[BULGARIE] Le témoignage de Charlotte :  » Je vais continuer de vivre chaque instant en suivant le conseil d’une soeur « vivre avec authenticité, amour et combativité ».

Découvrez le témoignage de Charlotte, 24 ans, qui est en mission à Sofia en Bulgarie auprès des sœurs Eucharistines.


L’arrivée

Deux mois et demi sont passés, déjà ! Avant d’écrire ces nouvelles, je relis mon carnet de bord que je m’efforce de tenir. Beaucoup de choses ont évolué. En écrivant chaque jour, une petite histoire s’est construite au fil du temps, je vais essayer de vous raconter les émotions et les moments forts que j’ai ressenti à Sofia parmi les Soeurs Eucharistines.
Il faut d’abord comprendre qui sont les soeurs. Je veux vous les présenter parce que je les aime beaucoup, énormément, et aussi parce que nous passons notre quotidien avec Madeleine, mon binôme de mission, avec elles dans le monastère. Nous partageons les tâches, les repas et les prières. Je fais presque partie de la communauté. C’est donc un lien très fort qui s’est créé avec ces sept soeurs, aux âges et aux histoires variées. Les Soeurs Eucharistines sont de rite gréco-catholique byzantin slave. Pour une communauté catholique bulgare représentant déjà moins de 1% de la population, la communauté gréco-catholique est encore plus réduite, se comptant à quelques milliers de personnes. Les Soeurs sont la seule congrégation avec les Carmélites de Sofia de ce rite byzantin, et les seules soeurs bulgares en Bulgarie, celles des autres congrégations étant roumaines, polonaises, italiennes.
Maintenant que les présentations sont faites, je peux vous parler un peu plus de mon quotidien. C’est difficile à résumer puisque ma mission ne consiste pas à donner des cours, ou à prodiguer des soins avec un emploi du temps connu à l’avance. Il s’agit de faire présence, d’aider pour tout un tas de choses qui peuvent paraitre peu gratifiantes. Et pourtant ces actions sont variées et significatives pour la communauté. En un mot : soulager, par n’importe quel moyen les soeurs dans leur charge de travail pour leur laisser du temps pour se retrouver, avancer sur d’autres projets et se reposer. Aider par la présence, par des tâches du quotidien comme la vaisselle ou le ménage, par des visites à des personnes âgées ou malades, par des distributions alimentaires aux sans-abris et personnes âgées, par la création d’un site internet… Bref, vous comprendrez qu’aucune journée ne se ressemble, j’apprends à vivre jour après jour et vivre l’instant présent. C’est difficile de lâcher prise lorsque rien n’est clairement défini. Une soeur aime bien me répéter que « c’est la liberté de ne pas savoir de quoi la journée sera faite ».

 

L’immersion

Être volontaire parmi les soeurs demeure un statut particulier. Moi qui étais arrivée pleine d’ambition et de grands projets, je me suis confrontée à l’organisation monastique clairement définie et à un rythme opposé au mien. J’ai appris à moins intellectualiser les tâches, à ne pas chercher à être efficace à tout prix pour me caler sur le rythme de vie de nos soeurs. J’apporte mon soutien plus discrètement mais avec tout autant d’importance. Je suis également là pour apporter de la joie, des sourires et des pauses, un souffle vivifiant. En dehors de mes missions, il y a du temps et pourtant il n’y pas la place à l’ennui. Entre la lecture, la prière, la préparation de certains événements, la tenue du carnet de bord, les visites de Sofia et les sorties avec nos nouveaux amis bulgares, les journées sont bien remplies. C’est un temps précieux pour mieux me retrouver avec moi-même et grandir dans ma foi dans un rite que je découvre un peu mieux chaque jour. Je n’ai jamais eu autant le temps de réfléchir, mes questionnements sont quotidiens sur des choses simples ou plus profondes. C’est très fort de pouvoir faire un chapelet dans une langue qui n’est pas la sienne porté par Jésus et les voix des soeurs, de vivre une adoration à minuit pour fêter la nouvelle année. Ces moments sont de vrais apaisements de l’âme. En voyant le temps filer, je ne me sentais pas prête à partir, pas tout de suite, pas dans 6 semaines, je viens à peine d’arriver ! Mon mois de mars était encore libre et avec un grand « oui » des soeurs j’ai pu prolonger ma mission d’un mois.

Au sein du monastère, j’ai partagé et vécu des moments qui me marqueront à jamais, ils sont uniques et précieux. Vivre Noël avec les soeurs a été très touchant et intime, une célébration simple et pleine
de joies de la naissance de Jésus. Ça a créé un tournant dans le lien qui m’unit à elles. Avec Madeleine, nous leur avons offert deux poissons, dont la symbolique est importante dans l’histoire de leur congrégation. Ça a été un véritable événement ! C’est une nouvelle famille qui se crée ici.
Fin décembre a également eu lieu le camp d’hiver des scouts catholiques de Bulgarie. Un nouvel uniforme pour être chef parmi les Bulgares, aider la communauté d’une autre manière et rencontrer les jeunes ! J’étais super heureuse à l’idée d’aller voir à quoi ressemblait les scouts bulgares et de préparer des activités ! À la suite du camp, les soeurs ont bien compris que le scoutisme et ses valeurs était un pilier pour moi et que j’étais heureuse d’honorer ma promesse scoute en Bulgarie. Et c’est pourquoi, je suis en ce moment en pleine organisation du camp que les soeurs font chaque été pour un quinzaine de filles. C’est encore une autre mission, une autre manière de travailler. Pour une fois les rôles sont inversés, c’est drôle. Je fais découvrir aux soeurs une autre manière d’avancer avec les jeunes, une autre pédagogie, un vrai travail d’équipe !
Récemment, je suis revenue d’une semaine hors du temps dans un village niché dans les Rhodopes, au sud-est de la Bulgarie : Pokrovan. J’ai séjourné chez soeur Bernadetta, 85 ans, dont la vie simple et emplie de prières est un exemple d’humilité. Mon séjour m’a permis de plonger dans la réalité des villages bulgares habités par des personnes âgées, confrontées à la pauvreté et au manque d’accès aux services vitaux. Les enfants de la région ont émigré à l’étranger, laissant derrière eux des parents vieillissants vivant avec des retraites insuffisantes qui ne leur permettent pas de vivre dignement. Le visage des habitants, tous plus de 70 ans, reste radieux. Leur hospitalité et leur générosité dépassent largement les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

De retour à Sofia, la vie continue. Nous retrouvons les personnes âgées à qui nous distribuons tous les jours des sandwichs, cela fait chaud au coeur de voir qu’ils sont heureux de nous revoir, et moi aussi ! Nous prenons des nouvelles et échangeons de plus en plus longtemps en bulgare. Certains nous lancent quelques mots de français qu’ils ont appris pour nous faire plaisir. Tout se passe toujours avec le sourire. Cela peut paraitre évident mais ces rencontres constituent la plus grande richesse du volontariat. Ici en Bulgarie, je reçois beaucoup de mots de remerciements, presque de la gratitude. Cela parait en décalage par rapport à ce que j’apporte. Mais j’ai appris à accepter ce regard et j’essaye de mériter ces « merci ». Je retrouve aussi les soeurs. Je me sens bien et à ma place, c’est comme un retour à la maison et le rythme reprend.

C’était particulièrement émouvant de constater que derrière le premier abord qui peut sembler froid, se cache un peuple bulgare exceptionnellement chaleureux. Cette apparente froideur découle en réalité d’années difficiles de communisme et de persécutions violentes, entre autres contre les catholiques. La communauté catholique est très accueillante. Nous avons été intégrés dès le début, que ce soit à la cathédrale latine Saint Joseph où nous allons à la messe française une fois toutes les 3 semaines ou bien à la cathédrale gréco catholique de la Dormition de Sofia. Être témoin d’un réel engagement et d’une ferveur religieuse catholique forte est inspirant. Grâce aux soeurs, à l’évêque Monseigneur Christo et aux paroissiens, je comprends de mieux en mieux les marques laissées par le communisme. C’est une histoire encore très récente que les victimes directes nous racontent. Les témoignages sont toujours chargés d’émotions.
Avec les Soeurs Eucharistines, c’est une mission toute nouvelle, en construction, nous sommes le deuxième binôme avec Madeleine. Pleins de choses sont encore à faire, des choses que les soeurs ne savent peut-être pas encore. Il existe bien sûr des enjeux comme l’autonomisation des tâches ou la charge de travail. Nous arrivons « malko po malko » (petit à petit) à leur montrer ce qui est possible de faire sans avoir peur des possibles obstacles sur la route. Ce que nous essayons de donner marque des étapes dans l’histoire des futurs volontaires. Il ne faut pas craindre de s’immerger pleinement dans la communauté et prendre le temps de poser les questions pour mieux savoir se situer. Oser dire les choses telles qu’on les perçoit, avec bienveillance et ouverture, permet de tisser des liens de confiance plus profonds. C’est merveilleux de découvrir comment créer un équilibre délicat entre donner sans retenue et respecter les rythmes et les besoins des soeurs. Pour ces dernières semaines, je vais continuer de vivre chaque instant en suivant le conseil d’une soeur « vivre avec authenticité, amour et combativité ».

Charlotte

[ROUMANIE] Le témoignage de Laure :  » Notre mission principale est d’aider les sœurs dans la gestion d’un centre d’accueil pour enfants « 

Notre volontaire Laure a 22 ans, elle est en mission à Sighet en Roumanie chez les sœurs de la Mère de Dieu.


Ça y est, me voilà arrivée à Sighet, auprès des sœurs de la Mère de Dieu ! Je suis accueillie avec Ombeline très chaleureusement. Les sœurs sont aux petits soins avec nous. Notre arrivée a été retardée à cause de la neige donc nous arrivons à Sighet le 16 janvier, ville alors entièrement enneigée. Les paysages sur la route de Cluj à Sighet sont magnifiques !
Les sœurs nous proposent d’attendre le lendemain après-midi pour rencontrer les enfants mais nous préférons les rencontrer l’après-midi de notre arrivée:)
En roumain, les prénoms féminins se terminent en « a », donc certains enfants m’appellent Laura. C’est amusant car c’est le prénom d’une sœur de la communauté !

Sœur Leonia parle très bien français ce qui facilite la communication. Sœur Adriana et Sœur Mihaela parlent anglais ce qui nous permet d’échanger également avec elles. La communication avec les autres sœurs est moins aisée mais la parole n’est qu’une infirme partie de la communication alors nous échangeons des sourires et des petits mots que nous apprenons en roumain pour se saluer.
Notre mission principale à Sighet est donc d’aider les sœurs dans la gestion d’un centre d’accueil pour enfants. Ces derniers arrivent après l’école, déjeunent, effectuent leurs devoirs puis jouent.
Ils sont adorables, nous disent bonjour avec entrain, et se précipitent pour nous faire des câlins ! Leur joie et leurs sourires sont communicatifs et édifiants. En effet, elle édifie par la leçon de vie qu’elle donne. Certains ont des vies difficiles, soit d’un point de vue matériel avec une grande pauvreté (certains enfants n’ont qu’un repas par jour) soit humaine (parents violents, décès de la maman…) et cela ne leur ôte par leur joie ! La connaissance des ces éléments est assez éprouvante pour moi. Parmi ces enfants, certains ont les dents noires -signe d’une carence nutritive- cela peut paraître un détail mais c’était la première fois que je voyais cela et c’était relativement impressionnant.
Petit à petit, nous apprenons à mieux nous connaître et c’est une grande joie de voir les plus timides venir vers moi après quelques jours ! Ils sont très déterminés pour apprendre le français.

Les temps libres durant les week-ends et certaines matinées nous permettent de découvrir le pays. Cela me donne un peu l’impression d’un pays à deux vitesses. Il y a d’une part, une population pauvre et des bâtiments presque vétustes, et d’autre part, une population plutôt aisée (beaucoup de belles voitures notamment) dans de grandes maisons indépendantes.
D’un point de vue architectural, certaines façades colorées apportent de la lumière et d’autres bâtiments sont en béton et assez massifs.
La neige donne un aspect assez féerique à la ville, notamment à un grand parc que nous sommes allées visiter.
D’un point de vue historique et culturel, la population roumaine est encore très marquée par le communisme. En effet, de nombreuses persécutions ont eu lieu ainsi qu’une importante délation de la part de l’Église orthodoxe ; cela imprègne encore beaucoup les esprits.
De nombreuses églises catholiques ont été données aux orthodoxes et sont restées orthodoxes à la fin du communisme. Les chrétiens ont le sentiment qu’une part de leur histoire et de leur patrimoine leur a été ôtée.

J’ai la grâce, en étant au sein d’une communauté, de pouvoir avoir la messe tous les jours. Le rite est cependant différent du rite latin : la messe est célébrée en rite byzantin.
Les « grandes parties » de la messe sont les mêmes mais le déroulé diffère un peu. En effet, la partie consacrée à la prière et au repentir est plus importante ; on prie pour le pays, l’armée, les personnes sur terre et en mer, pour l’abondance des biens de la terre etc. Je trouve cela très touchant.
La différence est également présente dans le sacerdoce puisque, dans le rite byzantin, ces derniers peuvent se marier (avant d’être ordonnées diacre).
J’ai appris également avec joie que le prêtre venant célébrer à la communauté parle français !

[TERRE SAINTE] Le témoignage d’Alix : « Le temps s’écoule très lentement au monastère c’est à la fois terrible et merveilleux de prendre le temps de vivre le présent »

Découvrez le témoignage de notre volontaire Alix qui était en mission chez les Bénédictines du Mont des Oliviers à Jérusalem, elle aidait les sœurs dans la réalisation des icones.

Par mesure de sécurité, tous nos volontaires ont été rapatriés de Terre sainte peu après le 7 octobre 2023.


« Et moi c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi »

Vie quotidienne, compréhensions des lieux :

Ma journée commence avec la messe à 7h30, vraiment extraordinaire ! Les cloches sonnent, je descends à la chapelle et là Jésus m’attends et je le reçoit sous les deux espèces. C’est extrêmement simple, c’est extrêmement beau, je suis comblée. Pour le petit dej, je me retrouve ensuite en tête à tête avec les prêtres qui viennent célébrer, et ce sont des moments de grande qualité que j’apprécie particulièrement tant nos discussions sont riches : empreintes de leurs voyages, de leurs rencontres, de la ville et de beaucoup d’humour ! Car la Terre sainte ce sont d’abord des rencontres, des gens qui me tendent la main à des moments où je pensais être seule chez moi et c’est assez fou finalement de se laisser déranger, de s’ouvrir aux autres, de simplement donner du temps… Le contexte entraîne vite des discussions fortes, profondes, l’inconnu se livre, écoute… Les gens viennent ici chercher quelque chose ou plutôt quelqu’un … Pour avoir fréquenté quelques monastères avant, je ne suis pas surprise de ces discussions, elles sont si belles ! Mais je ne m’habitue pas à ces regards profondément emplis d’amour que des inconnus peuvent me lancer pendant ces partages et vice versa. Cela rend tellement concret la fraternité chrétienne, l’amour simple du prochain… La beauté des âmes qui se cherche et cherchent Dieu.

Les soeurs sont vraiment chouettes, d’une grande gentillesse leur accueil m’a fait me sentir bien chez elle très rapidement. Entre deux offices elles courent partout il y a tant à faire, et elles ne sont plus toutes jeunes. En arrivant, la prieure Soeur Marie, m’a tout de suite embarquée dans la vieille ville à l’Esplanade des mosquées, puis au Kotel (mur des lamentation) dans les quartiers juifs, musulmans, arméniens, éthiopiens, dans les souks m’expliquant les lieux, l’histoire, l’archéologie, mais aussi sa compréhension des choses… Me montrant ces endroits magnifiques, riches, sources de futures inspirations… Quelle chance de pouvoir connaitre et comprendre de mieux en mieux ces peuples.
Elle a pris le temps de me conduire dans les pas de mon doux Jésus dans les différents lieux saints de Jérusalem. C’est tellement fort qu’il va me falloir un peu de temps pour intérioriser tout cela et surtout revenir prier et méditer dans ces lieux saints pendant les prochains mois.

Cœur de la mission :

Je commence le travail à 9h dans un bel atelier aux côtés de Soeur Marie-Bénédicte, à qui soeur Marie-Paule à transmit son charisme pour l’écriture d’Icone et l’a formée pendant de longues années. (Soeur Marie-Paule a écrit plus de 200 icones, vendues dans le monde entier, dont les plus connues sont celle de la Sainte Famille ou la Vierge de l’Emmanuel…)
Nous commençons par une prière pour confier le travail, tout fait sens, « Ora et Labora» : ou comment unifier sa vie simplement, c’est si beau !
Une icône c’est vraiment la Parole qui devient image, qui se donne à voir : elle s’incarne.
La première semaine j’ai appris les différentes étapes de préparation des planches en bois. Le bois est travaillé comme un autel et comme un corps : carré pour les 4 points cardinaux référence à la terre qui est limité à la différence de Dieu représenté par les formes circulaires : éternelles…
S’enchaine alors avec précisions l’encollage, l’entoilage, 12 couches d’enduis et enfin le lissage. Le dessin est gravé dans la planche symbolisant la manière dont Dieu prend possession de l’homme. Etape par Etape Il nous travail jusqu’à unifier totalement notre être.
Viens ensuite le délicat travail de dorure, l’or représentant la lumière et « l’éternel présent ».
Pour la peinture : 7 couches successives, 1 par jour pendant une semaine, en commençant par poser des bases sombre (ténèbres) et en venant sans cesse éclairer jusqu’à révéler les formes, les volumes, en lumière. L’iconographe ne peux pas ajouter d’ombres, ce qui est techniquement complexe, cela l’oblige à changer son regard, c’est surtout une invitation à ne regarder sa propre vie qu’en lumière.

Finalement c’est la pose du vernis puis la bénédiction de l’icône. Il faudra minimum un mois pour donner vie à l’une d’elle.
Une fois j’ai retrouvé la soeur avec qui je travaille, en train de faire des retouches sur une des vieilles icônes qui tapisse les murs de l’atelier :
« C’est parce que lorsque c’est mal vernis les mouches mangent l’oeuf qui est lié à la peinture.
– ah ma soeur que voulez-vous elles aussi veulent se nourrir de la parole de Dieu ! »
J’ai commencé à peindre des croix en bois d’oliviers pour le magasin des soeurs et j’ai entamé la reproduction de petites icônes. Il y a tellement à faire, c’est passionnant et j’apprends beaucoup. C’est tellement fou de pouvoir mettre ses talents au service du beau et du sacré ! J’y trouve ce sens que je cherchais en venant ici.
Le travail en silence est une véritable bénédiction, heures paisibles ou je peux méditer le trop pleins d’informations, d’enjeux, tous les excès positifs ou négatifs de cette ville… Le calme et la paix régnant dans l’enceinte du monastère contrastent réellement avec le trop plein de tout à l’extérieur, c’est violent pour l’esprit de sortir et se prendre cette frénésie cette agitation, il n’y a pas de sas.

Partir pour donner ce temps pour Dieu, pour servir, et apprendre à m’abandonner parfaitement dans la confiance en Lui. Si vous pouviez voir à quel point Il prend immensément soin de moi, je me sens tellement bien ici, Il veille à chaque instant. J’avais tellement, tellement peur pourtant avant d’arriver ! Comment puis-je encore douter de Lui quand je vois tout cela ? Je suis si petite…
Jérusalem pour moi c’était le moyen de faire une pause hors du temps, hors du monde, l’occasion d’une aventure à la recherche de moi-même, seule à seule, face à face. Osez me regarder et me redécouvrir, retrouver cette personne aimée. Oui, me regarder à travers le regard infiniment bienveillant du Père, ce regard de tendresse et d’amour et y voir tellement de beauté malgré mes combats. Depuis le temps que je me cherche, je commence à vraiment bien me connaitre, c’est fou, je sais que c’est une vraie grâce !
Le Mont des Oliviers c’est le lieu de Son combat spi, ce moment clef où en toute liberté, dans la pire des souffrances, la pire des angoisses, seul, sans aucun de ceux qu’Il aime pour le comprendre et le soutenir, Il choisit la vraie confiance : Il choisit de tout remettre à Dieu. Car Dieu sait parfaitement ce qu’il fait, il gère tout : pour notre bonheur.
Je n’ai pas atterri ici par hasard, le hasard n’est rien d’autre qu’un des « pseudo » de Dieu.
Le temps s’écoule très lentement au monastère c’est à la fois terrible et merveilleux de prendre le temps de vivre le présent. C’est déstabilisant ce fort contraste avec ma vie Parisienne à         2 000 à l’heure où chaque minute non productive semble être perdue … C’est difficile de s’adapter à cela, d’apprendre cette vie de contemplation des choses accepter de n’avoir rien de prévu, être disponible à chaque instant se laisser guider au jour le jour dans la confiance…
Corps, coeurs, âme et esprit : se retirer hors du monde et pleinement leur permettre de faire unité. M’écouter, accueillir chaque émotion, chaque désir, chaque faiblesse. J’ai tellement pleuré. De tristesse un peu, mais de reconnaissance surtout pour tant d’amour dans ma vie !!! Pourquoi ? Je ne le mérite pas : Son amour si infini, je rends tellement grâce, Jésus est trop fort, trop trop génial !!! Mon coeur est uni au sien. Dans ces moments difficiles je finis toujours par céder et lui ouvrir ce coeur, plein de miséricorde Il entre alors par la porte étroite et me comble de sa présence. Rien de nouveau dans ce que j’écris là. Mais je voulais juste vous redire ma joie immense de cette foi, cette espérance et cet Amour qui sont au coeur de ma vie et dont je m’émerveille tant !!!

J’ai toujours aimé écrire, rarement rigoureusement à la manière d’un journal de bord, mais plutôt spontanément pour garder en mémoire des moments vraiment forts et fondateurs. J’ai gardé ces moments de réflexions spi ou simple observation de ma vie gravée dans le papier. Pour la première fois j’ai le temps de revenir dessus de relire mes heures feux, mes poèmes, mes réflexions, je m’émerveille de retrouver une unité dans mes rêves dans mes désirs dans ce Beau que je cherche depuis toujours.

[EGYPTE] Le témoignage de Lucie :  » L’église est toujours un des principaux lieux de socialisation, et surtout l’un des rares endroits mixtes pour les jeunes ! « 

Notre volontaire Lucie est en mission depuis Septembre à Alexandrie chez les Filles de la Charité à l’école St Vincent en Egypte.


La mission de professeur me plaît énormément : je suis super heureuse d’être aux côtés des jeunes et au sein d’un établissement que j’admire beaucoup.

* Tisser des liens

L’école est un véritable lieu de vie pour les élèves, elles passent beaucoup de temps à l’école en dehors des heures de cours. Que se soit pour des projets, pour des mouvements religieux, pour des services : il y a constamment de la vie dans l’enceinte de l’école. Cela me permet de tisser des liens forts avec les élèves et de témoigner de leur épanouissement.

J’aime participer aux réunions des groupes du MEJ de l’école et donner des cours de théâtre (pour les premières classes de collège). Ce sont des moments particuliers de partage et détente avec les jeunes.

Étant responsable des élèves des cycles préparatoires et secondaires (niveau collège/lycée en France), je suis amenée à avoir de supers discussions avec les filles qui me permettent d’avoir un regard direct et complet sur comment vivent les adolescentes ici.

** Le Centre Vive le Soleil

En XX, Sœur Odile (encore présente à la communauté) a créé dans l’école un centre pour les personnes handicapées. Chaque jour le centre fonctionne sur les mêmes horaires que l’école et propose plusieurs activités. Je m’y rends dès que j’ai un trou dans mon emploi du temps, c’est toujours un bol d’air dans ma journée. On discute, on joue, on chante, on danse… Les élèves du centre dansent super bien !!

C’est super de voir comme il est devenu naturel pour les filles de l’école de côtoyer des personnes handicapées. En effet, l’Égypte compte beaucoup de personnes porteuse d’handicape, mais leur intégration et prise en charge, mais aussi le respect à leur égard, est un véritable défi pour le pays.

Sœur Odile a aussi créé un mouvement de formation spirituelle pour les handicapés qui s’est répandu dans tout le pays, c’est le mouvement Foi et Lumière. Dans l’école deux groupes Foi et Lumières se sont formés et chacun d’eux se réunit deux fois par mois. Les équipes sont super sympas, j’adore y aller aussi ! On développe un lien différent avec les jeunes handicapés au sein de ces séances. Par exemple, afin de bien faire comprendre et intégrer des passages de la Bible, on les présente sous forme de scénettes de théâtre, puis chacun leur tour les jeunes se mettent dans la peau des personnages clés pour reproduire leurs actions.

*** Une grande liberté

Ce qui est génial enfin c’est la confiance que m’accordent les sœurs et les professeurs dans la gestion de mes cours. J’ai carte blanche : mon seul objectif est de faire parler mes élèves ! Comme je prends les classes par demi groupe je suis dans de très bonnes conditions pour faire des cours ludiques et laisser place à la créativité. J’aime faire des jeux où l’on passe par la créativité, le théâtre, l’invention pour pousser à parler plus spontanément et laisser les filles aborder les sujets qu’elles aiment.

 

J’adore la ville d’Alexandrie ! C’est une ville très agréable à vivre, où la qualité de vie est très supérieure au reste de l’Égypte ! Je suis souvent en vadrouille dans Alexandrie pour me balader ou pour différents services dans d’autres communautés religieuses.

* Hospice des Missionnaires de la Charité

Les sœurs de Mère Teresa tiennent un hospice pour les personnes malades et handicapées sans ressource. Les pensionnaires viennent parfois d’eux-mêmes demander de l’aide, mais le plus souvent ce sont les gens du quartier qui viennent parler aux sœurs de quelqu’un vivant dans la rue pour qu’elles aillent le chercher. L’hospice est très simple, les sœurs possèdent le strict minimum pour accueillir leurs pensionnaires. Avec Louis, l’autre volontaire de l’Oeuvre, nous nous rendons là-bas avec des jeux, de quoi cuisiner, des produits de beauté pour les femmes, des instruments de musique… pour passer un bon moment avec eux. Nous aimons aussi prier avec eux en allant à leur messe le dimanche matin ou en priant le chapelet. Ce sont toujours des moments touchants car les pensionnaires ont une foi très forte. Bien sûr, les musulmans ne participent pas à ces prières mais les respectent.

** Maison de retraite internationale

Régulièrement dans la semaine, je me rends aussi dans une maison de retraite en face de l’école. Ici, les pensionnaires sont plus aisés, la plupart parlent plusieurs langues (ce qui était commun dans toutes les familles éduquées il y a quelques années). Je passe donc de longs moments à discuter avec eux de l’évolution du pays et de leur vie, souvent passée à travers le monde. Cela m’aide à mieux comprendre les moeurs.

**** Vivre à Alexandrie

Alexandrie a son identité propre. Ce qui la rend un peu magique c’est la façon dont se mêlent les époques : les bâtiments et les musées révèlent le faste et la cosmopolitanie passés de la ville. L’immense corniche, toujours magnifique, permet de s’installer tout au bord de la mer pour profiter de l’air marin et des splendides couchers de soleil sur l’eau. Je sais déjà qu’Alexandrie va me manquer à mon retour.

Ce qui fait la force de mon expérience c’est aussi les liens que j’ai pu lier avec des jeunes égyptiens de mon âge. La plupart sont des chrétiens : des anciennes de l’école toujours fidèles au mouvement de l’établissement, les enfants des familles proches de la communauté, mais c’est surtout dans un centre culturel tenu par des jésuites que j’ai connu le plus de monde.

Depuis l’année dernière, un grand nombre de jeunes de 18 à 30 ans se retrouvent le mardi soir pour une prière de Taizé !! Ayant beaucoup fréquentée ce monastère au lycée, j’aime beaucoup sa spiritualité, j’étais très heureuse et étonnée de savoir qu’elle était aussi connue et appréciée ici. J’y ai rencontré un très bon groupe d’amis avec qui je sors souvent. J’aime qu’ils me fassent découvrir Alexandrie mais surtout discuter avec eux de leur vie et de leurs habitudes, ils sont aussi très curieux de savoir comment on vit en France.

Ces prières ne sont pas les seules références à Taizé ici : un moine orthodoxe a aussi créé un monastère, Anafora, sur le même principe que le monastère français. Y compris le principe d’oecuménisme. C’est très symbolique ici car les orthodoxes ont souvent (et de plus en plus) du mal à s’ouvrir aux autres chrétiens. La prière du mardi soir et Anafora sont donc des lieux assez exceptionnels d’unité des chrétiens. Ainsi, j’ai pu passer le nouvel an dans la famille d’une amie. En Égypte le réveillon du 31 n’a rien avoir avec la France : on le passe en famille et la plupart des familles jeûnent encore en cette période pour préparer le Noël orthodoxe qui est le 7 janvier (ici Noël se prépare toujours en jeûnant et jeûner veut dire ne manger aucun produit d’origine animale hormis le poisson). De plus, en Égypte, on considère que le Nouvel an est une fête chrétienne. En réalité aujourd’hui tout le monde le fête au moins un peu mais le 1er janvier n’est pas férié par exemple. Donc moins de grandes fêtes jusqu’au petit matin pour cette occasion en Égypte. Chez les chrétiens, on commence dès le début de l’après-midi à préparer le repas en famille. On mange des plats délicieux de poissons, de riz, de houmous…

On joue, on chante, on danse, puis vers 22h on va à l’Église jusqu’à minuit pour prier et fêter ensemble la nouvelle année, puis une messe est célébrée. Certains continuent encore la fête chez eux en famille mais calmement. J’ai aimé commencer l’année 2024 de cette manière pour marquer mon année de mission : c’est un nouvel an dont je me souviendrai. J’accompagne aussi souvent mes amis ou certaines élèves dans les services qu’ils rendent au sein de leur église. Ici les églises sont énormes car les chrétiens passent tout leur temps à l’église pour se retrouver et faire des activités bénévoles (qu’ils appellent service) : soutien scolaire, maraude, visites de malades ou dans les bidon-villes… Ainsi dans chaque église on trouve le lieu de prière principal mais aussi une autre chapelle, une cafétéria, des salles de travail, des salons, des boutiques de souvenirs… L’église est toujours un des principaux lieux de socialisation, et surtout l’un des rares endroits mixtes pour les jeunes !

J’ai aussi eu la chance de pouvoir commencer à visiter le reste de l’Égypte. Même si les vrais voyages sont encore à venir, je suis fascinée par toutes les facettes de l’Égypte que j’ai déjà pu découvrir. C’est un pays tellement diversifié : si Alexandrie a son identité propre, le Caire, la Haute-Égypte et le désert sont eux aussi uniques en leur genre.

* La Haute-Égypte

Après nouvel an à l’égyptienne, nous avons vécu, avec les autres volontaires, le Noël orthodoxe dans un petit village de Haute-Égypte. C’est un frère lassallien du Caire qui nous a emmené dans sa famille. La Haute-Égypte c’est vraiment la campagne reculée du pays. Dans le village où nous étions il n’y avait rien à part les habitations et quelques très rares toutes petites échoppes où l’on vend des bouteilles d’eau, des biscuits et des paquets de chips. Il y a énormément de pauvreté et les habitants de cette région sont souvent victimes d’un certain mépris de la part du reste du pays. Les villes et villages de Haute-Égypte sont très souvent majoritairement chrétiens (parfois même exclusivement). On y trouve énormément d’églises, aussi grandes que dans les grandes villes, et la spécialité de la région est l’élevage du porc !! En Égypte en général la famille est sacrée mais en Haute-Égypte encore plus ! Les familles ne se séparent jamais, chacune à son immeuble et on y construit jamais de toit pour pouvoir bâtir un nouvel étage quand un fils se marie. Si on a plus de place, la famille construit un nouvel immeuble ! On ne quitte le cocon familial que pour rentrer dans les ordres et c’est alors un déchirement !

** Le désert et les bédouins

Plus tôt dans l’année, nous sommes allés à l’oasis de Fayoum. Nous avons visité Tunis un tout petit village au bord du lac de l’oasis. Depuis la venue d’une femme canadienne mariée à un homme originaire du village, Tunis est un village de potier. Cette dernière est tombée amoureuse de Tunis mais, attristée par la misère, elle a voulu re-dynamiser la petite ville en transmettant son savoir : la poterie. Elle a même créé une école de poterie encore active. Aujourd’hui, Tunis est très réputée et tous les habitants font de la poterie dès le plus jeune âge. C’est très agréable de se promener là-bas car il est frappant de sentir combien les habitants, en particulier les jeunes, sont épanouis par rapport aux grandes villes. Le soir, nous avons dormi dans un campement bédouin. Après un repas traditionnel (avec des viandes cuites sous le sable) et une soirée de danse et de chants traditionnels, les deux jeunes bédouins du camp nous ont proposé d’aller faire une balade dans le désert. Ils nous avaient promis quelques minutes mais nous sommes partis environ deux heures ! Ils nous ont amenés sur de hautes dunes et dans des souterrains sous le désert dont je ne connais toujours pas l’utilité. C’était amusant, mais le plus intéressant a été de pouvoir discuter avec eux de leur vie entre deux cultures : ils ne se considèrent pas égyptiens mais bien bédouins, pourtant, entourés de touristes, ils ne vivent plus la vie bédouine traditionnelle. Ils nous ont expliqués être fiers et tenir à leur héritage culturel mais se sentir souvent seuls et regretter de ne pas avoir d’amis comme les autres jeunes. Finalement, ce que j’apprécie le plus dans ma mission ce sont les liens que j’ai tissé et tout ce que je partage ici, en particulier avec les chrétiens d’Orient. Ma motivation pour partir au Moyen-Orient était cette soif de découvrir et de comprendre une nouvelle culture si différente et pourtant géographiquement plutôt proche de nous. L’Égypte est un pays peu occidentalisé, on y vit dans des conditions très différentes de chez nous. J’aime beaucoup cette culture de l’accueil, de la spontanéité, l’absence de prise de tête, la générosité, le sens de la famille, la foi… C’est un pays où je me sens bien ! Et j’admire la fidélité aux coutumes et aux mœurs, même si je suis aussi témoin de combien elles peuvent être sclérosantes sur de nombreux points.

En effet, il y a des choses qui me laissent perplexe et qui m’attristent. Par exemple, si en France on prie souvent pour l’unité des chrétiens, ce n’est pas vraiment à la mode ici et les relations catholiques/orthodoxes sont ambiguës. Les prêtres orthodoxes refusent la communion même aux religieuses et prêtres catholiques. Les sœurs m’expliquent que cette réticence augmente et elles se désolent de voir aujourd’hui les élèves orthodoxes qui refusent de communier à la messe de l’école. En Haute-Égypte, il y des villages où l’on refusent que viennent s’installer des non-orthodoxes : nous avons été accueillis dans un de ces villages par un prêtre, très gentil au début, qui a fini par critiquer avec énormément de mépris les catholiques pendant presque une heure sans chercher le moindre dialogue avec nous… Alors que si peu de choses nous séparent.

De plus, les règles sociales sont très fortes : les jeunes ici savent rarement faire la différence entre ce qui est culturellement/socialement interdit et ce qui est véritablement juridiquement condamné. Ce qui m’étonne c’est de voir combien les jeunes sont rebutés par certaines coutumes (comme les mariages arrangés par exemple), car ils savent très bien que l’on fonctionne autrement ailleurs, mais ne peuvent pas imaginer faire autrement chez eux. C’est un décalage énorme avec l’Occident de voir aujourd’hui des jeunes générations pour qui l’ordre socio-culturel est quelque chose d’immuable à presque tous les niveaux. Bien sûr, je savais que ce fonctionnement existait et je n’ai jamais pensé que se soit quelque choses de forcément négatif, au contraire d’ailleurs. Pourtant maintenant que j’en suis directement témoin, je suis souvent troublée par cette situation. Je ne me rendais pas compte que ce type de système très traditionnel limitait autant les questionnements personnels et la recherche de sens.

Ainsi, j’ai parlé plus haut de la liberté dans mes cours, mais la règle d’or qui fait obstacle à cela ce sont les « 3 sujets tabous en Égypte » que j’ai interdiction d’aborder avec les élèves : la religion, la sexualité et la politique. C’est souvent frustrant avec les filles les plus âgées mais j’aime aussi cet exercice de devoir m’adapter à la réalité de ce qu’on vit ici.

[LIBAN] Le témoignage de Mathilde :  » Mais au final, on partage exactement la même foi « 

Notre volontaire Mathilde, 23 ans, est en mission au Collège Sahel Alma à Jounieh au Liban où elle enseigne le dessin.


Voilà déjà plus de deux mois que je suis arrivée au Liban, je vais essayer, à travers les quelques lignes qui suivent, de partager avec vous mon quotidien dans ce pays merveilleux.

Je suis logée dans l’école Sahel Alma à Jounieh. C’est une grande école de 950 élèves de la maternelle à la terminale. Elle est dirigée par sœur Dalida de la communauté maronite des soeurs de la sainte Famille. Une femme exceptionnelle. 8 soeurs (Soeurs Dalida, Samia, Claudette, Viviane, Virginie, Agathe, Louis-Michel et Rose-Albert) habitent sur place, mais seulement deux travaillent dans l’école : la directrice et soeur Samia, l’infirmière. Je prends mes repas au dernier étage, là où elles habitent, mais je déjeune et je dîne rarement avec elles car mes horaires de cours ne correspondent pas du tout à leurs horaires. Les repas sont préparés par deux femmes qui s’occupent de la cuisine, du linge et du ménage à l’étage des religieuses. C’est 93 % du temps délicieux, j’ai eu quelques mauvaises surprises mais dans l’ensemble, je suis très chanceuse. Les soeurs sont vraiment adorables avec moi, très attentionnées et j’aime beaucoup les retrouver le soir dans le salon pour papoter avec elles. Je m’entends vraiment bien avec soeur Dalida qui est un peu mon repère ici, elle est vraiment très très drôle. J’aime aussi beaucoup soeur Lara qui habite à la maison mère mais que je vois souvent car elle s’entend très bien avec soeur Dalida, les deux ensemble c’est vraiment quelque chose à voir.

 

Mon rôle ici est de donner des cours « d’art » alors oui, je vous vois rire, moi qui suis incapable de dessiner quelque chose, mais depuis la crise économique, il n’y a plus de cours de dessin, chant ou encore théâtre alors ma mission est là : un cours non noté pour les élèves, qu’ils se divertissent et qu’ils apprennent le français en même temps. Je donne cours trois jours par semaine à des élèves allant du CP à la cinquième. Les débuts sont un peu difficiles, j’ai encore un peu de mal avec l’autorité et les façons de faire sont bien différentes de ce dont on a l’habitude en France. Au tout début, j’étais avec Maëlle, une volontaire de l’association Raoul Follereau avec qui je m’entendais vraiment bien, mais elle a été rapatriée il y a presque deux mois. Maintenant, je suis avec Ghinwa, la fille d’une des maîtresses qui m’aide en classe et qui est vraiment sympa et c’est un soulagement ! Je sens quand même que ça commence à aller mieux, je reçois beaucoup de câlins des plus jeunes, beaucoup de compliments et de mots d’amour qui sont mes petites fleurs au quotidien. J’essaye vraiment de leur faire travailler des choses intéressantes et pas seulement de dessiner, j’ai appris aux plus jeunes à faire leurs lacets, aux plus grands à réfléchir sur des sujets un peu plus sérieux comme l’utilisation des écrans qui est un vrai problème ici je trouve. En ce moment, je suis en plein dans la confection des décorations de Noël. Le mercredi, je suis au préscolaire (maternelle) et je passe dans toutes les classes pour aider pendant les activités manuelles. Les enfants sont vraiment mignons mais j’ai plus de mal à créer des liens avec eux puisqu’ils ne parlent pas du tout français. J’admire vraiment ces maîtresses et en particulier leur patience : entre les enfants qui viennent coller leurs mains pleines de peinture sur les murs, ceux qui mordent les autres, leurs journées sont pleines de rebondissements ! Le vendredi, c’est journée off mais j’en profite souvent pour donner un coup de main là où il y a besoin. Les week-ends, on se retrouve souvent entre volontaires dans la communauté de l’une ou de l’autre et c’est vraiment agréable d’être ensemble pour partager nos anecdotes et nos petits tracas.

 

J’adore ce pays, vraiment. Les paysages sont magnifiques, on peut être en pleine montagne et apercevoir la mer au loin. Je suis extrêmement bien placée, l’école est à 15 min à pied de l’autoroute qui longe toute la côte. Et n’importe où dans l’école, j’ai une vue incroyable. Les gens sont vraiment très accueillants et partagent beaucoup, en particulier la nourriture. C’est impossible de dire non, j’ai vraiment essayé mais je finis forcément par manger ce qu’on me propose…

 

Au tout début de la guerre, on a senti que les gens étaient très touchés par ce qu’il se passait, une grande tension aussi, une incertitude vis-à-vis de la situation, les gens vivent au jour le jour sachant très bien que ça peut éclater à tout moment. Mais par-dessus tout ça, on sent une certaine résignation, ils sont « habitués » à la guerre et ça me fait vraiment quelque chose quand les maîtresses me racontent leur jeunesse sous les bombardements. Je réalise à peine la chance qu’on a en France.

 

J’ai été assez perturbée au début par le rite maronite, c’était assez difficile pour moi d’assister à une messe dans une langue étrangère et dans un rite que je ne connaissais pas. Par chance, Cécile nous a transféré une traduction de la messe donc beaucoup plus agréable à suivre, il y a beaucoup de moments que je trouve très beaux, en particulier lors de la paix du Christ où le prêtre touche l’autel puis passe la paix à un enfant et ainsi de suite dans l’assemblée.

 

L’année liturgique est un peu différente de celle du rite latin avec par exemple 7 semaines pour le temps de l’avent et 50 jours de carême je crois (aïe, aïe aïe…) mais ça reste tout de même proche et justement, je suis vraiment heureuse de découvrir un autre rite avec des façons de faire différentes mais au final, on partage exactement la même foi.

 

Je vous embrasse tous et vous garde dans mes prières.

 

Mathilde

[LIBAN] Le témoignage de Cécile :  » Je me rends compte de l’importance de partir pour une mission longue « 

Le témoignage de Cécile, 23 ans, en mission dans le foyer des pères Antonins à Mrouj au Liban


Je vous écris quelques nouvelles de ma mission, je m’étais promis d’écrire régulièrement des nouvelles pour partager mon expérience, mais je peine à mettre des mots sur ce que je vis, car de l’extérieur, ce n’est rien de très spectaculaire, et pourtant… je vis des moments des plus heureux de ma vie !

Tout d’abord, je me rends compte de l’importance de partir pour une mission longue, et si j’ai tout de suite été bien accueillie, il m’a fallu des semaines pour apprivoiser complètement cette nouvelle vie, me sentir totalement à l’aise.

Mais surtout c’est par rapport aux enfants que je vois le bénéfice de rester plusieurs mois : j’apprends toujours à les découvrir un peu plus, il y a ceux qui ont tout de suite été très démonstratifs avec moi, et il y en a d’autres plus secrets, qu’il faut bien connaitre pour comprendre s’ils sont malades ou tristes… Je sais qu’en dehors du foyer, ils ont une vie que je ne connais pas, souvent compliquée affectivement et difficile à comprendre pour des enfants. Ils gardent leur jardin secret, et je me dis que c’est bien comme ça. Je ne veux pas ressentir de pitié pour eux et préfère les voir comme des petits cousins dont on m’aurait confié la charge de les faire grandir.

Je me sens proche d’eux, et je pense que ma mission est belle car je suis amenée à m’occuper d’eux dans l’intimité de leur quotidien :du lever au coucher, et je partage avec eux les évènements de la vie: Charbel a « pris » une bonne note en maths, Les élèves de Aintoura ont encore été punis à l’école, il faut donner du Panadol à Antonios qui est malade, Jason a de nouvelles chaussures, Antonios a perdu son flanelle et son boxer, Joud n’arrive pas à s’endormir, Mathieu n’arrive pas à se lever le matin…

Comme dit Abouna Roland « on les fait grandir, et on grandit avec eux » C’est vrai qu’ils m’apportent énormément de joie, et je suis moi-même contente de leur montrer quand j’ai fait un nouvel achat à Tripoli par exemple « Mabrouk Miss Cécile ! » Ils sont affectueux et très expansifs (compliments, calins). Ca booste toujours le moral !

Le soir, lorsque la pénombre envahit le dortoir et que nous terminons la prière, on chante « Heureux bien Heureux » chanson calme qui signifie pour eux « il ne faut plus parler» mais aussi « dormez bien paisiblement, Dieu vous garde ».

Je prends alors le temps de revoir ma journée rétrospectivement : quels étaient mes bonheurs de la journée ? Je repense en souriant à une anecdote ou tel enfant m’a fait rire, et je réfléchis aussi aux moments où j’ai été moins patiente… Parfois je repense à la vie qui continue en France, à toute vitesse, et ça me parait bien lointain.

Je pourrais faire l’éloge de la lenteur et du repos dont j’ai découverts les vertus durant ma mission… Lorsque je prends le bus, il est très commun que le conducteur s’achète un café ou passe prendre de l’essence ! Pas un passager à bord ne semble agacé ou pressé, et lorsqu’il demande si quelqu’un a besoin de quelque chose au supermarché, c’est normal.

Ici, on a le temps. J’aime ces matinées libres ou je sors me promener, je sens l’air pur, emprunt parfois d’une odeur de pluie ou de fumée de bois ! Quel bonheur de côtoyer pendant 6 mois une vie de petit village: entrer dans le bus et serrer la main au conducteur, passer devant les commerçants et leur faire un signe, être reconnue dans la rue !

Ici on vit pour sa famille, on aide ses voisins et on connaît tout le monde! Quand on rencontre quelqu’un on lui demande « tu viens de quelle famille/ de quelle montagne ? »

Je découvre une culture joyeuse, dont la générosité est démesurée et l’ordre approximatif….  Tout le monde est spontané et affectueux. « Les libanais sont comme ca » me disait une maitresse en rigolant ! En un mot, ce sont des bons vivants !

Ils sont fiers de qui ils sont, et aiment leur pays! Lors de la fête de l’indépendance le 22 novembre: les enfants préparent des chants et petites scènes, ils connaissent tous l’hymne et sont déguisés en soldats… C’est beau à voir, quand on sait les difficultés que traverse le Liban

 

J’ai assisté à la journée des pauvres le 19 Novembre et j’ai été touchée par le discours du patriarche dont je vous glisse quelques lignes « Ce cri c’est celui des oubliés, des laissés pour compte, des invisibles, ceux que l’on ne veut pas voir et qui pourtant, au Liban, sont de plus en plus nombreux. » « C’est le cri des nouveaux pauvres, des déclassés contraints de multiplier les petits boulots pour survivre. C’est le cri des retraités des sans-salaires, des enfants privés d’école et d’instruction.»

L’Oeuvre d’Orient a appelé tous ces organismes (engagés socialement) à se lever pour dénoncer cette situation préoccupante d’un pays livré à lui-même, dont les conditions se détériorent de mois en mois. J’admire beaucoup les communautés religieuses qui se substituent aux services publiques et se démènent pour maintenir leur aide malgré le manque de moyens.

Je connais maintenant à peu près l’heure de départ, je sais que le temps file de manière affolante, et je m’en attriste. J’ai trouvé ici ce que je recherchais, un environnement différent, du temps pour apprendre à me reposer, à être plus simple et spontanée, à mesurer ma chance en France. Comme on dit aux enfants « il faut toujours être reconnaissant » et je le suis vraiment !

J’ai créé de vrais liens au foyer, j’apprécie le fait d’être la seule volontaire immergée dans une communauté. En côtoyant tous les jours 2 prêtres, j’ai pu remettre en cause l’imaginaire que je m’étais construit autour des religieux. Ils ne sont pas déconnectés de la réalité ou dogmatiques idéalistes, mais bien au contraire complètement ancrés dans le monde, et empathiques. J’admire leur dévouement pour les familles gravitant autour du foyer.

Ma mission ne serait pas non plus la même sans les moniteurs du foyer, avec qui je prends des longs cafés le matin, ou des diners supplémentaires quand les enfants dorment ! Leur amitié m’est précieuse, ensemble, on se raconte les perles de la journée, on rit ou on s’assoit juste devant la télé…

Je sais que ça va être très dur de partir parce que lorsqu’on se sent aussi bien dans un endroit, on a tendance à oublier qu’on est que de passage… Pour l’instant j’essaye de vivre à fond le moment présent (j’aurais pu être rapatriée en octobre comme d’autres français !) et plus tard, le moment venu, je m’attèlerai à retrouver ma vie en France avec sérénité.

Je vous souhaite un Joyeux Noel,

Cécile

🔴CP –  L’Œuvre d’Orient demande un cessez-le-feu à Gaza

Après avoir condamné sans réserve l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre contre des citoyens israéliens et la prise d’otages qui s’en est suivie, L’Œuvre d’Orient demande :

— Un cessez-le-feu dans la bande de Gaza

— L’arrêt des violences en Cisjordanie

L’Œuvre d’Orient demande aux autorités israéliennes :

— de définir le but politique de leur intervention,

— de se préoccuper prioritairement de la libération des otages,

— de renoncer à l’inondation des tunnels qui entraînera des conséquences humaines et environnementales incalculables,

— de veiller à la préservation des lieux de culte des chrétiens qui ne peuvent servir de cible, comme l’a été le couvent des missionnaires de la Charité de Mère Teresa par des tirs de roquettes et de char,

— d’assurer ses responsabilités vis-à-vis des populations de Gaza au regard du droit international humanitaire et notamment d’enlever toute entrave à l’acheminement des convois humanitaires dont la population civile et les blessés ont besoin,

— de laisser pénétrer dans Gaza des journalistes et observateurs indépendants.

L’Œuvre d’Orient demande aux autorités françaises :

— d’obtenir les informations voulues autour du décès d’un collaborateur du consulat français et des deux chrétiennes tuées par des snipers israéliens alors qu’elles se rendaient à pied à l’église catholique de la Sainte Famille à Gaza, tirs qui ont aussi fait 7 blessés.

L’Œuvre d’Orient demande à la communauté internationale de prendre ses responsabilités et de permettre la mise en place d’un projet crédible pour les Palestiniens.

 

© Latin Patriarche of Jerusalem

🔴Deux chrétiennes tuées à Gaza

La paroisse catholique de la Sainte-Famille à Gaza a été attaquée par l’armée israélienne, samedi 16 décembre. Deux femmes, chrétiennes, mère et fille, qui avaient trouvé refuge dans l’église ont été tuées.


 » Vers midi aujourd’hui, 16 décembre 2023, un tireur d’élite de Tsahal a assassiné deux femmes chrétiennes à l’intérieur de la paroisse de la Sainte Famille à Gaza, où la majorité des familles chrétiennes s’est réfugiée depuis le début de la guerre. Nagida et sa fille ont été abattues alors qu’elles se rendaient au couvent des sœurs.  L’une d’entre elles a été tuée alors qu’elle tentait de porter l’autre en lieu sûr. Sept autres personnes ont été blessées par balle alors qu’elles tentaient de protéger d’autres personnes à l’intérieur du couvent. Aucun avertissement n’a été donné, aucune notification n’a été faite. Elles ont été abattues de sang-froid dans les locaux de la paroisse, où il n’y a pas de belligérants.
Plus tôt dans la matinée, une roquette tirée par un char de Tsahal a visé le couvent des Sœurs de Mère Thérésa (Missionnaires de la Charité). Le couvent abrite plus de 54 personnes handicapées et fait partie de l’enceinte de l’église, signalée comme lieu de culte depuis le début de la guerre. Le générateur du bâtiment (la seule source d’électricité) et les ressources en carburant ont été détruits. La maison a été endommagée par l’explosion et l’incendie massif qui en ont résulté. Deux autres roquettes, tirées par un char de Tsahal, ont visé le même couvent et rendu la maison inhabitable. Les 54 personnes handicapées sont actuellement déplacées et n’ont pas accès aux respirateurs dont certaines d’entre elles ont besoin pour survivre.
En outre, suite aux bombardements intensifs dans la région, trois personnes ont été blessées dans l’enceinte de l’église la nuit dernière. Des panneaux solaires et des réservoirs d’eau, indispensables à la survie de la communauté, ont été détruits.
Ensemble dans la prière avec toute la communauté chrétienne, nous exprimons notre proximité et nos condoléances aux familles touchées par cette tragédie insensée. »

Cardinal Pizzaballa, Patriarche Latin de Jérusalem

 

© Vatican News

🔴 CP : Haut-Karabagh : un patrimoine arménien en péril

CP : Haut-Karabagh : un patrimoine arménien en péril

Exposition photographique 📸

 

Du 14 décembre au 15 janvier 2024, Place de la Bastille, la Mairie de Paris et L’Œuvre d’Orient présentent une exposition inédite, au cœur de l’actualité. 30 photos exceptionnelles sur les trésors arméniens en péril du Haut-Karabagh.

 

Descriptif 

Le Haut-Karabagh, Artsakh en arménien, est historiquement une région de la Grande Arménie, premier royaume chrétien. Son patrimoine, témoignage inestimable de la brillante civilisation arménienne, est grandement menacé depuis l’invasion de l’Azerbaïdjan et la fuite des 120 000 habitants de la région vers l’Arménie. C’est un tournant historique : pour la 1ère fois depuis 3000 ans, il n’y a plus de présence arménienne dans le Haut-Karabagh.

 

Lors de la guerre des 44 jours en 2020, la cathédrale de Chouchi, capitale historique du Haut-Karabagh, avait été bombardée par les troupes azerbaïdjanaises.

 

L’exposition présente des monuments dispersés à travers un paysage montagneux saisissant : plus de 1 000 édifices, églises, couvents et khatchkars illustrent le patrimoine cultuel et culturel du peuple arménien depuis presque deux millénaires. À travers cette exposition, L’Œuvre d’Orient veut faire connaître le patrimoine arménien du Haut-Karabagh et rendre hommage à l’Artsakh et son peuple, présence bien vivante, aujourd’hui en exil.