Catégorie : Actualités
Cycles de conférences « L’aventure de l’archéologie Biblique » avec L’Œuvre d’Orient et le Monde de la Bible
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[GRÈCE] Témoignage de Raphaële » Douceur, patience, sourire, voilà les réponses que nous essayons de leur donner «
Raphaële est volontaire au JRS d’Athènes pour cinq mois. Elle travaille dans l’aide aux réfugiés en dispensant des cours de langue, et faisant de la distribution alimentaire et de vêtements
Suite du 1er témoignage de Raphaële en Grèce : après des semaines de confinement, l’activité reprend à 100 % au JRS d’Athènes !
Au cœur de la mission au Woman Day Center.

Je la vis à fond au quotidien, que ce soit au Magazi dans le tri ou le don de vêtements, au Woman Day Center dans le service d’hygiène auprès des familles ou dans la préparation des paniers repas pour des familles dans le besoin, ou lors de mes cours d’allemand et d’anglais hebdomadaires. Mais je découvre encore de nouvelles choses tous les jours. Et c’est d’ailleurs l’avantage de la mission humanitaire : en travaillant au contact d’hommes et de femmes au quotidien, on en apprend tous les jours, tant sur leur culture que sur sa capacité à accueillir la différence de l’autre et à accepter que ses propres références culturelles ne soient pas celles d’autrui.
Nous rencontrons ces hommes et ces femmes aux destins brisés, traumatisés par leurs séjours dans les camps de réfugiés.
Beaucoup quittent les camps au bout de quelques semaines et arrivent ainsi à Athènes, sans le sou. La barrière de la langue est souvent leur principal obstacle, ils se perdent dans les procédures administratives qui se sont d’autant plus complexifiées avec le Covid et peinent à vivre décemment. Le plus dur pour nous, en tant que volontaires, est de ne pas se laisser trop atteindre, car l’on ne peut se permettre de privilégier une personne, une famille par respect pour les autres. L’on se doit d’être équitable et de garder une juste limite avec eux. Mais, dans les faits, c’est difficile. On a tous un cœur et l’on n’a qu’une envie : les aider autant que possible !

Une autre fois, j’avais assisté au désespoir d’une femme, congolaise également, venue au Woman Day Centre pour bénéficier des conseils de notre assistante sociale Katarina. Accompagnée de ses deux fils, elle tentait de nous expliquer tant bien que mal sa situation. Malheureusement, son français était plus que rudimentaire et je ne parle pas (encore !) le lingala, j’étais donc incapable de faire l’interprète avec Katarina. Nous avons alors dû lui expliquer qu’elle devait se rendre dans une autre organisation dotée de traducteurs en lingala afin qu’elle puisse être véritablement accompagnée. Elle s’est alors écroulée en larmes en nous suppliant de l’aider. Que pouvions-nous faire ? A part la consoler tant bien que mal et lui dire que ça allait bien se passer, nous ne pouvions pas engager une quelconque procédure avec elle. Ces deux exemples sont le reflet de ce qui se passe tous les jours dans nos murs. Nous sommes là, présentes, nous offrons notre plus beau sourire à ces hommes et ces femmes désabusés et nous tentons avec nos petits moyens humains, de les aider comme nous pouvons. Mais ce n’est qu’une goutte d’espoir dans l’océan de malheurs dans lequel nagent ces pauvres gens.
Au cœur de la mission au Magazi.

La barrière culturelle est grande… à nous de nous adapter. […] Pour autant, il est important de ne pas durcir son cœur, que savons-nous de la journée que cette personne a passée, de ce qu’elle a enduré pour arriver ici. Douceur, patience, sourire, voilà les réponses que nous essayons de leur donner. […] On se laisse attendrir par un sourire, un petit bébé mignon à croquer, une maman désespérée. Assez rapidement, on sent l’honnêteté des gens et ceux qui sont le plus dans le besoin sont en général ceux qui demandent le moins et sont les plus reconnaissants.
J’aurais encore des tas de choses à vous dire sur la vie en Grèce, […] sachez en tous cas que tout va bien pour moi !
Je vous embrasse tous et vous porte dans mes prières.
Raphaële
Recension de l’ouvrage » Mesopotamia, une aventure patrimoniale en Irak » de Pascal Maguesyan par Christian Lochon.
Mesopotamia, une aventure patrimoniale en Irak de Pascal Maguesyan fait partie des 7 ouvrages sélectionnés pour la 10ème édition du Prix littéraire de l’Œuvre, présidé par Mme Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française. À cette occasion, découvrez la recension publié à bibliothèque de l’ASOM et réalisée par Christian Lochon, membre de l’Académie des sciences d’Outre-mer et membre du jury de ce Prix littéraire.
Mesopotamia, ouvrage trilingue, français, anglais, arabe, est un témoignage de gratitude envers les Irakiens pour « ce qu’ils ont offert à l’histoire de l’humanité depuis l’Antiquité » (p.18). L’ayant superbement illustré, M. Maguesyan consacre aussi cet ouvrage aux Irakiens chrétiens qui étaient au nombre de 1,2 million en 1991, devenus 150.000 et à leurs compatriotes yézidis dont le monde entier a suivi le calvaire. Le patrimoine architectural de ces deux communautés est présenté également par M. Charles Personnaz, Directeur de l’Institut National du Patrimoine, auteur en juin 2018 du Rapport remis au Président de la République sur le Renforcement de l’Action française dans la protection du Patrimoine du Moyen-Orient et le Soutien au Réseau éducatif des Communautés chrétienne. En 2017, le Sénat ouvrit un Centre de conservation des manuscrits orientaux le Beit Gazo dans le couvent syriaque de Charfeh au Liban (p.246).
Parmi les peuples locaux, les Juifs, déportés en Mésopotamie en -722 y ont conservé les tombes de leurs prophètes, Jonas à Mossoul et Nahoum à Alqoche (p.20). 2/3 de l’Ancien Testament ont été rédigés en Mésopotamie (p.214). Le Yézidisme, rameau du mazdéisme comme l’indiquent les dômes coniques à arêtes multiples qui coiffent les mausolées yézidis et représentent les rayons du soleil (p.91), a érigé les sanctuaires de Cheikh Charafeddine à Rachidiya (p.84), du Cheikh Adi du XIIe siècle à Lalech (p.91), du Cheikh Mand (p.89) à Aïn Sifni, du Sultan Ezid, restauré en 1990 (p.100) à Mahed, de Chamseddine, ( p.104) à Bozan. Le Pr. Ch. Cannuyer décrit l’apocatastase yézidie, ou l’Amour divin en marche vers le Bien final (p.246). En 2014, les Yézidis, piégés par les miliciens de Daech dans le Jebel Sinjar sont exécutés ou réduits en esclavage et fuient au nombre de 600.000 (p.77). 95% des sanctuaires yézidis furent alors détruits (p.242). Aujourd’hui les Kurdes les chassent de leurs terres. Les Ottomans en 1638 conquièrent Bagdad avec un régiment arménien. Ces soldats chrétiens obtinrent alors de construire une église dédiée à Sourp Asdwadzadzin, qui a été reconstruite en 1970 (p.222). Au début du XXe siècle, des Arméniens fuyant le génocide s’installèrent le long de la voie ferrée Alep-Mossoul-Bagdad. En 2003, les Arméniens vivant en Irak étaient au nombre de 25.000 ; ils ne sont plus que 10.000 en 2018 (p.167).
Eglise locale, l’Eglise Apostolique assyrienne de l’Orient a établi son siège à Ctesiphon-Séleucie, 30 km au sud de Bagdad ; il y demeura de 310 à 780 puis fut transféré à Bagdad (p.236). Les fidèles furent appelés Assyriens par référence à l’antiquité. En 1915, 150.000 Assyriens résistent au Hakkari aux hordes turques et kurdes et fuient vers l’Iran. De 1961 à 2003, ils subirent comme les Kurdes les bombardements du régime de Bagdad (p.173).A Bakhtémé, leur église Mar Guorguis est bâtie sur un ancien couvent (p.176). A Déré, proche d’Amadiya, le couvent Mar Audicho et Mar Qardagh a été reconstruit en 1995 (p.180). En 1552, des évêques assyriens contestent la succession héréditaire des Catholicos et élisent à Mossoul Youhannan Soulaqa, consacré par le Pape Jules III en 1553 comme Patriarche de la nouvelle Eglise catholique appelée chaldéenne. Bagdad a deux belles églises chaldéennes, Oum El Ahzan (Mère des Douleurs) en briques cuites construite en 1843, restaurée en 2015 (p.226) et la cathédrale Mar Youssef, construite en 1956, restaurée en 2018 (p. 232). En 1662, est sacré à Alep le premier Patriarche syriaque catholique, Mgr Ignace André Akhjian. Le 31 octobre 2010, l’attentat contre la cathédrale Sayidat Al Najat (N.D. du Perpétuel Secours) de Bagdad a contribué à l’exode de la communauté syriaque catholique qui comptait dans la capitale en 2010, 14.000 familles et n’en compte plus que 1.000 (p.221). Le couvent Mar Behnam à 35 km au sud-est de Mossoul date du Ve siècle ; il fut rénové en 1164 et 1955. Daech saccagea les hauts-reliefs en 2014 et fit imploser le mausolée du Saint.
Mossoul accueillit des Capucins en 1636, des Dominicains italiens en 1750, suivis par leurs frères français au XIXe siècle, qui construisirent l’église Notre Dame de l’Heure (1875), surmontée d’une horloge à 4 cadrans offerte par l’Impératrice Eugénie en 1881. Parmi les nombreuses églises anciennes, la syriaque orthodoxe Mar Touma érigée au VIIe siècle, restaurée en 1744, dotée d’une magnifique Porte Royale en marbre, saccagée par Daech (p.130), les syriaques catholiques Mar Touma, de 1863 qui possède un autel surmonté d’un baldaquin et Al Tahira (La Vierge) restaurée en 1744, détruite par Daech (p.142) prolongée au XIX e siècle par une nouvelle église, la chaldéenne Al Tahira Al Tahtaniyya reconstruite en 1744, siège de l’archevêché chaldéen, transféré à Erbil. Mgr Najib Mikhaïl y a été sacré le 27 décembre 2018. Daech avait investi Mossoul le 9 juin 2014, expulsé les chrétiens le 17 juillet et massacré les Yézidis et les Chiites.
La capitale culturelle des Syriaques catholiques est dans la plaine de Ninive à Bakhdida /Qaraqoch à 30 km au sud-est de Mossoul. Ses 50.000 habitants durent fuir à Erbil le 6 août 2014 pour échapper à Daech (p.35), qui a incendié les églises, Mar Behnam et Mart Sarah, construite de 2005 à 2008 sous la forme d’une « tente de la fraternité » (p.45), Mar Guorguis, syriaque orthodoxe, ancienne du VIIe siècle, restaurée en 1866, remplacée par un édifice moderne (p.54). Le célèbre couvent de Mar Matta (Saint-Mathieu), situé sur le Mont Maqloub (817m. d’altitude), à 38 km nord-est de Mossoul, a été fondé en 363. Il demeura longtemps le siège du patriarcat de l’Eglise Syriaque orthodoxe, régulièrement assailli par les Kurdes. A proximité, Karamles dont le couvent Mart Barbara servit de première église chaldéenne, restaurée de 1997 à 2009, transformée en base militaire par Daech (p.60). Bartella (p.63) est la capitale des Syriaques orthodoxes ; l’église Mart Chmouni, fut reconstruite en 1869 et 1922, incendiée par Daech ; l’église Mar Guorguis construite sur un ancien couvent en 1934, possédait une riche bibliothèque et un musée local, incendiés par Daech (p.72). Alqoche était célèbre pour ses monastères, ses Ecoles de copistes , d’enlumineurs. Le Monastère de Notre Dame des Moissons, construit au milieu du XIXe siècle, dispose d’une belle église abbatiale (p.112). Rabban Hormez (Le moine Hormez) a donné son nom au monastère du VIIe siècle, à 815 m. d’altitude, à 40 km de Mossoul, et fut longtemps le siège du Catholicos de l’Eglise d’Orient (p.108), souvent dévasté avec sa bibliothèque célèbre pour ses manuscrits par les voisins kurdes en 1842, en 1850. Fechkhabour, sur le Tigre et le Khabour, abrite en 2018, 150 familles chaldéennes. L’église Vierge Marie Protectrice des Semences a été reconstruite en 2007 sur une église mononef du VIIe siècle (p.185 et 188).
Plusieurs villes du Kurdistan irakien disposent d’édifices chrétiens. A Aïnkawa, faubourg chrétien d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, l’église Mar Guorguis rassemble les réfugiés chrétiens de Mossoul et de la Plaine de Ninive (p.158). Dehok/ Nouhadra, situé à 75 km au nord de Mossoul, avait en 1918, une population presque entièrement chrétienne. L’église Mar Ith Alaha (« Dieu est ») datait du VIIe siècle ; elle a été recouverte par une église en béton. (p.164). Aqra a accueilli de nombreux chrétiens venant de Bassorah, de Bagdad et de Mossoul. La cathédrale Mariam Adra a été reconstruite en 1955 (p.183). Les chrétiens de Zakho, en 1960, constituaient ¼ de la population ; il en reste 1%. L’église Mariam Al Adra (Vierge Marie) a été rénovée en 2015 et abrite un petit musée.(p.191. A Suleymaniyé, l’église Mariam EL Adra (1862) abrite la communauté Al Khalil du Père Paolo Dall’Oglio.. Kirkouk, avec ses 5000 Chaldéens, dispose d’une Eglise martyrium Tahmazgerd, de 470; d’une église adjointe en 1933 (p.207), de l’ancienne cathédrale Umm Al Ahzen (N.D. des Douleurs) de 1962 (p.210) et de la nouvelle du Sacré Cœur de 2001 au style agrémenté de merlons.
Ce superbe album bénéficie d’utiles compléments comme un tableau historique indiquant les régimes successifs de l’Irak depuis l’antiquité (p.11), la carte des emplacements de 20 sanctuaires yézidis très peu connus (p.85) un précieux index des monuments par communauté (p.240) et les cartes des provinces.
Christian Lochon
L’Œuvre d’Orient se réjouit de l’annonce par la nouvelle Présidente-Directrice du Louvre de la création d’un neuvième département consacré à Byzance et aux chrétiens d’Orient.
Au Louvre, un nouveau département « crucial » dédié aux chrétiens d’Orient – La Croix 26/05/2021
Septembre 2018
Communiqué de presse
CP – Pour un département de Byzance et du christianisme oriental pour présenter un Proche-Orient riche de toutes ses traditions culturelles.
Le succès rencontré lors de l’exposition « Chrétiens d’Orient : 2000 ans d’histoire » dont l’Œuvre d’Orient et partenaire à l’Institut du monde arabe à Paris, 155 000 entrées, puis à Tourcoing, montre le vif intérêt et l’attente du public français pour les chrétiens d’Orient et relance l’idée du département de Byzance et du christianisme oriental au Louvre, dont la création est sans cesse différée depuis 2008.
Appelé de ses vœux par la presse étrangère spécialisée, ce projet ne nécessite pas de nouvelle acquisition et sera un témoignage de l’engagement de la France vis-à-vis de cette civilisation avec laquelle elle entretient des liens séculaires.
Lors de son inauguration, le 25 septembre 2017, le Président de la République Emmanuel Macron, a rappelé l’importance de s’engager aux côtés de ces communautés.
À l’occasion de l’ouverture du département des Arts de l’Islam, une mission de plusieurs conservateurs avait déjà accompli la préparation scientifique du projet qui avait été abandonné en 2012. Il s’agissait de réunir dans un même département des collections dispersées dans plusieurs départements du Louvre (antiquités égyptiennes, antiquités grecques et romaines, objets d’art, antiquités orientales, peintures) et de les présenter dans un même parcours propre à faire découvrir au public la richesse de ce patrimoine de Byzance et du christianisme oriental dont le Louvre conserve certains chefs d’œuvre. Le Metropolitan Museum à New York et le Bodes Museum à Berlin ont procédé ainsi. Les collections byzantines du Louvre constituent un des tout premiers ensembles sur le plan international.
Les événements dramatiques que connaissent actuellement le Proche-Orient et l’Europe de l’Est devraient nous inciter aujourd’hui à être plus attentifs et à développer des liens culturels pérennes. Ce département serait ainsi en lien avec les centres de recherche universitaire qui travaillent dans ce domaine et avec les missions archéologiques françaises qui œuvrent dans la région.
Aux côtés du département des départements des Antiquités égyptiennes, des Antiquités orientales, des Arts de l’Islam, ce département de Byzance et des chrétientés orientales symboliserait la volonté de France de promouvoir un Proche-Orient riche de ses différentes traditions culturelles.
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L’Œuvre d’Orient apprend avec tristesse le décès de Sa Béatitude Grégoire Bédros XX Ghabroyan, Catholicos-Patriarche de Cilicie des Arméniens.
L’Œuvre d’Orient apprend avec tristesse le décès de Sa Béatitude Grégoire Bédros XX Ghabroyan, Catholicos-Patriarche de Cilicie des Arméniens.
Durant quarante ans, éparque (évêque) des Arméniens catholiques à Paris, il avait animé sa communauté et avait œuvré à son rayonnement en France.
Après le décès de S.B. Nersès Bedros XIX Rarmouni en 2015, il avait accepté de prendre la charge patriarcale et avait été consacré le 9 août nouveau patriarche de l’Église arménienne catholique au siège patriarcale, le couvent de Bzommar (Liban). Il résidait à Beyrouth.
Dans un message, à Sa Béatitude Grégoire Pierre XX, reçu lors de son élection, le Pape François se disait « convaincu » que le nouveau Patriarche de l’Église arménienne catholique « en communion avec les vénérables Pères du Synode, par l’aide de l’Esprit-Saint, saurait, avec une sagesse tout évangélique, être le “Pater et Caput ”, le Bon Pasteur de la portion du peuple de Dieu qui lui a été confiée ». « Les nombreux martyrs arméniens et saint Grégoire de Narek, Docteur de l’Église, ne manqueraient pas d’intercéder pour vous ». Le Pape concluait en accordant « la communion ecclésiastique sollicitée, conformément à la tradition de l’Eglise et aux normes en vigueur » et « envoyait » à Mgr Grégoire Ghabroyan « de grand cœur la Bénédiction apostolique qu’il « étendait à tout le Patriarcat ».
L’Œuvre d’Orient rend grâce avec l’Église arménienne catholique pour l’action de ce pasteur et assure la communauté arménienne de sa prière
Grégoire Ghabroyan est né le 15 novembre 1934 à Alep en Syrie. Ordonné prêtre le 28 mars 1959, il est nommé évêque en janvier 1977 et consacré évêque le 13 février 1977.
Sa Béatitude Grabroyan a fait ses études au Petit séminaire de l’Institut du clergé patriarcal de Bzommar puis au collège des frères maristes de Jounieh (Liban) au Collège pontifical léonien arménien de Rome et à l’Université pontificale grégorienne de Rome.
Il avait occupé différents ministères : Directeur de l’école Saint-Mesrob à Bourj-Hammoud (1960 — 1969), Recteur du petit séminaire de Bzommar (1969 — 1976), économe général de l’lnstitut du clergé patriarcal de Bzommar (1976). Exarque apostolique arménien de France (1977 — 1986) puis éparque de ce même diocèse (1986 – 2013).
[IRAK] Les messages de Sa Béatitude Louis-Raphaël Sako et de Mgr Pascal Gollnisch aux chrétiens irakiens réfugiés en France
Les actualités du pôle des personnes réfugiées de L’Œuvre d’Orient.
Mars 2021, Découvrez le témoignage de Nour (irakienne) et Rana (syrienne) accueillies en France. Père William-Marie Merchat sur radio Ecclésia. par Œuvre d’Orient.
Mai 2021, Deux messages d’Irak où Mgr Gollnisch était en visite pastorale.
| رسالتان من العراق الذي زاره المونسنيور باسكال غولنيش مؤخراً: |
Message de Sa Béatitude Louis Raphaël Sako aux chrétiens Irakiens en France
« N’oubliez pas l’Irak et votre identité. N’oubliez pas votre foi. N’oubliez pas de témoigner de votre vie chrétienne. Votre témoignage (votre engagement, votre foi, votre morale chrétienne, votre vie de prière) peut aider les chrétiens de France avec qui vous vivez à réfléchir sur leur propre foi. »
Extrait de la conférence de presse de Sa Béatitude Louis Sako le 11 mai 2021
رسالة صاحب الغبطة لويس روفائيل ساكو إلى المسيحيين العراقيين في فرنسا
« لا تنسوا العراق وهويتكم، لا تنسوا إيمانكم، ولا تنسوا الشهادة لحياتكم المسيحية.
يمكن أن تساعد شهادتكم (أي التزامكم وإيمانكم وأخلاقكم المسيحية وحياتكم التعبدية) مسيحيي فرنسا الذين تعيشون معهم، على التفكير في إيمانهم الشخصي. »
مقتطف من المؤتمر الصحفي لصاحب الغبطة لويس روفائيل ساكو في 11 أيار/مايو 2021
Message de Mgr Gollnisch le 10 mai 2021 aux réfugiés d’Irak
« Les irakiens qui sont dans des territoires de diaspora doivent garder la communion avec leurs frères chrétiens au pays.
Cet échange est une richesse et est bénéfique pour les deux de part et d’autre de la Méditerranée : pour ceux qui sont partis pour garder leur personnalité et pour ceux qui sont restés pour être soutenus.»
رسالة المونسنيور باسكال غولنيش إلى اللاجئين العراقيين في 10 أيار/مايو 2021
« يجب أن يحافظ العراقيون في بلدان الشتات على اتحادهم بإخوتهم المسيحيين داخل العراق.
يغني هذا التبادل الطرفين اللذين يعيشان على ضفتَي البحر الأبيض المتوسط ويعود عليهما بالنفع، فيساعد من هاجروا في الحفاظ على شخصيتهم، ويقدم الدعم إلى من بقيوا. »
Recension de l’ouvrage « La mission Jésuite de Ghazir (1843-1965) de Khalil Karam et Charbel Matta » par Christian Lochon
La mission Jésuite de Ghazir (1843-1965) de Khalil Karam et Charbel Matta fait partie des 7 ouvrages sélectionnés pour la 10ème édition du Prix littéraire de l’Œuvre, présidé par Mme Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française. À cette occasion, découvrez la recension publié à bibliothèque de l’ASOM et réalisée par Christian Lochon, membre de l’Académie des sciences d’Outre-mer et membre du jury de ce Prix littéraire.
Cet album, dont l’illustration photographique est exceptionnelle, est l’œuvre du Pr. Khalil Karam, qui fut Vice-Recteur de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et récemment ambassadeur du Liban à l’UNESCO et du Pr. Antoun Matta, professeur à l’Université Michel Montaigne-Bordeaux III, tous deux nés à Ghazir. Pour eux, cet ouvrage « n’a nullement la prétention de se présenter comme un ouvrage historique. Sa publication complète le Mémorial des Jésuites que nous avons initié et que la Municipalité a inauguré le 28 août 2011 » (p.11).
La photo (p.97) du Dr Khalil Karam, médecin du dispensaire de Ghazir, grand-père de l’auteur montre bien combien la famille Karam est attachée au Séminaire maronite dirigé par les Pères Jésuites pendant 112 ans.
La Compagnie des Jésuites, fondée par Ignace de Loyola (1491-1556), qui avait tenu à se rendre à Jérusalem d’où il sera expulsé par les Turcs, a joué au Liban un rôle considérable Les Jésuites formeront des générations dans les divers domaines religieux, scientifique, médical, juridique. Ils bâtiront un Liban moderne (p.40). Leur aventure dans ce pays commence avec le Père jésuite Jérôme Dandini, chargé de mission du Pape Clément VIII qui se rend à Qannoubin, résidence du Patriarche maronite, en 1596 pour y préparer un Concile de l’Eglise maronite. En 1623, à Smyrne, le Consul de France Sanson fait venir des Pères jésuites français. En 1625, envoyés par le Pape Urbain VIII, 2 Jésuites lyonnais, Gaspard Manilier et Jean Stella gagnent Alep et ouvrent une école en 1628 avec 34 enfants. En 1714, cette école accueillera 200 élèves. En 1643 à Damas, le P.Jérôme Queyrot ouvre une école puis la Mission subira des persécutions. Une autre école s’ouvre en 1645 à Saïda. En 1646, une Mission est créée à Tripoli. En 1656, le Père Lambert fonde la Mission d’Antoura, sur un terrain offert par le Cheikh Abounaoufal, consul honoraire de France et ouvre une école en 1657 qu’ils devront remettre aux Lazaristes en 1773, du fait de la suppression de la Compagnie en France en 1762 et par le Pape Clément XIV en 1775. La Compagnie est rétablie par la Bulle Sollicitudo Omnium Ecclesiarum du 7 août 1814.
En 1831, les quatre Patriarches orientaux catholiques, maronite, melkite, syriaque, arménien demandent au Pape Grégoire XVI d’envoyer à nouveau des Jésuites au Liban pour créer un Séminaire oriental polyrituel. C’est que le Collège Maronite de Rome, fondé en 1584 et confié aux Jésuites ne formait pas suffisamment de prêtres. Un premier essai a lieu au couvent melkite d’Aïn Traz mais le manque d’étudiants met fin au projet. Les religieux s’installent alors à Ghazir, chef-lieu du Kesrouan, où l’émir Abdallah Chehab leur propose son palais pour la somme de 40.000 francs-or. L’affaire est conclue et les Frères Bonacina et Turani sont chargés de la restauration et de l’agrandissement du vieux palais. Le P. Planchet, supérieur de la Mission s’emploie à ouvrir ce Séminaire commun pour instruire le clergé et une imprimerie (prête en 1847) pour « répandre parmi le peuple l’instruction dont ils ont besoin ». Le P. Canuti sera le fondateur de ce Séminaire qui portera le nom de Saint-Joseph en souvenir de la maison d’Antoura. En 1846, les 22 séminaristes apprennent le latin, le grec, le syriaque, le turc, l’arabe, l’hébreu et le français qui remplace l’italien. En 1848, des hostilités se déroulent en montagne entre Druzes et Maronites. Les soldats turcs occupent la résidence des Pères. En 1855, un Collège est adjoint pour assurer des revenus au Séminaire en scolarisant les enfants de notables et des Européens expatriés. Ils feront classe commune avec les séminaristes. En 1857, le Collège jésuite de Mongré près de Lyon (où seront élèves beaucoup plus tard le P. Teilhard de Chardin et Antoine de Saint-Exupéry) parraine des élèves du Séminaire. Une correspondance s’établira entre les élèves des deux établissements, ce qui était une innovation à l’époque.
En 1860, à la suite des terribles massacres des chrétiens dans la région de Rachaya par les Druzes et à Damas par les habitants, le Père Lavigerie, directeur général de l’Oeuvre des Ecoles d’Orient visite le Séminaire le 22 octobre 1860 et offre 60 bourses aux élèves et 20 aux séminaristes. En juillet 1861, Ernest, ami du Père jésuite Bourquenoud, et Henriette Renan logent à Ghazir. Malheureusement, cette amitié se termine par une polémique, le Père reprochant à Renan d’avoir utilisé pour sa Mission de Phénicie ses propres découvertes publiées dans la revue Etudes sans faire référence à leur auteur. Ce même Père (1824-1868) est à l’origine de la bibliothèque du séminaire qui sera transférée à la Bibliothèque Orientale de la future Université Saint-Joseph.
En 1862, les Pères Jésuites, ayant reçu des indemnités de guerre du Gouvernement Ottoman achètent la filature qui jouxte leur résidence pour la somme de 37.500 francs, et où ils installeront de nouveaux dortoirs pour les séminaristes. En 1874, le Père Monnot crée la Congrégation des Saints Cœurs de Jésus et de Marie en unifiant celles des Mariamettes et des Pauvres Filles du Sacré Cœur, qui s’étaient vouées à l’enseignement dans les petites écoles des villages. En 1875 l’Université Saint-Joseph est inaugurée avec une Faculté de Médecine. En 1913 s’ajouteront les Facultés d’ingénierie et de Droit en liaison ave l’Université de Lyon. En 1880, le Père Louis Zouaïn, ancien séminariste, ouvre une école dans l’ancien palais de la famille Chehab, le »Mzar ». Le 24 novembre 1915, les soldats turcs occupent les locaux des Pères Jésuites qu’ils saccagent. En 1919, le Père Jeannière organise un orphelinat dans ces locaux tandis que les Sœurs des Saints-Cœurs en ouvrent un dans le « Mzar » à l’intention des orphelins ottomans ayant fui la Cilicie où leurs parents avaient été massacrés. En 1934, un nouveau Séminaire est inauguré, confié à nouveau aux Pères Jésuites et destiné à accueillir les séminaristes maronites de tout le Liban. Le Séminaire accueillera des réfugiés polonais en 1944 ; des Jésuites polonais avaient déjà été liés au Liban et à Ghazir, les Pères Maximilien Ryllo et François Obrompalski au début de cette Mission. En 1958, le nombre de séminaristes se monte à 218. En 1965, les Pères Jésuites cèdent la direction du Séminaire de Ghazir après 122 ans d’exercice au Patriarcat maronite ; entre temps, le Séminaire aura été le noyau de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et du prestigieux Collège Notre-Dame de Jamhour.
Cet ouvrage est complété par un certain nombre de pages du Diaire de Ghazir, journal de bord de la vie conventuelle, qui montre la diversité des actions menées par les Pères Jésuites de Ghazir, leur soutien par les notables locaux et la population, l’hommage qui leur a été rendu par la municipalité en inaugurant un Mémorial rappelant leur présence efficace (p.120), leur rôle de médiateurs en 1866, entre les partisans de Youssef Karam et le Sous-préfet soutenu par les Chehab et les Hobeiche, l’action menée dans le domaine de l’enseignement dans les petites écoles villageoises qui permettaient la scolarisation des enfants de paysans éloignés. Les auteurs ont pris soin de donner la liste des Supérieurs Généraux de la Compagnie (p.122), des Supérieurs de la Mission de Syrie et des Recteurs du Séminaire (p.123), celle émouvante des Jésuites martyrisés en 1860 ou tués pendant la guerre civile libanaise entre 1975 et 1987 (p.125) et des 40 Pères et d’un élève libanais de 16 ans enterrés dans le cimetière jouxtant le Séminaire. 350 Pères et Frères, 14 Séminaristes parmi lesquels 60 Orientaux auront servi dans le cadre de cette Institution (p.126 à 136). On pourra consulter 14 courtes biographies de Pères jésuites (p.138 à 144), les témoignages de deux anciens élèves, Mgr Maroun Nasser Gemayel et Mgr Antoine-Nabil Andari et d’un enseignant le Père maltais Joseph Buhagiar (p.146 à 148). Un lexique jésuite (p.145) et une bibliographie (p.150) sont adjoints utilement à cet ouvrage, qu’aimeront consulter ceux qui aiment le Liban et l’histoire de ce pays au XIXe siècle.
Christian Lochon
Création de l’État d’Israël et la Nakba par Antoine Fleyfel
Création de l’État d’Israël et la Nakba par Antoine Fleyfel
Si les Israéliens célèbrent en grande pompe le jour de leur indépendance le 14 mai 1948, c’est avec tristesse que les Palestiniens, et – en principe – les Arabes, se rappellent cette date fatidique de la Nakba (en arabe, catastrophe, désastre).
Création de l’état d’Israël : politique et actualité
L’actualité du Moyen-Orient nous pousse à rappeler la genèse de ses États. Après avoir décrit la création du Liban et de l’Irak, la signature des accords d’Abraham (2020) entre deux États du Golfe – les Émirats arabes unis et le Bahreïn – et Israël, ainsi que le rôle joué par l’État hébreu sur l’échiquier régional, incitent à l’examen d’un événement central qui ne revêt pas le même sens selon les points de vue, l’indépendance d’Israël.
L’évocation de cette question particulièrement délicate déborde du simple cadre des belligérants de l’un des plus anciens conflits toujours en cours, car c’est toute la région qui en fut affectée et qui l’est encore, d’une certaine manière, sur les plans pratiques, idéologiques, identitaires et religieux. Par ailleurs, au-delà des frontières de l’Orient, ce conflit trouve des échos, allant d’un appui empirique, tel celui apporté par les États-Unis à l’état d’Israël, jusqu’à l’instrumentalisation idéologique de la cause palestinienne, comme au Venezuela. Cet article se penche sur les conditions de la naissance de la création de l’État d’Israël, dont les racines nous ramènent au XIXe s.
Haskala, antisémitisme et sionisme
Amplement influencée par le mouvement des Lumières et fruit de l’émancipation des juifs d’Europe à partir de la fin du XVIIIe s. avec l’apparition des États-Nations, la Haskala, (en hébreu, éducation), fut un courant d’idées qui visait la modernisation et la réforme des communautés juives en Europe occidentale. Née en Allemagne, elle prônait le changement de la condition sociale du juif, à travers l’assimilation, l’éducation et la productivité professionnelle. Elle mettait en avant la tolérance, l’utilisation des sciences profanes et des langues locales. Les religieux furent nombreux à rejeter ce courant, ce qui donna naissance au judaïsme orthodoxe.
À l’encontre de l’antijudaïsme qui est de nature religieuse, l’antisémitisme est un phénomène laïque multiple qui se développe largement au XIXe s. et qui manifeste une hostilité vis-à-vis des juifs, non seulement comme communauté religieuse, mais surtout comme groupe « ethnique » ou « racial ». Réaction à l’émancipation des juifs et aux droits citoyens qu’ils obtinrent progressivement en Europe, il se concrétisa par des violences morales et physiques (dont les pogroms), allant de la discrimination aux massacres, en passant par l’exclusion sociale et économique. Tout cela s’accompagna de la construction d’un imaginaire idéologique accusant les juifs de moult conspirations et construisant à leur égard des discours haineux. Les crimes nazis en furent le point culminant.
Le sionisme, réaction à cette situation et mouvement nationaliste pluriel, est une idéologie qui prône l’établissement d’un foyer national juif sur la « terre d’Israël ». On en retrouve les prémices modernes dans les communautés juives de l’Europe centrale et orientale, influencées par la Haskala dans sa dimension juive identitaire et par le Printemps des peuples (1848) incitant les minorités à se définir à l’aune d’une appartenance territoriale, culturelle ou nationale, ce qui n’était pas le cas des juifs de l’Europe occidentale, en principe « assimilés ». Theodor Herzl (1860-1904), journaliste autrichien, auteur du célèbre ouvrage Der Judenstaat (l’État des Juifs) en 1896 et figure centrale du sionisme, en faisait partie et niait l’existence de l’antisémitisme. Ses lectures et l’affaire Dreyfus qu’il couvrit le ramenèrent brusquement à la réalité, et il le considéra comme une « menace mortelle pour les Juifs de l’Europe entière ». La création d’un foyer national juif se présentait comme la solution au problème européen de l’antisémitisme : si les juifs quittaient les pays où ils étaient l’objet de tellement de haine, la « question juive » s’en trouverait résolue, et les rapports entre les juifs et les autres s’apaiseraient. Pour réaliser son projet, il fonda le mouvement sioniste en 1897 et le Fonds pour l’implantation juive en 1899 qui avaient pour but l’achat de terres en Palestine en vue de la construction de l’État espéré.
Nahda et nationalisme arabe
Fortement influencée par les Lumières, la Nahda (réveil en arabe), Renaissance arabe (fin XVIIIe s.-moitié XXe), est un mouvement réformateur et pluriel auquel les chrétiens participèrent activement. Voulant combler le retard avec l’Occident, il s’en inspira largement dans sa conception de la société et de l’homme, mettant en valeur les principes de laïcité, de droits de l’homme, de citoyenneté et d’État de droit. Notions qui étaient au cœur du débat de l’époque des Tanzimat, ère de réformes dans l’Empire ottoman (1839-1876).
Dans le sillage des réveils nationalistes du XIXe s., le nationalisme arabe, conséquence politique de la Nahda, visait l’émancipation arabe de la tutelle ottomane. Chrétiens et musulmans lui donnèrent ses lettres de noblesse. Ainsi, le maronite Naguib Azouri (1873-1916) à travers son ouvrage : Le réveil de la nation arabe dans l’Asie turque (1905), suggérait la création d’un État arabe indépendant de la Turquie, incluant les territoires arabes et gouverné par une monarchie constitutionnelle et libérale et un sultan arabe.
Ainsi, au début du XXe s., ce sont deux nationalismes antagonistes, aux projets diamétralement opposés, qui se retrouvent l’un face à l’autre en Palestine. Les Arabes rejetèrent véhémentement le sionisme, conçu comme un projet colonisateur et usurpateur de leur territoire. À ce sujet, Azoury écrit des lignes prémonitoires considérant que ces deux nationalismes « sont destinés à s’affronter sans relâche jusqu’à ce que l’un d’entre eux l’emporte. Le sort du monde entier dépendra de l’issue finale de cette lutte entre deux peuples représentant des principes opposés ».
Alya, constitution du yichouv et résistance palestinienne
Le projet sioniste étant mûr, il le fallait concrétiser par le déplacement de juifs en « terre d’Israël ». Ce mouvement migratoire prit le nom de alya (en hébreu, ascension, élévation). D’emblée, il faut en distinguer deux sortes. Anciennes, les alyas religieuses concernaient des individus ou des petits groupes qui avaient pour but de s’établir autour des lieux saints du judaïsme, à Jérusalem ou à Hébron par exemple. Laïques, politiques et sionistes, les six alyas qui eurent lieu ensuite entre 1882 et 1948 visaient la création d’un État juif, même si certains immigraient pour des motifs économiques ou fuyaient tout simplement les persécutions en Europe.
Avant l’arrivée de la première alya laïque en 1882, la communauté juive de Palestine comptait 25 000 juifs religieux et apolitiques, les harédim, qui faisaient partie du tissu arabe local. On utilise l’expression « ancien yichouv » pour les désigner (yichouv, en hébreu, peuplement). Leurs relations avec les immigrés juifs étaient difficiles, un énorme fossé culturel, religieux et politico-idéologique les séparant. Les premiers sionistes professaient effectivement des idées laïques et socialistes à forte teinte révolutionnaire russe. Il fallut plusieurs décennies pour que l’antagonisme entre les deux yishouv disparût.
Quant au « nouveau yichouv », il fut constitué grâce aux six alyas laïques (et à un sursaut de natalité), causées à chaque fois par des événements majeurs : les pogroms russes, la déclaration de Balfour, les mesures anti-juives, l’antisémitisme ou le nazisme. Ce n’est cependant qu’à partir des années 1930 que le poids démographique du yishouv (sans précision, ce terme désigne toute la communauté juive) se développa significativement. Si les juifs composaient 11,2 % (84 000) de la population de 1922, ils étaient 33,2 % (650 000) en 1947.
Le yishouv s’organisa, se dotant de structures politiques, éducatives et paramilitaires parmi lesquelles une organisation se distingua, la Haganah (1920-1948), ancêtre de Tsahal, l’armée de l’état d’Israël.
Appuyés par les pays arabes, les Palestiniens réagirent violemment à la constitution du yishouv, et cela se solda par des émeutes, comme celles de 1929, une révolte entre 1936-1939, visant directement les Anglais et demandant la fin de l’immigration sioniste, et une guerre civile entre 1947-1948, qui engagea plusieurs pays arabes.
Du côté arabe, le projet sioniste apparaissait comme la renaissance juive sur les décombre de la nation dont la Palestine était le cœur. Ainsi Rachid Rida écrivait en 1913 : « Que celui qui ne connaît pas l’histoire et la religion de la nation (juive) sache que les sionistes, s’ils parviennent à leurs fins, ne garderont ni musulmans ni chrétiens sur la ‘‘Terre promise’’ où ils projettent de fonder leur nouvel État. » Plusieurs mouvements représentèrent les Palestiniens, comme les Comités islamo-chrétiens ou le grand mufti de Jérusalem, Mohammad Amin al-Husseini. Acteur majeur, ce dernier s’afficha aux côtés de Hitler, fut banni par les Anglais après la révolte et joua un rôle durant la guerre civile. Son image était trouble même dans le camp des Arabes.
Les Palestiniens menèrent une lutte armée qui connut des tournures islamistes, comme ce fut le cas avec l’une des figures emblématiques de la résistance palestinienne, Izz al-Din al-Qassam. Antisioniste, il visait l’établissement d’un État islamique par le jihad armé, option minoritaire dans une Palestine nationaliste arabe.
Création de l’Etat d’Israël : déclaration de Balfour et Mandat britannique
Dans une lettre datée du 2 novembre 1917, le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, Lord Arthur Balfour, s’adressa à Lord Lionel Rothschild, figure juive britannique sioniste majeure. Il y exprimait la volonté du Royaume-Uni d’aider à l’établissement, en Palestine, d’un « foyer national pour le peuple juif », tout en garantissant les « droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine ». Largement saluée par les sionistes, cette déclaration fut rejetée par les Palestiniens et les Arabes qui y virent une contradiction avec le soutien apporté par les Anglais à la révolte arabe contre les Ottomans (1916-1918), ainsi qu’une spoliation de la terre palestinienne.
Un mois plus tard, le Royaume-Uni chassait les Ottomans de la Palestine et obtenait, à partir de 1920, un mandat de la Société des Nations, visant l’application de la Déclaration de Balfour. C’est sous ce mandat, qui prit fin en 1948, que les événements locaux les plus dramatiques eurent lieu. Cependant, il est nécessaire de souligner que la puissance mandataire n’octroya pas au yishouv un appui indéfectible comme le supposent certains discours arabes antisionistes. Voulant garder les Arabes dans son camp durant la Seconde Guerre mondiale, elle annonça, dans son livre blanc de 1939, pour les satisfaire, la création d’un État palestinien indépendant et unitaire dans les dix ans. Cela s’accompagna d’un ralentissement de l’immigration juive, provocant de la part de groupes armés juifs comme l’Irgoun ou Stern, des actes de violences contre la puissance mandataire. La situation se compliquait nettement, augurant d’une crise.
Indépendance d’Israël et Nakba
Dans l’impasse, les Britanniques transmirent, le 18 février 1947, le dossier de la Palestine à l’ONU qui vota, le 29 novembre 1947, le plan de son partage. La résolution 181 prévoyait sa partition en trois entités : un État juif, un État arabe et un corpus separatum, la ville de Jérusalem et sa banlieue proche, sous contrôle international.
Accepté par le yishouv, ce plan fut rejeté par les Arabes (Haut Comité arabe palestinien et Ligue arabe) qui prônaient un État palestinien unitaire avec des garanties pour sa minorité juive. Le lendemain, la guerre civile éclata et dura jusqu’au 15 mai 1948. Du côté juif, plusieurs groupes armés combattaient pour sécuriser la zone attribuée par l’ONU avec, à leur tête, la Haganah. Du côté arabe, les forces palestiniennes de l’Armée du saint jihad, fondée par le grand mufti de Jérusalem, étaient soutenues par l’Armée de la libération arabe, composée de volontaires de différents pays arabes.
Les Britanniques, qui n’intervenaient que ponctuellement, étaient surtout concentrés sur l’opération de retrait de leurs effectifs (100 000). Les pertes étaient lourdes des deux côtés ainsi que les violences et les crimes contre les civils. Avril 1948 constitua un tournant lorsque les forces juives reçurent des armes tchécoslovaques qui leur permirent de déclencher le plan dalet, prévoyant de garantir une continuité territoriale entre les localités juives, et causant la destruction de villes et villages arabes, dont Haïfa et Jaffa. Cela se solda par un exode palestinien qui constitue le problème, toujours actuel, des réfugiés et qui concernait à l’époque 750 000 personnes.
Le 14 mai 1948, jour du retrait des Anglais, David Ben Gourion, Premier ministre, proclama l’indépendance de l’État d’Israël, réalisant le rêve sioniste de Theodor Herzl. Le lendemain, cinq pays arabes déclaraient la guerre à l’état d’Israël : la Jordanie, l’Égypte, la Syrie, l’Irak et le Liban. Ce fut le début du conflit israélo-arabe. Les deux premiers États étaient les plus impliqués : si le but annoncé était la destruction d’Israël, leurs visées réelles était l’occupation des territoires palestiniens. Objectif réalisé avec un net avantage pour la Jordanie qui contrôla le Cisjordanie et Jérusalem-Est, alors que l’Égypte dut se contenter de la bande de Gaza. Le 23 septembre 1948, les Palestiniens formèrent à Gaza un Gouvernement arabe de toute la Palestine. Sans reconnaissance internationale ni pouvoir réel, et vassalisé par l’Égypte, il disparut en 1959.
Les combats cessèrent le 7 janvier 1949 débouchant sur des négociations et la signature d’armistices. L’état d’Israël sortit vainqueur, gardant les territoires conquis qui dépassaient de loin ce que l’ONU avait prévu pour l’État juif qui contrôlait désormais 78 % de la Palestine mandataire, au lieu de 54 %.
Le drame de l’exode palestinien lors de la proclamation de l’indépendance d’Israël et tous les événements afférents, est désigné par le terme Nakba, popularisé par l’intellectuel palestinien grec-orthodoxe Constantin Zureik. Elle fait partie de la conscience arabe et symbolise une blessure qui est, sinon instrumentalisée, de plus en plus oubliée, mutations proche-orientales obligent.
Changements et constantes à la suite de la création de l’état d’Israël
Depuis 1948, le problème palestinien demeure, rappelé constamment par la réalité des réfugiés dans différents pays arabes, par la violence fréquente entre Israéliens et Palestiniens et par la présence de la cause palestinienne au cœur du discours dudit « Axe de la résistance » (Iran, Syrie, Hezbollah libanais, Hamas et autres alliés).
Depuis 1948, la configuration géopolitique du monde arabe a changé. Les ennemis principaux de l’état d’Israël ne sont plus les mêmes. L’Égypte (1979) et la Jordanie (1994) ont signé des traités de paix. L’Irak est hors-jeu, et la Syrie exsangue à cause de la guerre depuis 2011. En Palestine, de nationaliste arabe, la résistance armée est devenue principalement islamiste. Au Liban, victime d’une division diamétrale qui oppose deux camps aux allégeances et projets politiques contradictoires, le Hezbollah, vassal de l’Iran, constitue une menace de taille pour Israël. Quant aux pays du Golfe, si deux d’entre eux ont signé des accords de paix, les rapprochements officieux de plusieurs États avec Israël, dont l’Arabie Saoudite, ne relèvent plus du mystère. Enfin, l’allié d’hier, l’Iran, stationné au Liban, en Syrie et à Gaza, est devenu l’ennemi principal d’aujourd’hui.
Depuis 1948, les choses ont aussi changé en Israël. Des transformations sociétales et politiques de taille se produisent, se concrétisant par une montée des courants religieux d’obédiences multiples, et divisant la société entre religieux et laïques. Ces évolutions augurent de sérieuses fractures à l’avenir, pouvant modifier la nature même de l’État d’Israël, jadis porteur d’un idéal laïque.
Depuis 1948, tellement de changements ont influencé le cours du conflit qu’il n’est pas possible de les évoquer ici. La disparition de l’URSS, la constitution d’un monde unipolaire sous l’égide des États-Unis et la montée de l’islamisme en font partie. Cependant, depuis 1948, des constantes demeurent : le drame d’un peuple qui clame son droit à sa terre, la pérennité d’un conflit destructeur dont on trouve les traces, directes ou indirectes, dans presque toutes les guerres de la région, et la haine, le rejet et la construction fantasmée de l’image de l’ennemi, freins conséquents pour tout règlement.
Quelle solution y aura-t-il pour cet épineux conflit aux racines européennes ? Si les fils d’Abraham sont incapables d’ouïr les voix de leur prophètes antiques, les appelant à la paix – terme à la racine commune, en arabe et en hébreu, salam¸shalom –, y aura-t-il un jour un prophète des temps modernes qui les guidera ?
Phrase en exergue :
« Le sort du monde entier dépendra de l’issue finale de cette lutte entre deux peuples représentant des principes opposés ».
Negib Azoury (1873-1916)
Cet article est paru dans le Bulletin n°803 de l’Œuvre d’Orient : avril-mai-juin 2021.
[LIBAN] Témoignage d’Aliénor : « En voyant ces sœurs je réalise à quel point elles portent le monde et comment leur prière doit monter directement au ciel. »
Aliénor, est volontaire depuis début décembre au foyer Sainte Cécile à Bhannes au Liban, où elle vit auprès des ainées des Filles de la Charité.
A propos de la mission

Les profils sont variés ! Il y a celles qui très vite, vous adoptent. Celles dont on sent le naturel joyeux, accueillant, qui s’ouvrent à vous comme des fleurs. Elles vous font tout de suite confiance, vous posent des questions et vous racontent leur vie ! Il faut dire que leur mémoire étant assez défectueuse pour la plupart, il n’y a aucun problème à raconter plusieurs fois les mêmes choses ! Très pratique ! On peut ainsi se réjouir plusieurs fois sur le même sujet, compatir et louer Dieu autant de fois (ici on loue beaucoup Dieu au détour de la conversation ‘’hamdella’’, ‘’nachkur allah’’) ! Il y en a certaines qui sont épatantes !
Par exemple, Marie, une seule oreille qui fonctionne et les deux yeux aux abonnés absents, pourtant si bavarde, si drôle, riant de sa situation, louant Dieu de lui avoir, dans sa grande mansuétude, laissé une oreille ! Et pour vous dire à quel point cette oreille est performante, elle colle le poste radio à fond contre cette-dernière. Ou Georgette, 90 ans, dont le corps est si fragile, le visage comme une pomme ridée (c’est si beau !) vous chante des chansons arabes pendant dix minutes ! Enfin, quelle joie quand celles qui sont coincées au fond de leur lit par leur corps amoindri, et isolées du monde par leur ouïe affaiblie, vous racontent ce qui leur passe par la tête (c’est souvent très drôle).

Et puis, il y a celles qui sont un peu plus difficiles d’accès. Il faut alors prendre le temps de les apprivoiser et c’est un travail du quotidien. Pour celles-ci, il n’y a pas de petites victoires. Quelle joie quand l’une d’elles, assez réservée, accepte de jouer au memory (fait-main !) et vous offre dans la foulée des bonbons ! Quelle joie quand cette autre qui daignait à peine répondre à votre bonjour, bavarde à présent tous les jours avec vous et se risque même à faire une blague pour le moins surprenante !

Cependant, c’est une formidable récompense de voir le visage des résidentes s’illuminer : un sourire sur les lèvres et une lueur dans les yeux ! La supérieure nous a également appris que certaines parlaient à peine avant notre arrivée.
Ces derniers-temps ont été l’occasion de découvrir qu’à un certain stade, la vieillesse est une sorte de retour en enfance. Les personnes âgées pleurent quand ça ne va pas et leur quotidien est plein de remarques candides, d’émerveillement sur des petits riens, qui vous font sourire et rire comme pour un enfant. Je note soigneusement ces petites anecdotes si touchantes.
Pâques

Si vous avez des intentions de prière, n’hésitez pas à me les envoyer car comme vous l’aurez compris, il y a par ici des petites sœurs qui prient sans cesse et dont les prières doivent toucher directement le cœur de Dieu.
Je vous embrasse très fort ! Joyeuses Pâques !
Aliénor


