicte Hoffner, nous présente donc des hommes et des femmes de lumières pour qui « leur inventivité quotidienne, leur audace aussi… montrent que, contrairement à ce qu’affirme l’islam wahhabite, la diversité continue à exister au sein de l’oumma. Lucidement, ils analysent à la fois la richesse de leur tradition et ses manques, qu’ils pallient chacun à leur manière, librement et sans complexes ». (p 179) d’autres penseurs, comme par exemple Malek Chebel, disparu en novembre 2016, avaient ouvert des horizons nouveaux. Ils nous ont invités à penser que l’islam ne se nourrit pas nécessairement – et pas plus en tout cas que d’autres dans l’Histoire -, de violence et de sang !

Ce livre est crédible. Il est porteur d’un espoir pour cette religion du Livre, qui n’a pas fini de faire parler d’elle. Il est aussi un outil formidable pour tous ceux qui sont en relation d’amitié et/ou de dialogue avec des musulmans. Il est, sans doute, nécessaire pour les musulmans eux-mêmes touchés bien souvent par l’extrémisme…, tout comme dans la mosquée dans le Sinaï en cette fin d’année 2017.

Donnons la parole à l’ancien évêque d’Oran, puisque l’auteur l’a mis en exergue, et laissons-lui les derniers mots : « Nous sommes proches les uns des autres, nous vivons les uns chez les autres : allons-nous perpétuer nos querelles et nos guerres ?… Si évidente que nous nous paraisse la vérité de notre religion, elle laisse place à une marge humaine, celle de la compréhension et de l’interprétation qui varient et exigent intelligence, recherche et ouverture aux autres… » (Mgr Pierre Claverie, op. 1997)… Il y a vingt ans déjà !!!

Anne-Bénédicte HOFFNER, Les nouveaux acteurs de l’Islam – Préface de Rachid Benzine – Ed. Bayard, Paris 2017. 188 pages. 16,90 €

Patrice Sabater

 

 

 

(*) Rachid Benzine est spécialiste d’herméneutique islamique. Il est l’auteur notamment de « Les nouveaux penseurs de l’islam », publié chez Albin Michel en 2004.

Mgr Pascal Gollnisch : “La situation des réfugiés syriens met le Liban en danger“

Une interview La Vie par Sophie Lebrun

Certains ont commencé à rentrer : lundi 13 août, la sixième opération de retour organisée depuis le mois de juin pour des réfugiés syriens installés au Liban a concerné quelques centaines de personnes. Mais tous ne sont pas dans ce cas-là : majoritairement sunnites, opposés au gouvernement ou ayant refusé de choisir un camp, ils craignent la répression en revenant en Syrie ou simplement de ne pas retrouver leur maison suite aux destructions dues au conflit. Si des politiques libanais et des responsables internationaux évoquent la solution d’une naturalisation de ces réfugiés syriens au Liban, beaucoup sur place y voient un facteur de déstabilisation important pour ce petit pays à l’équilibre communautaire et religieux fragile.
Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient redoute quant à lui une « explosion » du Liban s’il devait vivre l’augmentation d’un cinquième de sa population d’un seul coup. Il témoigne.

« Il y a environ 1,2 à 1,5 million de réfugiés syriens au Liban actuellement. Essentiellement musulmans sunnites, ils ont fui la guerre et sont plutôt dans une distance vis-à-vis du régime de Damas. Certains rentrent en Syrie depuis juin dernier. Mais dans ce million de personnes très diverses, d’autres craignent encore un retour chez eux. Ceux-là peuvent quitter la région – il leur faut alors un visa ou s’embarquer dans une migration sauvage avec les problèmes que cela pose – ou rester au Liban. Cette solution n’est pas facile car ils vivent dans des conditions précaires : ils sont souvent mal payés quand ils arrivent à trouver du travail. Installés dans des tentes, ils survivent grâce à l’aide alimentaire apportée par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l’Onu.

Cette situation de fait, résultant d’un accueil d’urgence face à un conflit violent, ne peut pas se transformer en une situation de droit, ni une situation viable. Car le Liban lui-même en est aujourd’hui menacé. L’équilibre subtil qui existe entre les chrétiens, musulmans chiites, sunnites et les druzes, avec une répartition des pouvoirs, a permis jusqu’alors à ce petit pays du Moyen-Orient d’être une exception dans la région : il jouit d’une certaine stabilité politique et de la liberté religieuse, quand elle n’est pas possible chez ses voisins. Cet équilibre serait pulvérisé s’il fallait donner la nationalité libanaise à un million de sunnites sur ce pays de quatre millions d’habitants. Sans compter que l’histoire entre la Syrie et le Liban n’est pas exempt de heurts : la Syrie a occupé le Liban pendant des années jusque dans les années 2000. Ce serait donc comme si la France de 1945 accueillait 20 millions de réfugiés allemands…

Les réfugiés palestiniens, près de 500.000 personnes à majorité sunnites aujourd’hui, présentes depuis les années 1960, ne se sont jamais vus proposer la naturalisation. Une politique « deux poids, deux mesures » ne serait pas comprise.

Or si le Liban est déstabilisé, c’est toute la région qui peut s’enflammer car, sur ses terres, se concentrent toutes les tensions du Proche-Orient. Tout peut exploser en très peu de temps, comme l’Histoire nous l’a déjà appris avec plusieurs successions de conflits.

On sait combien le chaos en Libye a des conséquences sur l’Europe : un déséquilibre libanais en aurait aussi.

Quant aux chrétiens libanais, il faut rappeler qu’ils sont des citoyens comme les autres au Liban. Leur souci n’est pas seulement leur propre sécurité – et quand on voit les conséquences des déséquilibres démographiques dans les pays autour d’eux comme l’Iran, la Turquie et l’Irak où les chrétiens ont presque disparu ou sont menacés – mais celle de leur pays entièrement. Comme les autres citoyens libanais, les chrétiens sont attachés à l’équilibre qui permet au Liban d’exister. Sans cet équilibre, la survie même du Liban est mise en danger.

Mais pour revenir en Syrie, il est nécessaire que le gouvernement de Damas assure un retour dans des bonnes conditions de sécurité : certains réfugiés peuvent en effet être soupçonnés d’avoir combattu le gouvernement. Ensuite, il faut que des logements soient disponibles. Or avec le conflit, plusieurs quartiers dans les villes ont été rasés. Enfin, la situation économique en Syrie est compliquée : cette guerre a mis à terre l’économie du pays et les réfugiés revenus peuvent se retrouver sans ressource. Sans une résolution de ces trois aspects, la question du retour reste dans une impasse passablement explosive. »

Evangile de l’Assomption

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là,
Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l’enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »

Marie resta avec Élisabeth environ trois mois,
puis elle s’en retourna chez elle.

– Acclamons la Parole de Dieu.

En Irak, quatre ans après Daech, l’Église chaldéenne face à ses « défis »

Source article La Croix

En ouvrant  le synode des évêques au siège du Patriarcat à Bagdad, le patriarche – et désormais cardinal – Louis Raphael Sako a souhaité qu’il « marque un tournant dans l’histoire » de l’Église chaldéenne […]

Un bilan terrible

« L’action de Daech pendant ces quatre années a été absolument effroyable : génocidaire, criminelle et d’une cruauté inimaginable », rappelle Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient. « La communauté internationale a été lente à agir et l’Irak en paye aujourd’hui le prix  : villes ou villages en partie détruits, populations terrorisées, hébétées et ne voyant plus d’avenir dans leur pays. Or il n’y a pas d’avenir pour les chrétiens si le pays dans son ensemble ne retrouve pas la paix et la liberté. » […]

Des Églises affaiblies

De fait, tout est à reconstruire  : l’économie, les institutions dont l’État – « qui doit trouver son avenir hors de toute influence régionale étrangère », insiste Mgr Golnisch –, et surtout l’idée même d’une coexistence entre chrétiens, musulmans sunnites et chiites, chabaks, kakaïs, mandéens, etc.

La situation des Églises chrétiennes, en particulier, est dramatique  : affaiblies par l’émigration des deux tiers de leurs membres, elles sont loin de s’être remises du désastre et redoutent d’être, à l’image de leurs sœurs d’Iran ou de Turquie, réduites à l’état de « témoins » d’un glorieux passé…

Malgré tout, dans ce contexte critique, « une partie de leurs membres veulent s’accrocher à leur terre », constate Mgr Gollnisch. Plusieurs milliers d’entre elles sont rentrées à Karakosh, la plus importante des villes majoritairement chrétiennes de la plaine de Ninive, où les écoles et les couvents des sœurs ont déjà rouverts.

Maintenir la générosité

25 % des logements de la ville – ceux qui étaient les moins abimés – ont pu être réparés, essentiellement avec l’aide d’organisations chrétiennes de solidarité.



Les conclusions du synode ont principalement portés sur :

Les affaires ecclésiales

  • la formation du clergé et des religieux pour conserver l’identité orientale de leur Église, la prise en compte de la souffrance des chrétiens de Mossoul et de la Plaine de Ninive ainsi que celles de leurs concitoyens, due à l’occupation de Daech, au déplacement, à la situation politique en Irak
  • les remarquables efforts réalisés par les Églises d’un point de vue humanitaire et social pour la reconstruction des maisons, et l’encouragement au retour
  • l’encouragement à l’espérance et à se tenir ferme dans la foi, avec patience
  • «  Ainsi donc, nous aussi, entourés de cette immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée,les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il siège à la droite du trône de Dieu. » Hebreux 12, 1-2

Les affaires publiques

Les chrétiens irakiens attendent toujours la formation d’un gouvernement national fort qui leur offre, à eux et à tous les citoyens irakiens, l’égalité, la liberté, la démocratie et une vie décente respectant le pluralisme.

Les Pères synodaux soutiennent fermement la lettre de SB Louis Raphael Sako aux politiciens irakiens , en date du 30 juillet 2018 qui :

  • souligne les efforts des Irakiens qui ont fait preuve de bonne volonté dans la construction de l’unité nationale;
  • demande d’affronter strictement la corruption généralisée; et d’assurer le fonctionnement « précis » des institutions constitutionnelles pour travailler avec diligence à la promotion de l’économie irakienne et offrir des possibilités d’emploi aux générations à venir, loin des quotas et du sectarisme.

Les pères synodaux exigent également que le gouvernement aide les familles déplacées à restaurer leurs maisons, à réhabiliter leurs infrastructures, à maintenir leurs propriétés et à mettre un terme au processus de changement démographique. Dans le même temps, ils exhortent la communauté internationale à les aider à obtenir un retour décent et sûr.

Retrouver les Conclusion du synode chaldeen 2018

France 2, émission Chrétiens Orientaux « L’icône de la Dormition : la révélation de la place unique de la Vierge Marie » Mercredi 15 Août

Emission du Mercredi 15 août 2018  10h00 (horaire inhabituel) France 2

«L’icône de la Dormition : la révélation de la place unique de la Vierge Marie»

A chaque grande fête liturgique, les Eglise Orientales proposent à la vénération des fidèles une icône différente. Elle donne le sens théologique du mystère de la fête.

Celle de la Dormition représente d’une manière très particulière le Christ qui descend du ciel pour venir chercher l’âme de sa mère. On trouve deux dimensions dans cette icône : le monde terrestre qui célèbre les obsèques de la Vierge et le monde divin qui accueille la Mère de Dieu.

Comment lire et contempler cette icone ? Comment est-elle mise en avant lors des liturgies de la fête de la Dormition ? Comment prier avec elle ? Quel est son message pour notre monde aujourd’hui ?

 

Avec : Mgr Cristian Crisan, curé de la paroisse Gréco-Catholique Roumaine à Paris, Mgr Charbel Maalouf, archimandrite, curé de la paroisse Grecque-Melkite-Catholique Saint-Julien-le-Pauvre à Paris, et le père Joseph Fahmé (Protospalte)

 

Emission présentée par Thomas Wallut. Réalisation Jean Claude Salou

Lecture d’été [7/12] « Les chrétiens d’Orient en France » de Vincent AUCANTE, la recension du père Sabater

Introduction : 

La situation confuse et tragique en bien des points au Proche-Orient a permis aux Français de renouer avec cet Orient si loin et si proche… Orient de la triste réalité vécue au quotidien et rapportée par les medias ; et Orient chrétien que nous connaissons, autant l’avouer, si peu et si mal !!!

L’expression « chrétiens d’Orient » est née au 19ème siècle. Elle est utilisée pour désigner les chrétiens sujets de l’Empire Ottoman. D’autres les nomment chrétiens du Levant ou encore Chrétiens orientaux. Ces dénominations ont fait couler beaucoup d’encre et générer beaucoup de discussions tant en Orient qu’en Occident… Cette appellation recouvre une diversité de situations, d’Eglises et de confessions. La communauté des chrétiens d’Orient n’est certes pas homogène. La situation les a fait bien souvent migrer dans l’histoire. Ces chrétiens partis de chez eux ont créé des diasporas dans le monde entier.

Résumé : 

Vincent AUCANTE nous présente ces chrétiens d’Orient présents en France, arrivés au 18ème siècle ou plus récemment. « Ces derniers sont plus de cent cinquante mille fidèles, tous rites confondus, avec des implantations réparties sur tout le territoire national… Leur présence en France découle de deux causes souvent concomitantes. D’une part, ils ont fui les persécutions des musulmans ou des marxistes. Et d’autre part, avec la mondialisation, certains ont été attirés par une société riche où règne une certaine liberté et où il demeure possible de trouver du travail ».

Malgré les vicissitudes, ces Eglises sont vivantes et connaissent un véritable renouveau au 19ème siècle. En 1974, se créé le Conseil des Eglises du Moyen-Orient afin d’organiser le travail pastoral, de s’écouter, de s’entendre, de s’unir pour soutenir des projets communs ou organiser des demandes ou des protestations, pour pouvoir s’entraider en dépit de la dispersion cultuelle et géographique. Les Maronites représentent la diaspora la plus ancienne et, sans doute, la plus nombreuse. Chaque membre d’une Eglise qui immigre en Europe, aux Etats-Unis, en Australie ou au Canada devient une ressource financière pour la famille restée en Orient. Quantifier l’émigration des chrétiens d’Orient dans notre pays, et plus largement en Europe reste difficile. La diaspora représente parfois presque autant de personnes que celles restées sur le territoire national ; par exemple, 50% du nombre total des Maronites. La guerre en Syrie et en Irak, les « printemps arabes », les attentats, la crise économique, les persécutions ont vidé peu à peu ces terres des chrétiens qui y résidaient depuis des siècles. Cela est tragiquement vrai pour les chrétiens chaldéens et pour les syriaques-catholiques.

Les Eglises orientales sont un pont avec l’Orient, avec l’Orthodoxie ; mais aussi d’une certaine façon avec l’islam. Elles sont confrontées à de nombreuses questions pastorales, canoniques, théologiques, pastorales, organisationnelles et permettent au Vieux Continent de s’ouvrir à d’autres cultures, à d’autres rites, à d’autres langues manifestant ainsi la « catholicité » de l’Eglise du Christ.

L’auteur propose une introduction concise et convaincante suivie d’un entretien avec Mgr Pascal GOLLNISCH, Directeur de « L’Œuvre d’Orient » et Vicaire Général pour les Eglises orientales en France. Agrémenté de cartes et de quelques photos, cet ouvrage présente chaque communauté la situant dans l’Histoire, mais aussi dans son environnement propre. Ce livre est sans contexte une bonne introduction pour tous ceux qui veulent accueillir nos Frères d’Orient, les connaître… les comprendre et marcher avec eux…

Vincent AUCANTELes chrétiens d’Orient en France. Ed. Salvator. Paris, 2017. 191 pages. 20 €.

Patrice Sabater

 

Sète (34) : Conférence de Luc Balbont « Chrétiens d’Orient, défense ou présence? » le 17 août

Né le 23 avril 1949, journaliste. Arabisant, Luc Balbont vit depuis 1989 entre la France et le Liban, pays où réside sa famille. En 40 ans de journalisme il a couvert une grande partie des évènements et des bouleversements du monde arabe, de la guerre du Liban (1975-1990) aux révolutions arabes de 2011. Il a reçu en 2006 le prix «Reporter d’espoir» pour des reportages effectués en Egypte et en Palestine, et le prix littéraire de l’Œuvre d’Orient en 2012, pour le livre « Jusqu’au bout » (Nouvelle Cité), entretiens avec Mgr Casmoussa, archevêque syriaque catholique de Mossoul. Il est actuellement correspondant à Beyrouth pour le quotidien francophone algérien «Liberté».

Cette conférence a lieu dans le cadre de l’exposition « La Grande aventure des chrétiens d’Orient » qui a lieu du 10 août au 22 septembre à la chapelle des Pénitents de Sète.


DATE : Vendredi 17 août 2018 à 18h

LIEU : Chapelle des Pénitents, Promenade J-B Marty (au bout de la rue Mario Roustan, près de l’office du tourisme), 34200 Sète

CONTACT : L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr

Pèlerinage à Lourdes des chrétiens d’Orient du 11 au 16 août

Pourquoi ce pèlerinage est important pour les Chrétiens d’Orient ? 

L’expression « chrétiens d’Orient » est née au XIXème siècle. Elle identifie les chrétiens vivant dans l’empire Ottoman. Présents depuis l’origine du christianisme, les chrétiens d’Orient ont subi au fil du temps plusieurs vagues de persécutions qui ont fait d’eux une Eglise martyre. Malgré tout, ces chrétiens ont pu survivre grâce à la permanence de leur présence en Irak, Syrie, Liban, Egypte… mais aussi grâce aux diasporas européenne, américaine et australienne.

Lourdes est un lieu hautement symbolique pour les chrétiens d’Orient et ils retrouvent dans les processions la ferveur de celles qu’ils vivaient dans leur pays d’origine. En priant à Lourdes, ils sont en communion avec leur peuple resté au pays. Ce Pèlerinage du mois d’août est aussi l’occasion pour ces chrétiens déracinés de se retrouver en famille ou entre amis. Lourdes devient un haut leu de rassemblement et fait oublier un quotidien souvent difficile.

Quelle proposition ? 

Vivre 5 jours de joies et de prières à Lourdes pour 500 chrétiens d’Orient
guidés par les Pères Amir Jaje, Stéphane Hundo et le Frère Milad Yacoub, les chrétiens d’Orient bénéficieront d’offices spécifiques et de livrets en arabe et français.

Monseigneur Pascal Gollnisch directeur de l’Œuvre d’Orient sera également présent.
Les jeunes adultes s’investiront dans les Services de l’Hospitalité, les enfants valides et handicapés pourront participer aux différentes activités qui leur seront proposées (Pélé Soleil, Pélé Eveil…)

 

  • Hébergement à l’Accueil Notre Dame et en hôtels
  • Transport : trains et cars du Pèlerinage National
  • L’organisation et l’encadrement sont entièrement assurées par des bénévoles qui prennent en charge leur propre participation.

 

Isaure volontaire au Centre Saint Vincent d’Ein Karem à Jérusalem

Mon travail au centre

Nous avons passé la crise des enfants malades, de février à avril il y a eu en quasi permanence au moins un enfant malade à l’hôpital (jusqu’à 4 …) ce qui inquiétait tout le monde et nécessitait la présence d’un adulte 24h/24h à leur chevet et laissait plus de travail aux autres dans le centre. Maintenant que cela est passé je m’aperçois du stress que cela a provoqué de passer de longues heures à veiller à l’hôpital au lieu de s’occuper de ses enfants restés au centre.
Je jongle toujours sur trois chambres différentes toutes les semaines et ça me plaît de changer. Je les connais bien à présent, et je sais comment décrocher un sourire ou calmer des pleurs. Je connais également par cœur mon travail et j’ai moins souvent de mauvaises surprises car je les anticipe mieux, le travail peut être monotone (surtout le temps des douches de bon matin), il ne tient qu’à moi de le rendre plus amusant en jouant avec les enfants ou non.

 

Mon agenda depuis le mois de mars

En avril je suis partie avec trois amis volontaires visiter le désert du Négev pendant trois jours. Le voyage était magnifique, nous avons traversé le désert jusqu’à Eilat, la ville la plus au sud du pays, pour nous baigner dans la Mer Rouge et tout remonter en visitant tous les parcs archéologiques sur le chemin… Nous en avons eu plein les yeux !
En mai mes parents sont venus une petite semaine. Ils m’ont comblés de louange car il leur a semblé que je m’orientais parfaitement dans les ruelles de la vieille ville de Jérusalem (alors que je m’y perds si souvent…!) et que je négociais aussi bien en arabe qu’en hébreu (eh oui ils confondent l’arabe et l’hébreu !). Il était bon de leur faire visiter le centre, afin que quelqu’un en France ait une idée de ce qu’est mon travail ici et ne s’en fasse pas qu’une idée.
Depuis, la fin me semble proche, car la venue des parents était la dernière échéance dans mon esprit avant mon retour. Je n’attends pas la fin, mais je me projette et prépare mon retour du mieux que je peux !

 

Ce qui m’a le plus marqué

En Terre Sainte, la religion est omniprésente et chaque lieu parle de Dieu. Même en me rendant à la plage à Ashdod, je me suis demandée : qu’était cette ville dans l’ancien testament ? Ah ! Ici a été conservé l’Arche d’Alliance !
Cela enrichit considérablement mon quotidien, même si à la longue c’est banal, chaque lieu a une histoire sacrée. J’ai appris ici à davantage m’intéresser à l’histoire.

 

Ce qui me manquera

Parfois avec Chloé, une autre volontaire d’Ain Karem, nous marchons dans les souks en notifiant tous les détails qui nous manqueront, nous essayons de nous les mémoriser, ou de les rapporter en France : c’est comme ça que nous revenons les sacs remplis de foulards, de dromadaires en bois, de boucles d’oreilles orientales …  Tous ces détails dont j’ai l’habitude mais dont je ne pourrai plus profiter en France.
Mais ce qui me manquera le plus, c’est de ne plus travailler avec les enfants. Parfois quand je suis en repos et que je m’ennuie, j’ai envie de m’occuper d’eux pour oublier mes soucis. Évidemment quand j’y suis, j’aimerais être ailleurs, car pour prendre plaisir à son travail, il faut y mettre du sien. J’aime me rappeler les difficultés que j’ai eu au début de l’année, et les changements qui se sont opérés avec le temps. Je remarque beaucoup d’améliorations dans l’attitude des enfants de ma chambre et c’est bien agréable. Me dire que je laisse tout cela derrière moi est compliqué, car si je reviens au Centre un jour, rien ne sera plus comme maintenant.

« Allez, raconte ! » Telle est la question que me posent le plus souvent mes proches quand je les appelle. Elle est terriblement frustrante parce que j’ai très envie de leur partager ce que je vis et en même temps ils ne s’attendent sûrement pas à ce que je leur raconte une année de vie en une phrase ! Je ne sais alors pas quoi dire. J’aimerais à la fois partager un petit bout de la richesse de ce que j’ai vécu, et peur en même temps de décevoir en ne racontant qu’en quelques phrases le vécu d’une année. Il faudra pourtant préparer une réponse !

 

Que ferais-je l’année prochaine ?

L’année prochaine j’irai à l’IRCOM en master humanitaire (Management dans la solidarité et l’action sociale), mon expérience ici sera, je l’espère, un plus pour mieux appréhender les défis de l’action sociale au sein d’un climat de pauvreté et auprès de personnes vulnérables.

 

Le retour 

Je n’ai pris que quelques jours de vacances pendant la venue de mes parents, et la fatigue se fait maintenant réellement sentir. Mon quotidien est maintenant bien chargé car j’ai des habitudes pour m’occuper pendant mon temps libre de 9h à 15h, et j’ai la vie sociale de Jérusalem qui me rappelle constamment ! Les occasions de sortie sont nombreuses et souvent incompatibles avec mon degré de fatigue et le travail qui m’attend au Centre. Il est difficile de renoncer à ces moments si riches, alors je profite de chaque sortie et tire un peu sur la corde jusqu’à mon retour.
Je ressens parfois un sentiment d’accomplissement quand je relis certains moments, et que je réalise que j’ai vécu ce pour quoi je désirais partir. Alors je n’ai pas à avoir de regret et il est temps de passer à autre chose !

 

Isaure, au Centre Saint Vincent d’Ein Karem à Jérusalem

L’équilibre du Liban menacé

Les réfugiés dans les pays voisins de la Syrie spécialement au Liban ont vocation à rentrer chez eux. Il convient d’être attentif à ne pas déstabiliser les équilibres fragiles mis en place depuis des années entre les communautés du Liban.

C’est l’avenir même de l’existence de ce pays qui est en cause. La communauté internationale doit mettre en œuvre, en liaison avec les autorités syriennes, les moyens de ce retour, dans des conditions de sécurité et de dignité.