[CULTURE] Madaba, tout y exprime le christianisme

Se rendre à Madaba, déjà présente dans les premiers livres de la Bible, c’est revenir aux sources de notre histoire religieuse plurimillénaire. Ce haut-lieu de la Terre sainte est notamment connu pour sa carte mosaïque du VIe siècle.


Un peu d’histoire

En 395, l’empereur Théodose divisa la Palestine en trois provinces : Palestine I, Palestine II et Palestine III (ou Province d’Arabie). La Palestine III comprenait le Naqab, une partie du Sinaï, l’Araba et la partie sud de la province d’Arabie jusqu’à Mojeb. Les villes les plus importantes de la province étaient Macawer, Madaba, Husban, Amman, Jerash et Basra. La domination romaine s’étendit et la partie orientale de l’empire fut appelée byzantine d’après Byzantium (Constantinople) qui devint la nouvelle capitale en 330. Madaba est restée dans la province d’Arabie, même pendant la domination arabe puisque cette division a duré jusqu’au Xe siècle.

L’histoire mentionne six des évêques arabes, dont l’évêque de Madaba, ayant assisté au Concile œcuménique tenu en 325 à Nicée, en Asie Mineure.

 

Madaba dans la Bible

Au XIIe siècle avant J.-C., après avoir quitté l’Égypte et séjourné quarante ans dans le Sinaï, les Hébreux se sont dirigés vers le sud de la Jordanie et ont envoyé des messagers à Sihon, roi des Amorites de Moab, pour lui dire : « Laisse-moi traverser ton pays. Nous ne passerons pas dans les champs ni dans les vignes. Nous ne boirons pas l’eau des puits. Nous irons par la route royale jusqu’à la frontière » (Nombres 21:21-2). Sihon refusa de les laisser passer sur son territoire, il rassembla son peuple et alla les combattre. Israël le tua par l’épée : « Nous les avons percées de flèches ; de Heshbon jusqu’à Divon, tout a péri ; nous avons ravagé jusqu’à Nopha tout ce qui s’étend jusqu’à Madaba » (Nombres 21 :30). C’est la première mention de Madaba dans la Bible, un mot araméen qui signifie « eaux calmes » ou « eaux fruitées ».

Le Livre de Josué mentionne que Madaba et ses environs ont été attribués à Ruben : « Leur territoire s’étendait depuis Aroer, qui est sur la rive de l’Arnon (Al Mojeb), et la ville qui est au milieu du ravin, et toute la plaine près de Madaba… Tel fut l’héritage des fils de Ruben, selon leurs familles, leurs villes et leurs villages » (Josué 13, 16-23).

 

L’amour de Madaba pour Jésus : la carte mosaïque

La carte en mosaïque de Madaba, dans l’église orthodoxe, est la plus ancienne carte illustrée de Palestine, de Jordanie et d’Égypte mentionnant les noms des villes et des rivières historiques. Les chercheurs pensent qu’elle a été réalisée dans la seconde moitié du VIe siècle en raison de la forte ressemblance avec celle de l’église des Apôtres réalisée par l’artiste Sulaiman. En outre, elle mentionne la nouvelle église de la Vierge Marie à Jérusalem, inaugurée par Justinien en 543. Cette église est le dernier bâtiment figurant sur la carte, ce qui implique que celle-ci a été réalisée vers 565.

Les images semblent toutefois avoir été modifiées. Les vandales ont détruit l’image des quatre marins et des passagers dans la mer Morte, ainsi que le lion chassant le cerf dans le désert de Moab. Cette destruction a eu lieu sous le règne du calife omeyyade Omar ben Abdulaziz (717-20), ce qui signifie que l’église était utilisée pour les prières des croyants chrétiens avant la destruction. La carte a été découverte par hasard lorsque la construction de l’actuelle église orthodoxe a été lancée. Malheureusement, de précieuses mosaïques ont été détruites et ne peuvent être remplacées.

La carte montre la Palestine, la Jordanie et une partie des pays voisins, c’est-à-dire l’Égypte et le sud de la Syrie. Il s’agit de la carte sacrée de la Jordanie, réalisée selon la Bible et la Torah. Elle mentionne les fils de Jacob et fait de Jérusalem son centre. Elle nomme de nombreux lieux bibliques, notamment ceux du Livre de Jean et donne des informations sur l’époque byzantine.

La topographie des montagnes, des mers et des rivières,  les images d’hommes, de bateaux, d’animaux, de poissons et de plantes représentées lui donnent un aspect vivant. L’artiste souligne les principales caractéristiques des villes. Par exemple, à Jérusalem, en plus de l’église de la Résurrection, il inclut la porte de Jérusalem et les deux routes principales. À Lod, il montre la cour ovale, tandis qu’à Karak, il dessine le haut rocher ainsi que de nombreuses églises. À Alzara, il dessine les marécages et les barrages et sur le Jourdain, il montre deux gués.

 

La situation actuelle de Madaba

Le gouvernorat de Madaba compte 200 000 habitants. Depuis la crise syrienne, environ 30 000 Syriens s’y sont réfugiés. Même si le nombre de chrétiens reste important, il a diminué en raison de l’émigration de familles vers Amman ou d’autres villes pour trouver du travail et une vie meilleure.

À Madaba, il existe une mosaïque de sites chrétiens remarquables : l’église de la décapitation de Saint-Jean-le-Baptiste, affiliée au patriarcat latin de Jérusalem, construite il y a plus de 100 ans et l’une des plus anciennes paroisses de Jordanie, l’église melkite catholique et bien sûr l’église orthodoxe, des églises archéologiques, le Mont Nebo (dans le gouvernorat)… qui en font l’une des premières destinations du pays ; la Ligue arabe l’a d’ailleurs élue « ville arabe du tourisme 2022 ».

Le tourisme religieux est un vecteur important de notre développement économique. Nous regardons vers l’avenir de Madaba comme nous regardons vers l’avenir de la Jordanie, avec confiance.

 


Père Rifat Bader, Ph. D. Directeur du Centre catholique pour les études et les média de Jordanie

La source principale de cet article, en particulier les informations historiques et archéologiques, est le livre de Mgr Salim Sayegh, évêque émérite des Latins en Jordanie : The Christian Antiquities in Jordan (1995).

Article extrait du Bulletin n°810.

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[ÉGYPTE] Le témoignage de Mathilde :  » J’ai eu aussi la chance de vivre le Noël copte « 

Découvrez le témoignage de notre volontaire Mathilde, en mission à l’école Sainte-Anne au Caire.


En ce moment tout va bien ! Je dois être dans la phase « d’acculturation » de la courbe car je me sens de mieux en mieux dans ma mission, dans mes relations, dans le pays, je suis bien installée dans mon rythme et je suis très heureuse d’être où je suis.

Noël au Caire

J’appréhendais un peu ce premier Noël hors de ma famille et de mon pays, dans un pays musulman où il n’est pas fêté par la plupart des gens, mais en fin de compte j’étais très heureuse de vivre cette expérience assez unique. Pour l’occasion, les 25 sœurs de ma communauté vivant en Égypte sont venues au Caire, ce qui m’a permis d’en rencontrer de nouvelles et a immédiatement installé une ambiance festive dans la maison. Après une messe et un petit réveillon la veille avec les sœurs, je suis allée chez les Dominicains le 25 pour la messe suivie d’un apéro à la française (avec du foie gras et du rosé!), où on s’est offert nos cadeaux avec les volontaires (et j’ai eu un tabla, un petit tambour très répandu ici), puis j’ai rejoint les sœurs pour le grand repas de Noël et l’après-midi « animation » (soit des activités préparées par chaque communauté qui offrent ensuite un cadeau « utile » -mixeur, dessus de lit, plat…- aux autres, entrecoupées de blind test de Noël, de sœur déguisée en père Noël qui distribue les cadeaux et autres petits jeux. Le soir, j’ai invité une amie volontaire à dormir chez moi, discuter, regarder un film, un bon programme pour clore cette journée de fête.

Noël en Haute-Egypte

J’ai eu la chance de vivre aussi le Noël copte les 6,7 et 8 janvier, en accompagnant un moine en Haute-Égypte avec les autres volontaires.

C’était une occasion incroyable de découvrir ces régions si différentes du Caire (très rurales, avec des ânes et des buffles à la place des voitures, dans des rues de terre toutes cabossées, avec des plantations et des palmiers tout autour du village). On a découvert une population aussi très différente (hommes et femmes en tenue traditionnelle –galabieh-, tous sur le pas de leur porte à se dire bonjour) « de l’intérieur » (puisqu’on était hébergés dans la famille du frère, qui nous traitait comme des rois, et on s’est fait inviter plusieurs fois par d’autres membres de la famille ou du village à manger, prendre un thé…). Tout ça dans une ambiance de Noël car nous étions dans un des villages les plus chrétiens d’Égypte, avec beaucoup d’églises dans lesquelles on est passé le soir de Noël, remplies de gens, d’encens, de tableaux, de bruit et de chants. On était à chaque fois présentés aux prêtres au milieu de la messe, qui faisaient des photos avec nous, nous installaient des chaises tout devant et l’un d’entre eux nous a même donné le micro pour dire un mot. Bref, on a passé trois jours à manger (à chaque invitation on nous servait un repas gargantuesque qu’il fallait finir si on ne voulait pas manquer de respect à nos hôtes), à se faire prendre en photo par au moins tout le village, et à s’extasier en bons touristes devant les plantations de canne à sucre et les enfants sur des ânons à tous les coins de rue.

Pour ce qui est de l’école, tout va bien. Les cours se sont arrêtés il y a deux semaines car les élèves sont en examen donc je m’occupe de la surveillance et de correction toute la journée.

Sinon, je continue les cours d’arabe, et je m’entends très bien avec ma professeure (elle m’a emmené chez le coiffeur, à la fête de Noël du centre dans lequel elle apprend l’anglais et dans un souk d’habits). Et je continue, mais à un rythme beaucoup plus tranquille, mes visites : on a enfin fait les pyramides, on a testé l’opéra égyptien, fait du cheval dans le désert au sud du Caire, goûté des restaus égyptiens et libanais (c’est si bon)!

Séisme en Turquie et en Syrie : le bilan s’alourdit

À la suite du séisme de magnitude 7,8 qui a frappé la Turquie et le nord de la Syrie ce lundi 6 février, le bilan s’alourdit au fil des jours. L’Œuvre d’Orient, au chevet des populations, constate des dégâts très importants notamment en Syrie, pays déjà fragilisé par les années de guerre, de crise économique et de sanctions internationales.

À l’heure actuelle, la Turquie et la Syrie dénombrent plus de 17 500 morts, et le bilan des jours à venir va sans doute s’alourdir. À chaque heure qui passe, les chances de retrouver des survivants sous les décombres s’amenuisent. Le corps du père Imad Daher, prêtre grec catholique melkite d’Alep, a été retrouvé sans vie sous les décombres d’un immeuble. En Turquie, la cathédrale du vicariat apostolique d’Anatolie à Iskenderun s’est effondrée.

Dans les zones touchées, les communautés chrétiennes ont ouvert leurs couvents, locaux paroissiaux et églises encore intacts pour accueillir les familles sans abri.

Vincent Gelot, directeur de L’Œuvre d’Orient Liban, s’est rendu en urgence à Alep, ville la plus touchée de Syrie. Il est arrivé ce mardi 7 février au matin, dans un semi-remorque transportant 5216 couvertures à destination des populations. La plupart des habitants d’Alep sont contraints de vivre dans leur voiture alors que le froid hivernal sévit sur la ville. Les logements encore intacts ont été fragilisés et de nombreux effondrements sont encore constatés.

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Tremblement de terre en Turquie, Syrie, Liban : avec la population, les communautés chrétiennes impactées.

Ce lundi 6 février 2023 au matin, L’Œuvre d’Orient constate les nombreux dégâts occasionnés par le tremblement de terre de magnitude 7,8 pendant la nuit.

Vincent Gelot, directeur de L’Œuvre d’Orient Liban, résidant avec sa famille à Beyrouth témoigne : « Nous sommes sortis en pleine nuit avec les enfants tant les murs de l’immeuble tremblaient. Les meubles et les lits étaient en train de danser. Toute la ville était dans la rue. La population sur l’ensemble du territoire  a ressenti le tremblement de terre ». Les 26 volontaires de L’Œuvre d’Orient en mission au Liban et les communautés qui les accueillent vont bien.

En Turquie et au nord de la Syrie, les dégâts sont très importants. On dénombre plus de 33 000 morts au global , et 3 500 en Syrie. A Alep, les immeubles entiers sont effondrés, des murs sont lézardés. Dans le quartier chrétien d’Aziziyé, Nous avons appris avec avec une grande tristesse le décès du père Imad Daher. Il était logé dans l’immeuble du patriarcat grec melkite qui s’est effondré. Nous le confions à vos prières.

Partout, une aide humanitaire de première urgence s’organise pour déblayer, soigner et retrouver les disparus.

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[EGYPTE] Le témoignage de Paul :  » Je me suis vite rendu compte que mes élèves, filles comme garçons, ont une curiosité débordante « 

Découvrez le témoignage de notre volontaire Paul qui est en mission à Alexandrie au sein de l’école Saint Vincent Miami !

L’enseignement

Ça y est ! Cela fait maintenant un semestre que j’enseigne en Egypte ! Quelle expérience déjà ! Je me sens pleinement dans la peau d’un enseignant maintenant.
Je suis arrivé une semaine avant la rentrée et j’ai pu prendre quelques repères avec l’administration et mes futurs collègues pendant de longues réunions en arabe. J’ai appris que j’aurai des classes de 5e et 6e primaire, soit des CM2/6e et deux classes de maternelle grande section. Heureusement, je les aurai en demi-classe la plupart du temps. Je serai aussi assistant en classe entière au côté d’une professeur. Les professeurs en général sont ravis et très curieux d’avoir un français parmis eux. Tous m’ont souhaité la bienvenue et ont mesuré leur français au mien. Puis, autour d’un thé, nous avons fait connaissance. Après m’être présenté à la directrice de l’école et à la responsable de langue française, j’ai pu récupérer des supports de cours pour mes classes de maternelles. Ces premiers échanges m’ont rassurés pour la suite car l’hiérarchie de l’école me fut bien expliquée, je découvris que la plupart des professeurs maîtrisaient le français même si je fus surpris d’apprendre que l’école était mixte.

Le cadre scolaire

Les élèves égyptiens apprennent dans un environnement très réglé à St Vincent Miami. Le matin, à 7h45, après l’arrivée des bus scolaires, les élèves sont rassemblés dans la cour en rang serré et participent à quelques exercices de décrassage. Ensuite, quelques-uns d’entre eux présentent un petit exposé en langue arabe, anglaise ou française, sur un sujet vu en cours ; puis la cour entière entonne l’hymne égyptien à plein poumons. C’est un spectacle assez impressionnant que de voir quelque quatre cents élèves, de 5 à 13 ans, en uniforme de l’école, chanter solennellement l’hymne national. Il termine par trois « Vive la république arabe d’Egypte » en français. Aucune pitrerie n’est tolérée pendant ce rassemblement et les rares élèves indisciplinés ou en retard se retrouvent mis à l’écart devant toute l’école pour un tête-à-tête musclé avec les responsables de niveau, sorte de professeur principal de chaque niveau scolaire.
Puis, ils montent en classe accompagnés de leur professeur à la file indienne. Ils ont des cours de quarante minutes de 8h à 14h30 avec une courte pause pour déjeuner ou grignoter, du lundi au jeudi et le samedi.

 

Ma mission d’enseignement

Mes cours sont assez libres côté thématique. On ne m’a rien imposé, simplement de travailler l’oral et la lecture, choses qu’ils n’ont pas le temps de développer en cours classiques, dans des classes de cinquante. Je vois chacune de mes demi-classes une fois par semaine seulement, donc il me faut être efficace.

Les 5e-6e primaires
J’ai donc commencé mes premières leçons à jauger leur niveau avec des petits exercices de présentation individuelle. Je me suis vite rendu compte que mes élèves, filles comme
garçons, ont une curiosité débordante lors du question/réponse suite à ma présentation. Des questions classiques comme : d’où venez-vous, quel âge avez-vous, comment est composée votre famille ; puis des questions plus intrusives voire impertinentes : êtes-vous mariés, avez-vous l’intention d’épouser une égyptienne, quelle est votre classe préférée, etc.
J’ai dû m’imposer vite pour que celà ne dégénère pas trop. Pour les cours suivants, je me suis mis à alterner entre l’explication et l’apprentissage de chansons françaises et la lecture et le déchiffrage de petits livres français aussi.
Ça n’a pas été très difficile de susciter leur intérêt. Tout ce qui touche à la France (et donc de moi) les intéresse. Ce qui a été plus dur à mettre en place, c’est un esprit calme de travail.
J’ai été un peu choqué des différences de moeurs des écoliers égyptiens avec les écoliers français. Lever la main pour parler, rester tout bêtement assis l’intégralité d’un cours n’est
pas évident pour de nombreux de mes élèves. Il m’a fallu user de patience, de pédagogie et de répétition pour remédier à ça. Lors du début du cours, ils sont censés attendre debout et
faire silence, attendant mon approbation pour s’asseoir. Je n’ai pas non plus hésité à sanctionner les récalcitrants à l’aide de punitions écrites. Et donc, j’ai dû m’organiser encore
un peu plus pour suivre quel élève de quelle classe me doit un travail.
Ce n’est pas toujours de la joie, mais souvent une grâce de pouvoir transmettre à mon modeste niveau le goût de la langue française et de pouvoir satisfaire la curiosité de mes
élèves. Il me semble que simplement ma présence, en tant que jeune homme français, plutôt approchable par rapport à leurs autres professeurs, rend la langue française
beaucoup plus concrète. Je remarque que certains élèves se donnent plus en cours de français avec leur professeur attitré qu’au début de l’année.

Les maternelles grande sections
Dans mes quelques cours de maternelle, je m’appuie sur quelques supports comme un enregistrement ou une image sur des thématiques simples comme les vêtements ou les
pièces d’une maison. Ce sont de loin mes cours préférés. Les élèves sont fascinés d’avoir un français avec eux et sont suspendus à chaque mot de ma bouche. Bien qu’ils ne comprennent pas tout, ils s’appliquent à retenir et à restituer les mots-clefs de chaque chapitre. Lorsque je demande leur participation, j’ai une forêt de bras qui se lève pour pouvoir soit écrire le mot demandé, soit dessiner l’image voulu. De plus, à ces âges-là, je n’ai pas beaucoup de problèmes de discipline.

Périscolaire
Habitant sur mon lieu de travail, je côtoie souvent mes élèves. Dans la cour de récréation, une petite troupe se forme à chacun de mes déplacements pour me parler de la France, de football et pour tester mon niveau d’arabe. Cela me permet de nouer des liens en dehors et la classe avec mes jeunes. Le vendredi, de nombreux garçons viennent jouer au football et je me mêle à leur partie également.
Le dimanche, j’en croise aussi qui vont à la messe avec leur famille. Souvent, je me fais la remarque qu’ils sont bien plus sages à l’église qu’en classe… Maintenant quand je sors dans la rue, il y a toujours un parent ou des élèves pour me saluer et me tenir la conversation. Je suis devenu une petite célébrité dans mon quartier au point où je me fais souvent attraper par des câlins-surprises de mes maternelles, qui courent silencieusement derrière moi et m’agrippent les jambes, au grand étonnement de leurs parents et moi-même.

[ÉGYPTE] Le témoignage de Thérèse :  » La communauté dans laquelle je suis est un bel exemple de simplicité et de joie ! « 

Découvrez le témoignage de notre volontaire Thérèse qui est en mission à l’École St Joseph de l’Apparition à Abbasseya au Caire.


La moitié de mon temps de mission au Caire est écoulé, vient désormais le temps de faire un bilan.

  • MES MISSIONS

Ma mission principale au sein de l’école St Joseph de l’Apparition à Abbasseya, se passe toujours aussi bien. Le premier semestre a été clôturé la première semaine de janvier, juste avant de commencer le mois d’examen des élèves. Les cours se sont jusque-là bien déroulés. J’avais pris le temps au début de ma mission d’établir un programme pour tout le semestre sur différents thèmes et différents points de français à aborder, cela m’a permis de garder une ligne de mire tout en m’adaptant au cours de mes leçons aux différents niveaux que j’avais. Avant et après chaque cours, j’ai pris soin de noter ce que j’avais prévu de faire pendant le cour, ce que j’ai pu faire et comment était l’ambiance générale de la classe. Il y a des classes très nombreuses et bruyantes où les cours avancent lentement, alors je m’adapte en trouvant des activités plus adaptées.

La préparation de mes cours ne m’a jamais pris beaucoup de temps, car après chaque cours, je remarque souvent quelques points à améliorer, quelques points sur lesquels travailler, notamment dans les grandes classes. Tandis que pour mes classes de primaire, je rejoins le programme des professeurs afin de renforcer ce qu’elles sont en train d’apprendre. La préparation des cours me demande surtout de l’imagination car leur faire travailler l’oral lorsqu’elles sont 40, ce n’est pas évident.

Malgré le fait d’avoir plus de 500 élèves dans cette école chaque semaine, des liens se tissent, notamment durant les récréations. Je trouve ça génial, car nos discussions me permettent aussi de découvrir un regard intérieur sur l’Égypte, leur culture, les religions. J’aurai beaucoup aimé donner des cours particuliers aux élèves qui préparent le DELF, mais ici les cours particuliers sont réservés aux profs.

Depuis le début de la période d’examens des élèves, j’ai fais quelques surveillance mais je corrige surtout les copies avec un groupe de professeurs de Français. C’est une activité que j’apprécie car elle me permet aussi de me rendre compte du niveau des élèves à l’écrit.

En complément de cette première mission principale, je vais trois après-midi par semaine à Mansheya, dans un des quartiers des chiffonniers du Caire, aider les Sœurs Missionnaires de la Charité à donner des cours de soutien d’anglais auprès des enfants de 15h à 17h. C’est une mission que j’apprécie particulièrement car je suis livrée complètement à moi-même, les enfants ne parlent qu’arabe, dans le quartier c’est pareil. Cette mission a été un vrai tremplin dans mon apprentissage de l’arabe ! D’autre part, les élèves que j’aide ne sont qu’une dizaine à chaque cours, je les connais donc assez vite, ils sont si attachants !! J’aide une des sœurs avec les 6ème primaire et les 1ère primaires. J’ai vite remarqué des enfants bien en difficulté avec l’anglais, ne sachant pas lire les mots. J’ai donc pris le temps avec certains enfants pour leur apprendre l’alphabet puis pour leur apprendre à lire. C’est tellement gratifiant de voir l’élève progresser à vu d’œil ! C’est une des choses que j’apprécie le plus dans cette mission qui favorise le cas par cas.

Durant cette période d’examens, les élèves ne vont pas chez les sœurs, les cours reprendront après les vacances scolaires qui commencent dans une semaine.

Enfin, le scoutisme occupe une place importante dans ma vie cairote. Chaque mois, nous organisons un week-end guide dans le Wadi Degla, une vallée désertique proche du Caire. Le scoutisme ici est une aventure bien différente de la France où j’ai eu l’occasion de servir. Je suis cheftaine de Compagnie de 15 guides, francophones, pour la plus grande partie Françaises expatriées. C’est un service que j’ai accepté de rendre avec une autre française du DEAC (Institut Français) que je ne connaissais pas avant. Je reconnais que ça m’a un peu coûté, de dire oui, car je me suis engagée plusieurs fois en tant que cheftaine, dans des villes différentes, et que recommencer de zéro à chaque fois n’est pas chose facile. Cependant mon année avait pour but de servir là ou il y avait besoin. C’est une mission qui rejoint un peu ma mission d’enseignement mais sous un aspect différent. Je ne regrette pas mon choix. Ça m’apprend à m’adapter aux circonstances, au terrain, aux guides et à faire de mon mieux pour les faire grandir. Nous préparons en plus, un camp de 15 jours en France en juillet, car les filles rentreront passer leurs vacances en France.

  • COMMUNAUTÉ- FOI- DÉCOUVERTE- AMITIÉ

La vie au couvent des Sœurs Égyptiennes du Sacré Cœur est toujours aussi chouette ! Depuis le début de ma mission, je prends mes repas avec elles et je vais à la messe tous les matins à 7h. Elles sont d’une simplicité et d’une joie qui me touchent quotidiennement. Le fait d’être de plus en plus à l’aise en arabe me permet aussi de communiquer davantage avec elles. Je suis restée vivre Noël avec elles. La communauté ayant perdu une de ses sœurs il y a deux mois, la Nativité fut d’une grande simplicité avec uniquement la messe de minuit. Je les accompagne aussi souvent lors des messes pour les grandes occasions comme la Naissance de Jésus ou les enterrements.

Dans mes attentes de cette mission, j’avais énoncé dès le début, que le but de cette année était de l’offrir à Dieu, qu’Il m’envoie où il a besoin de moi, et ainsi que j’apprenne à être son instrument là ou il veut que je sois : apprendre à s’abandonner et à faire confiance. La présence d’une chapelle dans le couvent est une grande grâce ! J’y passe un long moment chaque jour, confiant ma mission, la communauté, les gens que je rentre et confiant aussi mes difficultés. Une chose est sûr, cette mission porte de beaux fruits dans ma foi !! Ayant le temps cette année, j’ai aussi commencé à lire la Bible, tout en lisant des livres en parallèle pour mieux en comprendre le sens.

Ma vie de foi est aussi alimentée par l’aumônerie tenue par les Dominicains le mercredi soir. C’est en autre l’occasion de rencontrer d’autres français au Caire, étudiants, en césure ou en stage. Les amitiés hors volontaires, sont aussi d’une grande richesse car elles portent un autre regard sur la vie ici, elles nous permettent de prendre du recul et parfois aussi de rechoisir véritablement pourquoi on est là et quel en était le but initial. J’ai la chance de m’être fait de bons amis rapidement, que ce soit avec les autres volontaires ou non. Nos jours de pause et nos vacances nous permettent de renforcer ces amitiés et ces temps de partage à travers la découverte culturelle du pays.

 

  • BILAN

In fine, je n’aurai pu rêver mieux comme mission. L’Égypte est un pays fascinant avec une culture riche et dépaysante ! J’apprends chaque jour un peu plus sur son peuple, ses coutumes et traditions, sa langue et ses spécialités au travers des rencontres, des livres, des visites et des échanges. La communauté dans laquelle je suis est un bel exemple de simplicité et de joie ! Les sœurs passent leur temps à rire ! L’enseignement me tient toujours autant à cœur, et participer à mon échelle, à faire grandir tous ces enfants dans leur apprentissage scolaire et humain me fait aussi grandir.

Je ne vous ai pas beaucoup parlé des difficultés rencontrées, car en réalité il y en a peu. Les contraintes liées à la vie en communauté peuvent être parfois un peu lourdes mais cela rentre dans le cadre de la mission acceptée dès le début. La barrière de la langue a été difficile à passer au début et encore aujourd’hui, la communication n’est pas si simple avec les égyptiens.

CP : L’Œuvre d’Orient ouvre un bureau à Bruxelles

Communiqué de Presse


Pour assurer une présence au plus près des institutions européennes et développer son réseau d’amitié en dehors des frontières de la France, L’Œuvre d’Orient inaugure, ce mardi 24 janvier, ses locaux à  Bruxelles, en présence de Mgr Pascal Gollnisch.

Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large pour faire connaître les chrétiens d’Orient* à l’échelle européenne, à travers un réseau d’associations sœurs présentes dans sept pays du continent.

En Irak, Syrie, Ukraine, Arménie, Éthiopie, les communautés chrétiennes sont au premier plan des lignes de fractures et affrontent des crises d’une rare violence. L’Œuvre d’Orient est également préoccupée par leur situation au Liban, en Palestine et en Inde.

Aux côtés de ces communautés depuis près de 170 ans L’Œuvre d’Orient permet aux chrétiens d’Orient d’accomplir leur mission dans leurs pays où, désormais minoritaires, ils subissent des discriminations parfois très lourdes, des actes de violences ponctuelles, voire des persécutions. Leur disparition entraînerait celle des autres minorités. En effet, les chrétiens ne sont pas une force politique, ou militaire, ou économique : ils jouent un rôle considérable afin de faire évoluer leurs pays vers un vivre ensemble apaisé, une pleine citoyenneté pour tous, une ouverture à l’universel.

Ils sont au service de l’ensemble de la population :

  • Dans leurs hôpitaux, écoles, dispensaires ou orphelinats : ils prennent en charge 3 millions de malades, de tous les milieux, chaque année.
  • Au sein des 400 établissements scolaires, 400 000 élèves de toutes confessions sont scolarisés.
  • Chaque année, des dizaines de projets sont menés pour protéger le patrimoine matériel et immatériel des chrétiens d’Orient : restauration de manuscrits et d’icônes, réhabilitation d’églises et de monastères.

En ayant une présence durable à Bruxelles, L’Œuvre d’Orient entend mettre en valeur ce patrimoine considérable qu’il est crucial de préserver à l’heure où il est menacé de disparition.

Faire connaître leur cause à l’échelle européenne permettra de multiplier les amitiés et partenariats de part et d’autre de la Méditerranée.

 

*« Chrétiens d’Orient » est un terme générique qui désigne une minorité persécutée et pacifique, connue par 70 % de la population française et appréciée (sondage Kantar, mars 2022).

 

Contact presse : Armelle Milcent, directrice de la communication

[ÉGYPTE] Le témoignage de Lucie :  » Voir toute cette communauté chrétienne recueillie m’a fait prendre la mesure de la force fraternelle de la foi « 

Découvrez le témoignage de notre volontaire Lucie qui est mission en Haute Egypte à Kusseia chez les filles de la charité.


Ma mission au sein du dispensaire des Filles de la Charité de Qusiya poursuit son cours. Bien que je sois à présent à l’aise avec les tâches qui me sont confiées, aucun jour ne ressemble au précédent, et chaque soin donné a sa particularité. Je suis heureuse d’avoir consacré du temps à l’apprentissage de l’arabe ; tous les aspects de ma mission en sont facilités. J’arrive désormais à soutenir des conversations simples, ce qui me permet d’apprendre à mieux connaître les personnes de mon entourage, celles qui travaillent au dispensaire, les enfants de Better Life, les commerçants… J’ai également l’impression de pouvoir donner des soins plus humains et moins techniques : j’ai de plus en plus de ressources pour expliquer aux patients leur prise en charge et pour les rassurer. Il y a bien sûr encore beaucoup de progrès à faire, mais c’est gratifiant de voir les fruits du travail déjà accompli !

La fête de la médaille miraculeuse 

C’est à Sainte Catherine Labouré que nous devons la conception et la diffusion de la médaille miraculeuse, emblématique de la communauté des Filles de la Charité. Les sœurs du monde
entier commémorent cet évènement chaque 27 novembre lors de la Fête de la Médaille. La célébration a pris chez nous la forme d’un chapelet animé dizaine après dizaine par les différents mouvements de jeunes chrétiens. Ensuite, la procession d’une statue de la Vierge autour de la cour du jardin d’enfant a vite été rejoint par tous les enfants. J’ai été très touchée par ce fervent moment de prière. Voir toute cette communauté chrétienne recueillie m’a fait prendre la mesure de la force fraternelle de la foi ; peu importe la langue, peu importe le rite ou le pays d’origine, nos prières sont tournées vers le même Dieu et cette conviction nous rapproche malgré toutes nos différences. Dans ce pays où les chrétiens sont une petite minorité souvent discriminée, la solidarité est le ciment de la communauté. La croix tatouée sur l’intérieur du poignet, comme la porte chaque chrétien copte depuis l’enfance, est un signe de reconnaissance, et chaque membre sait qu’il pourra trouver chez ses frères de l’aide le jour où il en aura besoin.

Visite de Louxor

Nous avons eu la chance avec Agnès, ma co-volontaire, et quatre de ses amies, de visiter Louxor pendant 4 jours. Musées, temples, souk, nous avons sillonné la ville en long, en large et en travers, un peu en taxi ou en calèche à cheval, beaucoup à pied. Ce séjour m’a permis de découvrir plus en détail la richesse culturelle de l’Egypte. Dans notre campagne de Haute-Egypte, la vie est certes plus authentique, mais elle est très ancrée dans l’instant présent, alors que la ville de Louxor est entièrement articulée autour du tourisme et de l’héritage historique du pays.
Nos rudiments de langue arabe et de culture égyptienne nous ont donné un avantage significatif dans nos visites. Il était d’une part plus facile de se faire comprendre, et d’autre part nous étions mieux armées pour nos achats. Au souk touristique, là où il est possible d’acheter des souvenirs, aucun prix n’est affiché et le jeu de la négociation fait partie intégrante de la découverte du lieu. Chaque achat est comme un match entre le vendeur et l’acheteur, qui demande un peu de patience et quelques trucs et astuces, et à la fin duquel les deux s’accordent sur un prix final. Alors la phrase « Ana bachtaghal fi mustausaf

Nous avons visité avec des yeux émerveillés les trésors si bien conservés du temple de Louxor, de Karnak, de la Vallée des Rois, celle des Reines, et d’encore bien d’autres lieux emblématiques de l’ancienne grandeur pharaonique, le tout régulièrement ponctué d’un thé à la menthe très sucré ou d’un jus de mangue. Nous avons aussi eu l’occasion de faire découvrir aux amies d’Agnès les spécialités culinaires égyptiennes qui font partie de notre quotidien : le baba ghanouj (purée d’aubergine), les kofta (boulettes de viande aux herbes), le fatir (galettes de pâte feuilletée, la mulukheya (soupe d’herbe)… gamb Asyut ! » (Je travaille dans un dispensaire près d’Assiout !) nous as valu bien des ristournes auprès de vendeurs étonnés et enthousiastes de voir des Françaises travailler en Egypte.

Ces jours passés à apprécier la beauté de l’Histoire, à déambuler dans les rues, à profiter de restaurants et d’hôtels agréables, et aussi à retrouver d’autres Françaises de mon âge avec qui partager ces moments, m’ont permis de me ressourcer et de revenir à Qusiya avec le sentiment de revenir à la maison après des vacances grisantes. C’est aussi grâce à des vacances de temps à autre que l’on peut trouver un équilibre dans nos missions qui sont parfois physiquement et émotionnellement fatigantes.

Noël 

La première fête de Noël que nous avons célébrée a eu lieu le 24 décembre au soir. Elle correspond au Noël catholique latin : en effet, les Filles de la Charité, étant d’une communauté d’origine française, célèbrent à la fois les fêtes catholiques latines et les fêtes chrétiennes de leur pays de mission. C’était une fête en petit comité puisque le 25 décembre n’est pas une date particulière pour le reste de la communauté chrétienne copte. Les quatre sœurs de la communauté de Sedfa, un peu plus au Sud de l’Egypte, nous ont rejoint pour l’occasion. Nous avons assisté à la messe de la Nativité dans la chapelle de la communauté ; nous avons ensuite partagé un repas de fête avec les deux prêtres qui ont célébré la messe. Soeur Nadia avait cuisiné une bûche de Noël au chocolat en plus de toutes les spécialités égyptiennes que nous avons dégustées.

La suite de la soirée a pris place dans le salon de la communauté où chaque sœur nous a appris une danse de son pays d’origine : pasodoble espagnol, danse du bâton du Saïd, dabke libanais… La période de Noël est chaque année une occasion pour la communauté d’offrir des vêtements neufs aux enfants du programme de soutien Better Life et du jardin d’enfants. Les sœurs se rendent au Caire chez un grossiste pour acheter des centaines de vêtements et de chaussures pour enfants, de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Chaque groupe est venu à son tour et les enfants ont pu choisir un pull, un pantalon et une paire de chaussure pour bien commencer l’année.

Pour le Nouvel An , les enfants du catéchisme de la paroisse et différents groupes de prière (le Mouvement Eucharistique des Jeunes, le groupe Foi et Lumière pour les adultes handicapés…) ont organisé un spectacle de danses, de chants et de saynètes. Nous avons ensuite assisté à la messe du Nouvel An dans une église pleine à craquer, puis nous avons célébré la nouvelle
année avec les soeurs de la communauté rassemblées autour d’un verre de vin. J’ai aimé avoir l’occasion de fêter ces joyeux évènements de fin d’année d’une manière différente, avec une simplicité qui nous redirige vers l’essentiel. Je vous retrouverai vite dans le prochaine newsletter, et je vous souhaite à tous une très belle année 2023 !