[TERRE SAINTE] Le témoignage de Baptiste :  » Je m’étais envolé avec des idées trop simples, j’ai découvert un Orient très complexe « 

Découvrez le témoignage de notre volontaire Baptiste, en mission à Abu Gosh en Terre Sainte pendant 6 mois.


Ma mission : 

Après quatre heures de vol, mon avion s’est posé à Roissy. La tête et les valises chargées de souvenirs je rentrais d’un séjour m’ayant marqué à la fois personnellement et spirituellement.

Au cours de ces six mois je me suis mué en chrétien de Judée travaillant au jardin, vivant au rythme d’une communauté religieuse et participant aux fêtes chrétiennes sur le lieu même de leur déroulement. J’ai aimé servir cette communauté et en visiter d’autres. Ce que j’ai le plus aimé c’est vivre là-bas, dans le pays de la bible.

En rentrant, je quittais le pays où l’on vit à la fois au rythme du Shabbat, des appels à la prière et des solennités chrétiennes. Être à Jérusalem m’a permis d’en apprendre plus sur ma religion mais aussi sur la religion des autres. J’ai pu me rendre à d’autres cultes : à la synagogue pour la lecture de la Torah, à la prière à la mosquée, à la messe chez les orthodoxes ou chez les catholiques latins, melkites, maronite et Syriaque de Terre Sainte. Ce voyage à déclenché chez moi une grande curiosité : je me suis passionné à découvrir comment les autres vivent, pensent, aiment, prient… J’ai eu la chance de faire de très belles rencontres côté palestinien et israélien qui m’ont fait découvrir la richesse et les spécificités de leur culture. Du côté arabe, l’accueil est plus qu’une valeur, ça leur coule dans les veines, alors il est rare de ne pas faire plusieurs rencontres par jours. Le record étant établit à sept invitations à boire le café en une demi-journée. Du côté juif, les rencontres sont plus rares mais ne sont pas moins belles, il m’est arrivé d’être invité par des membres d’un groupe de prière à l’office du matin au mur occidental par exemple. C’est certain, les riches échanges que j’ai pu avoir pendant ces six mois m’ont fait grandir et évoluer.

Au cours des échanges il n’était pas rare que la politique soit évoquée. Ce n’était pas l’objectif de mon voyage, mais il est très difficile de passer à côté car il est présent partout dans le discours des gens, dans la rue par la présence militaire, dans les journaux, sur les fresques… Je m’étais envolé avec des idées trop simples, j’ai découvert un Orient très complexe pour détourner la formule du Général de Gaulle. J’ai pu voir de mes yeux la réalité de la colonisation des territoires palestiniens, du mur de séparation et des checkpoints. Le contexte m’a intéressé et au fur et à mesure des visites et des lectures il paraissait de plus en plus complexe. Parfois il était difficile de contenir ses émotions, de ne pas prendre parti et de se contenter de prier pour la paix et pour les chrétiens de Palestine. Bien que locaux ceux–ci n’ont pas obtenu de permis pour se rendre aux offices de la semaines sainte à Jérusalem. Le Patriarche l’a déploré lors de ses prêches.

Pendant ces six mois je me suis un peu plus passionné pour la photographie et j’ai découvert un autre genre de la photo, celui de la photo de rue. Je passais une grande partie de mon temps libre à déambuler dans les souks, les lieux saints et les villages armé de mon Canon dans le but de concevoir un petit recueil de photo sur la Terre Sainte. Pour le moment l’heure est la sélection des photo parmi les 5800 ramenées. Je vous tiendrai informés de l’avancement de ce projet.

Il est temps maintenant de me remettre à l’heure occidentale et de reprendre une vie plus normale à la lumière de tout ce que j’ai appris pendant cette magnifique expérience. Je reste néanmoins très attaché à la Terre Sainte et à Jérusalem en particulier ; j’espère y retourner très bientôt.

Le projet : 

Le projet d’irrigation que j’ai commencé à Abu Gosh avait plusieurs objectifs . Le premier était de relier les plantes ayant les mêmes besoins en eau. Le second était d’avoir un système automatique pour arroser la nuit et être économe en eau.

Une fois les plans validés, il a fallut creuser de nombreuses tranchées et percer des murs pour enterrer les 400 m de tuyau à travers le jardin. Ensuite nous avons pu les relier à des électrovannes pilotées par des petits ordinateurs programmables. Un volontaire présent cet été se charge de finaliser le projet.

Je vous remercie par cette dernière newsletter d’avoir suivi et soutenu mes aventures ces derniers mois et j’ai hâte de pouvoir vous partager plus d’anecdotes lorsque l’on se recroisera.

Maasalame,

Baptiste

[EGYPTE] Le témoignage de Fanny :  » C’est là que nous leur offrions le plus beau cadeau : notre temps « 

Découvrez le témoignage de Fanny, volontaire à Ismaéllia en Egypte pendant 1 mois et demis !


Ma mission 

Me voilà de retour de ma mission d’une durée d’un mois ½ à Ismaïlia, en Égypte. Nous avons été accueillies dans un monastère de sœurs coptes, qui gère une école et un collège chrétiens. Dès la première semaine, le contact avec les sœurs s’est fait très facilement et nous avions déjà construit des liens. Elles ne parlent pourtant ni français, ni anglais (très peu…), la communication se faisait autrement : par les expressions du visage, les gestes, les intonations… ça vient naturellement. Ce n’est pas facile, évidemment, souvent on ne se comprend pas donc on ne parle pas de choses très sérieuses ou profondes. Mais on s’apprend des mots en français et arabe, et on rigole beaucoup malgré tout !

Nous prenions tous nos repas avec elles et ce sont des moments de partage privilégiés. Autrement, on ne les voit pas. Elles ont toutes une mission qui leur est attribuée par la congrégation des sœurs (responsable du monastère, de l’école, comptable, cuisine…). Elles sont une petite dizaine. Parfois elles partent et d’autres arrivent (pour des missions ailleurs ou temporairement pour des retraites). Voici une liste des sœurs les plus présentes lors de mon séjour (non exhaustive) : sœur Paula, sœur Elizabeth et sœur Sophie (les trois sœurs les plus rieuses et drôles, qui ont beaucoup rigolé avec nous et avec qui j’ai tissé le plus de liens), sœur « Sourire » (nommée comme ça parce qu’elle a un grand sourire lumineux, elle a 26 ans) et sœur Rania (toutes deux responsables des repas délicieux), sœur Germaine (83 ans), sœur Baracka (responsable du monastère), sœur Veronia (en études de psychologie), sœur Pouline (responsable de l’école, toujours aux petits soins pour que nous soyons au mieux possible).

Elles nous ont appris beaucoup de mots arabes autour de la nourriture, ainsi que le début du Notre Père ! Nous faisions des échanges de mots français – arabes. Comme elles avaient l’air assez motivées pour apprendre, nous leur avons proposé de faire un vrai cours de français. Mais après quelques essais, nous nous sommes rendu compte qu’elles n’avaient plus vraiment l’âge ni la motivation pour reprendre un papier et un stylo et étudier réellement la langue. Elles avaient l’air de préférer rester sur un apprentissage informel pendant les repas.

En revanche, les jeux de « Rumicube » ont bien perduré ! Presque tous les soirs, nous jouions plusieurs parties. C’est un jeu autour des chiffres qui ne nécessite pas de se parler pour se comprendre. Nous participions aussi aux messes le soir. Bien que ce soit en arabe, le rite copte reste proche du notre, et nous reconnaissions certaines prières.

Nous donnions des cours de français aux élèves du collège. J’avais une quinzaine d’élèves (de 10 à 15 ans) trois fois par semaine (lundi, mardi, mercredi), qui venaient sur la base du volontariat. J’avais pas mal d’appréhension à l’idée de devoir les occuper, surtout les intéresser pendant 1h30 et leur donner envie de revenir. Je passais au moins deux, trois heures à préparer chaque cours au début en essayant d’inclure de l’apprentissage de vocabulaire, des jeux, et des chansons (je trouvais des idées et des supports pédagogiques sur le site FLE notamment, puis dans mes souvenirs d’enfance pour les chansons : Henri Dès ou les comptines). L’objectif était de varier le plus possible ! Après deux, trois cours j’étais lancée, je les adorais déjà ! Ils sont très studieux et veulent vraiment apprendre, ce qui fait chaud au cœur. A chaque début de cours je révisais le vocabulaire appris précédemment. J’avais préparé des diaporamas avec les images des mots et à chaque séance je leur donne une feuille à remplir pour qu’ils puissent revoir chez eux. Ils adoraient les jeux et étaient très motivés dès que je les mettais en équipe et qu’ils devaient gagner. Surtout au time’s up et au béret ! J’avais la classe des grands, qui avait déjà quelques notions de français. J’ai abandonné l’idée de leur faire travailler la grammaire. Elle doit être à mon avis enseignée par de vrais professeurs, tant c’est une matière difficile et subtile. On a eu de très bons retours des professeurs et des sœurs sur nos cours, les élèves ont adoré. Une maman m’a dit une fois qu’un de mes élèves pleurait de ne pas pouvoir venir à cause d’une fièvre. Et en partant, ils étaient tous tristes de ne plus me revoir et me demandaient de revenir l’année prochaine…

Les professeurs nous ont proposé de se retrouver 1h avant chaque cours pour discuter, « s’habituer à notre accent » et progresser. En effet, elles sont présentes à nos cours pour nous aider si besoin (elles sont très discrètes pendant mon cours, et ne m’aident seulement si je les sollicitent, tandis que Madame Dalia par exemple était assez présente avec les petits dans le cours de Marie) mais ne nous comprennent pas toujours ! Madame Flora (directrice de l’école) et Madame Dalia parlent très bien français, mais les autres professeurs ont seulement les quelques notions suffisantes pour enseigner aux tous petits. L’été, elles ont une permanence toute la matinée qu’elles occupent en corrigeant des copies, en préparant des cours, ou le plus souvent en prenant leur petit déjeuner et en papotant !

C’était intéressant, même si nous n’avions pas toujours des choses à se dire et parfois l’impression d’être assises à ne rien faire. J’ai trouvé ça assez difficile de « ne rien faire » pour nous les jeunes d’aujourd’hui souvent hyperactifs, en recherche constante de productivité. Mais ça leur faisait vraiment très plaisir de pouvoir partager ces moments avec nous. J’ai réalisé que c’étaient des moments où Dieu nous demande de ne plus être dans la tête (à se demander si ce qu’on fait est « utile », « efficace », si on est assez « actifs » …) mais dans le cœur. Nous devions être simplement présentes avec ces femmes, à l’écoute, concentrées pour être comprises lorsque nous parlions. C’est là que nous leur offrions le plus beau cadeau : notre temps.

Nous avions pas mal de temps libre, sachant que les cours ne nous prenaient que le lundi, mardi, mercredi matin. Nous étions logées dans un petit appartement très confortable avec chacune notre chambre, une salle de bain partagée, un bureau et un petit frigo constamment rempli de fruits, de gâteaux ou de boissons que nous apportaient les sœurs (elles nous déposent à 10h ou à 16h des encas variés devant notre porte ou elles toquent). Les fenêtres de nos chambres donnaient sur le poulailler avec les coqs qui chantent au lever du jour avec l’appel à la prière. Je n’ai pas réussi à m’habituer à cela, et jusqu’à la fin de mon séjour mes nuits s’arrêtaient plus ou moins à 3 heures du matin !

Nous nous occupions entre préparation de cours, lecture, jeux de cartes, sport. Il faut savoir s’ennuyer parfois ! Le temps est long entre le petit déjeuner à 8h, le déjeuner à 14h et le diner à 20h. Nous sommes allées quelques jours à Sharm El Sheikh, une ville sur le bord de la mer Rouge qui est très appréciée des Égyptiens. Nous avions 7h de bus pour y aller et là-bas de très bons amis des sœurs ont été nos guides. C’est une ville très sécurisée, entourée de murs pour se protéger du désert du Sinaï.

Selon la famille, Sharm El Sheikh est une des plus belles villes d’Égypte pour les Égyptiens. Le rythme de vie est plus agréable, les gens sont plus détendus qu’ailleurs. Ils sont moins « tracassés par les soucis du quotidien ».  Nous sommes allées visiter une des plus belles églises d’Égypte : « The Heavenly Cathedral », construite par l’ancien pape orthodoxe. Elle est très impressionnante de l’intérieur, couverte entièrement de peintures. Malgré des discriminations « moins importantes », il y a seulement 3 églises dans cette ville, pour 300 mosquées…

Nous sommes également allées au Caire. Nous avons été accueillies par les sœurs de la même congrégation du Sacré-Cœur. C’était un grand monastère destiné à accueillir des séminaires, nous avions chacune nos chambres. Sœur Josette et sœur Nabila nous ont accueillies. Elles parlaient très bien anglais donc le courant est vite passé ! Nous avons parlé tout de suite de choses passionnantes, comme la mission de sœur Nabila au Sud Soudan qui consiste depuis plus de vingt ans à convertir les sud soudanais qui n’ont pour beaucoup aucune religion. Elle nous racontait baptiser des centaines de personnes en une fois, sur une messe se prolongeant jusqu’au milieu de la nuit. De même pour les mariages, où les hommes acceptent de ne choisir qu’une femme, contrairement à leur culture. C’est une très belle mission pour laquelle elle se sentait très engagée. Elle ne revenait qu’un mois par an au Caire.

Elles nous ont fait visiter Le Caire en une journée ! Départ 7h du matin pour les pyramides, ensuite le musée des momies, puis Old Egypt et ses sept églises orthodoxes, et enfin les rues de Khanel Khalili. Nous avons découvert les pyramides en même temps qu’elles ! C’était évidemment impressionnant. Les sept églises étaient absolument magnifiques, notamment l’église suspendue de la Vierge Marie. Le Caire est une ville très riche, avec beaucoup de monde : les immeubles poussent comme des champignons, très serrés les uns contre les autres (nous voyions en voiture des rues qui semblaient ne faire qu’un pas de large), des voitures et bruits de klaxons partout. Les égyptiens disent « Cairo Um Al-Dunya » : « Le Caire, mère du monde ».  Nous avons adoré ce séjour court mais intense au Caire !

Je reviens de cette mission avec un sentiment que je ne saurai encore nommer ou décrire. Pour être honnête, j’ai eu du mal à passer les deux dernières semaines. J’ai eu très envie de rentrer et retrouver mon confort. J’ai été étonnée de cette forme de non-adaptation, inhabituelle chez moi.

J’étais là pour être au service d’autrui, pour me donner complètement. C’est ce que j’ai fait dès que je suis arrivée, m’efforçant de faire du mieux possible pour que ma mission soit fructueuse. Au bout de quatre semaines, j’ai commencé à ressentir une certaine fatigue psychologique. Celle d’être constamment alerte du fait d’être en terre étrangère, de ne pas pouvoir parler français simplement avec les autres et de toujours avoir des difficultés à se comprendre, et de se sentir toujours « invitée » temporaire donc pas vraiment chez soi. Les sœurs ont été on ne peut plus accueillantes, on ne pouvait pas être mieux installées, mais après quatre, cinq semaines on n’est jamais encore assez à l’aise pour se sentir « comme chez soi ».

C’était difficile aussi de ne pas être libre. Nous étions très souvent confinées dans notre appartement, au rythme des sœurs. Ce n’était pas très sécurisé de sortir seules et cela les inquiétait. Le lundi de mon départ j’ai pu donner un dernier cours à mes élèves et voir les professeurs. Elles sont toutes venues me dire au revoir et nous ont offert des petits cadeaux extrêmement touchants. Ce n’était que sourires et amour, elles étaient très reconnaissantes de notre travail ici et tristes de me voir partir. J’ai aussi offert un cadeau d’adieu, un grand dessin de la Vierge Marie qu’elles ont adoré.

Je sens que j’ai laissé une marque, les personnes rencontrées ici se souviendront de nous c’est certain ! Autant que moi, d’eux. Nous venons de milieux tellement différents, tout n’était qu’émerveillements et apprentissage des deux côtés.

Si je devais réaliser une autre mission, ce serait sur un temps plus long (au moins 6 mois), pour avoir le temps de prendre mes marques et de me sentir chez moi. Je pense que c’est ce qui m’a empêché pendant cette mission de m’installer vraiment, puisque je n’étais là que quelques semaines qui passaient très vite… C’est un état d’esprit de rester plus longtemps.

Et puis, j’apprendrai la langue pour être plus proche de la population. J’ai en effet été déçue de ne pas avoir de discussions plus profondes avec les sœurs à cause de la barrière de la langue.

[ARMÉNIE] Le témoignage de Camille :  » J’ai beaucoup donné à ces enfants pendant dix jours, mais eux m’ont rendu plus encore « 

Découvrez le témoignage de notre volontaire Camille qui était en mission en Arménie cet été pour animer deux colonies à Tsakhkadzor.


L’été dernier je suis partie en Arménie du 28 juin au 13 juillet, en tant que volontaire avec L’Œuvre d’Orient dans un camp de vacances à Tsaghkadzor, en Arménie. […]

Au retour de cette première mission, j’étais très bouleversée. J’ai eu du mal à comprendre ce que je venais de vivre, je n’arrivais pas à mettre de mots dessus. C’est la raison pour laquelle je n’avais pas envoyé de compte-rendu. L’expérience avait été si forte, qu’elle était indescriptible.

Mon retour en Arménie : 

Il fallait absolument que j’y retourne. C’était une évidence.  En quittant le camp, j’avais d’ailleurs promis aux Sœurs que je reviendrais. Je leur avais dit « à l’année prochaine » et non « adieu ». Pendant toute cette année 2021, j’ai parlé de ce volontariat à mon entourage en accentuant sur le fait que cette expérience est enrichissante, forte en émotion, incroyable… la plus belle de toute ma vie. Chaque fois que j’en parlais, j’étais émue, les souvenirs des enfants me revenaient, ils me manquaient.

En mai 2022, j’ai de nouveau contacté L’Œuvre d’Orient, en demandant de retourner en Arménie, pour la même mission et la même durée. Lorsqu’on m’a donné un accord je n’y croyais pas. J’en rêvais tellement ! J’ai donc pris mes billets et me suis envolée de nouveau pour l’Arménie le 21 juin 2022.

Ma mission : 

Le retour sur les lieux fût vécu avec beaucoup de nostalgie. Quand les enfants sont arrivés, j’espérais revoir certains visages. A ma plus grande surprise ce fut le cas ! Cinq enfants étaient au même camp que moi l’an passé. J’étais tellement heureuse. Je ne m’y attendais pas !

Pendant ce premier camp, j’ai cette fois-ci enseigné l’informatique avec deux autres volontaires français. Nous leur avons expliqué comment fonctionne Paint. Était aussi au programme : Pictionnary, morpion ou encore travail de copie des modèles dessinés en amont par leurs supers enseignants ! […]

Cette expérience était différente de celle de l’année dernière en cours d’arts plastiques. Les profils des enfants n’étaient pas les mêmes. Les interactions étaient plus difficiles et la proposition d’activités limitée. Au bout du troisième jours nous avions utilisé toutes nos cartes. Mais nous avons persévéré et fait preuve d’inventivité. Le but de ces cours était en premier lieu de les occuper, leur faire passer de bons moments et d’interagir avec eux. Même s’ils faisaient régulièrement la même activité que la veille, ils revenaient toujours avec le sourire, de bonne humeur et en lançant « Bondjouuur », « Comment ça va ? ». Mission réussie !

Dès le deuxième jour du camp, j’ai appelé mes parents pour leur demander s’il était possible que je reste pour le camp suivant : dix jours de plus. Je ne voulais pas revivre la même frustration que l’an dernier et quitter les volontaires français qui continuerait avec un second camp. Nous étions une très bonne équipe, je voulais absolument prolonger mon séjour. D’autant plus que forte de mon expérience passée, je savais à quoi m’attendre, je me sentais donc prête à rester. Mes parents, L’Œuvre d’Orient et les Sœurs ont accepté. Je n’étais donc pas seulement partie pour 10 jours de camp, mais 20 ! Mes doigts tremblaient quand je pianotais sur le site d’Air France pour changer mes billets tant j’étais heureuse.

Pendant ce camp j’ai de nouveau noué des liens profonds avec certains enfants, par exemple avec Narek. Je trouve cela incroyable ! Malgré la barrière de la langue, qui est une réelle contrainte, nous avons réussi à bâtir une relation, avec de simples rires, des sourires, des regards, des jeux ou quelques mots échangés dans un arménien approximatif. Finalement, le langage n’est pas la seule façon d’exprimer son amour. Bien qu’il soit pratique, on peut vivre quelque chose de profond avec ces enfants sans même parler la même langue !  C’est formidable non ?

La fin du premier camp a été très difficile, comme je m’y attendais. Larmes, adieux ou encore promesses de se revoir l’an prochain…

C’est un moment difficile à passer. Il s’agit de l’étape la plus redoutable, mais il est important de la vivre.

Rencontre inattendue : Finalement, alors que j’aidais le groupe de jardinage un matin, j’ai entendu un enfant chantonner une musique que j’aime beaucoup. Je lui ai expliqué que je la connaissais aussi. A partir de là, quelque chose de fort s’est créé entre lui et moi.

C’est un petit garçon particulièrement touchant. Il est orphelin et a un petit frère de deux ans. Il vit à l’orphelinat de Gyumri. Je lui ai donné en guise de souvenir une bague que je porte régulièrement. Je me souviens de sa joie. Il en parlait à tout le monde. Non pas pour se vanter. Il la montrait simplement fièrement car il était touché de ce présent.

Il ne s’agit que d’une bague, mais elle représente beaucoup. Il faut voir au-delà du matériel. C’est le geste, l’intention, le sacrifice (car il s’agit d’un bijou auquel je tiens particulièrement) qui est beau et touchant. Le lendemain il m’a offert deux bracelets qu’il avait confectionnés en cours de couture. Ces gestes-là, si simples aux yeux de certains, mais si importants pour moi, m’ont comblée d’un bonheur immense. […] C’est grâce à cela que je prends conscience du véritable bonheur de donner et de recevoir.

J’ai beaucoup donné à ces enfants pendant dix jours, mais eux m’ont rendu plus encore. Ils m’ont fait prendre conscience de tant de choses et m’ont fait grandir ! C’est incroyable de réaliser le pouvoir qu’ont ces enfants âgés de 6 à 10 ans.

C’est pour cette raison que je souhaite qu’un maximum de jeunes aient la chance de vivre ce genre d’expérience. Si au début nous pouvons y aller à reculons, en fin de mission, il est toujours difficile de partir, nous rentrons chez nous totalement transformés.

J’aimerais remercier […] les Sœurs pour leur accueil chaleureux […].

Il est tout à fait possible que cette aventure se poursuive l’année prochaine… à bientôt dans une nouvelle newsletter.

[ÉTHIOPIE] Le témoignage de Simon : « Leur mission ici est de donner des soins gratuitement aux personnes qui en ont besoin « 

Découvrez le témoignage de Simon, volontaire en Ethiopie auprès des Frères de Saint jean.


Chers amis, chère famille,

Nous sommes dix, au prieuré: 6 frères de Saint Jean dont 3 prêtres, Mebratu un jeune Éthiopien en année de discernement pour rentrer chez les frères, Deo-Gratias une volontaire togolaise, Ronan un Français envoyé comme moi par l’Oeuvre d’Orient et moi. Il y a également 3 gardiens qui se relaient et Tafessètch notre cuisinière.

Je rencontre beaucoup de personnes d’origines différentes ! Si l’on m’avait dit que je goûterais des cupcakes américains pour la première fois en Ethiopie, j’aurais rigolé… et pourtant ! Ils étaient préparés par la fille d’un diplomate américain et étaient délicieux.
Pendant le week-end, des Éthiopiens de mon âge viennent au prieuré, ils suivent toute l’année une “école de vie”. Je suis très content de pouvoir leur parler, on rigole bien avec eux !

J’apprends à jongler entre les langues:
Les frères de Saint Jean parlent tous français, Mebratu parle amharique et anglais, les Éthiopiens de “school of life” parlent un peu anglais mais plutôt amharique. Il y a aussi 2 Éthiopiens qui viennent parfois aider qui ont appris le français… bref, on a un beau mélange de ces 3 langues.
Le plus amusant c’est qu’il nous arrive de parler anglais alors qu’il n’y a dans la discussion que des personnes qui parlent plus facilement français. J’apprends l’amharique aussi rapidement que je le peux en écoutant les conversations, en demandant du vocabulaire et en lisant un peu des cours. Avec les chiffres, quelques mots-clés et le non-verbal, j’arrive parfois à comprendre une discussion dans son contexte.
Il faut tout faire en phonétique puisque je ne peux pas m’appuyer sur l’alphabet qui est différent mais je commence à comprendre la formation des phrases !

Pour les frères, j’ai beaucoup fait de l’administratif les premières semaines, ce n’est pas le plus passionnant… mais c’est ce qui les aide ! Rapport de comptabilité, montage de dossier pour demander des subventions…

Nous avons maintenant un premier camp d’enfants de 12 à 16 ans. Ils sont une trentaine ici pour la semaine. Le thème du camp : “Nous marchons dans la lumière du Seigneur” alors nous préparons avec eux une pièce de théâtre sur l’Exode du peuple d’Israël et une autre sur les disciples d’Emmaüs. Les enfants sont très amusants et j’arrive à bien rigoler avec eux en utilisant mes quelques mots et des gestes. C’est une autre histoire quand il faut les coucher et réclamer le silence dans les dortoirs, ça devient plus compliqué avec la barrière de la langue.

J’ai eu l’occasion de faire une semaine à Awassa en début de séjour avec les sœurs de mères Teresa. Elle fût riche en découvertes et très formatrice, j’ai donc à cœur de vous en parler.
Je ne m’en suis pas rendu compte en arrivant à Addis-Abeba mais la vie dans la capitale n’a rien à voir avec le reste du pays ! Tout comme en France, la vie à Paris est différente mais je n’y avais pas pensé… je l’ai réalisé pendant cette semaine et cela m’a aussi marqué plus tard à chaque fois que j’ai eu l’occasion de sortir de la capitale.
Dès que l’on quitte la capitale, le nombre de voitures diminue, elles sont petit à petit remplacées par les nombreux bajaj, ces petits tricycles motorisés venus d’Asie. Hors d’Addis, ce sont les seuls taxis que l’on peut trouver. Il y en a énormément ! On peut être sûr qu’en en interpellant un, un autre s’arrêtera.

Leur mission ici est de donner des soins gratuitement aux personnes qui en ont besoin. A Awassa, il n’y a “que” 5 sœurs mais le travail réalisé est énorme puisqu’il y a beaucoup de personnes qui travaillent avec elles sur le centre. C’est une vraie petite ruche où chacun a ses activités.

Il y a deux bâtiments principaux où dorment les malades, celui des hommes et celui des femmes et des petits enfants. J’ai été impressionné par le fonctionnement du centre, un maximum de patients sont soignés avec les moyens disponibles. On utilise beaucoup de matières premières que l’on transforme. Tous les draps et écharpes sont ainsi fabriqués sur place avec des métiers à tisser eux-mêmes faits de bouts de bois. Il suffit d’acheter le fil ! On achète aussi des sacs de grains bruts, ils seront triés patiemment à la main avant de passer au broyage pour faire de la farine qui servira à faire les injera.
Les patients qui attendent la cicatrisation d’une plaie par exemple et qui se portent bien peuvent aider aux métiers à tisser.
Les femmes s’occupent de la lessive et du tri des grains. Il y a de la main d’œuvre puisque toute une partie des femmes bien portantes sont accueillies car elles sont enceintes.

J’étais admiratif des cuisinières qui faisaient chaque jour à manger pour 200 personnes sur des fourneaux au feu de bois, dans l’obscurité (hé oui ! la pièce n’a qu’une petite fenêtre et avec tout le bois brûlé, les murs sont noirs !)
Tous les midis, c’était injera au menu ! J’avais la chance de pouvoir varier les repas du soir.

Il n’y a pas de place particulière prévue pour les volontaires chez les sœurs puisque l’accueil des malades ne va pas patienter lorsque nous ne serons plus là. Je me suis donc fait ma place, en proposant mon aide, en regardant puis en demandant à faire… Une semaine c’est court ! En partant j’avais le sentiment d’avoir vu et fait tellement de choses…mais aussi qu’il y en avait tellement plus à voir si je pouvais rester plus longtemps !

Chaque jour, de nombreuses personnes attendent devant le portail. De temps en temps, nous sortons pour donner des médicaments à ceux qui en ont besoin ou faire rentrer ceux dont l’état plus grave nécessite de les garder pour plusieurs jours ou semaines. Le dispensaire des sœurs est connu, ils viennent parfois de loin pour pouvoir être soignés.

Ce sont les personnes les plus pauvres qui viennent et parmi les plus pauvres, celles qui ont les pires blessures ou maladies. En faisant le tri à la porte avec l’infirmier, je découvre toutes sortes de parasites et maladies. C’est l’application concrète de toutes les fois où j’ai révisé avec des amis en médecine et parlé de leurs cours de parasitologie.

Un gros travail consiste à panser les plaies. Ce n’est pas compliqué et on m’a rapidement demandé de le faire seul. Les plaies ne sont pas belles, elles sont profondes, larges et mal fermées… J’avoue qu’en arrivant, j’ai eu un peu de mal à voir ça, il faut globalement avoir le cœur bien accroché. Je suis étonné de la vitesse à laquelle je m’y suis habitué ! Deux jours après, je regardais les plaies de près pour bien les nettoyer. Avec un infirmier, je passais dans les chambres pour donner les médicaments en perfusion aux malades. J’ai vite appris. Il prenait le temps de tout m’expliquer avec des gestes et des mots d’anglais. On m’a presque proposé de poser une perfusion après avoir regardé 3 fois !

Beaucoup de femmes enceintes sont accueillies dans le bâtiment des femmes. Sans cela, elles n’auraient pas d’endroit où dormir ni de quoi se nourrir. Le plus grand risque est que la maman abandonne son enfant tant la situation dans laquelle elle est compliquée. Pour éviter cela, les sœurs gardent la maman pendant 3 mois après l’accouchement à l’hôpital, afin qu’elle puisse s’attacher à son enfant dans un cadre paisible.

J’ai eu l’occasion de visiter des familles chez elles. Après 30 minutes de piste et plusieurs arrêts pour trouver la bonne route (nous avions seulement le nom du père de famille pour réussir à se faire indiquer le chemin), nous arrivons dans des maisons traditionnelles. Ce n’est pas souvent qu’une voiture vient jusqu’ici alors forcément, nous étions l’animation du voisinage. Les enfants pieds-nus présentent souvent des signes de malnutrition. Nous sommes finalement repartis avec la mère dont l’état de santé ne cessait de s’aggraver…
Je n’ai jamais sérieusement pensé à faire des études de médecine… et pourtant ici, je dois dire que ça prendrait beaucoup de sens ! Je préfèrerais passer 10 ans à apprendre sur le tas ici que sur les bancs de nos universités.

Comme les sœurs vivent en communauté, nous ne les voyions pas beaucoup, seulement durant la messe et l’heure d’adoration. Ou bien dans la journée pour les différents travaux à faire mais elles sont bien occupées ! J’aurais aimé avoir un peu plus de temps pour leur poser des questions.

J’ai eu une messe en amharique (rite romain) à Awassa pour la première fois. J’ai été impressionné de voir que même si je ne comprends presque que le mot “Saint Esprit” de tout ce qui est dit, j’arrivais à savoir exactement ce que nous faisions et nous où en étions dans la messe. Je rends grâce pour ce côté universel de l’Eglise catholique..

Simon

[LIBAN] Parrainage : 550 enfants ont pu poursuivre leur scolarité grâce à vous

Après avoir occupé le poste de responsable du Service Donateurs pendant 33 ans, Dany Dalale Dagher s’est vu confier le lancement du parrainage scolaire.


Le parrainage 

Le parrainage scolaire des enfants au Liban a débuté en juin 2021. Alors que soutenir l’éducation au Liban a toujours été un élément central de l’identité de L’Œuvre d’Orient, la crise que subit actuellement le pays nous a poussé à repenser l’aide apportée. En raison de l’augmentation de la pauvreté et de la dépréciation de la livre libanaise, les parents peinent à payer les frais de scolarité. Les écoles catholiques du pays sont particulièrement touchées par la crise avec 80 % des frais de scolarité impayés en 2021. Le pôle Parrainage a été créé pour offrir une aide supplémentaire et individualisée aux élèves.

Nous favorisons les écoles francophones tenues par des congrégations religieuses avec lesquelles nous collaborons depuis plus de 160 ans. Le pays compte de nombreuses écoles catholiques qui scolarisent près de 160 000 enfants.

Les élèves qui bénéficient de cette initiative sont issus des familles les plus démunies. Ils sont proposés par l’équipe pédagogique de l’établissement qui connait leur situation sociale et financière. Après une année de parrainage (2021-2022), 550 enfants ont pu poursuivre leur scolarité grâce à la générosité des donateurs.


Juin 2022 – Rencontres avec les écoles

La visite sur le terrain est indispensable pour le suivi du parrainage. J’ai rencontré 12 responsables d’établissements avec lesquels j’ai fait le bilan après une année d’action et  collecté les bulletins de notes de fin d’année.

Nous avons aussi réfléchi ensemble aux améliorations à apporter pour l’année à venir : fluidifier les échanges, partager les informations, envoyer plus régulièrement des nouvelles sur les établissements scolaires aux parrains et marraines.


Les étapes du déplacement

J’ai débuté mon périple à Beyrouth où j’ai aussi rencontré les responsables d’établissements de Broumana et Ajaltoun.  Le lendemain, mon chemin s’est poursuivi dans la région du Mont-Liban où je me suis rendue à Baabdath. Durant mon troisième jour de voyage, j’ai rencontré à Jounieh les directrices de  Chekka, Wahdi Chahrour, Jbeil et Batroun. Je suis retournée au Mont-Liban pour une journée à Bkennaya, ai poursuivi ma route vers Baskinta, pour finalement  terminer ma tournée à Jabbouleh, à proximité de Baalbek.


L’impact du parrainage

Le parrainage permet de soulager les familles du poids que représente la scolarité de leurs enfants. Les élèves parrainés sont plus motivés et ont le souci de montrer à leurs parrains et marraines qu’ils travaillent bien. Les correspondances entre les parrains/marraines et leurs filleuls nourrissent leur motivation. Dans certains établissements, le parrainage permet également d’offrir un repas par jour à l’élève.


Ressenti sur la situation au Liban

Les Libanais sont fatigués et certains même désabusés. Ils vivent au jour le jour et demain est un autre combat. Le pain est rationné, pas plus de deux sachets par famille, peu importe le nombre de personnes qui composent le foyer, les fruits et légumes sont chers, le prix est fixé selon le cours du dollar américain. Les Libanais se rabattent sur les légumineuses qui sont nutritifs et, pour l’instant, abordables.

Tout le pays dépend essentiellement du mazout. L’électricité de l’État est distribuée deux heures par jour. De ce fait, tout fonctionne avec des groupes électrogènes (Géré par des sociétés privées) : Les écoles, les hôpitaux, les manufactures, … Cet or noir, de plus en plus cher, étouffe et plonge encore plus les Libanais dans la misère.


Témoignage 

« Vous ne pouvez pas vous imaginer le déchirement que nous ressentons quand un élève est retiré de l’école parce que ses parents n’ont plus les moyens de donner ne serait-ce qu’une petite participation et qu’ils préfèrent le nourrir plutôt que de l’instruire… Nous remercions les  donateurs qui aident ces familles et qui nous aident à porter ce lourd fardeau qu’est notre situation actuelle, avec cette crise économique sans précédent. » me confiait une directrice d’établissement lors de ma visite.


Remerciements 

Merci à tous les donateurs, parrains et marraines qui nous aident dans cette mission essentielle à l’avenir d’un pays :  la scolarisation de ses enfants.

Les directeurs et directrices des écoles ne baissent pas les bras et continuent le combat parce que vous êtes à leurs côtés. Soyez ambassadeurs de ce projet, parlez en autour de vous.


La participation à la scolarité d’un élève est de :

25 € par mois sur 12 mois de la maternelle au collège.

35 € par mois sur 12 mois pour le lycée.*


 

plus d’informations sur le parrainage, contactez :                       

Dany Dalale Dagher

ddagher@oeuvre-orient.fr

01 45 48 40 85 ou 06 47 64 00 15

ou rendez-vous sur notre page parrainage ici

[EGYPTE] Le témoignage de William :  » La découverte et l’immersion au sein d’une culture étrangère étaient les points principaux que je recherchais « 

Notre volontaire William, 21 ans, étudiant en école d’ingénieur généraliste est parti en mission à Sohag en Haute-Égypte donner des cours de Français pour 2 mois.


La découverte et l’immersion au sein d’une culture étrangère étaient les points principaux que je recherchais lorsque j’ai sonné aux portes de L’Œuvre d’Orient et ils ont tout à fait su répondre à cette demande en m’envoyant en mission à Sohag. Cette ville de Haute-Égypte située le long du Nil entre le Caire et Louxor a la particularité de ne pas être touristique du tout. En effet, les deux seuls européens sur 100km à la ronde sont Loïc et moi. Ainsi nous sommes dans la « vraie » Égypte, les gens sont très curieux en nous voyant et très accueillant.

J’ai également fait cette démarche de volontariat dans un souci de rendre service et de pouvoir voir les fruits de mon travail. Ainsi ma mission est d’enseigner le Français à des enfants et adultes locaux. Nous enseignons durant les vacances ce qui permet une ambiance plus conviviale qu’une classe normale et nous permet de mieux connaître nos élèves. Nous avons séparé ces derniers en trois classes de niveau et d’âge : les jeunes entre 8 et 13 ans pour le groupe des débutants; les jeunes entre 15-16 ans dans le groupe intermédiaire et les + de 45 ans dans le cours avancé. Tous ces élèves de Sohag ou des alentours (pour certains à 45 minutes en voitures) viennent pour diverses raisons : pour occuper utilement leurs vacances, pour des perspectives d’études ou encore pour des besoins professionnels (comme une professeur de français qui cherche à améliorer sa prononciation…).

Pour vous donner une idée nous voyons avec les deux premiers groupes : les adjectifs, pronoms personnels, le passé composé (+ l’imparfait et la concordance des temps avec le groupe intermédiaire), du vocabulaire de base, la lecture du Petit Prince… Notre gros défi actuel est d’améliorer la compréhension orale et le dialogue. Avec le groupe avancé nous voyons des notions beaucoup plus poussées tel que la fonction des mots (complément d’objets et circonstanciels), le passé simple, des textes d’Albert Camus… En ce qui concerne les horaires, nous organisons deux cours par groupes par semaine (entre 2 et 3h). Ainsi nous enseignons le lundi et le mercredi matin, le mardi et le jeudi soir.

Cette expérience unique m’apporte énormément et sur plusieurs aspects :

L’enseignement : donner des cours particuliers à l’année en math et physique est très différent des cours de Français à un classe d’élève qui ne parlent pas ma langue, et moi la leur… On peut s’interroger sur la façon dont la communication passe, et bien nous parlons en Français de manière simple et claire en utilisant les mots déjà vus, lorsque ça ne marche pas nous passons par l’arabe (mais très rarement car mon niveau est trop débutant), l’anglais, la langue des signe puis des images sur internet et enfin l’arme ultime : google traduction. Ça m’apprend également sur la patience et l’attention qu’il faut porter sur chaque élève pour ne pas en laisser de côté.

La foi : Je vis à l’évêché auprès des coptes catholiques. Ainsi j’ai pu découvrir une façon légèrement différente de louer le seigneur (c’est assez difficile à décrire mais pour faire simple il y a plus de récitations aux dépens du chant).

La culture Égyptienne, musulmane, orientale. L’absence d’autres Français nous invite d’autant plus à aller à la rencontre et à la découverte des habitants dans les cafés, les souks, les marchés, les taxis…

A bientôt pour suivre la suite de mes aventures en terres égyptiennes,

William

[UKRAINE] l’éditorial de Mgr Pascal Gollnisch :  » l’exigence de solidarité est bien présente. »

La France, parfois, oublie. C’est peut-être le propre des peuples heureux.

Elle a oublié que Saint Méthode et Saint Cyrille, qui vont créer un alphabet ancêtre de l’alphabet cyrillique, vont commencer l’évangélisation des slaves de l’Est à Kiev. Elle a oublié que le roi Henri de France a épousé la princesse Anne de Kiev le 19 mai 1051, qui deviendra reine et régente de France. La France a oublié que l’Ukraine était indépendante avant l’Union soviétique et que, durant la période soviétique, elle avait un siège aux Nations Unies. La France a oublié les souffrances du peuple ukrainien affamé par Staline pour lequel Khrouchtchev était un collaborateur zélé, suscitant des millions de morts dans ce que les Ukrainiens appellent « l’Holodomor ». La France a oublié les souffrances de l’Église gréco-catholique ukrainienne, dont tous les évêques sauf un ont été assassinés par les communistes, ainsi que de nombreux prêtres et fidèles, après la Seconde Guerre mondiale. Il y a donc des devoirs de mémoire sélectifs… L’oubli est pardonnable, mais l’exigence de solidarité est bien présente.

Nous ne sommes pas « antirusses » mais il y a un agresseur et un agressé, donc un peuple qui souffre. Et si l’Occident a commis des fautes, le peuple n’a pas à les payer. L’Œuvre d‘Orient est aux côtés de l’admirable Église gréco-catholique d’Ukraine depuis 1920. Depuis le début de la guerre, 5 délégations de responsables de l’Œuvre se sont rendues en Ukraine et dans les pays limitrophes – Pologne, Roumanie, Moldavie – pour évaluer les besoins et l’acheminement de l’aide dans les lieux d’accueil des familles déplacées. Dans ces pays que nous connaissons bien, nous soutenons les communautés chrétiennes qui accueillent les réfugiés, sans distinction de confession.

Ici, nous soutenons le diocèse gréco-catholique ukrainien de France, son évêque, ses prêtres et ses fidèles évidemment investis dans l’accueil des réfugiés. Ces derniers sont également accompagnés par notre service dédié, créé au moment des exactions de DAESH au Moyen-Orient.

La réponse généreuse des donateurs, le professionnalisme et l’expérience de nos équipes, notre connaissance du terrain nous ont permis une action forte qui doit, hélas, se maintenir dans la durée.

Mgr Pascal Gollnisch,

Directeur général de L’Œuvre d’Orient

[LIBAN] Le témoignage de Louis-Omer :  » Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5,8). « 

Découvrez le témoignage de Louis-Omer, 26 ans, séminariste. Il a décidé de consacrer un an de sa vie au service des résidents du Foyer de Tendresse à Anta Akhi, au Liban.


C’est au Liban que j’ai pu admirer les plus beaux couchers de soleil et je trouve que cette image est bien parlante alors que la fin de ma mission arrive à (très) grands pas. Le 2 août je rentrerai en France et je vois donc, petit à petit, le soleil de ma mission décliner, me permettant d’admirer une lumière qui remplit mon cœur d’une joie profonde et d’une vraie gratitude.

Comme le soleil, la mission fut bien souvent rayonnante, chaleureuse, vivifiante. Elle fut aussi étouffante, parfois aveuglante, ternie par de sombres nuages. Toutefois, elle fut surtout lumineuse ! D’une lumière bien plus belle que celle du soleil…. A un paysan qui affirme que « Dieu est comme le soleil. Qu’on Le voie ou qu’on ne Le voie pas […] Il rayonne. », saint François d’Assise répond « C’est bien vrai […] Dieu est le bien : et Il ne peut vouloir que le bien. Mais, à la différence du soleil qui rayonne sans nous et par-dessus nos têtes, Il a voulu que Sa bonté passe par le cœur des hommes. […] Voilà pourquoi la bonté est une si grande chose. » (Sagesse d’un pauvre, Eloi Leclerc.) C’est bien le cœur des personnes que j’ai côtoyées – « jeunes », membres d’Anta Akhi, autres volontaires en mission, prêtres, etc. – qui a illuminé ma mission.

Il s’est passé tant de choses depuis ma dernière lettre, que je vais essayer de vous partager simplement les dernières nouvelles, avant de vous parler de ma mission de vive voix, si j’en ai l’occasion.[…]

Le travail à Anta Akhi a bien été chargé avec la préparation des activités d’été, qui ont commencé cette semaine. Chaque année, les « jeunes » quittent le « Foyer de Tendresse » pendant les deux mois d’été pour changer d’air  et  profiter  d’activités  inédites,  à  la  manière  d’un  camp  ou  d’une  colonie, évidemment, adaptée. Malheureusement, depuis deux ans, ils ont dû rester à Anta Akhi à cause de la situation sanitaire et surtout de la crise que traverse le pays. Cependant, cette année, malgré une situation toujours aussi déplorable au Liban, nous avons pris la décision de sortir à nouveau. Direction deux lieux non-loin du « Foyer de Tendresse ». Un pour le mois de juillet et un pour le mois d’août. Pour chaque semaine il y a un thème et une petite équipe d’accompagnateurs/volontaires chargée d’organiser les activités.  Ainsi, avec Marie et Aurore, deux autres volontaires, on nous a demandé d’organiser la semaine Harry Potter, la dernière semaine de juillet. Je suis donc en train de vivre ma dernière de semaine de travail au bureau, une semaine bien remplie par la refonte de la procédure d’accueil des volontaires, avant de rejoindre le lieu  des activités d’été pour ma dernière semaine complète au Liban.

[…]

La fin du mois de juin a marqué aussi le début des départs successifs des différents volontaires de L’Œuvre d’Orient (et autre) avec qui nous avons passé une bonne partie de notre mission. Les voir partir n’est pas facile, tant nous avons créé ensemble de  forts  liens  d’amitié. Toutefois, c’est aussi l’occasion de rendre grâce pour ces jeunes qui ont donné six mois ou un an de leur vie pour se mettre au service, dans un pays qu’ils connaissaient peu ou pas. J’ai été témoin de leur désir de servir avec un vrai amour et une vraie humilité, qui s’est affiné au rythme des combats, des doutes mais aussi des réussites et des talents découverts ou exploités.

Notre groupe de volontaire a été un vrai réconfort et un vrai moteur dans la mission. Les moments partagés ensemble, les discussions simples ou plus profondes ont été une bouffée d’oxygène pour moi et m’ont profondément édifié. « A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » nous dit Jésus, et je crois vraiment que l’amitié que nous avons tissée entre nous a pu être un témoignage, mais aussi la source à laquelle nous avons puisé pour aimer ceux vers qui nous étions envoyés, car c’est une amitié ancrée dans le Christ.

La traditionnelle pépite d’un des « jeunes » vient aujourd’hui d’Elie. Elie est le plus âgé du Foyer de Tendresse, Il est là depuis le début, c’est-à-dire depuis 30 ans, avec ses frères Pierre et Philippe, qui est décédé cette année. J’ai tissé un beau lien avec Elie que j’apprécie beaucoup. Le voir rire aux éclats est une vraie grâce pour moi, donc je ne rate pas une occasion de lui faire des blagues. Cependant, bien qu’il soit discret et qu’il laisse peut transparaître ses émotions, Elie est aussi un homme très profond. Alors que nous étions tous les deux sur la terrasse à profiter du soleil, je demande à Elie :

« Elie, c’est qui pour toi Dieu ? »

Il me répond :

« Jésus ! »

« Et c’est qui pour toi Jésus ? »

(Moment de silence)

« Ma joie ! »

Elie est atteint d’une maladie dégénérative qui est apparue alors qu’il avait huit ans. Il voit chaque année ses capacités physiques diminuées. De plus, il vit une année très difficile avec la mort de son petit frère. Et pourtant, il arrive à dire ces deux petits mots avec une force et une vérité que nul ne peut lui contester : « Ma joie ! ». Quelle leçon toute simple et si belle d’un « saint de la porte d’à côté » dont parle le pape François. « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5,8).

Au terme de ces dix mois (et une semaine) passés au Liban, je vais rentrer en France avec joie, mais aussi le cœur lourd de quitter Anta Akhi, les jeunes et tous les membres de cette grande famille. Je sais que je reviendrai dans ce pays si atypique en espérant et en priant pour que la crise qu’il traverse prendra rapidement fin. C’est aussi le cœur plein de gratitude pour cette année vécue que je rentre en France. J’y ai rencontré de très belles personnes, j’y ai aussi côtoyé la souffrance et aussi la pauvreté, à commencer par la mienne, que j’ai davantage découvert et essayé d’accepter pour m’en remettre à la richesse de l’Amour du Bon Dieu. J’espère de tout cœur que cette année de mission m’a fait grandir humainement et spirituellement.

Il y aurait encore tant de choses à dire, mais je voudrais vous partager un extrait de l’homélie de Monseigneur Ulrich, archevêque de Paris, lors de la messe d’ordination sacerdotale de Timothée, le diacre de Paris venu servir 4 mois à Anta Akhi. Ces mots résument bien ce que j’ai essayé d’être cette année :

« Vous demeurez, nous demeurons de simples serviteurs […] nous ne sommes pas des serviteurs inutiles – Dieu a bien l’intention que notre service soit actif et utile ; nous ne sommes pas des serviteurs quelconques – Dieu nous donne une vraie dignité par l’amour qu’il met en nous. Nous sommes, vous êtes de simples serviteurs. Et des serviteurs joyeux, des serviteurs de la joie comme l’a écrit le cardinal Kasper, la joie qui vient de la rencontre du Christ : vous avez été gratifiés par Lui de sa présence discrète, qu’Il vous soit donné d’en être chaque jour les témoins au milieu du peuple qu’Il s’est choisi et que vous côtoyez. »

Pour conclure cette lettre, je voudrais tous vous remercier pour votre soutien tout au long de cette année, qu’il ait été financier, moral, amical et surtout spirituel, il m’a vraiment touché et porté. J’espère avoir pu vous partager un peu de ce que j’ai vécu à Anta khi. Je continue à vous garder tous dans ma prière.

[TERRE SAINTE] Témoignage de Jean-Marie :  » Vivre en Terre Sainte […] est une source d’enrichissement personnel « 

Découvrez le témoignage de Jean-Marie, séminariste, qui a décidé de consacrer quelques semaines de sa vie au service des chrétiens de Terre Sainte, notamment dans un camp de jeunes à Ramallah, en lien avec le Réseau Barnabé.


J’ai été envoyé en mission courte par L’Œuvre d’Orient en Terre Sainte afin d’être animateur d’un camp en langue française dans une école melkite à Ramallah. Avant cela, le séminaire m’a autorisé à partir 10 jours plus tôt pour m’imprégner de la région et découvrir ses richesses et son histoire. Pour cela j’ai été accueilli chez les sœurs de la Sainte Croix de Jérusalem à Taybeh, où une dame de l’ordre du St Sépulcre résidait également durant cette période, et où je rendais service contre logement. J’ai eu l’opportunité de vivre deux jours à Jérusalem à mon arrivée pour découvrir la ville Sainte. Ce séjour en Palestine et en Israël (qui était aussi un stage dans le cadre de ma formation au séminaire) s’est très bien déroulé en tous points de vue et j’en ai été vraiment heureux.

Mon objectif principal était de m’acclimater à la Terre Sainte, de découvrir son histoire, ses rites, les personnes qui y vivent. Les jours passés à Jérusalem, à Taybeh puis à Ramallah m’ont permis de vraiment entrer en profondeur dans l’histoire et l’actualité de cette région et de ses habitants. Il faut en effet du temps pour nous, occidentaux, pour découvrir les particularités de l’orient et du monde arabe, de déposer notre carapace afin de nous laisser atteindre au cœur. Pour cela j’ai été très heureux de pouvoir passer plus 3 semaines sur place, et le fait d’arriver 10 jours avant mon service m’a permis de bien mieux le vivre.

Par ailleurs, ma grande chance je crois a été d’être en relation avec des volontaires (Adélaïde, la directrice du camp, volontaire DCC et réseau Barnabé) et des pasteurs locaux (le curé de la paroisse latine et les soeurs de Taybeh, le curé de la paroisse melkite de l’école à Ramallah) qui ont été soucieux de nous faire pénétrer dans la complexité de ce qui se vit sur place, de témoigner à cœur ouvert en répondant à nos questions. […]

Le camp jeune à Ramallah en lien avec l’Eglise melkite locale, au sein du réseau Barnabé, a été une belle et riche expérience auprès des jeunes palestiniens chrétiens et musulmans. Le  » staff  »  d’encadrement (une dizaine de volontaires d’horizons et profils différents) était varié et de grande qualité. Un des plus âgés, j’ai pu vraiment trouver ma place dans l’organisation et la vie sur place comme séminariste (animation de la prière, lien avec le curé, dialogues avec les volontaires…). […]

La présence d’un jeune couple marié dans l’équipe a été marquante aussi ; je crois que cette complémentarité des états de vie et des âges a fortement bénéficié à la qualité de ce qui a été vécu durant ce camp, tant pour les enfants encadrés que pour les jeunes volontaires qui vivent pour beaucoup dans ces volontariats un moment tournant de leur vie d’étudiant.

Je remercie grandement ici tous les acteurs de L’Œuvre d’Orient qui permettent et favorisent tout cela par leur travail, leur soutien et leurs prières !

[…] Vivre en Terre Sainte durant un temps prolongé, être confronté à une culture, des religions, des façons différentes de voir le monde est une source profonde d’enrichissement personnel et d’ouverture d’esprit et de cœur. Notamment en participant à un rite liturgique différent du nôtre (rite catholique melkite). L’accueil chaleureux et joyeux des Palestiniens et des autres volontaires sur place ont été la clé de la réussite de cette expérience, qui, loin de rester derrière moi, est devenue désormais une petite part de moi.