[ÉGYPTE] Le témoignage de Julien et Françoise : « Ces filles sont l’avenir de leur pays et sont un modèle d’humilité, de reconnaissance et de résilience »

Julien et Françoise, jeunes mariés diplômés d’HEC, en mission pendant 1 an auprès des orphelines de Haute-Egypte au Caire.


Notre quotidien au Caire 

Nous, c’est Françoise et Julien. Nous avons 28 ans et avons quitté une vie bien parisienne d’avocate et de consultant pour donner un an. Après plusieurs mois d’attente, nous nous envolons pour Le Caire, où nous attendent 85 jeunes filles logées dans un foyer protestant tenu par une religieuse du Sacré-Cœur, la maison Fowler. Adieu la fiscalité et la stratégie, bienvenue en terre inconnue de l’éducation des jeunes filles !

Notre routine s’établit bien vite, nous servons le déjeuner (riz quotidien accompagné de légumes et parfois de viande / poulet), et enchainons les cours de soutien scolaire pour les filles de l’école francophone, principalement en maths et en anglais. Une fois les leçons apprises, les devoirs faits et les trousses vérifiées, nous nous accordons un temps de jeu avec les filles : Uno où la triche est la règle et dames chinoises où les habituées excellent. Une fois par semaine se joue un match de foot endiablé où les mains sont autorisées ! Cet emploi du temps a énormément évolué au rythme de la fermeture des écoles pour s’adapter au mieux aux besoins des filles.

Sur le papier, tout semble bien rodé, mais l’Egypte est imprévisible ! Julien et moi faisons cours dans la même salle, où nous avons parfois 10 filles à la fois – le niveau sonore explose et le ballet incessant de filles ayant besoin de fournitures nous interrompt toutes les cinq minutes. Nous avons découvert une forme particulière de discipline : ici, il est normal de ne pas tenir en place plus de 7 minutes 30, il est normal de se lever, il est normal d’hurler « j’ai fini ! » quand on a juste copié l’exercice. Passé cet étonnement, nous nous sommes apprivoisés, et avons découvert un monde infiniment attachant. Comme dit Julien, cette mission est une leçon de ce qu’est l’amour du prochain. Leur reconnaissance nous bouleverse, si seulement elles savaient combien elles nous apportent infiniment plus que les quelques heures hebdomadaires que nous leur consacrons…


Ce que nous apporte la mission

La beauté de notre mission ne tient pas en quelques mots. Elle tient aux sourires quotidiens, aux yeux brillants, aux moqueries bienveillantes et aux rires éclatants. Elle tient

à son objet : l’éducation, dans sa globalité, de filles chrétiennes issues de situations familiales dramatiques dans un pays à majorité musulmane. Ces filles sont l’avenir de leur pays et sont un modèle d’humilité, de reconnaissance et de résilience. Elle tient à l’apprentissage quotidien de ce que signifie « remettre sa vie entre les mains du Christ ». Fowler ne vit avec rien et pour

tant chaque jour il faut cuire 12 kg de riz et s’en remettre aux donateurs environnants. « A la grâce de Dieu ! » comme dit la Sœur, et il faut reconnaître que Dieu ne la laisse jamais tomber.

Sur nos temps libres, nous avons la chance d’apprendre l’arabe et de pouvoir partir à la découverte du Caire et de l’Egypte. Nous ne nous lassons pas de la beauté de ce pays ni d

e la gentillesse de ses habitants. Tous les matins, en descendant la rue qui nous mène à Fowler, les riverains nous disent « Welcome to Egypt », cela fait 11 mois qu’ils nous voient…

Cette expérience de volontariat nous remplit de joie au quotidien grâce aux rencontres que l’on a faites, nous stimule dans notre foi en nous apprenant à lâcher prise et nous offre aussi beaucoup de temps l’un pour l’autre pour faire grandir notre couple.

[LIBAN] Le témoignage de Maxime : « Ce vivre ensemble est pour moi également le maître-mot d’Anta Akhi »

Maxime, 30 ans, ingénieur agricole, est volontaire pour 4 mois au sein de l’association Anta Akhi à Beyrouth.


Le contexte actuel au Liban 

Le Liban est meurtri par une crise économique et politique sans précédent, pire selon ma communauté, que la guerre civile, les Libanais ayant perdu toute confiance en l’avenir après des années d’espoir et de déception à répétition.

Cette crise, je l’ai ressenti à mon arrivée au travers des pénuries d’essence provoquant des files d’attentes interminables aux stations et les longues coupures d’électricité ; ajoutée à cela une inflation exponentielle, qui place 60% des Libanais sous le seuil de pauvreté, obligeant de les travailleurs à cumuler deux voire trois jobs différents pour survivre financièrement.

Malgré la situation, à travers mes excursions, j’ai été très surpris d’observer chez tous un caractère joyeux, bienveillant et chaleureux, attentifs à tes besoins, cherchant à te connaitre et à te proposer de l’aide d’une manière totalement désintéressée.

En guise d’exemples non exhaustifs, à Saida, un Libanais croisé par hasard dans le souk nous invite au restaurant et s’improvise guide touristique durant 4 heures. A Batroun, une boulangère retourne le village pour trouver celui qui détient les clés de l’église orthodoxe Saint Catherine actuellement fermée afin qu’on puisse la visiter. Chaque soirée en compagnie de libanais, tu ressors avec plusieurs numéros de WhatsApp, tous voulant t’inviter à venir diner chez eux à grands coups de « Ahla wa Sahlan » (soyez le bienvenu). À Afqa, une dame ouvre son restaurant exclusivement pour nous, situé au bord de la source du fleuve Nahr Ibrahim, en prenant soin de concocter le menu traditionnel (Tawouk, houmous et tabouleh)

« Le liban, plus qu’un pays, il est un message » disait Jean Paul II. Cette phrase prend tout son sens quand on côtoie pour la première fois le pays du cèdre.

Ici tout est question de pluralité : un mélange de religions, de cultures, de langues. C’est un message adressé au monde sur le vivre ensemble.

Ce vivre ensemble est pour moi également le maître-mot d’Anta Akhi, cette association dans laquelle j’ai démarré mon volontariat, œuvre comme témoin auprès de la société. Elle a pour mission de montrer que les « jeunes » en situation de handicap et bien-portants, tous enfants de Dieu, peuvent vivre ensemble, différents mais complémentaires, tout en mettant la dignité de ces jeunes au premier plan.

Chaque jeune est porteur d’un message de vie et d’une force d’âme acquise au gré des années; qu’ils transmettent volontiers en sensibilisant le réseau de la communauté (écoles, université, etc.).


Ma mission : 

Dès mon arrivée, je me suis vite senti comme un poisson dans l’eau. Le temps passe si vite. La vie y est simple, ponctuée de moments de partage où chacun exclut la barrière de la langue et s’apprivoise doucement au fil du temps par des gestes, des paroles et des sourires. Ce premier mois, l’équipe de choc de volontaires, prête à servir, se crée progressivement selon les arrivées et s’applique minutieusement à suivre l’apprentissage pour accompagner les jeunes.

Au sein de cette maison catholique officiant la semaine selon le rite maronite et grec-melkite, la parole de Dieu est omniprésente. Je suis captivé par la foi inébranlable dont ils font preuve.

Les membres de la communauté, accueillants comme ils sont, ont sans cesse envie d’interagir avec toi. Si fier de la beauté de leur pays, tu les écoutes avec avidité. Pourtant, ils ne peuvent s’empêcher d’évoquer avec tristesse la situation actuelle du pays, en faisant usage de cet art oratoire poétique propre aux libanais ; de vrais pères castors qui te fascinent. Malgré cet amour inconditionnel de leurs terres, nombreux sont ceux qui souhaitent quitter le pays pour une vie meilleure.

Au quotidien, je vis des instants uniques avec les jeunes qui se multiplient quand ils te laissent avec humilité rentrer dans leur intimité.

En voici quelques exemples :

  • Tony : En attendant l’ascenseur, un collègue sort sa guitare et Tony se transforme en diva chantant une musique de Fairuz, l’idole nationale.
  • Pierre : Au bout de la cinquantième partie de puissance 4, je commence enfin à presque l’égaler.
  • Kiko : Ce poly-handicapé me regarde constamment avec ses grands yeux tendres pleins de reconnaissance.
  • Eli (un Libanais sur deux s’appelle Eli) : Fermé comme une huître au départ par ma présence, après une semaine à m’affairer à satisfaire ses besoins, il sourit enfin à mon contact et m’appelle dorénavant Habibi.
  • Les sœurs Aida & Samo : Troisième fois de la journée où je me lance dans la récupération de pièces de puzzle coincés sous le canapé. J’ai eu droit pour cela à un cœur de main en guise de remerciement. Ces remerciements, les jeunes n’en sont pas avares : je suis proche des mille mercis par jour, ce qui me déstabilise profondément.

Pendant mon temps libre, j’ai la furieuse envie d’explorer ce pays si coloré. Un pays égal en superficie au département de la Gironde mais disposant d’une immense collection de trésors millénaires, positionnés entre terre et montagne et liés aux évangiles et à la vie des saints. Au contact des locaux qui se livrent facilement, je prends aussi un grand plaisir à écouter leur histoire liée à un système multiconfessionnel unique au monde.

Bref, à peine un mois et j’ai déjà vécu une expérience de vie très riche sur cette terre d’accueil.

 

Bchoufkon !

[INDE] Père Aljo, boursier pour le futur

Renforcer les connaissances théologiques

L’Œuvre d’Orient accorde chaque année une vingtaine de bourses à des étudiants, essentiellement des prêtres, qui poursuivent en France leurs études de théologie tout en apprenant le français. Beaucoup sont originaires d’Ukraine, de Roumanie, d’Irak, du Liban, mais aussi d’Inde.

Le père Aljo étudie en France depuis quatre ans, à l’Université catholique de Paris. Originaire de Trichur dans le Kerala, il avait auparavant passé une année à Toulouse. « C’était difficile, parce qu’il n’y avait pas de communauté comme ici, je me sentais seul. Et puis les premiers temps, il fallait absorber les différences culturelles. Pour nous, Indiens, c’est presqu’impossible de manger sans piment ! ». Il a mis à profit cette solitude pour apprendre la photographie et a déjà à son actif des expositions à Paris et à Milan.

Partir en Europe pour étudier n’a pas été un choix et il avoue qu’il n’en avait guère envie : « Je n’avais jamais pris l’avion et je n’étais jamais sorti du Kerala ! ». L’apprentissage de la langue n’a pas été sans difficulté, même si aujourd’hui il n’en reste que peu de traces dans son français fluide. En raison de la pandémie, cela fait plus de deux ans qu’il n’est pas rentré en Inde. « Grâce à WhatsApp, on reste plus facilement en contact. Et puis quand la nourriture indienne me manque, il suffit d’aller dans les épiceries près de la Gare du Nord » ajoute-il dans un sourire. C’est en regardant sa tante travailler dans un centre d’handicapés, tenu par des religieuses, que sa vocation est née. « En les voyant, je me suis dit que moi aussi je pouvais faire quelque chose pour l’Église. Mon curé m’a beaucoup encouragé ; je suis entré au petit séminaire à 15 ans et voilà, 22 ans ont passé et je n’ai jamais regretté mon choix ! » Après ces études, le père Aljo retournera au Kérala où il sera enseignant au séminaire majeur.

Retrouvez cet article dans notre lettre d’information n°111 – Toussaint 2021 à télécharger ici

Abouna Emmanuel, un prophète de paix pour Mossoul

Il est 10 heures passées, ce dimanche 7 mars 2021, sur la place Hosh Al-Bai’aa, la place des églises, dans la vieille ville de Mossoul. Au milieu des ruines, le pape François prie pour les victimes de la guerre. À ses côtés se tient le père Rahid Emmanuel Adel Kallo, le seul prêtre revenu à Mossoul depuis la libération de la ville en juillet 2017, qui témoigne devant le pape avec toute la force de son espérance : « Je suis retourné à Mossoul il y a trois ans (…) Mes frères musulmans m’ont accueilli avec beaucoup de respect et d’amour (…) pour me féliciter à l’occasion de la restauration de l’église de l’Annonciation que Daesh avait détruite (…) Le peintre qui a peint les fresques de l’église et sculpté les statues et fait les inscriptions des versets de l’Évangile est un musulman, issu des familles d’origine de Mossoul. » Louant son courage et sa foi, le pape lui répondit : « Merci, mon Père, pour avoir partagé ces signes que l’Esprit fait fleurir dans le désert, et pour nous avoir montré qu’il est possible d’espérer la réconciliation et une nouvelle vie. »

Cet échange dit tout d’Abouna Emmanuel. Seul prêtre revenu à ce jour à Mossoul, il fut aussi le dernier à la quitter le 10 juin 2014, le jour même où Daesh s’en empara. Le courage du père Emmanuel force l’admiration. Ses éclats de joie suscitent la connivence. Sa foi donne confiance. Âgé de 48 ans, prêtre de l’Église syriaque-catholique, il était avant guerre le curé de la grande cathédrale syriaque Al-Tahira, éventrée lors des bombardements contre Daesh et actuellement en restauration. Il avait aussi la charge de l’église Al-Bichara (l’Annonciation), construite en 1970 dans le quartier des ingénieurs de Mossoul-Est pour accompagner l’expansion urbaine de la ville. Après l’exode des chrétiens vers le Kurdistan d’Irak et l’invasion de Mossoul par Daesh, le père Emmanuel assuma la direction du camp de déplacés Ashti 2 à Ankawa. Pour y maintenir la vie chrétienne des 5000 résidents, il fit édifier une nouvelle église, également nommée Al-Bichara, avec le soutien de l’association française Fraternité en Irak.

Après la libération de Mossoul, le camp fut démantelé. La nouvelle Al-Bichara fut démontée et transportée à Mossoul-Est, pour être installée en lieu et place de l’ancienne église dévastée par Daesh. Plus qu’une église, magnifiquement embellie par un artiste musulman, c’est tout un espace religieux et social qu’a recréé Abouna Emmanuel, avec en plus un presbytère et une résidence pour 60 étudiants chrétiens des universités de Mossoul, inauguré en décembre 2019 et cofinancé par Fraternité en Irak, l’Œuvre d’Orient, la Fondation Saint-Irénée et la région Auvergne Rhône-Alpes. Selon le vœu du père Emmanuel, « ce nouvel espace est porteur d’un message à l’ensemble de la société. Aux chrétiens, afin qu’ils surmontent leur douleur et continuent d’œuvrer au salut de l’humanité. Aux musulmans également qui peuvent voir en ce lieu l’exemple vivant du pardon et le renoncement à toute malveillance, afin que la paix et la sécurité reviennent dans cette cité affligée. »

 Pascal MAGUESYAN

Chargé de mission de l’association Mesopotamia, soutenue par L’Œuvre d’Orient

Retrouvez cet article dans notre lettre d’information n°111 – Toussaint 2021 à télécharger ici

[LIBAN] Installation de Sa Béatitude Raphaël Bedros XXI Minassian, patriarche de Cilicie des Arméniens catholiques.  

L’Œuvre d’Orient rend grâce pour l’installation du nouveau patriarche de l’Église arménienne catholique, Sa Béatitude Raphaël Bedros XXI Minassian. Il succède à S. B. Grégoire Bedros XX Ghabroyan.

Elu lors du synode des évêques de l’Église patriarcale de Cilicie des Arméniens convoqué par le Saint-Père à Rome les 22 et 23 septembre derniers, il est installé ce dimanche 24 octobre en la cathédrale St Grégoire l’Illuminateur – St Élie de Beyrouth à 10h (heure libanaise). Il portera le titre de Catholicos-Patriarche des Arméniens catholiques.
Le siège patriarcal est au couvent de Bzommar et la résidence patriarcale à Beyrouth. Nous prions pour son nouveau ministère.
Lettre « Ecclesiastica Communio » du Pape François du 23 septembre 2021 : « L’élection de Votre Béatitude a eu lieu à un moment où les gens sont particulièrement éprouvés par divers défis. Je pense à la souffrance en Syrie et au Liban – pays où l’Église de Cilicie des Arméniens est présente – ainsi qu’à la pandémie, qui est encore loin d’être vaincue dans de nombreuses régions du monde. Tous les hommes de bonne volonté, en particulier les chrétiens, sont appelés à être des voisins et des frères, en surmontant l’indifférence et la solitude. Même sous les flots de l’histoire et dans les déserts de notre temps, nous pouvons et nous devons marcher vers le Crucifié ressuscité ».

Sa Béatitude Raphaël Bedros XXI Minassian en quelques dates :

·24 novembre 1946 : naissance à Beyrouth. 1958-1966 : études au séminaire patriarcal de Bzommar·1966-1973 : Université pontificale grégorienne et université pontificale salésienne (Rome)
·1973 : ordonné prêtre à Bzommar, au Liban*
·1989 : curé d’une paroisse à New York (États-Unis)
·1990- 2003 : pasteur pour les catholiques arméniens de Californie, d’Arizona et du Nevada.
·Depuis 2004, il dirige Telepace Armenia, dont il est le fondateur.
·2005 : nommé exarque patriarcal de Jérusalem et d’Amman (Jordanie).
·24/06/2011 : consacré évêque, il est nommé Ordinaire pour les Arméniens catholiques d’Europe de l’Est, le Saint-Père lui attribuant le siège titulaire de Césarée de Cappadoce pour les Arméniens et le titre d’archevêque ad personam.

L’Église arménienne catholique en quelques dates :

  • En 406, le moine Mesrop invente l’alphabet arménien et traduit les livres sacrés. Seuls en guerre contre les Perses (451), les Arméniens ne participent pas au concile de Chalcédoine mais le réfutent en 553 au synode de Dvin.
  • Au XIe siècle, l’invasion mongole les pousse à s’exiler en Cilicie : le patriarche les suit et réside à Sis.
  • En 1441, un second patriarche est élu à Etchmiadzine (Arménie).
  • En 1740, une partie de l’Église apostolique se sépare : Mgr Ardzivian, archevêque d’Alep, est élu patriarche des Arméniens catholiques. Il est reconnu par le pape Benoît XIV en 1742. Il s’installe au Mont-Liban.
  • De 1915 à 1922, lors du génocide, 1,5 millions d’Arméniens sont massacrés par les Turcs.
  • En septembre 2021, dans un communiqué, L’Œuvre d’Orient s’alarme de la situation du Haut- Karabagh et des conditions de vie des habitants. Elle constate que l’on a voulu évincer de leur territoire historique, de leurs maisons, de leurs villages, de leurs églises, les Arméniens du Haut-Karabagh. L’association demande que le Haut-Karabagh retrouve l’intégralité de son territoire historique, dans des frontières sécurisées et qu’il puisse disposer d’un processus d’auto-détermination analogue à celui qui a été mis en place au Kosovo et sous contrôle international.
L’Église arménienne apostolique compte environ 6 millions de fidèles avec deux Catholicos (titre équivalent à celui de Patriarche). Les Arméniens catholiques sont 600 000 dans le monde : 450 000 en Orient dont 400 000 en Arménie et dans les pays de l’ex-Union soviétique.

[ÉTHIOPIE] Le témoignage de Louis « Au prieuré d’Entoto, il s’agit de créer un équilibre, plutôt que d’essayer d’en trouver un ».

Louis, 25 ans, architecte diplômé et volontaire à Addis Abeba, vient de terminer sa mission de 6 mois au prieuré d’Entoto.


MES MISSIONS AU PRIEURE

Ma mission principale concerne toujours les différents chantiers au prieuré. Depuis deux mois, les choses ont avancé, même s’il y a eu des retards. Mon rôle concerne principalement la communication. Je dois être présent aux réunions de chantier, transmettre les décisions aux entreprises, et être présent sur le terrain pour représenter les frères. Mais je tiens aussi à participer moi-même aux travaux qui ne demandent pas de compétences spécialisées (comme la fabrication des armatures du béton). J’ai donc aidé à creuser plusieurs tranchées, nettoyé le tanker… J’aime beaucoup travailler en groupe avec des jeunes qui viennent parfois donner un coup de main au prieuré. Pour le moment, le chantier principal concerne le nouveau tanker de récupération d’eau de pluie, qui complètera l’ancien qui a certainement des fuites. Nous allons bientôt finir ce travail. Les réseaux traversant le prieuré forment maintenant un ensemble qui relie un septic tank, le biogaz et les deux tankers. J’ai établi des plans pour visualiser le fonctionnement des trois parties du réseau : le système d’arrivée de l’eau de la ville, qui est distribuée dans l’ensemble des bâtiments, celui de collecte et de traitement des eaux usées, et le système de récupération de l’eau de pluie. Afin de comprendre comment fonctionnent ces systèmes et comment ils interagissent, nous avons aussi dû multiplier les fouilles dans tout le terrain, en parallèle des creusements nécessaires pour installer les nouveaux équipements.

Dans le même temps, nous avons installé un système de vidéosurveillance, qui consiste en huit caméras réparties sur tout le site. Installer les fils (parfois enterrés, parfois passant dans les toits, parfois longeant les façades) était un travail très long et difficile. Le creusement des tranchées, surtout, puisque nous les avons ouvertes pendant la saison des pluies, dans des conditions climatiques pas franchement clémentes. Les travaux à venir vont continuer à bouleverser le terrain qui ressemble déjà à un champ de bataille : il va s’agir de créer de nouveaux sanitaires pour les visiteurs, une nouvelle loge pour le gardien, et de paver l’ensemble des espaces d’entrée et entre la chapelle et le centre d’accueil. A côté du suivi de ces travaux, je suis aussi chargé de rédiger des rapports pour les donateurs, et de monter des dossiers de demande de financement.

 

 


LA VIE AU PRIEURE

Après mon arrivée, j’ai mis beaucoup de temps à trouver une juste attitude par rapport aux personnes présentes ici. Être volontaire n’est pas toujours un statut facile : on ne fait pas partie de la communauté, ni des gens du pays, ni des expatriés. Les gens ont parfois du mal à comprendre ce qu’on fait là, et le décalage culturel crée des situations originales : on a déjà demandé plusieurs fois à un prêtre si j’étais son fils ! Ce qui m’amuse beaucoup aussi est que tout le monde me donne sept ou huit ans de moins que mon âge. Ça me permet de m’entendre facilement avec tout le monde ! Au prieuré d’Entoto, il s’agit de créer un équilibre, plutôt que d’essayer d’en trouver un. Les frères ne sont pas cloîtrés, ils sont donc censés être très en contact avec le monde extérieur ; cependant, ils tiennent à leur tranquillité et promènent avec eux comme une aura de calme et de vie intérieure qu’il ne faut pas brusquer. […] Tous ces petits ajustements, ces attentions aux autres qu’il ne faut pas oublier demandent un travail passionnant. Ce volontariat en immersion dans une communauté est donc pour moi une belle opportunité de grandir humainement, et dans la façon dont je me comporte avec les autres.

Et en écrivant toutes ces lignes, je me rends compte combien cette mission est dense et riche en rencontres. C’est pour moi une expérience incroyable, tellement riche en fait que souvent je me laisse porter par les événements. Impossible de trop prévoir et planifier les choses ici. Il y a constamment des rebondissements et des surprises inattendues.


 

MA FIN DE MISSION

Cette mission en Ethiopie est une chance incroyable pour moi. J’ai découvert tant de nouvelles choses, vécu tant de belles expériences pendant ces cinq mois ! C’est une aventure humaine et spirituelle comme je n’aurais jamais osé rêver en vivre. Ma mission sur le chantier me permet aussi de compléter ma formation après mes études, avec une approche originale qui me fait découvrir des aspects inattendus de l’architecture et de la gestion de projets. Je rentrerai grandi en France, prêt à avancer et à affronter les difficultés du quotidien, grâce à cette expérience de patience et de prise d’initiatives. J’aurai aussi appris à faire davantage attention aux personnes de mon entourage, et aux nouvelles que je rencontre. Ces six mois de mission m’auront fait beaucoup réfléchir, et fait réaliser combien j’ai besoin de grandir humainement avant de me lancer dans d’autres projets à l’avenir.

Je remercie L’Œuvre d’Orient pour son action dont je constate tous les bienfaits sur le terrain, et qui m’a permis de vivre cette si belle mission.

[IRAK] Salam, salam, salam ! Shoukran ! Allah maak’on !

Le Pape ici, chez nous ? Un rêve ! Entre espoir et incrédulité, les chrétiens de la plaine de Ninive, comme tous les irakiens, préparent sa venue. Ils l’accueilleront avec ferveur. Notre reporter a partagé avec eux cette période exaltante.

 

Salam, salam, salam ! Shoukran ! Allah maak’on ! Les trois derniers mots du pape François en Irak, en arabe, électrisent le stade d’Erbil où il vient de célébrer la messe devant 10 000 fidèles venus de tout le pays. (Paix, paix, paix ! merci ! Que Dieu soit avec vous !) Jusqu’au dernier moment, tous ont cru ce voyage impossible. Pour d’évidentes questions de sécurité dans ce pays si instable, pour des raisons sanitaires liées à la pandémie de Covid, parce que jamais un pape n’avait pu se rendre en Irak. Parce que dans un pays meurtri et déchiré par plus de quarante ans de guerres successives, on apprend à ne plus rêver… Et pourtant, sœur Saint-Étienne à Teleskuff, dominicaine, nous confie une semaine avant sa visite : « Vous imaginez le pape à Qaraqosh ? C’est presqu’un village ! Et il va venir ? c’est comme un rêve ! J’attends beaucoup de cette visite, ce sera très fructueux, il va animer la foi des chrétiens et le cœur de tous les Irakiens. J’espère qu’il emportera avec lui le vrai visage de l’Irak, que la vie est toujours là. Les villages chrétiens renaissent »

En octobre 2016, l’armée irakienne et la coalition libèrent la ville de Qaraqosh du joug de Daesh. Pendant trois ans, les hommes de l’auto-proclamé État islamique ont occupé la plaine de Ninive, détruisant méticuleusement tous les signes religieux, brûlant églises et habitations. L’intervention de l’armée pour les déloger a fini de réduire ces villes en cendres. Les déplacés, qui ont vécu pendant 3 ans dans des camps de fortune au Kurdistan irakien, et tant attendu le moment où ils pourraient rentrer chez eux, ne retrouvent qu’un champ de ruines. Leur découragement est immense. Qaraqosh restera figée près d’un an avant que les travaux de reconstruction ne commencent. Nous les avions quittés sur ces images apocalyptiques, le moral en berne, ne voyant d’autres issues que de fuir ce pays.


« Comment ne pas se réjouir ! »

Fin février 2021, la ville est en effervescence, méconnaissable : les trois quarts de Qaraqosh sont reconstruits. Le souk grouille de vie. La rue principale est ornée d’affiches accueillant le pape. Les sœurs dominicaines aident les ouvriers à arranger les routes, balayant avec énergie les derniers gravats, n’hésitant pas à monter sur les toits pour accrocher d’immenses banderoles.

Dans le reste de l’Irak, l’enthousiasme est là, mais plus mitigé. Par crainte des attentats et du virus, les fidèles hésitent encore, une semaine avant, à assister à la messe à Erbil. D’autres, comme ce prêtre de Qaraqosh, regrettent que le pape ne reste qu’une demi-heure. « Cela fait 20 ans que l’on attend la visite du Saint Père ; on aurait tellement aimé qu’il célèbre la messe ici, au cœur du christianisme irakien. » D’autres chrétiens sont même indifférents, sans doute un peu vexés qu’il ne vienne pas dans leur ville. Ou encore déçus par ce moment choisi où la pandé

© Marine de Tilly

mie empêche ou limite les rassemblements. Quelques critiques un peu amères des chrétiens mais aussi des musulmans fusent ici et là : « Le gouvernement refait trois routes pour lui, pour lui montrer un beau pays quand le reste est en ruines et qu’on se tue tous les jours sur ces routes défoncées. » regrette un jeune assyrien.

Mgr Petros Moshe, archevêque de Mossoul et de Qaraqosh, nous apprend que l’idée initiale du Vatican était que le pape se rende à Ur, Bagdad et Mossoul : « Mais nous avons insisté pour faire changer ce programme ; le pape devait voir une Église vivante et pas une Église de ruines. » Il a été écouté. À Mossoul, nous rencontrons Omar, un ingénieur musulman en charge de la restauration de l’église de Notre Dame de l’Heure, qui, lui, nous partage son enthousiasme : « Cette visite sera un bien pour tous ! Comment ne pas se réjouir ! » Le père Tabhet de Karamless abonde en ce sens : « Mon ami musulman espère que la venue du pape sera une bonne chose pour tous. Les chrétiens mettent eux dans cette visite énormément d’espoir. Nous voulons tous créer un nouvel Irak basé sur la citoyenneté et non le sectarisme ». Et d’ajouter : « J’espère que lors de la rencontre avec l’ayatollah Al Sistani, le pape lui dira que la présence des chrétiens est essentielle. Le dialogue interreligieux est difficile, la visite du pape peut être un pont. Nous ne voulons pas que ce pays devienne des ilots isolés les uns des autres, l’Église est contre cela. Il faut garder l’Irak, uni, un ».


L’homme en blanc, enfin !

À une semaine de la venue du Saint Père, on s’étonne et on comprend aussi cet accueil en demi-teinte, entre espoir et réticence, on comprend surtout que personne ne croit réellement en sa venue. Et puis, le vendredi 5 mars, sur toutes les chaines irakiennes, l’homme en blanc atterrit à Bagdad. Ces trois jours menés tambours battants entre Bagdad, Ur, Nadjaf, Mossoul, Qaraqosh et Erbil, le sourire lumineux du pape François se déplaçant avec peine, ont eu raison de tous les doutes.

© Jean Matthieu Gautier

« C’était fou, tout le monde l’acclamait sur le chemin à Erbil, on était tous là, ensemble, je n’avais jamais vu ça ! » s’émerveille Samir, kurde sunnite. « Nous ne sommes pas allés à la messe, il n’y avait plus de place, mais nous nous sommes postés sur le bord de la route, musulmans, yézedis, chrétiens, c’était incroyable, ! » raconte cette famille chrétienne originaire d’Erbil. « Mais quelle joie, quelle joie, tous ces jeunes musulmans qui avaient préparé cette rencontre à Mossoul, raconte Elishoua, petite sœur de Jésus, qui pendant trois ans a vécu dans les camps avec les chrétiens déplacés. C’était magique. Nous sommes heureuses de pouvoir revenir à Mossoul, très bientôt, là où est notre mission. » Une semaine après la venue du pape, l’enthousiasme est toujours là. Sa présence, son humilité, son sourire encore ont marqué les cœurs et les âmes. Ses mots, dans cette ville martyre qu’est Mossoul, résonnent encore sur les ruines : « Avant de prier pour toutes les victimes de la guerre dans cette ville de Mossoul, en Irak et dans tout le Moyen-Orient, je voudrais partager avec vous ces pensées : Si Dieu est le Dieu de la vie – et il l’est – il ne nous est pas permis de tuer nos frères en son nom. Si Dieu est le Dieu de la paix – et il l’est – il ne nous est pas permis de faire la guerre en son nom. Si Dieu est le Dieu de l’amour – et il l’est – il ne nous est pas permis de haïr nos frères ».

 

Églantine Gabaix-Hialé

Chargée de mission Œuvre d’Orient


Cet article fait partie du dossier spécial « Pape François en Irak, joie et espérance  » publié dans le bulletin 803.

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[LIBAN] Le témoignage d’Albane : « C’est un pays du Christ et nous pouvons le ressentir. »

Albane, 24 ans, éducatrice spécialisée et volontaire pour l’année scolaire auprès des orphelins du Centre saint-Charbel de Baabdat.


Voilà, mes premiers 15 jours de mission s’achèvent.

Par où commencer … les premiers instants à Beyrouth par exemple, une fois sortis de l’aéroport et récupérées par sœur Rachidé (la directrice du centre) et son incroyable sourire nous voilà comme des enfants devant des nouvelles personnes : les klaxons, les bâtiments anciens, nouveaux, délabrés, la langue, les récits de la sœur sur le centre que nous allons découvrir et le contexte actuel du Liban.

Puis l’arrivée au centre, la rencontre avec l’équipe, deux jeunes qui sont restés pour le week-end et la découverte de la belle ville de Baabdat dans les montagnes.

Le lendemain c’est la rencontre de 40 enfants de 4 à 15 ans qui parlent essentiellement libanais/arabe. Le cerveau tourne à mille à l’heure, à ce moment-là on se regarde avec Constance : que l’aventure commence !

Ces 15 jours ont été synonymes de rencontre, découverte et humilité.

En effet, malgré mes expériences d’éducatrice spécialisée en France, je suis constamment en train d’apprendre de nouvelles choses. Chaque enfant du centre accueilli vit des difficultés dans son schéma ou contexte familial et parfois de vie du fait de la pauvreté de certains parents. Le centre Saint Charbel a pour objectif de leur permettre d’accéder à un environnement sécurisant, éducatif et le plus adapté possible pour qu’ils puissent suivre une scolarité. Notre mission avec Constance sera de les accompagner au quotidien et les soutenir dans leurs scolarités notamment en français.

Je suis impressionnée par l’énergie et l’engagement de sœur Rachidé pour mener à bien cette mission.

 

Aujourd’hui, après 15 jours de mission, je peux dire que les enfants commencent à nous apprivoiser et vice versa. La barrière de la langue n’a pas toujours été simple, notamment pour les plus jeunes. Mais rapidement je me suis équipé d’une petite feuille et d’un crayon pour noter les mots importants au grand plaisir des enfants : le premier lien était fait. Chacun d’entre eux ont une joie de vivre formidable, ils sont tous différents les uns des autres mais ils s’apportent tellement. Chaque moment passé avec eux est unique : les cours de français, les temps de prière, les discussions avant de se coucher des grands qui se débrouille très bien en Français, les jeux traduits en partie en français/libanais/anglais, les petits qui se donnent du mal pour se faire comprendre en français et partager des moments d’activités, de détente, d’échange.

Ma boîte à outils d’éducatrice spécialisée commence à se mettre en place. Nous avons de belles idées avec Constance pour contribuer à l’accompagnement des jeunes au plus proche de leur besoin et pour créer du lien entre eux.

La réalité du contexte du Liban a été très frappante : oui, la crise est bien quotidienne. Il y a des coupures d’électricité plusieurs fois par jours, le dollar qui monte en permanence, les prix qui grimpent, la queue pour prendre de l’essence, certains parents qui ne peuvent plus acheter les manuels scolaires, ou même du lait pour leur nouveau-né … Alors l’adaptation est le maître mot : lampe torche, jeux d’ombre, on revisite les plats et on évite la viande, préparation d’un goûter avant d’aller faire la queue pour l’essence …

Le fait de vivre, d’assister, aux difficultés que rencontrent les Libanais me fait une sorte d’électrochoc. Nous sommes bien loin de notre quotidien français, j’en viens à la frustration d’être si démuni face à tout cela, d’être si petite … On se laisse aller, on s’adapte et naturellement on agit, le don de soi est d’autant plus fort.

Durant ces 15 jours j’ai été très observatrice de ce pays où les religions sont vécues et ont une place bien différente de la France. Malgré mes petites documentations grâce aux supports de L’Œuvre d’Orient notre curiosité ne cesse de grandir sur la façon dont sont vécues les religions pour chacun des citoyens libanais. C’est quelque chose de très fort ici et même fascinant, c’est un pays du Christ et nous pouvons le ressentir. C’est sans compter la visite du tombeau de St Charbel de ce week-end, qui nous a permis d’autant plus de comprendre le rôle qu’il a eu et ce qu’il représente pour le Liban et le monde entier.

Il y a aussi cet incroyable environnement qu’est le Liban, passer de la mer à la montagne en moins de 10 mn, de la baignade à la randonnée, d’un paysage à un autre. Nous avons la sensation d’avoir traversé plusieurs pays tellement les paysages sont déroutants et différents.

A l’écriture de ce rapport je réalise combien ce que nous vivons est intense, combien nous vivons des instants uniques, alors faire le tri et rédiger l’essentiel n’est pas évident. Pour finir ce rapport, je souhaite évoquer l’accueil des libanais. Si chaleureux, bienveillant et sincère. Une dame de Baabdat est gentiment venue nous offrir des bracelets à la messe en apprenant notre présence en volontariat. C’est un exemple d’accueil parmi beaucoup que nous avons pu vivre en seulement 15 jours.

Je souhaite remercier sœur Rachidé, l’équipe, les enfants mais aussi l’Œuvre d’Orient de me permettre de m’investir et me donner dans cette belle mission. Aujourd’hui je suis conforté dans l’idée qu’il est unique pour moi de pouvoir mettre à profit ma formation d’éducatrice spécialisée de façon volontaire. Je suis une personne passionnée par mon métier, caractérielle et déterminée mais je peux sentir que quelque chose va évoluer grâce à cette mission.

 

« Écoutez pour entendre. Humiliez-vous pour comprendre.  Croyez et ayez courage pour témoigner. Aimez pour vous sanctifier. »

Saint Charbel

«– Que faut-il faire pour t’apprivoiser ?

– Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près… »

De Antoine de Saint-Exupéry / Le petit prince

[IRAK] La campagne Espoir Irak menée par l’Enseignement catholique pour les écoles de la plaine de Ninive

Hier a eu lieu la remise de chèque de 85 000€ de la campagne Espoir Irak 2020. Le chèque a été remis par Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement Catholique.
👉Cette campagne menée par l’Enseignement Catholique depuis 2016 a pour but de soutenir les écoles dans la Plaine de Ninive en Irak. Un grand bravo !
Découvrez plus d’informations, cliquez ici :

[GUMRI] Discours de Mr Arthur Minassian sur le centre creatif « Entanik » soutenu par L’Œuvre d’Orient

LE DISCOURS DE MONSIEUR ARTHUR MINASSIAN, DIRECTEUR DU CENTRE CREATIF

JUVENILE «ENTANIK»

Après le tremblement de terre dévastateur de 1988 dans la ville de Gumri, le défi de l’époque était d’assurer l’éducation esthétique et lemploi ciblé des adolescents.

Ce rôle a été repris en 1991 par le centre créatif juvénile «Entanik», créé par le ministère.

Pendant 30 années, des milliers d’adolescents ont été formés professionnellement dans des ateliers d’art et d’artisanat, au sein d’une grande «Entanik» /le mot <<Entanik» en arménien signifie « famille ».

Le personnel du centre a été guidé par l’idée que la connaissance et l’éducation font partie intégrante de la famille et de la société arménienne, l’éducation de la jeune génération a toujours été considérée comme un facteur clé dans la préservation de la nation. L’existence de l’Etat dépend du niveau d’éducation de la société. Et c’est notre devoir de prendre part à l’honorable travail d’éducation de la génération arménienne chrétienne, bien informée et instruite.

Principalement grâce au mécanisme de travail, le centre occupe une place particulière dans le domaine de l’éducation complémentaire dans la région.

Je voudrais bien informer nos amis et le public qu’aujourd’hui plus de 1600 adolescents étudient dans 12 groupes éducatifs différents du centre qui représentent 37 spécialités, Ces dernières années, le centre a étendu ses activités dans les communautés frontalières de haute montagne de la région aussi. Il a organisé un enseignement extrascolaire, qui a considérablement changé la vie éducative et culturelle des communautés rurales, a stimulé l’intérêt des jeunes pour les branches de l’artisanat et des arts nationaux.

Afin d’accroître le rôle de l’éducation parascolaire et de l’orientation professionnelle, les responsables des ateliers et les élèves du centre ont organisé des cours éducatifs professionnels dans environ 70 communautés dans le cadre du projet «Entanik sur les roues»,

Le Centre, mettant l’accent sur le rôle de l’unité de la nation arménienne dans le processus de renforcement de l’Etat indépendant, a établi des relations étroites avec les centres éducatifs et culturels ce l’Artsakh ét lu Javakhk. Le centre est une forge non seulement d’éducation professionnelle mais aussi d’éducation spirituelle, physique et patriotique.

Nos étudiants ont participé plusieurs fois à des concours internationaux, régionaux, républicains, et encore à des festivals en remportant des places d’honneur et des prix. Ces dernières années, la collaboration avec NKriné Simoniàn, organiste originaire de Gumri, lauréate de nombreux concours internationaux, fondatrice et présidente de I r association de bienfaisance française Amis de Gumri – France » est une acquisition

importante. Dans le résultat de cette collaboration nous avons connu de près l’art baroque de la musique, nous avons organisé une classe d’orgue. Par les efforts de Mme Simonian, le centre a été réapprovisionné avec les instruments de musique uniques et nous préparons le terrain pour la mise en œuvre de futurs projets importants. Nous reviendrons sur ce thème à une autre occasion. Notre gratitude à vous Madame Simonian, merci.

Les acquisitions du centre sont nombreuses, dont la preuve éloquente est l’établissement d’enseignement d’aujourd’hui. Respectueux collègues, je vous informe qu’en tant qu’un établissement républicain nous avons réussi à « couvrir » la région de Chiral’ avec une éducation supplémentaire.

Je voudrais ajouter que depuis 2009, dans une atmosphère agréable, dans le même bâtiment fonctionne le collège technique numéro 4 de Gumri avec lequel nous collaborons avec succès dans le domaine dans l’éducation, en complétant les uns aux autres.

Que l’éducation donnée au centre soit préservée dans l’âme de nos étudiants tout au long de l’éducation pour les motiver à s’intéresser et à rechercher la connaissance. Et donc, cela fait 30 ans que nous marchons ensemble, combattons ensemble et je déclare que: «Notre histoire continue…»

Pendant les derniers défis les adolescents de notre centre aussi profitent des projets urgents sociaux, éducatifs et de développement de l’association française L’Œuvre d’Orient.

Les adolescents sont scolarisés, élevés dans des conditions confortables et intellectuelles. Notre hommage et meilleurs vœux chrétiens à vous, respectueux bienfaiteurs. Nous espérons poursuivre notre collaboration.

Nous établissons des parallèles avec la façon dont Monseigneur Charmetant était dévoué au peuple arménien dans les années qui ont suivi le génocide arménien, aidant à sauver 1000 familles arméniennes des conditions physiques et sociales difficiles après le génocide.

En signe de gratitude, permettez-moi de vous offrir le prototype du monument de reconnaissance du centre /avec l’explication/ qui est installé dans la cour de L’établissement.


DISCOURS DE MADAME WVARIK AHARONIAN, PRESIDENTE DE L’ONG DE

BIENFAISANCE «ENTANIK»

Chers invités, je vous salue sous notre toit hospitalier.

Un petit mot sur l’organisation non gouvernementale de bienfaisance « Entanik ». Elle a été créée en 1990 dans la ville de Gumri d’après-séisme.

La création de l’organisation n’était pas une fin en soi. La catastrophe naturelle de 1988 a non seulement fait des dizaines de milliers de morts, mais a également brisé les rêves et les espoirs de survie des gens.

Des milliers d’enfants sont devenus orphelins, handicapés, avaient de graves problèmes psychologiques, pour la solution desquels il était nécessaire de créer un foyer, une famille unie, qui réunirait tout le monde sous un même toit.

Depuis sa création, l’organisation est restée fidèle à sa mission et a mis en œuvre divers projets sociaux, éducatifs et culturels en collaboration avec des organisations internationales et locales.

À la suite de la coopération en 1991 on a créé le centre créatif juvénile «Entanik», qui a fonctionné pendant 18 ans dans des préfabriqués en bois temporaires, s’occupant de l’éducation des milliers d’enfants. Le bâtiment inachevé qui a été attribué par le gouvernement, a été construit pas à pas à l’initiative de bienfaiteurs, notamment le responsable des projets de construction Jacques Matossian, français d’origine arménien. En 2008, le centre «Entanik» a poursuivi son travail créatif et ses activités fructueuses dans un immeuble confortable et lumineux. En 2009, on a créé dans le même bâtiment le collège technique numéro 4 de Gumri. Actuellement, le bâtiment compte environ 270 étudiants et 1600 étudiants qui font leurs études respectivement au collège et au centre.

La guerre de 2020 et ses suites m’ont rappelé la catastrophe de 1988.

La volonté de soutenir les réfugiés déplacés de force d’Artsakh et réfugiés à Gumri a été à la base du lancement d’un partenariat entre les organisations «Entanik» et L’ŒUVRE DORIENT, grâce auquel il est devenu possible de mettre en œuvre des projets d’assistance sociale et de construction d’une cuisine éducative-cantine et salle d’alimentation pour les jeunes.

Je voudrais ajouter que depuis janvier, un projet d’aide sociale de trois mois a été mis en place avec le financement de l’association L’ŒUVRE DORIENT pour 36 familles de réfugiés d’Artsakh /au total 197 personnes/, un autre projet pour un an pour les familles de 30 militaires morts est encore en cours ainsi que le projet (Attribution de nourriture gratuite» pour 450 personnes.

Permettez-moi de préciser que la plupart des réfugiés qui se sont installés à Gumri sont les personnes touchées par le tremblement de terre de 1988 qui avaient tout perdu, étaient déplacés en Artsakh, ont perdu ce qu’ils avaient créé pendant 30 ans en 2020 à cause de la guerre d’agression.

Nous sommes reconnaissants aux personnes qui, quelle que soit leur nationalité ou la distance, sont fidèle à leur mission et sont à côté du peuple arménien. Ils ont pu adoucir la douleur des familles qui avaient perdu leur patrie et avaient un besoin urgent de soutien, ils ont aidé les enfants dont l’enfance avait été perturbée.

Nous tenons à s’exprimer notre gratitude à nos amis présents ici, qui ont élevé la voix pour la justice et la paix. C’était un soutien moral inestimable pour le peuple arménien, qui luttait pour la préservation de son identité et de son droit à la vie. J’espère que cette coopération amicale va continuer et de nombreux projets seront mis en œuvre ensemble au profit du peuple arménien.

Les événements de 2020 ont été une autre tentative pour le peuple arménien, donc nous devons être forts, unis pour pouvoir surmonter les difficultés. Une nation chrétienne créative avec une histoire et une culture riches ne peut être découragée. La patrie et la foi sont des valeurs les plus élevées, dont la protection et la prospérité dépendent des efforts et des activités de chacun de nous.

«Entanik» est reconnaissante à toutes les personnes et organisations qui mènent des activités humanitaires. Nous devons nous rappeler toujours d’elles et pour pouvoir transmettre cette gratitude aux générations futures nous avons créé ce coin de reconnaissance où désormais L’ŒUVRE DORIENT aussi aura sa place spéciale.